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Citations sur Purge (193)

Bien qu’Aliide tentât depuis une bonne heure de lui régler son compte, la mouche était sortie victorieuse de chaque round, et elle voletait maintenant au ras du plafond en bourdonnant grassement. Une mouche à viande dégueulasse, élevée dans une fosse à ordures. Elle finirait quand même par l’avoir. Elle allait se reposer un peu, la liquider, et puis se consacrer à écouter la radio et faire des conserves. Les framboises l’attendaient, et les tomates, les tomates mûres et juteuses.
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Un jour, Hans se rendrait compte que son salut ne venait pas d’outre-mer, mais qu’il était ici, devant lui et prêt à tout pour continuer indéfiniment par la force d’un simple regard. Aliide était maintenant la seule personne dans la vie de Hans, et pourtant il ne la regardait pas. Un jour, il faudrait bien qu’il en soit autrement. Nécessairement. Car seul Hans donnait du sens aux choses. Aliide n’existait quà travers Hans.
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Aliide connaissait les types avec ce genre de maintien, qui savent comment on punit une femme et qui sont venus chercher une femme à punir. Le maintien de ce genre de type qui portent ce genre de bottes avec lesquelles on peut écraser n'importe quoi.
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L’homme s’étonna de ce printemps particulier.
" Il est très précoce. Allez comprendre."
(...) Un printemps particulier. Les printemps particuliers et les hivers particuliers, elle en avait eu toujours peur. 1941 avait été un hiver particulier, il avait fait très froid. Et 1939, et 1940. Des années particulières, des saisons particulières. Sa tête bourdonnait. Il y en avait encore une, maintenant. Une saison particulière. La répétition des années particulières. Son père avait raison, les saisons particulières présageaient des événements particuliers. Elle aurait dû savoir.
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Il faut que j'essaye d'écrire quelques mots, pour ne pas perdre la raison, pour garder l'esprit d'aplomb. Je cache mon cahier ici,sous le sol du cagibi. Afin que personne ne le trouve, quand bien même on me trouverait, moi.
Ce n'est pas une vie. L'être humain a besoin de ses semblables et de quelqu'un à qui parler.
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Les mains d’Aliide furent attachées dans son dos et un sac mis sur sa tête. Les gars se retirèrent. A travers le jute, elle ne voyait rien, quelque part, de l’eau gouttait par terre. L’odeur de la cave passait à travers. La porte s’ouvrit. Des bottes. Le chemisier d’Aliide fut déchiré, les boutons projetés sur les dalles, sur les murs, les boutons de verres allemands, et puis… elles se transforma en souris dans un coin de la pièce, en mouche dans la lampe, elle s’envola, en clou dans le carton mural, en punaise rouille, elle était une punaise rouille dans le mur. Elle était une mouche et allait avec une poitrine de femme dénudée, la femme était au milieu de la pièce avec un sac sur la tête, et elle surmontait la récente contusion, le sang s’était accumule sous la peau de sa poitrine, les bleus étaient traverses par une fissure qui laissait passer une mouche, les hématomes des mamelons gonfles comme des continents. Quand la peau nue de la femme toucha les dalles, la femme ne bougeait plus. La femme la tête dans le sac au milieu de la pièce était une étrangère et Aliide était partie, son cœur se tortillait dans les fentes trous rainures, se confondait en une racine qui s’enfonçait dans la terre sous la pièce. Si on en faisait du savon ? La femme au milieu de la pièce ne bougeait pas, n’entendait pas, Aliide était devenue un crachat sur le pied de la table, a cote d’un trou de termite, a l’intérieur d’un trou rond dans le bois, le bois d’aulne, d’aulne issu de la terre d’Estonie, qui sentait encore la forêt, qui sentait encore l’eau et les racines et les taupes. Elle plongea au loin, elle était une taupe, qui poussait un tas de terre dans la cour, la cour sentait la pluie et le vent, la terre humide respirait et remuait. La tête de la femme qui se trouvait au milieu de la pièce avait été plongée dans seau à ordures. Aliide était dehors dans la terre humide, de la terre dans les narines, de la terre dans les cheveux, de la terre dans les oreilles et les chiens lui couraient par-dessus, leurs pattes pressaient la terre, qui respirait et gémissait, et la pluie battait et creusait ses propres voies et quelque part des bottes de cuir chrome, quelque part un manteau de cuir, quelque part l’odeur froide de l’eau-de-vie, quelque part le russe et l’estonien se mêlaient et les langues pourries sifflaient.
La femme au milieu de la pièce ne bougeait pas.
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Dans la rue, elle reconnaissait les femmes dont elle flairait qu'il leur était arrivé le même genre de choses. A chaque main tremblante, elle devinait : celle-là aussi. A chaque sursaut que provoquait le cri d'un soldat russe, ou à chaque tressaillement causé par le bruit des bottes. Celle-là aussi ?
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Un abribus surgit de l'obscurité si rapidement qu'elle n'eut pas le temps de réfléchir à le contourner ou à changer de direction, mais fut projetée au milieu du groupe qui attendait à l'arrêt, au milieu des minijupes et des bas blancs des filles de bonne famille qui dégageaient à la fois une odeur d'innocence et d'avortement, leurs ongles rouges griffaient familièrement l'obscurité et l'avenir.
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Zara se réveilla dans un arôme familier d'oreilles de cochon bouillies qui émanait de la cuisine.
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Pacha savait bien sûr que Katia était une fille de Tchernobyl, parce qu'il était allé la chercher près de Kiev, mais il lui avait ordonné de raconter qu'elle était de Russie, au cas où un client lui poserait la question, car aucun client ne voudrait fourrer sa bite dans la mort.
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