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EAN : 9782378800314
279 pages
L' Iconoclaste (03/10/2018)
4.45/5   20 notes
Résumé :
Sa vie, c’est d’écrire. Jamais il n’a bougé du Creusot, sa ville natale, ou seulement pour lui référer la forêt distante de quelques kilomètres. Son œuvre est immense et singulière. Plus d’une soixantaine de livres qui, entre eux, se font écho. Pourtant il en manquait un qui éclaire l’ensemble. Un livre qui dise son arrière-pays, comment il s’est construit, ce qui l’a formé. Pour y répondre il fallait des écrivains, eux aussi, dont la parole soit juste. Sous leur pl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'arrière-pays de Christian Bobin
Dominique Pagnier Préface de Lydie Dattas

Les êtres, les lieux, les livres qui l'inspirent
L'iconoclaste Octobre 2018 ( 250 pages – 24,90€)


Cet ouvrage donne un autre éclairage sur l'oeuvre de Christian Bobin.
Dans sa préface Lydie Dattas définit le poète, comme « aérien », au «  rire atomique ». Mais n'est-ce pas sa propre écriture poétique ( le livre des anges) qui a comme hypnotisé Bobin, et fut le déclic pour des partages et échanges téléphoniques ? Puis un rapprochement et la cohabitation : «  Elle reste à ses côtés en raison de sa fantaisie merveilleuse et de sa chaleur hors normes ». Elle voit en lui « une sorte de soufi occidental ».

Dominique Pagnier s'avère un grand connaisseur de «  l'ermite du Creusot », «  un éminent bobinologue ». Il tisse son portrait depuis sa naissance, évoque son milieu familial(parents, fratrie), retrace son enfance « de cloîtré » ( anecdote d'une fugue),ses lectures (Borges, Michaux, Poe …), ses études( après le Bac, la licence de philosophie), son expérience des « trois jours », ses premiers jobs, et détaille son entrée en littérature.

Les deux auteurs de ces miscellanées centrées sur Bobin soulignent le caractère « unique », « inimitable de son écriture qui «  aimante les lecteurs ». Jean Grosjean avait débusqué « quelque chose de rare ».
Cet « arrière-pays » dévoile les «  les êtres, les lieux, les livres qui l'inspirent. », un programme ambitieux et exponentiel.

Des photos exhumées de l'album familial ponctuent le récit.
Ainsi la maison éventrée de la famille Bobin rappelle le passé glorieux des fonderies mais aussi la période de la guerre et des nombreux sinistrés.
On suit les déménagements successifs de Christian Bobin jusqu'à son installation, en pleine forêt, havre bucolique qui, en hiver, ressemble à la « Petite Sibérie ».

Au fil des pages, le narrateur fait référence aux publications de Bobin, donnant un panorama très détaillé de son oeuvre depuis ses débuts où il n'avait qu'un cercle confidentiel de lecteurs jusqu'à sa consécration.
le très bas ,couronné de trois prix, marque un tournant. Ses écrits ont un côté «  feel good », pour leur pouvoir de « cautériser une plaie, bannir une malédiction ».
Quel parcours ensuite ! On l'invite dans des librairies, à des colloques.
Laurent Terzieff le déclame et le sublime. Il est déboussolé. Une thèse lui a même été consacrée sur la réception de ses publications par la critique. A noter qu'il est traduit en 40 langues et célébré au Japon.
Lui « l'agoraphobe » , «  le sauvage », se montre maintenant à la télé chez Busnel. ( Voir l'émission du 10 octobre 2018 de LGL).

le chapitre intitulé «  soeur de lait »,consacré à Ghislaine, connue surtout des lecteurs de «  La plus que vive » retrace leur rencontre, met en exergue la bonté de « cette petite fiancée nervalienne », et son sourire qui ont conquis l'écrivain, «  à la dégaine russo-manouche ». D'elle, il n'a plus qu'une relique. Bobin qui a gardé son esprit d'enfant, aime la compagnie des bambins. Il a d'ailleurs pour filleule, Hélène, fille de Ghislaine.

Il est confronté à la maladie très jeune. Celle de son aïeule Yvonne, internée, puis de son père à qui il dédie : La présence pure.

La plus belle façon de connaître quelqu'un est de regarder sa bibliothèque, c'est ce à quoi s'emploie Lydie Dattas, détaillant les affinités électives du « ravi ». La poésie est omniprésente, passion contagieuse pour la poétesse, qui vient de l'univers du cirque Romanès et du monde gitan où l'on tresse des paniers en osier. Ensemble ils rendent visite à Grosjean, son mentor.

Le poète -écrivain/ «  l'indéracinable cloîtré » a côtoyé, fréquenté de grandes figures artistiques et littéraires, comme Grosjean et Soulages. D'où quelques pages de sa prose, retranscrites à l'encre blanche sur fond noir. Mais c'est « un simple feutre noir qui est la flûte dont il tire les airs qui aimantent ses lecteurs ».
Il éprouve de l'admiration pour de célèbres personnalités : citons Dhôtel, Emily Dickinson ( qui il a inspiré La Dame blanche), Rimbaud, Tranströmer, Philippe Jaccottet…  ».

La correspondance meuble son quotidien et l'épistolier se dit «  tellement heureux de se lier à d'autres humains ». La musique de Bach ou de Django Reinhardt officie comme « médecin traitant » chez le mélomane averti. En Arvo Pärt,il a trouvé comme un frère. Admiratif de Glenn Gould.

Le recueil s'achève, en juillet 2017, sur la contemplation des vitraux de l'abbatiale de Conques, dont « les stries sont celles d'un râteau ».

Saluons la générosité de Christian Bobin qui livre des carnets manuscrits , inédits, des lettres, nous ouvre son album photos. Celle de la chambre d'écriture, à l'aspect monacal, permet d'imaginer le poète rivé à sa table ou rêvant par la fenêtre. Des réflexions sur l'écriture sont distillées :
« Mon pays c'est la page blanche et elle seule. » mais aussi sur la mort. Pour lui, « l'écriture a par essence une tendance autistique. »
On retrouve la beauté de son écriture manuscrite. Comme pour « Un bruit de balançoire », « l'indéracinable cloîtré a calligraphié la couverture, redoutant de voir disparaître « une main humaine qui danse »
Remercions aussi Guy Goffette son éditeur chez Gallimard.


Dominique Pagnier et Lydie Dattas nous offrent un ouvrage raffiné, poétique, d'une grande richesse, alliant textes et photos, émaillé de citations. Il permet de découvrir l'enfance du poète, les lectures qui l'ont forgé, les êtres qui ont compté pour lui, sa géographie intime. On partage ses tourments et ses bonheurs, ce qui suscite une mosaïque d'émotions.
Une manne prodigieuse pour ceux qui le lisent, ainsi que des suggestions de lecture pour approfondir la connaissance de ses publications.
Quand on referme l'ouvrage, on a l'impression d'avoir vraiment rendu visite à Christian Bobin et le narrateur a su si bien se couler dans le moule de celui-ci que parfois, on ne sait plus trop si on lit du Bobin ou du Dominique Pagnier. Et on s ‘émerveille dès qu'on ouvre de nouveau cette pépite littéraire pour détailler un tableau, une photo, relire ou mémoriser un fragment tant le contenu est nourrissant, lénifiant et passionnant!

NB : Derniers ouvrages des auteurs :
Lydie Dattas : Carnet d'une allumeuse Gallimard, Blanche 2017
Dominique Pagnier : Cénotaphe de Newton Gallimard 2017
Christian Bobin : le plâtrier siffleur, 2018, éditions Poesis
La nuit du coeur Gallimard 2018
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Lecture très agréable que cette biographie de Christian Bobin.

C'est écrit d'une belle plume, simplement, à l'image de l'humilité du poète.

On y apprend beaucoup, sans voyeurisme. Peut-être même y apprend-on tout de l'écrivain, tant sa vie paraît simple, centrée sur sa ville natale qu'il n'a jamais quittée, entouré de quelques proches, de quelques livres et de musique.

Le biographe évoque l'enfance du poète, ses rencontres, sa fidélité, l'importance de la lecture et de l'écriture,

son rire atomique souvent.

Il nous confie sa fusion gémelle avec la «plus-que-vive », sa vision de Dieu et de la religion, son refus de toutes les séductions, les attaques de certains critiques le jugeant mièvre ou naïf.

D'ailleurs je ne suis pas sûr que le mot naïf déplaise à Christian Bobin.

Il ressort de ce portrait que Christian Bobin n'est pas de ceux qui écrivent pour écrire. Il écrit pour vivre, il écrit pour que nous vivions.

Il n'est pas non plus un technicien littérateur, son écriture est tellement l'émanation de sa nature que je me mets à craindre que son émerveillement ne se ternisse...

Mais il a été touché par une grâce et ça, c'est pour la vie.



Un mot encore pour dire que cet ouvrage est véritablement un livre d'art :

La qualité du papier, son toucher, la typographie. Tout y est soigné.

La préface de Lydie Dattas est remarquable de compréhension de son ami.

Les pages intercalaires qui nous présentent sommairement les écrivains qui ont marqué le poète.

Des fac-similés des carnets et manuscrits, des propos inédits de Christian Bobin, ponctuent les chapitres.

Un beau livre que chaque toqué de l'auteur se doit de lire.
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Voilà une manière originale et agréable d'entrer dans l'univers d'un auteur. Et pas n'importe lequel: un auteur discret dans les médias, qualifié de poète et cependant connu d'un assez large public. Ce n'est pas une biographie, mais plutôt un "catalogue" ( oublier le côté péjoratif du mot !) dans lequel l'auteur dispose pour le lecteur des lieux, des êtres, des livres qui font de Bobin qui il est.
Il est émaillé de quelques textes de ses inspirateurs, illustré de quelques photographies et sur fond gris bleuté , beige, noir ou blanc , l'auteur nous propose des extraits de carnets manuscrits ou lettres de Bobin. J'ai été très touchée par la forme de cette écriture qui est d'une magnifique lisibilité; elle a des rondeurs, elle est douce, nette , rarement raturée.
Pour ce qui est de Bobin lui-même, ma subjectivité retient son enfance solitaire et cloîtrée au Creusot qu'il n'a jamais quitté, sa grand-mère maternelle Yvonne, absente car internée en psychiatrie, son goût pour les contes, son rapport à la neige, sa muse La plus que vive ( Ghislaine Marion) dont la mort brutale en 1995 lui fait explorer le manque, sa découverte de Soulages.

D'autres lecteurs retiendront d'autres choses, comme tous ses référents littéraires, poétiques ou son parcours éditorial.

En fermant ce beau livre , j'ai eu envie d'entendre le rire de Christian Bobin dont l'auteur nous dit qu'il a un accent creusotin et qu'il faudrait en noter les modulations, l'intensité et les harmoniques.
Un livre incontournable pour ceux qui aiment et suivent cet auteur.
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Le titre est très bien trouvé : c'est exactement ça. Ce livre (bel objet par ailleurs, avec photos, extraits carnets..) donne à comprendre - un peu - ce qu'est l'oeuvre de Christian Bobin par le biais d'éléments biographiques, de rencontres, d'hommes et femmes qu'il admire..
Tout n'est peut-être pas dit - et on peut rester un peu sur sa faim, gourmand que nous sommes - mais tout pourrait-il être dit sur un poète? Est-il possible de connaître vraiment, complètement un artiste?
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Comment parler d'un poète ? On peut se lancer dans une méticuleuse analyse littéraire, mais ne serait-ce pas passer complétement de ce qui fait la richesse invisible d'une oeuvre poétique ? Il y a également la possibilité de s'en tenir à établir scrupuleusement un déroulement chronologique de la vie de l'artiste pour espérer comprendre les noeuds secrets entre chaque phrase d'un poème, mais là encore, ce travail ne fera qu'effleurer la source intarissable de l'inspiration du poète… (suite sur le blog Murmure de l'Ombre)
Lien : https://murmuredelombre.word..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Il y a deux sortes d'écrivains : ceux pour qui le langage est le but, et ceux pour qui il n'est qu'un outil. Ces deux races sont irréconciliables. Flaubert incarne le premier type. Son art de taxidermiste ne laisse rien au hasard. Ses phrases ont les yeux de verre des animaux empaillés. Toujours l'Université polira sa statue, toujours elle ignorera le rossignol. Avec beaucoup de travail on peut devenir un Flaubert, mais on ne peut pas devenir un Bobin, une Dickinson ou un Grosjean, parce qu'ils ne sont "personne". Rien que le souffle de leur écriture traversière --- mais plus contagieux qu'une rougeole !
La flûte enchantée est d'un bois ordinaire. C'est seulement quand celui qui en joue a le coeur limpide sue le miracle advient. C'est par un souffle de cristal que les soufis atteignent le ravissement. Un air de flûte éclaire secrètement l'écriture de Bobin. Un simple feutre noir est la flûte dont il tire les airs qui aimantent les lecteurs. (préface de Lydie Dattas)
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L’école lui apparaît comme un univers d’incompréhension où règne la froideur du collectif. Les propos des maîtres ne le concernent pas et ce qui intéresse ses condisciples le laisse indifférent. Les premiers quinze jours qu’il y passe, il ne fait que « hurler avec l’effroi de ne rein comprendre à ce qui réjouissait les enfants de son âge ». Il ajoutera : « A l’abattoir de l’école maternelle, j’ai compris une fois pour toute ce qu’était le monde. »
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Le Creusot devient un lieu de pèlerinage; on veut voir celui qui a trouvé le mot juste pour cautériser une plaie, bannir une malédiction. Les lettres, surtout les lettres, s'entassent chaque matin....
Une partie de son travail d'écriture est désormais consacrée à cette correspondance quotidienne. Il ( Bobin) reconnaît: " Je sui tellement heureux de me lier en écrivant à d'autres humains, que je suis conscient quand j'écris des osselets puis de la fine poussière en quoi se résoudra ma main."
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Les livres. Ils sont sur ma table. Je les ai ouverts, au hasard. Je les ai feuilletés.
Un apaisement est venu […] Un bonheur de lire, dont je ne savais pas avoir besoin, antérieur à l’acte même de lire […] Puis j’ai fermé les livres. Plus tard. La lecture viendrait plus tard, bien plus tard.
Christian Bobin – L’enchantement simple
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Cette vertu merveilleuse de Ghislaine, Bobin en a noté les effets à plusieurs reprises. Paris, que le poète qualifie de " grande ville barbare", devient accueillante pourvu que la jeune femme l'y accompagne. Mieux encore, tout e que notre civilisation a pu produire de décor sinistre, comme une grande surface commerciale, est enchanté par la présence de la petite fiancée nervalienne.Ne nous y trompons pas, il ne s'agit pas d'une transformation romantique mais de ce que Bobin appelle lui-même " l'enchantement simple"..
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