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Gilles Decorvet (Traducteur)
EAN : 9782070704248
208 pages
Gallimard (25/03/2004)
3.54/5   12 notes
Résumé :
En avril 2063, à l’hôpital Royal Marsden de Londres, un homme agonisant rédige jour après jour une histoire de sa vie, qu’il destine à son médecin. Jour après jour, il repousse l’approche de la mort grâce à l’encre dont il noircit les pages. Jusqu’au point final, jusqu’à sa dernière minute. Après avoir longuement tergiversé, ainsi qu’il l’explique dans son avant-propos, ce médecin décide de faire publier le manuscrit.

James Wright, né à la fin du XXèm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
4e de couverture : Albert Zimmermann, célèbre généticien, affirme avoir identifié, au terme de ses recherches, le gène de l'artiste. Il se fait fort désormais d'indiquer à tout un chacun s'il est né musicien, peintre, écrivain – ou non.
Le monde de l'art est en émoi. Chaque artiste, ou prétendu tel, se voit contraint de passer le test Zimmermann afin de prouver ses prédispositions géniques. Dans le milieu littéraire surtout, ce changement fait des ravages. On ne publie plus que les auteurs « certifiés », tandis que les autres, déboutés par la science, deviennent des parias. Les éditeurs, tout comme les critiques littéraires, sont au chômage.

Mon avis : James Wright, auteur à succès refuse de se soumettre au test Zimmermann et rejoint les « Artistes Anonymes » qui regroupe les auteurs qui comme lui, rejettent ce test.

En dehors de l'histoire assez drôle et émouvante de cet artiste, le roman nous interroge sur le rôle de la science dans la société. Peut-on tout déceler à travers des analyses ? D'autre part, il y a des questionnements très intéressants sur l'art, sur ce qui fait la valeur d'une oeuvre et sur les critiques d'art.

Ce roman trouve aujourd'hui une nouvelle résonance avec les critiques et notations à outrance sur Internet (c'est pourquoi j'évite de donner des notes dans mes chroniques littéraires ; je préfère parler de l'ambiance du livre et de mon ressenti).

À lire avec un café et quelques boudoirs en vous faisant votre propre avis et sans vous soucier du mien !

Instagram : @la_cath_a_strophes

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Quand Wright arrive à la fin de sa vie, malade sur un lit d'hôpital, il trouve en lui la force d'écrire ses mémoires et ce sont elles qui nous seront données à lire ici, retraçant le tsunami ayant dévasté le monde artistique et littéraire mais aussi le monde de la critique à partir des années 2030... Un chercheur fait une découverte fracassante en mettant au jour le gène de l'artiste-peintre, celui du sculpteur et celui de l'écrivain. À partir de là, rien n'est plus pareil car les maisons d'éditions, s'appuyant sur la science, ne souhaitent plus lire les manuscrits de ceux ne possédant pas ce gène et publient uniquement les « oeuvres » de ces prédisposés au talent. Toute remise en cause est écartée car rien ne peut contredire la validité d'un résultat sanguin. L'on se met donc à publier les premiers jets forcément médiocres de très jeunes auteurs qui n'ont pas eu le temps d' exercer leur talent, de réfléchir, de se poser des questions, de surmonter des épreuves dont celles de la création, de ses doutes et de ses brouillons. Tout autre auteur est désormais disqualifié d'avance à part ceux déjà « en place » depuis longtemps.
Le James Wright du début évolue en partie au cours de son récit retraçant son état d'esprit d'écrivain avant ce test, ne supportant pas les remises en causes de certains critiques littéraires sur son dernier ouvrage et croyant à tort que sa femme lui ment lorsqu'elle assure adorer, quant à elle, ce qu'il écrit, colérique et se coupant des autres ; et la fin où paradoxalement, c'est lorsqu'on lui a « interdit » de créer, du moins de publier tant qu'il ne s'est pas soumis au test génétique qu'il est le plus prolixe et parvient au meilleur de son art. C'est qu'entre temps, il a vécu bien des déboires, qui l'ont plongé dans l'introspection, ont modelé son imaginaire et ses réflexions. Sa vie change du tout au tout et il se lie avec une femme qu'il n'aurait jamais regardé avant, devient lui-même plus ou moins un marginal. Il découvre aussi que le critique littéraire qu'il exécrait est peut-être finalement son meilleur allié, le seul à dire ce qu'il pense et donc à lui permettre d'affiner ses écrits, et que quand tous les autres sont dans l'obligation de tisser des couronnes de louanges, elles ne valent alors plus rien, ce qui ne lui permet pas de savoir ce qui est réussi ou ne l'est pas dans ses récits (« Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur » dirait Figaro...)
J'ai parfois trouvé des longueurs au roman de Nicos Panayotopoulos et j'avoue que la situation ne m'a pas toujours paru très crédible du fait qu'il n'y ait aucune remise en cause de la part de la population et des universitaires non pas du gène de l'écrivain mais de la validité de l'association d'un tel gène avec le concept de génie indéboulonnable et de son absence avec l'idée d'un écrivain forcément raté d'avance. Un tel récit de science fiction (ou d'anticipation ?) aurait été je pense beaucoup plus intéressant si l'auteur avait approfondi les réactions suscitées de part et d'autre, ce qui je crois ne manquerait pas d'avoir lieu si ce gène était découvert un jour. Des personnes se diraient forcément qu'une prédisposition n'est gage de rien tant qu'elle n'est pas ou très peu exploitée et que certains besogneux sans facilités de départ arrivent parfois à des sommets. Ou bien, si personne ne réagit, c'est qu'on est déjà dans une société totalitaire, et alors, la description de ce genre de société a manqué à ce livre. J'ai aussi relevé deux erreurs de grammaire (coquilles?) dedans.
Pour autant, j'ai vraiment été happée surtout par la seconde moitié du livre et je trouve la fin bien trouvée, les réflexions sur le monde de l'art, de la culture, de la recherche du profit et des mouvements de masse sont pertinentes et j'ai globalement aimé ce livre.
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Le docteur Clause se décide, en 2064, à publier le manuscrit laissé par un de ses patients, l'écrivain James Wright. Celui-ci, hospitalisé en stade terminal, a employé ses dernières forces à écrire une sorte d'autobiographie.
Grâce à cette espèce de testament intellectuel, nous apprenons la terrible catastrophe qui s'abattit sur lui et sur le monde artistique et littéraire en général. « C'est le temps, pensait-on, qui juge en dernier ressort si telle oeuvre d'art est géniale ou non ».ce ne sera plus le cas après les travaux du généticien Zimmermann qui devait en effet découvrir le « gène de l'artiste », celui sans lequel aucun succès n'était possible. Désormais, plus besoin de critique artistique ou littéraire, mais une certitude absolue : un test décidait si tel artiste méritait d'être publié ou accroché. Les oeuvres du passé étaient irrémédiablement mises au rencart puisqu'il était impossible de savoir si leur auteur était ou non porteur du fameux gène. Quant aux vivants, point de salut pour eux hors du test. C'est sa descente aux Enfers que nous raconte le narrateur ; il ne voulut jamais en effet passer le fameux test, sauf sur son lit d'hôpital et encore refusa-t-il d'en connaître le résultat : seul Clause était au courant.
Quelle est la légitimité de l'art, de l'artiste ? quel rôle doit jouer la critique ? est-il moral qu'un auteur joue sa vie sur le point de vue d'un seul homme aux motivations inconnues qui décide ou non de le publier ? l'est-ce plus quand la décision dépend d'un test génétique ? le génie existe-t-il ? est-il inné ?
Toutes ces questions qui sont au centre de la création artistique sont abordées ici, par le biais d'un roman qu'on peut qualifier d'anticipation, même si on peut souhaiter vivement que jamais ne se trouve un gène de ce genre. le regard que l'auteur porte sur le monde artistique en général et sur la littérature dans toutes ses dimensions y compris – et peut-être surtout - commerciales n'est pas exempt d'ironie même si l'écriture paraît d'une grande objectivité.
Par ailleurs, l'auteur met tous les atouts du réalisme de son côté : il utilise une recette qui a fait ses preuves, une mise en abyme du récit, visant à en authentifier la teneur. Peut-être est-ce gratuit dans ce genre mais le procédé garde son efficacité. Par ailleurs, il émaille son roman de notes de bas de page qui sont autant de clins d'oeil pour le lecteur averti.
Enfin, il est très certainement facile de trouver l'un ou l'autre écrivain que l'on pourrait identifier au narrateur, y compris quant à son égo surdimensionné.
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En avril 2063, à l'hôpital Royal Marsden de Londres, un homme agonisant rédige jour après jour une histoire de sa vie, qu'il destine à son médecin. Jour après jour, il repousse l'approche de la mort grâce à l'encre dont il noircit les pages. Jusqu'au point final, jusqu'à sa dernière minute. Après avoir longuement tergiversé, ainsi qu'il l'explique dans son avant-propos, ce médecin décide de faire publier le manuscrit.

James Wright, né à la fin du XXème siècle, publia dans les années 2020 un recueil de nouvelles et un premier roman qui furent salués par la critique et encensés par le public. Son nom même semblait le destiner à la carrière d'écrivain. Mais à la même époque, la découverte d'un généticien, Albert Zimmermann commence à faire des ravages dans le monde de l'art : Zimmermann aurait découvert le gène de l'artiste. Désormais, un simple test génétique suffit à certifier si un individu est doué pour la peinture, la musique ou l'écriture. Quelle aubaine pour les éditeurs, directeurs artistiques et autres, qui n'ont plus à prendre de risques sur l'avenir en lançant un nouvel auteur ou un nouvel artiste ! Quelle humiliation pour les auteurs publiés priés de se soumettre au dit test pour affirmer leur droit à la publication !
En refusant de se soumettre au test Zimmermann, Wright choisit son camp, celui du doute face à la fatalité, celui de la renaissance artistique face à la naissance biologique, mais aussi celui de l'échec, du rejet, de la lente et inexorable dégringolade jusqu'à ce lit d'hôpital et à cette mort anonyme.

Dans ce roman d'anticipation atypique, Nicos Panayotopoulos livre une réflexion sur la condition de l'artiste, et plus largement sur la condition humaine. Notre futur est-il inscrit dans nos gènes ? L'autodétermination n'est-elle qu'une illusion et l'homme libre un imposteur ? Mais cette réflexion n'est pas doctorale et proclamée, elle s'inscrit en filigrane d'un récit intimiste et sombre, dans les doutes et les incertitudes d'un homme qui a choisi une voie difficile et qui ne peut toujours s'empêcher de regarder par-dessus son épaule et regarder ce à quoi il a tourné le dos.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ces mêmes personnes, qui encourageaient naguère les agents de police à rosser le peintre pour qu'il débarrasse le trottoir de ses... croûtes, se bagarraient maintenant contre ses gardes privés pour pouvoir l'approcher et en obtenir un autographe. À quoi sert-il de toucher un vaste public quand ce dernier se compose de gens risibles ?
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Pour les fleurs de la mémoire, l’obscurité s’est toujours avérée le terrain le plus fertile. J’ai éteint le petit spot au-dessus de ma tête, et la chambre s’est peuplée d’images que je croyais depuis longtemps disparues ; images remontant à l’époque où le spectre de l’inanité ne quittait jamais l’écran de mon ordinateur ; tel un juge spontané, bienvenu, un talisman destiné à chasser l’orgueil.
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Le doute, affirmait-il, c'est le matériau, mais aussi la force de l'artiste. Si vous évacuez le doute, vous n'avez plus affaire à de l'art, mais à de la propagande.
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