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EAN : 9798835391462
350 pages
Auto édition (16/07/2022)
4.11/5   40 notes
Résumé :
« Les lauriers de la gloire se fanent vite. » Philéas Chasselat, peintre au succès déclinant en fait l’amer constat lorsque l’inspiration le fuit et que sa bourse se vide. Clémence Soyer, jeune artiste ambitieuse, est encore inconnue mais aspire à la renommée dans le Paris bouillonnant de la Belle Époque. Mis sur le chemin l’un de l’autre, ils vont affronter l’hypocrisie de la société, les déconvenues si nombreuses de la vie d’artiste et tenter, malgré les revers, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
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En plein dégrisement après un succès qui lui avait tourné la tête au point de lui faire délaisser ses pinceaux pour mieux courir les salons, le peintre Philéas Chasselat en est à pleurer les caprices d'une gloire éphémère quand il rencontre la toute jeune Clémence Soyer, impatiente de faire valoir son talent dans le monde artistique du Paris de la Belle Epoque. Séduits l'un par l'autre, ils vont se retrouver liés aussi bien sentimentalement que professionnellement, jusqu'à tenter une bien audacieuse association pour faire triompher leur art...


C'est Philéas qui nous relate au passé, dans une langue délicieusement ressuscitée de la fin du XIXe siècle, les affres de la création artistique, entre délicate éclosion du talent et de l'inspiration, et impitoyables lois du marché de l'art. Quand la critique juge davantage l'artiste que son oeuvre, se fiant d‘abord au plumage plutôt qu'au ramage et n'élisant qu'un entre-soi sacrifiant aux codes de son temps, la valeur artistique se retrouve battue en brèche par des critères de conformisme, de mode et de politiquement correct, pesant sur la liberté et l'indépendance de création au profit d'un mercantilisme sclérosant. Alors sans la reconnaissance de ses pairs, aujourd'hui sans appui marketing, il est bien difficile, si ce n'est impossible, de percer. Et lorsque le succès est au rendez-vous, l'artiste se retrouve emporté dans un tourbillon d'obligations représentatives à des années-lumière de l'ascèse créative.


En cette fin du XIXe siècle, les femmes-peintres font particulièrement les frais des préjugés. Alors qu'exclues de l'Ecole des Beaux-Arts, elles peinent à se former dans des cercles privés, on les renvoie aux genres considérés mineurs – comme l'aquarelle, « art frivole et superficiel » adapté à leur nature –, attendant qu'elles se cantonnent aux quelques sujets jugés à leur portée : « bouffées florales » ou « merveilles de nos provinces rurales ». En gros, les femmes peuvent peindre les vaches ; les hommes, eux, se doivent de choisir des sujets sérieux, le hussard en étant l'archétype puisque la peinture militaire, extrêmement codifiée bien sûr, reçoit alors tous les honneurs.


Jouant des heurs et des malheurs de ses deux personnages dans une intrigue, qui, pour être prévisible, n'en tient pas moins agréablement le lecteur en haleine et pourra, d'une certaine façon, trouver un prolongement dans le domaine de la création littéraire avec Quelque chose à te dire de Carole Fives, Alexandre Page suscite une réflexion aux extensions très actuelles sur la primauté de l'oeuvre sur l'artiste, trop souvent mise à mal par le goût du lucre et par le culte de la célébrité, le souci de plaire laissant alors libre champ à la médiocrité normative. Dommage toutefois que ce livre aussi intéressant que plaisant n'ait pas bénéficié de la relecture de correcteurs plus attentifs : ses coquilles par dizaines finissent par discréditer une écriture par ailleurs d'une qualité indéniable.


Merci à l'auteur pour sa confiance et pour son service presse.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un roman intéressant, qui nous plonge dans le Paris de le fin du XIXeme siècle, et plus particulièrement dans le monde artistique.

Phileas, jeune peintre, reconnu mais qui a brûlé la chandelle par les deux bouts, fait la rencontre d'une jeune aristocrate qui rêve de se faire un nom dans le monde de la peinture militaire.
Mais c'est sans compter sur l'époque où la femme doit garder sa place. La peinture militaire reste l'apanage de la gente masculine.

L'auteur a réussi à retranscrire l'époque et les conditions pour les artistes.
Un véritable voyage dans l'espace et dans le temps.

Je suis admirative du travail très détaillé et précis de l'auteur.

Si l'histoire d'amour ne m'a pas tellement touchée, j'ai par contre apprécié l'approche par la misogynie et l'hypocrisie de l'époque.

Un auteur a découvrir et très certainement a suivre.
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Toute fin du 19e. Phileas est un jeune peintre plein de promesses, il a été primé au fameux Salon, dans la catégorie difficile des peintures dites de guerre. Mais depuis son succès, il dilapide son talent, son temps et surtout son argent. Sa rencontre avec Clémence va tout changer. Elle aussi est peintre. de talent. Elle se rêve faire des oeuvres militaires réservées à la gente masculine.
On devine assez vite l'histoire d'amour, racontée du côté du jeune homme. Un régal mais mon manque de romantisme fait que ce ne sont pas les pages que j'ai préférées. Et oui j'ai préféré la suite : l'oeuvre de Clémence présentée au salon et ses conséquences. La misogynie exacerbée du 19e dans toute sa splendeur ! On va juger l'artiste en tant que femme et non sa peinture. J'ai découvert que le Conservatoire était interdit aux femmes à l'époque.
.
Les pages sur le Salon donnent envie d'accompagner les personnages et d'aller voir les tableaux exposés...
Un livre qui entremêle amour, peinture, vérité et mensonge. Un livre qui souligne la misogynie de l'époque, l'hypocrisie de tout ce beau monde. Un livre qui commence par une histoire d'amour et qui finit par prôner l'égalité.
Un très joli roman qui vous transporte en 1880 dans le monde de la peinture. On a l'impression d'y être : l'auteur a reproduit, à mon grand plaisir, la langue de cette époque.
En un mot j'ai aimé ce voyage !
Merci à l'auteur, Alexandre Page, qui a eu la gentillesse de me proposer la lecture de son roman qui m'a bien plu !
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J'ai découvert Une vie d'artistes signé Alexandre Page en service de presse, merci à l'auteur pour sa confiance.
1880, Paris. Philéas Chasselat déprime. Peintre reconnu, médaillé 2 fois au Salon pour ses tableaux d'histoire des batailles, il s'est noyé dans la vie parisienne, le jeu, les femmes. L'argent acquis grâce à son talent s'est volatilisé, les portes se sont fermées et l'envie de peindre s'est envolée...
Seul son ami Nicolas Dignimont, financier averti, lui reste fidèle. C'est lui qui va lui présenter Clémence Soyer, sa cousine, une jeune femme bien décidée à faire carrière comme peintre de batailles et lui demander d'être son mentor. En cette fin du XIXè, imaginer une femme pouvoir s'immiscer dans ce monde masculin semble relever de l'utopie.. Condescendance et misogynie sont de rigueur. C'est sans compter sur l'imagination de nos deux héros...
Seul Philéas Chasselat s'exprime, ses ressentis sont ceux d'un homme amoureux bien sur mais aussi ceux d'un homme de son temps friand de gloire et de reconnaissance. Nous découvrons donc Clémence uniquement à travers les yeux de Philéas, vision un brin tronquée à mon grand regret.
Alexandre Page est historien de coeur et de formation, spécialiste entre autre de l'estampe et de la peinture du XIXè. Passer du registre de l'historien à celui du romancier est plus difficile qu'il n'y parait. Alexandre Page s'en sort ma foi fort bien même si quelques digressions ici où là ralentissent le rythme du récit.
Le contexte historique est fort intéressant et instructif.
Quel dommage: la version reçue, à priori pas la version définitive, est truffée de coquilles et de fautes de français. ..
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Phileas Chasselat, peintre batailliste, deux fois primé au Salon, s'est laissé séduire par sa gloire, par la facilité.
Il a dès lors délaissé ses pinceaux pour courir fêtes, bals, tripots. Alors qu'il se retrouve démuni de tout ou en passe de l'être, son ami Nicolas lui présente Clémence Soyer qui rêve d'exposer au Salon. le hic, c'est qu'elle ne peint pas des paysages, des fleurs comme il sied à son sexe, elle peint des scènes de bataille.
Phileas devient son professeur, puis son amoureux, puis son mari.
Confrontés aux préjugés de l'époque sur ce qu'il faut peindre, sur la manière de mettre en scène,d e mettre en avant certains éléments dans un tableau, le couple conclut un arrangement destiné à révéler l'hypocrisie du milieu de l'Art.
Cela fonctionne un temps, le temps pour Phileas de se laisser à nouveau attirer par le chant des sirènes de la vie mondaine.
Dans une langue soignée visant à restituer le langage fin XIXème, le narrateur, Phileas évoque avec justesse le milieu de l'Art officiel, présente les difficultés auxquelles sont confrontés les artistes en général et les artistes femmes en particulier.
Si ma curiosité a été piquée à cette lecture je dois avouer que le personnage de Phileas m'a tout de suite agacé, son caractère versatile, superficiel, sa faiblesse et sa mauvaise foi sous couvert d'une honnêteté garantie par cette confession m'ont pesé.
Je remercie Alexandre Page de la confiance qu'il m'a accordée en me permettant de découvrir l'un de ses romans.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
(…) nous allions parfois au Louvre, visiter les chefs-d’œuvre et contempler, devant les Murillo et les Vélasquez, les légions de copistes qui rappelaient des souvenirs à Clémence. Elle n’avait pas été copiste au Louvre, mais copiste à Lyon, copiant tout ce qu’elle pouvait jusqu’à ce qu’elle fût capable de s’émanciper et de se satisfaire de ses propres compositions. Elle me confia que si elle avait été copiste au Louvre, elle y aurait sûrement habité, ce qui était presque le cas des copistes qui nous environnaient. Il faisait froid, alors ils plantaient leur chevalet près des bouches de chaleur, et comme il y avait des banquettes rouges moelleuses, ils s’y allongeaient pour se reposer, et comme il y avait beaucoup de jeunes femmes parmi ces copistes, leurs mères n’étaient jamais loin et tricotaient en gardant un œil sur leur progéniture. Il y avait beaucoup de filles d’officiers parmi elles, orphelines de père et filles de veuve, qui pour avoir reçu une sommaire formation artistique utilisaient leur « art » pour réaliser des copies qu’elles proposaient aux visiteurs. La médiocrité dominait plus que l’art, et le spectacle de ces femmes aux mains sales, s’usant les yeux tout le jour pour produire de malheureuses croûtes qui devaient les aider à arrondir la maigre pension de leur veuve de mère contrastait fort avec l’opulence des chefs-d’œuvre qui pendaient aux cimaises. Ce spectacle pathétique ne laissait pas Clémence si sereine qu’elle aurait pu l’être lors de nos visites, et au salon hollandais, comme les tableaux étaient plus petits, les copistes étaient presque totalement absents, ce qui la déridait un peu. Je lui dis un jour, pour la réconforter sur le sort de ces malheureuses, que l’État leur commandait beaucoup de copies pour décorer les institutions provinciales à bon compte et répandre les « chefs-d’œuvre » auprès des populations les plus lointaines, jusque dans les colonies, ce à quoi elle me répondit :
— Philéas, si l’État permettait à ces femmes de perfectionner leur art à l’École des beaux-arts plutôt que de les laisser à faire des copies médiocres contre quelques francs, il se montrerait réellement généreux à leur égard.
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Si Clémence envisageait d’exposer dans la section paysage, nature morte, animaux et fleurs, je ne douterais pas un instant de son succès, à la condition qu’elle fasse les vaches aussi bien que les hussards. Ce serait un portrait, pourquoi pas, mais la peinture d’histoire, c’est autre chose. À la rigueur, nous parlerions de sujets religieux, les femmes y ont une expertise reconnue, nous parlerions de sujets féminins, mais la peinture de guerre… Dans cette section, on ne refuse pas seulement les œuvres manquées, les croûtes médiocres, d’ailleurs, on les accepte trop souvent. Non, il faut conserver la noblesse de cette section, conserver son héritage, sa prééminence dans la hiérarchie picturale, et tu sais à quel point les temps actuels sont troubles. Alors, quand bien même le jury comprendrait des professeurs de l’Académie Julian, je doute que ces professeurs, dans leur rôle de jurés, aient pour autre but que de préserver cette prééminence et de refuser, en conséquence, l’envoi d’une femme. Imagine donc les titres de presse, tous se focaliseront sur cette excentricité. Ça fera ombrage aux artistes récompensés, et la presse conservatrice, celle qui défend ordinairement le Salon, fera de gros titres moqueurs. L’armée elle-même pourrait gloser ! Non, le jury ne voudra pas de ce brouhaha autour d’une artiste en jupon, car c’est ainsi qu’on l’appellera. Certains se demanderont si à force de peindre des femmes, nos Bouguereau, nos Bonnat et nos Baudry ne sont pas tombés dans les reîtres du beau sexe. Retenir une femme dans la section noble du Salon serait perçu comme l’avènement de ce règne du médiocre que certains esprits voient instaurer à courte échéance. Ce n’est pas ma manière de voir, et je dois dire que si je doutais jusqu’alors des capacités d’une femme à se saisir de la chose militaire, je ne suis maintenant plus aussi sceptique. Néanmoins, l’espoir que sa bataille soit admise au Salon est mince. Je serais moins pessimiste s’il s’était agi d’une Jeanne d’Arc à Compiègne ou d’une Sainte Geneviève défendant Paris, mais là, je crois que c’est demander trop de progressisme à notre élite artistique !
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Durant ses voyages en Afrique, il avait vu un animal que l’on nomme caméléon, et il comparait l’artiste moderne à cette créature capable de s’adapter à son environnement :
— Quand l’artiste tient un sujet, me dit-il, il doit d’abord savoir pour qui il travaille. L’État, l’Église, un citoyen, mais encore un citoyen français, un américain, un russe, un anglais, mais encore un bourgeois ou un aristocrate descendu en ligne directe de Clovis ou de Guillaume le Conquérant. Est-il catholique, protestant ou juif ? Tout cela importe, car sans cela, votre œuvre peut déplaire à un point que vous n’imaginez même pas, et cela, parfois pour un centimètre carré de peinture dans une toile monumentale. Croyez-en mon expérience, le succès ou l’échec d’une toile tient toujours à un détail que l’on pense anodin. On m’a dit un jour qu’un jeune artiste sans le sou était devenu richissime parce que le visage d’un de ses personnages dans une scène de bal avait rappelé à un grand-duc les traits d’un amour de jeunesse ! C’est à cela que tiennent nos vies !
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Jusqu'à la mer, il y avait quelques centaines de mètres, un kilomètre peut-être, peu de chose, mais dans l'arrière-pays, tout n'était que prairies verdoyantes et vergers de pommiers, vallons aux replis harmonieux et collines boisées, ruisseaux murmurants et forêt de Touques aux bords de chemins subjugués par les touffes épaisses des lauriers de Saint-Antoine.
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Ce n’est pas la première fois qu’une représentante du beau sexe ose la peinture d’histoire, et celles qui s’y essayent le font par vocation à n’en pas douter, mais pourquoi diable leur donner la vocation alors qu’elles n’ont ni l’expérience ni le tempérament, et pourquoi diable le jury persiste-t-il à les exposer aux regards ? Une femme donne la vie, elle ne sait peindre la mort. Une femme ne connaît de la guerre que ce qu’elle voit au théâtre et lit dans les livres, peut-on l’imaginer peindre une bataille, et pourtant, c’est là le sujet qu’a choisi Mme Clémence Chasselat pour sa grande machine qui, pour être sa première, sera, souhaitons-le, sa dernière ! (…)
Je n’en dirai pas davantage, il ne revient point à un homme de salir une femme qui a la vocation, mais pourquoi donc ne pas prendre exemple sur Mme Madeleine Lemaire qui nous gratifie chaque année de bouffées florales avec le talent qu’on lui connaît, ou sur Mme Rosa Bonheur qui, absente cette année, nous entraîne à sa suite dans les merveilles de nos provinces rurales ? Que Mme Clémence Chasselat peigne ce qu’il est dans sa nature de peindre et elle pourrait bien être la gloire de son époux, époux qui à cette heure, osons le dire, serait futé de lui confisquer son pinceau pour l’honneur de son nom.
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