Une force et une consolation

Rien que pour le titre j'adore ce livre parce qu'"Une force et une consolation" c'est ce que représente la lecture pour Ariane Ascaride. J'aurais pu prendre ses propos à mon compte tellement je les trouve justes.
Et puis ce livre fait partie d'une collection dont j'aime le principe, il s'agit d'un entretien entre deux artistes sur les lectures de l'interrogé. Superbe façon d'écrire une biographie.
Ici c'est Véronique Olmi qui présente l'actrice Ariane Ascaride avant de l'interroger. Elles se connaissent car Ariane Ascaride a joué au théâtre Mathilde pièce écrite par Véronique Olmi que je me suis empressée de réserver à la bibliothèque.
Ariane Ascaride raconte son enfance à Marseille dans une famille qui se déchire à cause d'un père brutal et souvent absent. C'est pourtant lui qui incitera la petite Ariane à monter sur une scène de Théâtre, qu'elle ne quittera plus. Mais c'est sur les bancs de la fac d'Aix-en-Provence, au milieu des années 1970, qu'elle rencontre le cinéaste Robert Guédiguian dont elle est la compagne et avec qui elle a tourné 18 films. D'ailleurs, elle obtiendra en 1998, le César de la meilleure actrice pour son rôle dans Marius et Jeannette dont il est le réalisateur.
Ariane Ascaride aime les gens et si elle va au Conservatoire national d'art dramatique de Paris pour avoir la chance de suivre les cours d'Antoine Vitez et de Marcel Bluwal c'est Jean-Claude Izzo qui lui fait signer sa première carte du PCF.
Elle aime les lectures publiques qui lui permettent de partager de beaux textes et évoque ses incontournables en littérature comme Madame Bovary de Flaubert qu'elle relit tous les ans ou encore Anna Seghers qu'elle a connu… et bien d'autres.
Ariane Ascaride est une femme admirable qui sait rester discrète sans jouer la star mais qui sait aussi dénoncer les injustices sociales quand il le faut.

Autrefois Michel Polac animait une émission littéraire qui s'appelait, je crois, Bibliothèque de poche. Au cours de cette émission, il avait eu la bonne idée de convier une personnalité du monde littéraire à évoquer les livres qui avaient marqué sa vie. La rubrique se nommait : « Les livres de ma vie ».


Eh bien, les Editions de l'Observatoire ont eut l'excellente idée de reprendre ce concept. Ici avec la comédienne Ariane Ascaride questionnée par Véronique Olmi. 
J'ai eu alors la surprise de lire qu'Ariane Ascaride sacrifiait au même rite que moi ! Elle relisait une fois par an « Madame Bovary » ! 
Nous partagions aussi la même admiration pour Balzac et Maupassant. Elle appréciait tout comme moi « La femme de trente ans » qu'une lecture des entretiens de Mallet et de Léautaud m'avait incité à découvrir.


Au fil des questions, on découvre ainsi la vie de la comédienne rythmée par ses découvertes et passions littéraires et tout cela est très agréable, surprenant parfois. Un peu comme sur Babelio où en découvrant la fiche d'un lecteur on imagine sa vie ou ses centres d'intérêts, on découvre de nouveaux livres, de nouveaux auteurs à explorer.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, vous les passionné(e)s de lecture, de livres, de littérature mais dès que l'on aborde ces thèmes, cela nous intéresse de connaître le rapport de chacun à la lecture. C'est un sujet dont je ne me lasse pas tellement on cherche à comprendre le chemin parcouru par chacun, ses choix, son addiction aux livres et à la littérature.

Et bien à travers cet ouvrage Ariane Ascaride lève le voile sur ce qui l'a amené à lire, les livres importants de sa vie et après un court résumé de son enfance et de ses origines, elle répond aux questions de Véronique Olmi sur son rapport à ceux-ci, à la littérature et à son travail d'actrice ou de lectrice à voix haute. Passionnant. On se retrouve avec des souvenirs communs :

«La littérature m'aide à supporter le réel.»

les livres qui nous ont marqués, ceux que l'on a aimés, un peu, passionnément, pas du tout, que l'on relit ou pense régulièrement.

Ariane Ascaride est une actrice dont je vois pratiquement tous les films, depuis Marius et Jeannette de Robert Guédiguian (son mari), car j'aime sa douceur "forte", une femme discrète mais dont on ressent une force intérieure, aux convictions bien ancrées et qui les défend,  et j'ai donc eu beaucoup de plaisir à la découvrir à travers son rapport aux livres. Parfois j'ai été surprise car les livres sont souvent la révélation de la personnalité. On ne pensait pas qu'untel lisait cela...... 

Une amoureuse De Balzac, Flaubert, de grandes plumes de la littérature, une éducation livresque qu'elle a fait seule, en vraie amoureuse des livres, de l'écriture, pas à pas.

Véronique Olmi oriente le récit par ses questions mais on ressent une complicité réelle entre les deux femmes, l'écrivaine poussant Ariane à plus se confier sur ses choix.

Quand on est issue d'un milieu où la culture n'est pas mise en avant, où la violence règne parfois, souvent, la littérature est souvent un refuge, un abri, une force,  une formidable découverte et une passion qui laisse dans notre mémoire des moments privilégiés : 

- Ah oui à cette époque j'ai lu...... et cela m'a aidé

- Je me souviens de mes vacances dans le Périgord, décor splendide et j'ai découvert tel auteur....

- Noël : j'ai reçu un livre magnifique, dont je rêvais (ou pas) et depuis cet écrivain m'enchante....

J'aime bien cette idée de cet interview biolivresque..... 
Lien : http://mumudanslebocage.word..