Un musée a un univers cohérent de musée. Pourtant, la plupart des gens se contentent de flâner au hasard dans l'entrée. Seule une poignée d'entre eux sont capables de pénétrer vraiment dans l'univers qu'ils représentent.
La conversation à bâtons rompus, la boisson couleur d'ambre, l'aiguille se faufilant à travers le tissu m'aidaient à retrouver mon calme. La main de la femme de ménage qui tenait l'aiguille me rappelait ma défunte mère. Je me remémorais les nuits tranquilles d'un passé lointain, où j'écoutais de la même manière l'aiguille glisser sur le tissu. Je plongeais alors dans une sensation de bonheur telle que je me demandais si je n'étais pas en train de revivre exactement le même moment qu'alors.
Le vaste manoir, plongé dans le silence, était environné de ténèbres bien trop épaisses. Nous étions à l’écart e la foule, et nous nous serrions les uns contre les autres comme un groupe de poussières d’étoiles rejetées en bordure du ciel. Je ne pouvais imaginer ce qu’il y avait de l’autre côté des ténèbres, pour autant, cela ne me faisait pas peur. Parce que nous partagions la même passion pour les objets hérités des défunts et que, grâce à cela, nous avions établi des liens solides. Je savais que, dans la mesure où nous étions à la recherche de ces objets avec tendresse, aucun de nous, glissant sur le bord, ne serait avalé par les ténèbres.
Seule la jeune fille qui tenait le rôle principal avait une tenue légèrement différente. Elle portait une à l'envers une robe de lin blanc.
Mais je ne fus pas surpris. Curieusement, l'expérience m'avait appris que lorsqu'il se passait des choses extravagantes l'almanach de la vieille dame était forcément en cause.
‒ En cas de blessure ou de maladies graves, il faut porter sont vêtement à l'envers jusqu'à la pleine lune suivante, déclama-t-elle comme je m'y attendais, si l'on ne prend pas de précautions, on est emporté dans l'autre monde par les démons. En portant son vêtement sur l'envers, on montre que l'on est quelqu'un du monde opposé, quelqu'un de là-bas, et les démons s'y trompent.
La seule chose que je remarquai parmi les cartes postales, les poupées ou les albums de photos de montagnes, c'étaient des petits bibelots de forme ovale décorés de toutes sortes de motifs. Avec un socle tarabiscoté, ils étaient accrochés à des rubans qui pendaient à la devanture.
‒ Ce sont des oeufs sculptés. Le dernier objet encore fabriqué au village. On aspire l'intérieur, on renforce la coquille avec un produit spécial, et on le travaille.
L'un à côté de l'autre, nous avions approchés notre visage de la vitrine. Il y avait un atelier au fond de la boutique où, sur un établit couvert d'une poussière blanche apparemment issue des débris des coquilles, travaillait un ouvrier. Il y avait toutes sortes d'objets, de la clochette de table au sucrier, certains avec des pierres précieuses, dont les incrustations ressortaient à la lumière d'une lampe incandescente.
‒ Il y a eu une période de fortes chaleurs qui a fait que les poules ne pondaient plus. Mais le jour de l'éclipse annulaire, toutes les poules se sont mises à pondre des oeufs dorés. Les villageois, surpris, ont gardé précieusement les coquilles, les ont décorés et accrochées aux fenêtres, et la pluie a enfin sauvé le village... C'est une légende. Mais maintenant, on peut toujours le demander aux dieux, les grosses chaleurs ne viennent plus. Et en automne, il pleut à n'en plus finir.
Les prédicateurs sont à la recherche du silence, pas de l’interdiction de parole. Le silence doit exister en nous, pas autour.
Il sait que le joyau le plus précieux n'est qu'un simple assemblage d'atomes, et que l'animal inférieur le plus horrible possède un bel arrangement de cellules. La forme extérieure n'est rien qu'une simple tromperie. C'est pour ça qu'il attache une grande importance au monde invisible. Son opinion, c'est que "l'observation commence à partir du moment où l'homme prend conscience de la mauvaise qualité de la précision de son regard."
Un couteau peut réussir là où les dix doigts de l'homme ne suffisent pas. Sans utiliser un seul watt d'électricité, en un instant, comme ça. Et en plus, dans un bel état de lumière glacée ... Existe-t-il au monde, une section aussi parfaite ?
[il est question de couteau à cran d'arrêt]
Vous voyez, je cherche l'objet qui soit la preuve la plus vivante et la plus fidèle de l'existence physique de la personne. Ou alors, quelque chose empêchant éternellement l'accomplissement de la mort qui fait s'écrouler à la base cet empilement si précieux des années de vie.
C'est ce que dit ma mère. Si on veut connaitre le futur, il faut se boucher les oreilles. Alors, on peut entendre sa propre histoire au loin dans le futur.