Cette vieille alcoolique qu'on trouve en train de fouiller les poubelles de Londres ou endormie sur les trottoirs, est-il possible qu'elle ait été une comédienne adulée du public et la
muse du sulfureux dramaturge John Synge? Leur amour si bref a été une fulgurante passion et pourtant, tout les séparait: religion, milieu social, culture, âge. Comment la belle Molly est-elle devenue cette épave, dont la seule relique du passé doré est une vieille lettre jaunie cachée dans une Bible, au fond d'une armoire?
En quelques lignes, je m'aperçois que je viens de dévoiler la totalité de l'histoire de
Muse. J'avais pourtant grande envie de découvrir ce roman décrit comme un chef-d'oeuvre et porté aux nues par les plus grands (notamment
Michaël Cunningham, que j'aime beaucoup, ou la revue" Lire" qui lui accorde quatre étoiles.)
Hélas, je l'ai détesté et j'ai dû me forcer à le lire jusqu'au bout. Tout me rebutait. Les personnages (pour ma part, je n'avais jamais entendu parler de John Synge...) me paraissaient creux et antipathiques. le style lourd et pompeux. On a même droit à un chapitre présenté comme une scène d'une pièce de théâtre, montrant la rencontre entre l'auteur et la famille de sa belle.
La chronologie est complètement déstructurée: on saute sans cesse du passé au présent et vice-versa, sans que le lecteur arrive à se situer dans le temps. Cela donne le tournis. Les dialogues sonnent faux. le récit est sans cesse coupé par des citations ou des extraits en anglais sans aucun rapport avec ce qu'on lit. Une partie du texte est écrit à la deuxième personne du singulier, ce qui m'horripile (l'auteur qui parle à son personnage?). Enfin, après qu'on s'est enfilé plus de trois cents pages indigestes et d'un ennui mortel, en se disant qu'au moins, on a découvert quelque chose à propos d'un auteur inconnu, Joseph O'Connor intervient pour nous expliquer, en insistant bien, qu'il ne faut accorder aucun crédit à ce qu'il nous a raconté: « les chercheurs ne doivent pas se baser sur la chronologie, la géographie ni les portraits qui apparaissent dans ce roman. Synge et Molly ne passèrent pas un mois de vacances à Wicklow, et, à ma connaissance, il n'exprima jamais le désir de vivre aux Etats-Unis » etc.
Donc, j'ai envie de dire: « A quoi bon? » et « Tout ça pour ça?! »
J'ai trouvé ce livre d'un profond ennui. Il me tombait des mains et je ne recommande à personne une telle torture!