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3,2

sur 2244 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sans être un inconditionnel d'Amélie Nothomb, je ne peux nier son talent et ne peux que me réjouir qu'il appelle un grand succès public – ce qui est loin d'être toujours le cas, dans un sens comme dans l'autre. Notamment lorsqu'il s'agit de se glisser dans la peau ou le cerveau d'un personnage et d'y entamer un monologue intérieur qui se poursuivra jusqu'à la fin du récit.

Dieu était déjà présent dans la métaphysique des tubes, à présent, le challenge consiste à se mettre dans la tête de son fils, pendant les dernières heures de sa vie. Et un peu au-delà. Ce fils a le dos large et a déjà autorisé qu'on le mette en scène dans des films tels que Ben-Hur (arrête ton char), l'Évangile selon St Matthieu, dédié à Jean XXIII par Pier Paolo Pasolini, écrivain/poète/cinéaste athée, homosexuel et marxiste, la dernière Tentation du Christ, de Martin Scorcese, qui donna lieu à deux attentats en France, tiré du roman la Dernière Tentation, de l'écrivain grec Níkos Kazantzákis, imprégné des influences de Nietzsche et de Bergson, et mis à l'index par le Vatican, du très lourd, donc. On mentionnera également La Passion du Christ, tourné en araméen, en hébreu et en latin parlé, de Mel Gibson, qui connut un énorme succès bien qu'accusé de violence extrême et d'antisémitisme. Paul Verhoeven parle de « catholicisme psychotique », Newsweek évoque « l'Évangile selon le marquis De Sade ».
La voie était donc bien déblayée pour qu'Amélie Nothomb puisse s'y lancer à son tour sans trop de soucis.

Comment s'en tire-t-elle ? Comme dans toute sa production, il y a à boire et à manger… Je la cite : « Boire me manque moins que l'élan qui l'inspire. Parmi les injures des marins, il y a boit-sans-soif. Voici une insulte que je ne risquais pas de mériter. Pour éprouver la soif, il faut être vivant. J'ai vécu si fort que je suis mort assoiffé. C'est peut-être cela, la vie éternelle. »

Dans un style très fluide, elle déroule ainsi toute une philosophie – très personnelle – qui met en avant l'importance du corps et de l'incarnation. C'était bien là l'idée de sa venue sur terre. Je la vois aussi teintée d'hédonisme vu l'importance du plaisir dans le monologue au point que le Christ, devant le public venu assister à son supplice se prend à penser : « Je n'en veux pas aux cruels. D'abord, parce que la souffrance monopolise mes facultés, ensuite, parce que si ma douleur peut apporter du plaisir à quelqu'un, je préfère ».

On voit que l'esprit caustique n'est pas absent du récit ! Autre bonne idée : au nombre des personnes appelées à témoigner contre lui au procès on retrouve nombre des bénéficiaires de ses miracles ! Comme une espèce de service de réclamation. À d'autres moments, la réflexion est plus banale et le flux se fait moins pétillant mais dans l'ensemble on suit le fil avec plaisir et nombre de questionnements ouvrent de vraies réflexions. On serait par ailleurs malvenu de lui chercher des poux dans son chapeau concernant l'historicité de son récit. Ce n'est clairement pas le but.

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Les livres d'Amelie Nothomb sont uniques à plus d'un titre :souvent courts, rythmés ils font preuve d'une imagination sans limite et sont inclassables.celuici ne deroge pas à la regle parfois loufoque, toujours drole,il m'a bien diverti et- je ne peux que vous conseiller de le feuilleter.
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Un texte d'une grande subtilité, d'une profondeur notoire et d'une tenue stylistique majoritairement plaisante, mélangeant incarnation, carnation, peau, écorce. Sensations. Un texte très, très, physique.

Une lecture qui m'a bien surpris. J'avais lu, il y a quelques semaine une bien curieuse et agréable « autobiographie » de Jésus (Yéshoua de Chloé Dubreuil) et, par un hasard bienvenu, me voici plongé de nouveau dans un texte très original nous contant les dernières heures de Jésus.

Alors, évidemment, la tentation m'est grande de comparer les deux romans.
Si le pavé de Chloé Dubreuil fleuretait souvent avec la poésie par sa forme et ses idées, l'homme Jésus était présenté comme un simple être humain, occultant adroitement tout miracle.
Ce court roman d'Amélie Nothomb, lui, ne fait guère de place à la poésie mais nous livre des idées originales, nous assène de belles vérités quant à la nature humaine, quant à l'amour, quant à la douleur et à la mort.
Jésus s'y présente bien comme cet homme dans lequel Dieu s'est incarné, devenant son père.
Un père que son fils déjuge, trouve maladroit car privé d'un corps véritable.
D'un corps capable de ressentir la douleur, l'amour d'un seul et non de l'humanité.
D'un corps capable de ressentir la mort.
D'un corps capable de ressentir la….soif.
Dieu, son père, est amour. Mais est-il le Bien ?
A juger de sa bévue, en suppliciant son fils ou même en ayant créé des êtres capables d'inventer un tel supplice, il nous faut en douter, nous fait-il comprendre.


J'ai été très sensible à l'abandon total – « j'ai cessé d'exister » - que Jésus doit atteindre pour réaliser ses miracles. Un abandon proche, s'il n'est carrément pas de la même essence, de l'éveil du Bouddha
Cet abandon est prétexte original à la mise en avant de la notion de carnation, de peau, d'écorce sous jacente. Curieuse géométrie qui place l'écorce sous la peau. Mais cette écorce nothombienne est une structure. La structure véritable de l'être humain, celle qui le lie à l'univers et sans doute à Dieu.
« Ce que l'esprit ne comprend pas, le corps le saisit ». Encore faut-il que l'esprit se taise.

J'ai aimé encore à cette soif guettée, recherchée, garante du divin. Mais là je n'en dis pas trop car elle est l'axe de ce roman qu'il faut découvrir.

J'ai aimé, toujours, les pages magnifiques qu'Amélie Nothomb nous livre sur la résurrection du Christ contée par lui-même. Un moment d'une grande gaîté à mille lieues des ténèbres religieuses. Une sorte d'évidence.

J'ai enfin beaucoup aimé cette remarque de l'auteur dans sa conclusion
« Croire » et « avoir la foi » sont des verbes qui se doivent d'être conjugués à la forme intransitive pour devenir magnifiques.

Je ne connais pas encore bien l'oeuvre d'Amélie Nothomb. J'ai entendu dire dans les couloirs, qu'elle passait pour être assez irrégulière dans la qualité de ses écrits (j'en ai croisé). Mais j'avoue avoir été épaté par ce brillant texte.




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La passion du Christ ! Je ne m'attendais pas du tout à ce sujet, ni à cette histoire. Je suis toujours curieuse de lire les 4e de couverture et avec les livres d'Amélie Nothomb il est toujours compliqué de savoir à quoi s'attendre avec ses résumés. Pour celui-ci on peut lire au dos "Pour éprouver la soif il faut être vivant".
Et j'ai suivi, au fur et à mesure des pages, la fin de vie de Jésus. A commencer par son procès jusqu'à sa crucifixion en passant par son chemin de croix.
Une lecture bien curieuse et surprenante car même si l'on connaît tous la fin de cet "Homme" ou "incarnation", on entre dans sa tête avec toutes ses remises en question possible, à la recherche du coupable de cette fin tragique, à accuser Dieu, son Père, de cette situation, dans quel intérêt vit-il ça ? "Aime ton prochain comme toi-même", Jésus se hait-il au point de s'infliger cette atrocité ?
Et malgré tout cela, en haut de sa croix, il arrive à trouver son dernier bonheur dans une gorgée d'eau. La soif... "c'est l'amour de Dieu, c'est l'eau qui n'étanche jamais."
Et c'est sa délivrance. le repos du guerrier.
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Exercice de style intéressant...

Au JE, le Christ nous conte lui-même les dernières heures le conduisant à la croix et nous présente d'une certaine manière une nouvelle version révisée de ce qui s'est peut-être véritablement passé.

On entre vraiment dans la peau du personnage!

À ce niveau, c'est réussi. Je suis malgré tout resté sur mon appétit, ma soif n'a pas été étanchée à souhait. Dommage...
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« Pour éprouver la soif, il faut être vivant » nous indique la quatrième de couverture et ainsi commence le voyage…

On assiste au procès de Jésus : audition des témoins, tous mécontents du miracle qu'il leur accordé, la trahison de Judas, la condamnation, le chemin de croix et la Crucifixion et tout ceci est raconté par Jésus lui-même, qui nous livre ses différents ressentis.

L'auteure évoque ainsi les mystères de l'incarnation, le corps de Jésus qui souffre, qui comprend qu'il s'est fourvoyé au nom de l'amour et se retrouve contraint d'accepter la condamnation ainsi que sa réflexion sur la mort, comment il la ressent dans ce corps…

On apprend des vérités si fortes qu'en ayant soif, qu'en éprouvant l'amour et en mourant : trois activités qui nécessitent un corps. L'âme y est indispensable aussi, bien sûr, mais ne peut en aucun cas y suffire.

Au début, j'ai trouvé l'idée et le récit amusants, Jésus qui réfléchit et éprouve la souffrance, décrivant en détails, la flagellation, la croix à porter, les clous qui pénètrent dans les mains et les pieds, l'expérience inégalable de la soif, voire la sublimation …

Peu à peu, le récit devient peu crédible, Jésus évoquant Pascal, entre autres, et Amélie surgit dans les réflexions de Jésus…

J'avais décidé de boycotter le livre à sa sortie, le sujet en lui-même me paraissant quelque peu présomptueux, et j'ai changé d'avis après avoir lu dans « Psychopompe » que le père de l'auteure avait beaucoup apprécié « Soif », alors pourquoi pas ? En tout cas, il fallait oser s'attaquer à un tel sujet…

Je voudrais quand même rendre hommage à la plume d'Amélie Nothomb, son style incisif, voire caustique et la manière dont elle manie la langue française, ce qui n'est pas toujours le cas avec les auteurs actuels.

Je le reconnais aisément, je ne me suis pas trop investie pour rédiger cette chronique… Lecture intéressante, entre deux romans plus denses, mais qu'en restera-t-il dans un mois dans un an ?
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Jésus est condamné à la crucifixion. L'on y lit ses dernières pensées lors de sa dernière nuit et puis pendant, le tout à la première personne.

Quelle sensation que celle d'avoir soif ?!

Je dois dire que le début du livre m'a énormément surpris puisqu'il est donc basé sur les dernières heures de Jésus (je n'avais pas lu le résumé et la quatrième de couverture me laissait sur une phrase très énigmatique). Je pensais après les premières pages, ne pas accrocher du tout, surtout au vu du "thème" abordé : la passion du Christ... Je me suis donc encore plus surprise à finalement l'apprécier, avec la plume si particulière d'Amélie Nothomb, qui conte assez simplement ses derniers instants. Ce roman a finalement un côté humain plutôt plaisant, au delà de l'aspect religieux.
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Cet ouvrage est bien loin des thèmes habituels de la littérature contemporaine. En effet celui-ci nous plonge dans les pensées les plus profonde de Jésus la nuit de son emprisonnement jusqu'à sa crucifixion et même au-delà. On fait face à un pari bien compliqué avec ce thème. On y retrouve la plume habituelle d'Amélie, que je trouve si agréable mais évidemment ce n'est pas tout.
Nous n'avons ici ni une ode a la religion ni une réappropriation ni même une haine contre celle-ci. En réalité contre de toute attente pendant ma lecture j'ai eu le sentiment qu'il était question de l'Homme tout le long. Je ne savait pas à quoi m'attendre et ça m'a plu. Loin de moi l'idée de louer l'ouvrage de Nothomb juste parce qu'elle en ai l'auteur ce n'est d'ailleurs à mon sens pas son meilleur.
Cette ouvrage nous pousse a réfléchir sur la nature même de l'Homme sans jamais jeter la pierre sur quelque comportement que ce soit. On assiste à plusieurs phase : la colère, la réflexion, la difficulté, le laisser-aller, la souffrance, la joie et surtout la soif.
Je trouve toujours compliquer d'expliquer à quel points les messages derrières les mots sont fort chez cette autrice. le pari de cet ouvrage inhabituel est réussi et ce fut, pour moi qui suis habituée à la lire, une grande surprise mais une surprise positive.
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Récemment, j'ai éprouvé une folle envie. Une envie furieuse.
Quelque chose qui vous déchire le bas-ventre comme une envie de pisser.

L'envie d'épancher une Soif, celle des mots d'Amélie Nothomb. C'est assez improbable alors que je ne cessais de m'intéresser à l'autrice : conférences autour de l'écriture, interviews diverses et variées. Je n'avais jamais lu une seule ligne de celle qui fait pourtant office de phénomène littéraire depuis des années chez nous et bien évidemment à l'étranger. Un monstre sacré en quelque sorte. Ce que j'aime appeler les Classiques contemporains, quitte à faire grincer des dents. Mieux vaut grincer des dents que devenir la cible des quolibets de François Hollande me direz-vous. Soit. Non Soif !

J'ai demandé quelques conseils sous la forme “Par quel bouquin dois-je débuter mon aventure avec Amélie Nothomb ?“. Il m'a été conseillé Soif et comme j'ai une confiance aveugle en mes proches, je l'ai commandé sans même avoir la curiosité d'aller voir de quoi il s'agissait. Une fois le précieux en main, je regarde la quatrième couverture et là, je me retrouve face au propos suivant : ” Pour éprouver la soif il faut être vivant.” Rien de plus.

Le mépris est un démon dormant. Un démon qui n'agit pas ne tarde pas à s'étioler. Quand on est au tribunal, les paroles ont valeur d'actes. Taire mon mépris revenait à l'empêcher d'agir.
– PAGE 12-13

Je découvre les premières lignes et je comprends très vite de quoi ou plutôt de qui il s'agit. le narrateur est un fichu barbu originaire de Nazareth… Moi qui suis loin d'être fervent croyant, j'ai soudain une légère appréhension. Et puis finalement, les pages s'enchaînent autour des divagations d'un homme qui se sait condamné par les siens et surtout par son père.

Suis-je tenté ? Oui. Plus jeune, je me réjouissais d'être élu. À présent, je n'ai plus cette faim, elle est rassasiée. Je préférerais rejoindre la douceur de l'anonymat, ce que l'on nomme à tort la banalité. Rien de plus extraordinaire pourtant que la vie commune.
– PAGE 65

C'est un texte fort, simple et minimal qui vient nous interroger sur l'amour, le pardon, les choix de vie. À plusieurs reprises, je me suis surpris à sourire bêtement. Comme quoi, il est possible de proposer des bouquins qui font du bien sans pour autant tomber dans les mièvreries du feel good.

L'orage va éclater. Les gens voudraient que je meure. Ça commence à bien faire, cette agonie qui n'en finit pas. Moi aussi, j'aimerais mourir vite. Il n'est pas dans mon pouvoir de précipiter ce trépas.
– PAGE 119

Inutile d'en dire plus, je pense que la Soif ne peut être épanchée que par soi-même et j'espère que vous aurez plaisir à le faire au travers de cette introspection déconcertante. J'en viens à me dire que si Amélie Nothomb réécrivait la Bible, j'en ferais enfin mon livre de chevet.
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