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EAN : 9782070135196
196 pages
Gallimard (11/10/2012)
4.43/5   7 notes
Résumé :

En 2010, devant les étudiants de l'université américaine de Harvard, Orhan Pamuk développe sa vision de la littérature grâce à six conférences données dans le cadre des 'Charles Eliot Norton Lectures'.

Dans ce cycle d'interventions auquel s'ajoute un épilogue le prix Nobel n'hésite jamais à parler de sa propre biographie, de ses propres livres, de son travail d'écriture et surtout de sa pratique de lecteur.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je voudrais maintenant m'attarder sur les raisons que l'on peut avoir d'associer les objets réels -des tableaux, des photos, des vêtements- à un roman. Ma première remarque concerne la jalousie des romanciers : l'envie à moitié secrète, peut-être inconsciente, qu'ils éprouvent à l'égard des peintres et que j'ai évoquée précédemment en rapport avec les images et les objets. Je ne parle pas de ce que Heidegger appelle la "choséïté" d'une oeuvre d'art, mais de sentiment d'insuffisance qu'on éprouve en lisant des romans - sentiment qui naît du fait que les romans requièrent la participation volontaire de l'imagination du lecteur.

C'est normal que Pamuk introduise dans ce rapport cette juxtaposition de la peinture et du roman : il voulait être peintre dans sa jeunesse.
A propos de l'imagination du lecteur, je vois plus une osmose entre le lecteur et le lecteur.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L'exemple le plus extraordinaire d'une intelligence prise entre fiction et réalité, c'est Vladimir Nabokov, qui a déclaré un jour que tous les romans étaient des contes de fées, mais a essayé d'établir une édition annotée d'Anna Karénine censée révéler les "faits" sous-tendant le roman. Bien qu'il n'ait jamais achevé son projet, il a effectué des recherches et dessiné un croquis du wagon du train de nuit ramenant Anna à Saint-Pétersbourg. Il a soigneusement noté le confort rudimentaire du compartiment réservé aux femmes, le fait que les pauvres dames ne disposaient que de sièges inclinables, l'endroit où était placé le poêle, à quoi ressemblaient les fenêtres et la distance en miles entre Moscou et Saint-Pétersbourg - toutes les informations que Tolstoï avait omis d'inclure. Je ne pense pas que ces annotations contribuent grandement à notre compréhension du roman ou des pensées d'Anna, mais nous les lisons avec plaisir. Elles nous font dire que l'histoire d'Anna est bien réelle, nous font croire davantage encore à son personnage et, l'espace d'un instant, oublier la déception et le sentiment d'insuffisance que nous éprouvons.

Que Orhan Pamuk s'intéresse aux cours de Nabokov, c'est normal parce que ici Pamuk procède de la même façon; que Nabokov s'intéresse aux choses domestiques des femmes n'est pas pour m'étonner. Maintenant l'oeil de Tolstoï se mettant dans la peau du personnage qui ne vivait que ses propres tourments et de ses joies aventureuses, lui si pudique et paradoxalement si sensuel, était à mille verstes d'un Flaubert par exemple ..
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Orhan Pamuk

Coïncidence

Le grand écrivain turc écrivait La Nuit de la peste quand est survenu le Covid 19. C'est un chantier commencé il y a quatre ans sur la pandémie de la peste de 1900, il est curieux qu'une pandémie d'un autre genre vienne perturber ce travail.

Ce téléscopage des deux pandémies dans le projet de Pamuk n'est pas sans me rappeler celui de Soumission de Houellebecq en janvier 2015 avec les événements de Charlie Hebdo décimé par les islamistes. Houellebecq avait dû renoncer à la publicité faite à sa fiction qui traitait de l'Islam.
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Comme les rêves […], les romans révèlent la couleur et la complexité de nos vies et sont remplis de gens, de visages et d'objets que nous avons le sentiment de reconnaître. Tout comme dans les rêves, lorsque nous lisons des romans, le caractère extraordinaire des choses que nous y rencontrons nous frappe parfois avec une telle force que nous en oublions où nous nous trouvons et nous représentons parmi les personnes et les événements imaginaires que nous observons. Dans ces moments-là, nous avons l'impression que le monde de fiction que nous découvrons et aimons est plus réel que le monde réel lui-même. Que ces deuxièmes vies puissent nous sembler plus réelles que la réalité signifie souvent que nous substituons les romans à la réalité, ou, tout au moins, que nous les confondons avec la vie réelle. Mais jamais nous ne déplorons cette illusion, cette naïveté. Au contraire, exactement comme dans certains rêves, nous voulons que le roman que nous sommes en train de lire continue et nous espérons que cette deuxième vie ne cessera pas de nous faire éprouver cette impression constante de réalité et d'authenticité. Malgré ce que nous savons de la fiction, nous sommes agacés et gênés quand un roman ne parvient pas à maintenir l'illusion qu'il est bel et bien la vie réelle.

1. Ce que fait notre esprit lorsque nous lisons.
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Let us remember Jorge Luis Borges's interpretation of Kafka's letter to Max Brod, in which Kafka asked that all his unpublished manuscripts be burned. As Borges put it: When Kafka sent these instructions to Brod, he thought that Brod would not actually burn his manuscripts. Brod, in turn, thought that Kafka was thinking that he was thinking exactly that. And Kafka was thinking that Brod was thinking that he was thinking... ad infinitum.
The ambiguity about which parts of the novel are based on experience and which parts are imagined puts the reader and the writer in a situation similar to this. At every detail, the writer thinks the reader will think that this detail was experienced. And the reader thinks that the writer wrote with the thought that the reader will think that it has been experienced. The writer, in turn, thinks that the reader will have thoughts of this, too. This play of mirrors is valid for the writer's imagination as well. When a writer composes a sentence, he assumes that the reader will (rightly or wrongly) think he has made up this detail. The reader also assumes this, and thinks that the writer assumes that he will likewise think this detail was imaginary. And in the same way, the writer assumes... and so on.
Our reading of novels is colored by the uncertainty resulting from this play of mirrors. Just as we cannot agree on what part of the novel is based on experience and what part is imagined, the reader and writer can never agree on the fictionality of the novel. We explain this disagreement by referring to culture, and the difference between the reader's and the writer's understanding of the novel. We complain that almost three hundred years that have passed since Robinson Crusoe, a common understanding of fiction has still not been established between novelist and readers. But our complaints do not entirely ring true. They lack authenticity; they remind us that they are made in bad faith. Because in a corner of our mind we know that this lack of perfect agreement between the reader and the writer is the driving force of novels.
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Le véritable plaisir que l'on tire de la lecture d'un roman commence par la capacité de voir le monde non de l'extérieur, mais à travers le regard des protagonistes qui habitent ce monde. Lorsque nous lisons un roman, nous passons de la perspective d'ensemble aux instants fugaces, des pensées générales aux événements particuliers à une vitesse qu'aucun autre genre littéraire ne permet. […] Lire un roman signifie que, tout en mémorisant le contexte global, nous suivons, l'un après l'autre, les pensées et les actes des protagonistes et leur attribuons une signification dans ce paysage d'ensemble.

1. Ce que fait notre esprit lorsque nous lisons.
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Videos de Orhan Pamuk (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Orhan Pamuk
Le nouveau roman "Les Nuits de la Peste" de l'écrivain turc Orhan Pamuk se présente comme le théâtre d'une grande fresque historique qui résonne avec l'actualité. La pandémie mondiale est venue donner une actualité poignante au roman qu'il écrivait depuis trois ans.
Son récit mêlant fiction et réalité raconte les ravages une épidémie de peste dans l'île fictive de Mingher en 1901, contrée de l'Empire Ottoman en déclin. Un livre à la croisée des chemins et des genres. Roman historique, roman d'amour et roman politique, ce livre vient interroger notre rapport à la fiction et au réel, l'imaginaire se mélangeant au réel, et le romanesque à l'historique. La véritable prouesse d'Orhan Pamuk consiste à jouer avec les codes de la fiction et à rendre la frontière poreuse entre l'histoire et la grande Histoire. Au milieu de ce drame humain et politique, l'amour est un refuge pour ceux qui se battent contre l'épidémie.
Orhan Pamuk nous livre une réflexion sur le pouvoir et la liberté, à l'heure où s'amorcent le délitement de l'Empire Ottoman et les conflits de succession entre sultans.
#roman #orhanpamuk #franceculture _____________
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