Il n'est jamais trop tard... Je viens de retrouver une note écrite sur une lecture, faite, il y a déjà près d'une année, en décembre 2015...;
L'éditeur, et célèbre fondateur des éditions
Actes Sud [Véritable caverne d'Ali-Baba en littérature de tous pays],
Hubert Nyssen nous livre,dans ce petit volume, neuf causeries, dont une, passionnante sur les écrits
politiques et l'oeuvre du Grand Hugo...
"Mais, comme écrivain et comme éditeur, ce qui m'a le plus fasciné dans cette oeuvre considérable et dans les accomplissements de cet homme, c'est la constante résolution qu'il eut de hisser son idéal révolutionnaire
vers l'absolu sans s'écarter des évidences ni des réalités. Il s'agissait pour lui, en somme, de ne jamais séparer les actes et le langage car seul le langage peut porter la résonance des actes au-delà de la sphère de
l'entendement immédiat. Dans chacun des textes de Hugo on sent vibrer cette force transcendantale qui est capable de se jouer de la perfidie des idées reçues, de l'immobilisme des préjugés, des barrages dressés par
des intérêts particuliers." (p. 34)
Une autre, causerie poétique sur son amour des arbres et de l'écriture, lié à une grand-mère qui le mena très tôt sur les chemins de la lecture, pour notre plus grand bonheur, aujourd'hui !
Mais cet amour des arbres se faufila dans tous les interstices de l'existence de "notre éditeur" passionné, dont le récit émouvant d'une rencontre avec l'architecte,
Fernand Pouillon. Je ne peux résister à en transcrire un extrait...
"Le second souvenir est celui d'une mémorable rencontre avec
Fernand Pouillon, l'architecte qui fut aussi l'auteur des -Pierres sauvages-, ce fort beau roman qui raconte l'édification de l'abbaye du Thoronet. Avant de me faire visiter ses constructions algériennes d'inspiration traditionnelle, Pouillon me fit contempler un palmier et voir que toute l'architecture était là présente, avec le tronc dont le bois sert aux charpentes, avec les palmes qui ont inspiré la courbe des arcatures et avec ces feuilles pennées frémissant au gré du vent qui ont suggéré le grillage des moucharabiehs destinés à voir sans être vu.
Des souvenirs comme ceux-là, j'en ramasse à la pelle dans ma mémoire et je ne peux davantage vous en accabler. Mais je ne peux non plus me taire sur un rapport à l'arbre qui est présent depuis longtemps sinon depuis toujours dans ma vie d'écrivain et d'éditeur. Je veux parler du papier dont l'arbre est le fournisseur. (p. 114)
Une très agréable lecture qui illustre magnifiquement la passion absolue d'
Hubert Nyssen pour l'écriture, la lecture et pour son métier d'éditeur-découvreur !!