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3,44

sur 1239 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens à l'instant de refermer ce roman et je l'ai beaucoup aimé. Est-ce déjà de la nostalgie heureuse ? Si c'est le cas, en voila un exemple bien simpliste.
A.Nothomb sait écrire au-delà d'histoires inventées, elle sait parfaitement se raconter, nous raconter parce qu'en fait, nous sommes un peu tous les mêmes. Repartir seize ans plus tard au Japon ou à Lamotte-Beuvron peut importe le flacon pourvu que nous ayons l'ivresse du passé.
On dessine davantage sa vie avec une gomme qu'avec un crayon, ce que l'on garde est l'image de souvenirs figés, d'étreintes éteintes. Les faire revivre, c'est risquer de pleurer même si parfois on a besoin de faire couler ses larmes pour diluer l'intensité de ce que l'on a vécu.
« Ratiboisé par les émotions, je suis vidé »
L'heure est avancée comme un carrosse qui n'est pas encore citrouille dépêché du passé dans un présent encore vide.
Pourquoi ne pas le remplir d'émerveillements et du bonheur de vivre ?
Assurément le meilleur moyen de rendre la nostalgie heureuse.
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Une rentrée littéraire ne serait pas parfaite s'il n'y avait pas, chaque année, le dernier Amélie Nothomb. Si parfois j'ai pu lui reprocher d'être assez irrégulière, cette fois-ci, son dernier livre est parfait.

Nous suivons au cours des quelque 150 pages notre auteur qui va devoir retourner au Japon pour un reportage sur elle-même. Au fil du livre elle retracera son parcours dans le pays du soleil levant. Elle ne fera visiter les lieux qui ont marqué ses trop courts passages au Japon.

Nous verrons de tendres retrouvailles entre elle et la désormais très âgée Nishio-san (son ancienne gouvernant lorsqu'elle était enfant). Ce passage du livre étant sans nul doute le plus poignant. Je ne rentrerais pas dans les détails, mais c'est un passage qui vous touchera forcément. À moins d'être sans coeur.

Nous retrouverons également Rinri, l'amoureux qu'elle abandonné du jour au lendemain. Nous verrons que depuis les seize années qui se sont écoulées, beaucoup de choses ont changé pour celui qui n'est plus un jeune homme.

Les livres d'Amélie Nothomb peuvent, pour la plupart se lire sans ordre précis, pourtant, avant d'attaquer celui-ci je vous conseillerais de lire Stupeurs et tremblements, Métaphysiques de tubes et Ni d'Ève ni d'Adam.
Avec ce dernier ouvrage, on a le sentiment que ça y est, elle en a terminé avec le Japon, la boucle est bouclée. Tout au long du livre, on voit son évolution, son regard sur son entourage. Elle est au début très nostalgique et craintive de retourner dans ce pays, et lorsqu'elle en repart elle a en elle la nostalgie heureuse, la seule nostalgie que peuvent avoir les Japonais.

Un très grand Amélie Nothomb, dans la lignée de Stupeur et tremblements et ni d'Ève ni d'Adam. Un seul reproche, comme toujours, cela se termine trop vite, et l'attente d'une année va encore être trop longue…
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Celui-là, il en aura mis du temps à atterrir dans ma PAL. Habituellement, les Amélie Nothomb sont à peine sorti que je les achète tout de suite, mais cette rentrée, j'avais un peu la tête ailleurs... du coup, c'est pas loin d'un mois après sa sortie que je l'ai eu entre les mains. Et il n'aura fallu que quelques jours pour que je me mette à le lire. Et, comme toujours, j'ai passé un très bon moment dans son univers.

En effet, même si j'aime moins ses "autobiographies semi-fictives", j'ai vraiment adoré découvrir le Japon avec elle, rencontrer des personnes de ses autres vies et surtout voir le temps qui passe si rapidement. Bizarrement, il n'y a pas vraiment d'histoire dans La nostalgie heureuse, c'est vraiment un passe de vie. Bien sur, il y a un début et une fin, mais c'est calme, c'est doux, un peu comme une discussion... Personnellement, j'ai trouvé ça très agréable et reposant.
Par contre, le fait de ne pas avoir lu Ni d'Eve ni d'Adam m'a un petit peu dérangée. Même si on n'a pas besoin de connaitre ce roman pour comprendre et apprécier La nostalgie heureuse, il est souvent mentionné ce qui fait que je suis maintenant très curieuse de le découvrir. Bon, ce n'est pas un vrai point négatif, plutôt une curiosité très poussée !

J'ai encore une fois beaucoup apprécié l'écriture d'Amélie Nothomb à la fois tout en douceur et en ironie. Elle a vraiment un humour que j'apprécie beaucoup... le titre me plait beaucoup, surtout depuis que j'ai compris sa signification. J'aime également le format de son roman : 150 pages c'est court, on en redemanderait bien plus, mais c'est exactement ça aussi qui fait le charme de l'histoire !
La nostalgie heureuse est un chouette roman.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Un moment de lecture très agréable – on est touché, encore plus lorsqu'on a vu le documentaire et qu'on connaît Amélie Nothomb. Elle revient en effet sur ses premières années au Japon, sur ses déboires professionnels et son amour avec ce pays – et avec Rinri. le tout en ressentant cette « nostalgie heureuse », terme typiquement japonais traduit de « natsukashii » (懐かしい), chez nous, la nostalgie nous rendant par nature triste.
Lien : https://comaujapon.wordpress..
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J'ai lu ce roman à une « vitesse grand V », non dû à sa taille, mais grâce à son écriture simple, fluide, sincère et envoutante parsemée d'humour.

Amélie Nothomb nous emmène au Japon, dans le cadre du tournage d'un documentaire sur son enfance, sur les traces de son passé, à la quête de ses souvenirs, mais quels souvenirs ? Comment être sure que ceux-ci sont réels quand ils datent de notre enfance ?

C'est comme cela que nous atterrissons au Japon, arrivons au village où l'auteure a vécu les cinq premières années de sa vie, que nous faisons connaissances avec Nishio-san son ancienne nourrice, et de Rinri l'amour de ses vingt ans… de villes en villes, on arpente donc ces souvenirs, on se balade au Japon, on avance dans ce livre avec douceur...



Des moments plus forts sont ressortis de ma lecture comme les retrouvailles d'Amélie Nothomb avec sa nourrice, qui est un passage qui m'a beaucoup ému. Mais aussi l'histoire avec sa traductrice et comment cette hôtesse de l'air a fini par traduire les livres de cette auteure alors qu'elle ne parlait pas vraiment le français.



Un roman sur les souvenirs, sur le passé, sur ce qu'on laisse derrière nous… d'où « Natsukashi » soit la nostalgie heureuse.

Ce roman m'a donné envie de découvrir le Japon et de réitérer l'aventure avec un autre roman d'Amélie Nothomb !

Lien : http://voldelivre.canalblog...
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La nostalgie heureuse
roman
Albin Michel ( 152 pages- 16,50€)
Si Dany Laferrière se dit « écrivain japonais », c'est bien une écrivaine belge qui nous embarque au pays du soleil levant, le seul à la subjuguer. Ce voyage pèlerinage , Amélie Nothomb l'effectua en 2012, soit 16 ans après son dernier séjour au Japon, avec une équipe chargée de réaliser un documentaire. C'est au comptoir de ses souvenirs que la romancière nous convie dans La nostalgie heureuse. Cet oxymore serait-il le même viatique que celui de Claire Fourier qui dans son journal ne compte que les heures heureuses?
Amélie Nothomb commence par confier la genèse du voyage, les déboires auxquelles elle fut confrontée, rendre compte des contacts pris. Occasion pour brocarder les renseignements internationaux et de livrer des scènes hilarantes ainsi qu' une attendrissante conversation téléphonique avec sa nounou qui tourne au quiproquo.
Amélie Nothomb, nippone dans l'âme et le coeur, n'avait pas rompu son idylle avec le Japon bien qu'avec Stupeur et tremblements elle aurait pu être considérée comme une renégate, ses romans n'étant d'ailleurs plus traduits.
Ce retour aux sources permet d'esquisser en filigrane le portrait de la narratrice et de « la femme sacrée », celle qu'elle avait aimée comme une mère.
On croise l'amoureuse qui avait noué avec Rinri « un genre de fraternité intense », atypique. On découvre Amélie,la comique, l'hyper sensible qui peut se mettre à trembler « comme une feuille », la conteuse, l'humoriste (qui manie l'auto dérision sans complaisance pour son « sabir abominable », son « japonais de cuisine »), l'obsédée de la propreté, l'engagée solidaire d'un peuple traumatisé. On emboîte le pas de la voyageuse docile qui sait se fondre aux autochtones , « calquer son attitude » sur les leurs et même se dissoudre dans Tokyo comme « une aspirine effervescente ». Enfin on partage avec Amélie, la nostalgique invétérée, les instants de grâce procurés par le kenshõ, cette « perception de l'imminence » ou ima ainsi que son expérience du caisson à oxygène.
Amélie Nothomb relate ses retrouvailles qu'elle a redoutées et la collision brutale entre les images du passé et celles du présent :« L'apocalypse, quand on ne reconnaît plus rien.», quand le magasin de bonbons est devenu un pressing. On la suit sur les lieux fondateurs d'où elle exhume ses années de maternelle et avoue avoir fugué de la classe des « pissenlits », nom qui n'est pas sans évoquer Kawabata.
Se font jour des souvenirs convoqués à la manière des réminiscences proustiennes.
Durant cette balade au pays de sa tendre enfance, le coeur d'Amélie Nothomb fut soumis à rude épreuve comme le sismographe de ses émotions l'atteste. Submergée par moments, l'overdose l'oblige à ouvrir les vannes. Elle aurait pu confier: « Ne me
secouez pas ». Je suis pleine de larmes.
Retrouver en vrai Rinri son amour de jeunesse, sa gouvernante qu'elle a aimée comme une mère relève de l'ordalie pour la narratrice,d'où cette envie de fuir. le lecteur entre en empathie lors de la scène la plus poignante, indicible, à son paroxysme. Un vrai séisme intérieur pour Amélie-chan quand elle tombe dans les bras de sa « nounou bien aimée », âgée maintenant de soixante-dix ans. La romancière aborde avec délicatesse , déférence et élégance la notion de la vieillesse.
La catastrophe du 11 mars 2011, elle ne pouvait pas la passer sous silence même si Nishio-san n'en garde aucun trace. Elle y met en lumière l'esprit nippon, leur stoïcisme, leur capacité de résilience. La narratrice a su instiller légèreté et humour pour adoucir la chape gravité à la vue des lieux dévastés de Fukushima où elle a tenu à se rendre, sans deviner qu'elle en aurait des « crampes au ventre ».
Amélie Nothomb nous offre dépaysement( satori) et exotisme. Soit elle nous laisse comme l'héroïne de Lost in translation, étourdie par l'effervescence des villes, les trains bondés,nous dépose dans des hôtels aux chambres exigües. Soit elle nous baigne dans des paysages nippons dont la beauté conduit à l'émerveillement, l'extase, où le temps est comme suspendu, comme au moment des balbutiements des cerisiers du Japon. Ce qui n'est pas sans rappeler le célèbre vers de John Keats: « A thing of beauty is a joy forever ».
Ce récit qui fourmille d'anecdotes, où se mêlent le choc des cultures, des états d'esprit opposés aurait pu s'intituler: Je me souviens. Mais peut-on se fier à ses souvenirs, surtout quand ils remontent à l'âge de trois ou quatre ans? Pour Cees Nooteboom « le souvenir est comme un chien qui se couche là où il lui plaît » d'où sa méfiance. Amélie Nothomb y sonde les mémoires, la sienne et celles de ses protagonistes. On serait tenté de croire Philippe Vilain quand il certifie qu'il n'y a pas de bonheur dans l'oubli ainsi que Marguerite Duras qui affirme: « Il reste toujours quelque chose de l'enfance ». Nul doute que l'endroit où l'on a passé une période sereine demeure dans la mémoire et dans le coeur toute la vie. « La mémoire est une aventure bizarre » avance l'auteure. Pour preuve, celle de Nioshio-san, qui flanche,ce que les scientifiques expliquent par une fluidité du temps: « sa capacité de souffrance était saturée ». Ce qui rappelle Proust pour qui « La meilleure part de notre mémoire est hors de nous, partout où nous retrouvons de nous-mêmes, la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, sait nous faire pleurer encore ».
Roman rythmé par des chapitres courts, truffé de chiffres (16) et de dates qui ont ponctué les déplacements de la narratrice, comme un journal de bord.
Un style épuré afin de « mettre à nu le trouble », ce qu'elle réussit avec brio.
Amélie Nothomb signe un récit touchant, à la veine autobiographique, anti-mélancolique,haut en émotion , dominé par la figure de Nishio-san, dans lequel elle nous initie au « contact high ». Même si la narratrice avance quelques arguments de son « inexistence », le lecteur l' aura facilement identifiée.
Amélie Nothomb, aux multiples facettes dévoilées, nous émeut, nous fait rire, nous
imbibe le bord des paupières, nous livre un condensé de sagesse bouddhiste, elle ravive nos souvenirs, en un mot elle nous bouscule en nous faisant partager ses appréhensions, sa joie indicible. On quitte à regret, « la non-fiancée, la non-lumineuse ».
Décernons lui la palme d'or de l'émotion pour ce travail de mémoire drôle , nostalgique et habité de fantaisie. Une épiphanie incommensurable pour le lecteur.
NB: Il reste à mettre des images sur ce récit si personnel en visionnant le documentaire de France 5: Une vie entre deux eaux. ( printemps 2013)
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Comme toujours, Amélie a réussi à me faire passer un très agréable moment de lecture. Ce que j'aime chez elle, c'est son univers, son style, reconnaissable entre tous, un mode de pensée qu'elle ne cherche pas à parer de faux atours. Elle manie sa plume avec simplicité mais générosité, ce qui rend ses textes accessibles sans jamais tomber dans le jeu de la facilité. Elle nous emmène dans son cheminement comme si l'on faisait une belle promenade. Bien sûr, mon amour pour le Japon encourage le plaisir que je prends à la lire, puisque plus ou moins consciemment, je l'y associe (et oui, j'ai d'abord lu Stupeur et Tremblements jeune ado, ça m'a marquée !). Je suis souvent en accord avec ce qu'elle en dit et à certains moments de cette lecture, je ne vous cacherai pas que j'avais l'impression d'y être à nouveau.

Amélie nous livre un récit sincère et juste, sans chercher à cacher ses émotions, mais sans en faire un étalage mélodramatique. Il y a une grande part d'introspection, sans que l'auteure soit jamais pesante ou encombrante. Celles et ceux qui ont lu plusieurs de ses autres livres y retrouveront des rappels par touches légères qui s'intègrent harmonieusement au récit. Au fil de ses rendez-vous et rencontres qui s'intercalent pendant le tournage (dont la caméra semble devenir par moments oppressante), on en apprend davantage sur le contexte de certaines de ses publications précédentes (le déjeuner avec son interprète, son éditeur japonais et la traductrice de Métaphysique des tubes en japonais est un exemple frappant et un moment mémorable du livre!). On suit une Amélie fragilisée par son manque de pratique de la langue qui dresse un obstacle à la communication avec des êtres chers comme sa nounou, Nishio-san. On redécouvre son ex-fiancé devenu bijoutier et à la tête d'une école.

On se balade dans un Japon qui a forcément changé depuis sa dernière visite, qui n'est pas non plus tout à fait le même par rapport au pouvoir que l'imagination confère aux souvenirs. Que le tremblement de terre de 1995 à Kobé où elle a passé son enfance a irrémédiablement changé, que Fukushima a gravement endommagé. Elle déambule dans un Tokyo qui a évolué pour répondre aux besoins de l'urbanisation, elle revit un Kyoto qu'elle qualifie de plus belle ville du monde. Entre mélancolie et poésie, la description qu'elle nous livre de ses impressions lors de sa visite des lieux est plutôt en retenue mais c'est ce qui lui donne justement toute sa force. J'ai trouvé les retrouvailles avec son école maternelle émouvantes. Elles nous rappellent le caractère éphémère de la vie et les souvenirs d'autant plus forts, précieux que l'on conserve, même s'ils ne sont pas toujours tout à fait réels.

La note de fond, de ce livre jaillit quand son interprète utilise le mot "nostalgy" au lieu de "natsukashii" pour évoquer le sentiment de nostalgie que ressent Amélie, lors d'une interview. Car si l'adjectif japonais évoque la joie de se remémorer des instants chers avec joie, notre mot occidental se rapporte à la notion de douleur et de tristesse, émotion que l'interprète pense déceler dans les traits d'Amélie. La nostalgie triste n'est pas une notion japonaise comme elle lui affirme. Ce passage enclenche toute une réflexion qui reste en filigrane jusqu'à la dernière page.

Le voyage d'Amélie se présente au final comme une quête personnelle et tel un parfum, il est une note de coeur qui annonce une fragrance plus persistante qui va s'inscrire dans notre mémoire. Il nous laisse sur un sentiment d'apaisement qu'elle semble avoir un peu trouvé.

Je vous le recommande donc chaudement, ne serait-ce que parce les livres d'Amélie Nothomb sont à chaque fois une belle promesse et qu'ils me touchent toujours.
Lien : http://wp.me/p12Kl4-iS
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Dans La nostalgie heureuse, Amélie Nothomb nous dit que ce sentiment mélancolique est méprisé en Occident. Est-ce bien vrai ? Certes, elle est souvent réduite à cela mais on ne peut pas généraliser. Sinon, comment expliquer le terme portugais de saudade qui ne trouve aucun équivalent dans une autre langue, ou alors juste des concepts qui s'en approchent. On reste tout de même assez loin de ce vocable nippon de natsukashii que l'auteure belge nous traduit par « nostalgie heureuse ».

C'est une fois de plus au Japon qu'Amélie Nothomb nous entraîne, en toute intimité et en toute simplicité. Loin de ses excentricités littéraires habituelles, elle revient ici sur les traces de son passé tout en découvrant le présent au pays du Soleil-Levant. Un style similaire mais assez déconcertant pour les amateurs de la dame au chapeau. Un livre que l'on ne raconte pas mais que l'on lit et que l'on vit alors.
Lien : http://150mots.blogspot.fr/2..
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Voilà enfin entamée ma rentrée littéraire, avec bonheur, sourire attendri aux lèvres et indulgence au coeur comme toujours avec le dernier ouvrage d'Amélie Nothomb. Je ne résiste pas, c'est le premier achat en librairie que je m'accorde d'emblée, sans même avoir lu les critiques à son sujet. Ce livre, je le veux tout neuf, tout beau, tout propre, immaculé, comme un nouveau pays à découvrir et je le lis d'une traite mais le plus lentement possible, car c'est encore une fois mon seul reproche : trop court, c'est toujours trop court!
Cette fois, c'est d'un voyage souvenir au Japon à l'occasion d'un reportage dont il s'agit . Elle y retourne après bien des années et y retrouve entre autres les deux êtres les plus marquants de ses séjours là-bas: sa très chère nourrice, Nishio-san, sa deuxième mère, seule et âgée désormais, et c'est un passage très réussi à l'émotion intense mais comme toujours, très maîtrisée. N'empêche la larme à l'oeil n'est pas loin quand elles se séparent définitivement cette fois, elles le savent bien.
L'autre belle rencontre, plus légère celle-là, pleine de crainte et d'humour, c' est celle de Rinri, le fiancé abandonné de ses vingt ans.
Après une crainte panique d'être en retard au rendez-vous, puis de ne pas le reconnaître, enfin de ne pas être en état de rencontrer (…) le premier garçon qui m'a donné confiance en moi, les retrouvailles sont idylliques et douces. Marié, avec enfants et à la tête d'une entreprise florissante, Rinri est un homme heureux et le dîner, une réussite – indicible mais Amélie est si troublée qu'elle en perd le nom de son poète préféré.
J'ai aimé aussi le portrait de sa traductrice: l'admirable Corinne Quentin, l'interprète français-japonais la plus connue de Tokyo ... qui déborde d'enthousiasme et lui apprend le vrai sens de nostalgie au Japon: l'instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l'emplit de douceur.
A la question de savoir si la madeleine de Proust est nostalgique ou natsukashii, elle penche pour la deuxième option. Proust est un auteur nippon.
J'ai aimé bien d'autres passages encore: la visite à son école, celle aux cerisiers en fleurs, le survol de l'Himalaya et toujours cet humour à ses dépens car elle ne s'aime pas, Amélie, elle voudrait être une autre.
C'est d'autant plus terrible que je cherche toujours à bien me conduire. Je ne suis pas quelqu'un qui se laisse aller ou qui s'en fiche.
Mais la voici dans le taxi, à Tokyo, en route vers son rendez-vous avec Rinri:
Sur la banquette arrière, il transporte une Occidentale aux yeux écarquillés qui ressemble à un volatile hypertendu et cela ne l'affecte pas le moins du monde.
Allons, ma rentrée ne commence pas si mal!
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Je n'ai pas lu ce livre comme un roman mais bien plus comme un journal intime dans lequel la romancière nous confie ses états d'âme. Seize ans après avoir quitté le Japon, elle nous invite à un retour aux sources dans un pèlerinage émouvant au pays du soleil levant, un voyage organisé et médiatisé dans le cadre d'une promotion de ses publications littéraires, un aller-retour dans l'intimité du souvenir et de la mémoire qui ne doit laisser place à aucun regret.
Elle revient sur sa petite enfance, vingt-trois ans auparavant, auprès de sa gouvernante bien-aimée Nishios-san puis sur sa relation inconfortable et plutôt ambiguë de « fraternité intense » avec Mizuno Rinri, son fiancé qu'elle a volontairement quitté en 1991. Revoir ses deux êtres, chers à son coeur, est pour elle un véritable « tsunami », un événement émotionnel et bouleversant auquel elle s'est longuement préparée avant son voyage.

Dans cet examen de conscience rétrospectif dans lequel on devine une personnalité « écorchée vive » d'une extrême sensibilité, Amélie Nothomb nous fait partager ses doutes, ses appréhensions, ses questionnements, ses joies et ses peines, noyées dans l'immense océan d'une nostalgie exacerbée, d'un passé révolu dont elle parviendra, malgré tout, à faire le deuil. Un voyage nécessaire qui se révèlera également bénéfique pour refermer les blessures et retrouver la joie de vivre !
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