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EAN : 9791094391037
266 pages
Editions Jerkbook Jean-François Pissard (29/08/2015)
4.36/5   14 notes
Résumé :
Voyage en Terres sauvages du Moyen Âge

Dixième siècle, l'ouest de la France... Araldus, petit seigneur au service du puissant comte de Poitiers, organise son existence autour d'un modeste castrum en bois. Il veut se forger un nom, une place, un destin. Comment briser les normes établies par les rois, la nature et les dieux ? Comment marquer l'esprit des hommes et devenir le seul maître de sa vie ? Ses seules armes : un corps prêt à toutes les violence... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Araldus, qui est-ce ?
C'est le personnage éponyme de ce roman de David Pascaud, déjà auteur des Nouvelles d'un vaste monde en 2013. Araldus ? Un petit seigneur poitevin du dixième siècle, aux origines obscures – quelques éléments de réponse se dévoilent discrètement au fil du récit. L'auteur se base sur l'existence avéré d'un personnage historique : un certain Araldus – ou bien Airaud – qui a laissé son nom à une ville du département de la Vienne, Châtellerault, au nord de Poitiers.
Un personnage peu sympathique, capable de toutes sortes de brutalités, mais comment pourrais-je le juger avec mes yeux de femme du XXIe siècle ? Il aime sa Gersinde, il l'aime cette femme effacée et si présente, d'un amour fruste probablement, mais il la sait indispensable, elle est celle qui donne un sens à tout ce qu'il peut penser, espérer, rêver. Elle est sa survie, sa mémoire. Non non, ce roman n'est pas féministe, mais le monde patriarcal qui y est décrit semble reposer sur le silence de femmes qui ne savent pas encore le pouvoir qui est le leur. le passage où la vieille Lecberge soigne Gersinde, souffrante et enceinte, est un moment crucial.
Le contexte historique du roman n'est pas sans intérêt : l'auteur ne fait pas une incursion dans ce Moyen Age féodal qui peuple trop nos imaginaires habituels. le dixième siècle, époque transitoire, est bien plus intéressant car il bouscule certains clichés. C'est l'époque de la désagrégation de l'Empire carolingien à cause des invasions étrangères (le roman relate des incursions normandes jusqu'au Poitou), une désagrégation qui annonce une refonte en profondeur de la société. Les représentants du pouvoir central carolingien, les "comtes", prennent de plus en plus d'autonomie et s'entourent de fidèles, on assiste à une sorte de privatisation du pouvoir, des liens d'homme à homme se forgent, et Araldus veut prendre une part, même infime, à cette redistribution. Il fait allégeance au comte de Poitiers, un certain Eble Manzer (personnage réel lui aussi qui est à l'origine d'une longue dynastie de comtes de Poitou et ducs d'Aquitaine).
Le modeste castrum qu'il concède à Araldus dans le nord du comté représente bien la vie de son vassal. C'est de ce castrum (une tour et un rempart en bois assez misérables il faut bien le dire) qu'Araldus accomplit sa mission. Il surveille le territoire, il régente et organise sa vie à partir du castrum qui devient sa seule raison de vivre, tout tourne autour de cette construction qui peut se consumer aussi vite que ses rêves et ses espoirs. Araldus ne maîtrise que bien peu de choses en réalité.
D'un point de vue strictement documentaire, on plonge aussi grâce au roman dans la rivalité peu connue entre Carolingiens et Robertiens (leurs grands rivaux). les ancêtres des Capétiens… Passionnant, la petite histoire locale, celle d'Araldus, petit homme au pouvoir fragile, vivant parmi les poules de la basse-cour de sa tour en bois, s'enchevêtre avec la grande, les ambitions des puissants, et au fil des pages, des grands noms s'invitent dans le récit : Rollon le viking, le Franc Hugues le Grand, père du futur Hugues Capet, les derniers rois carolingiens… Mais ils sont si loin de la réalité quotidienne d'Araldus.
Le roman se divise en 24 chapitres, et chacun peut être lu comme une petite nouvelle. Chaque chapitre a un titre à l'impératif : commandement divin ou celui de la conscience du personnage ? C'est une des questions sous-jacente du livre : le personnage principal, Araldus obéit-il a une force supérieure, est-il tout simplement livré à lui-même, ce qui semble bien être la thèse de l'écrivain ?
Chaque chapitre, ou bien chaque épisode, a son atmosphère, parfois onirique (ah, ce cauchemar après une nuit de beuverie !), l'autre versant dans le roman d'action, et puis des moments plus sentimentaux, plus introspectifs. Les premiers chapitres, plus longs, parfois descriptifs, permettent de s'immerger dans l'époque autant que dans la psychologie assez tourmentée du héros, et puis un chapitre chamboule la narration, et l'un des personnages, proche d'Araldus, prend la parole alors que le maître est retiré, absent, comme si le temps des exploits – ou disons des actions – d'Araldus – était achevé. Après les actions qui auront peut-être permis à Araldus de s'affirmer et de s'élever, c'est réellement le temps du récit, et le personnage en question (un certain Eluard), avec sa truculence et ses excès de langage, s'en empare… le passé devient ce qu'on en fait, voici venu le temps de la réécriture, la vie devient épopée ou dérision... et le roman se transforme en mise en abîme. Habile.
A partir de là, étrange envie que j'ai eue d'associer la structure du roman avec les 24 heures d'une journée. Je ne saurai jamais si l'auteur a vraiment eu cette intention, mais c'est troublant, et les heures s'accélèrent, les épisodes raccourcissent jusqu'à la dernière heure. La vue du héros baisse, il se détache peu à peu du monde réel, laissant les affaires à de plus jeunes - de plus inconscients ? -que lui, il passe la main, ses espoirs se flétrissent aussi, il y a alors quelque chose de fractionné dans l'enchaînement du récit.
Le point final est un retour aux premiers mots… Même lieu, même homme, à quarante ans d'intervalle, la boucle serait-elle bouclée dans ce roman où la symbolique du cercle transparaît assez nettement ; le monde d'Araldus s'est-il rétréci ? S'est-il élargi ? Araldus a-t-il finalement transmis quelque chose ?
Oui, il s'agit bien plus qu'un roman historique où l'on apprendrait ce que mangeaient nos ancêtres des âges pré-romans, où l'on assisterait à une lutte de pouvoir politique (le passé seulement ?) entre clans rivaux… Plusieurs niveaux de lecture sont possibles, sûrement. C'est un roman riche et profond qui intrigue et qui interroge. Maintenant que je l'ai lu, je vais le relire, repérer d'autres clés, d'autres angles. Je ne suis pas sûre d'avoir vraiment cerné Araldus, le roman comme le personnage.


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ARTICLE PRESSE - LE PETIT ECONOMISTE 30/10/2015
Davis Pascaud est un auteur de la région de Poitiers. Il vient de publier l'e-book ARALDUS aux éditions Jerkbook (J.-F. Pissard).
L'action de ce roman en version numérique se situe au Xe siècle, à l'époque de la création de la ville de Châtellerault.
Le récit, romancé, se base sur des faits historiques. Il permet de cerner le parcours d'un homme (Airaud ou Araldus) qui veut s'affirmer individuellement dans une société en pleine mutation économique, territoriale et politique, avec la désagrégation du pouvoir public carolingien et les débuts de la féodalité. Contexte qui, sur plusieurs points, fait écho à notre actualité contemporaine.

Commentaires de lecteurs :
JF Pissard : "Exact commentaire. Ce livre aurait pu tout aussi bien s'appeler : "Dans la tête d'un homme du Moyen-Âge" ou "Voyage en terres sauvages du Moyen-Âge". Pour bien connaître Poitiers Châtellerault, je ne me sens pas dépaysé dans ces terres d'il y a 1000 ans. Cet homme, ces femmes et ses hommes ont les mêmes grandes préoccupations que nous : vivre et améliorer les conditions de vie, essayer de s'élever, l'amour, la descendance, la mort..."
Emmanuelle Czmandra : "Je suis d'accord avec votre journaliste. On peut lier ce roman à notre époque et à nos préoccupations, que ce soit grâce au contexte politique agité ou bien à grâce à la psychologie du personnage que je trouve « moderne ». C'est encore la preuve que le passé éclaire le présent. Je voudrais dire en plus qu'il s'agit d'un très beau roman, le style se rapproche de Jean Christophe Rufin ou de Laurent Gaudé. Il ne peut que satisfaire les lecteurs exigeants."
A. Libreau : "Très bon roman. Les niveaux de lecture sont nombreux. En ce qui me concerne, c'est l'aspect politique du roman que je trouve intéressant. Ce Araldus, homme de main des premiers comtes de Poitiers qui deviennent aussi ducs d'Aquitaine. L'intégration du Poitou (avec Charentes maintenant) dans le grand ensemble d'Aquitaine reste d'actualité avec la réforme régionale et les élections de fin d'année."
Etienne Villeneuve : "A lire absolument. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le "chateau d'airaud" ou qui aiment les beaux récits bien troussés, ou les deux. L'histoire de Châtellerault ne se résume pas à la Manu. Il s'est passé des choses ici avant l'époque industrielle : travaux de Blossac (le même qu'à Poitiers), enfance de Descartes, pont Henri IV, etc, etc.. Et les origines de la ville ? C'est ce que raconte l'auteur : des personnages marquants, une belle leçon d'histoire, le style en plus. Plus possible de se balader dans les rues châtelleraudaises sans penser à ce araldus, le grand-père de la cité ! Longue vie à lui !"
Janet Bourdeau : "Ouvrage fascinant qui vous projette au Xe siècle, au travers d'une époque : le Moyen Age, qui nous fait vivre la réalité quotidienne d'une région, le "Châtelleraudais". le Moyen Age, bien sûr, chacun de nous l'a découvert sur les bancs de l'école, au travers des livres scolaires. Souvent l'humain ignore oublie ses origines. Araldus n'est pas un personnage de légende . Il représente la réalité du défenseur de l'humanité, du chasseur de liberté, de fraternité, et d'égalité . Araldus est en nous. Araldus : ouvrage historique que je conseille aux politiques et intellos de notre temps."




Lien : http://www.lepetiteconomiste..
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ARTICLE PRESSE - 7 A POITIERS 11/11/2015
David Pascaud se définit comme "graphomaniaque". Comprenez par là qu'il voue une passion sans borne à l'écriture. le professeur d'histoire a un temps collaboré avec Le Petit Futé et le Pictavien, avant de se lancer dans la rédaction d'un roman. "C'était il y a dix ans, raconte-t-il. J'étais encore professeur auxiliaire et ne donnais que cinq à dix heures de cours par semaine. Ma compagne et moi venions d'avoir un fils et avions du mal à joindre les deux bouts. Je me fixais comme objectif d'achever une page par jour. Une discipline intellectuelle qui m'a permis d'avancer." Après dix mois de travail, la copie était rendue. Sans y croire vraiment, David envoie son épreuve à de grandes maisons d'éditions parisiennes. Et puis... Et puis, alors qu'il est devenu titulaire et a publié un recueil de nouvelles, il reçoit le coup de fil d'une vieille connaissance. Jean-François Pissard, auteur bien connu des Poitevins, le sollicite pour publier numériquement son ouvrage chez Jerkbook, sa propre maison d'édition. "J'ai retravaillé le texte, mais l'histoire est restée inchangée." L'histoire ? Celle d'Araldus, l'homme de main du comte de Poitou. Au Xe siècle, ce fidèle vassal doit surveiller et protéger le territoire situé au nord de Poitiers. Dans son misérable "castrum" - un château en bois bâti sur une motte de terre - Araldus voue son existence à cette seule mission. "Ce personnage est réel . Quelques archives permettent encore de reconstituer des bribes de son parcours", éclaire l'écrivain. Bien que fidèle à la réalité historique, David Pascaud s'est permis de façonner son héros de manière à le rendre "attachant". "On peut s'identifier à lui. Araldus se pose beaucoup de questions existentielles, sur la vie après la mort, sur l'héritage. Je refuse de dresser le portrait de nos ancêtres comme étant des barbares rustres, ne vivant que dans l'instant". Après tout, "nous sommes tous les maillons d'une même chaîne".
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Araldus est un récit captivant, plein de rêves et de combats, de désirs et de désillusions, de courage et de lâchetés, presque une geste, tant les qualités poétiques de l'écriture dominent.
Par la force lyrique de sa prose, David Pascaud insuffle une dimension épique à cette reconstitution de la carrière d'Araldus, petit seigneur médiéval, ambitieux et stratège.

On entre dans ce roman en suivant le regard du héros, porté au loin, sur ce qui l'entoure.
« Araldus ! »…
Devant l'embryon de village fortifié que ses hommes sont en train de construire, il observe le monde et songe, s'interrogeant sur la puissance des choses et des hommes, sur la hiérarchie qui préside à l'organisation de la nature, à la concurrence et à l'harmonie des forces, et il est si occupé par ses pensées qu'il reste sourd aux appels de son nom.
« Araldus ! »…
Ce n'est qu'au troisième appel qu'il entend et focalise enfin son attention sur l'action :
« Araldus ! Les ouvriers pour la poterne, ils sont tous là. Ils attendent et il fait sacrément chaud, et puis les troncs sont lourds. Quelles sont tes instructions ? »
Ainsi le voici sommé de quitter le registre de la méditation, un penchant qui est presque un vice au regard de ses responsabilités de chef.

Beaucoup plus tard dans le parcours de son héros, l'auteur notera ce raccourci saisissant, qui éclaire sur le sens tragique de la vie d'Araldus :
« Il est revenu au monde des hommes, et le malheur veut qu'il ait quelque chose à y construire. »

Car cet Araldus charismatique et truculent, animé autant par la soif de pouvoir que par la soif de liberté, est avant tout obsédé par la recherche d'un sens à donner à sa vie ; il est constamment tiraillé par la vive conscience d'un questionnement existentiel qui dépasse ses préoccupations politiques. Un questionnement qui s'impose à lui à travers la perception de signes multiples qui le fascinent : la beauté d'un paysage, le regard perdu d'un vieillard, des instants de félicité vécus dans la rivière, le rythme hypnotique de la marche des chevaux, la force d'une parole, une procession avec un cercueil d'enfant, autant de chocs sensibles qui jalonnent sa route et qui éveillent sa réflexion. Il s'interroge alors : sa vie est-elle autre chose qu'une route qui le conduit vers le néant ?

Centré sur les hauts et les bas de la politique menée par ce guerrier-administrateur, – chef d'une place forte qui devient sous son impulsion un village fortifié d'où il administre son fief – le récit est émaillé par les plongées méditatives d'Araldus.
Un fil conducteur, tendu comme la corde d'une arbalète, sert de ressort au récit : Araldus est-il libre ?
Pour soutenir constamment ce questionnement, David Pascaud éperonne la conscience de son personnage (et celle du lecteur) en lançant une injonction en tête de chacune des 24 séquences qui composent sa fresque :
« Gravis la colline » ; « Broie les Normands » ; « Bâtis une cité » ; « Consens au déclin » ; etc.
De telle sorte que les choix et les décisions d'Araldus, homme libre et dominant, apparaissent comme une suite de réponses à toute une série d'impérieuses nécessités qui dictent ses actes !…
La plus intime et la plus politique d'entre elles étant sans doute « Aime Gersinde », c'est-à-dire, « prépare ta succession ».

Sur cette trame politico-philosophique qui interroge sur l'exercice du pouvoir et de la liberté, on se trouve véritablement immergé dans une reconstitution hyper réaliste et très vivante, pleine de coups de gueules et de banquets orgiaques, de violents combats et de scènes de chasses saturées de bruits, d'odeurs, du goût acide de la peur et du parfum métallique du sang ; on assiste à des cérémonies d'allégeance où s'entremêlent, à la lumière des flambeaux, loyauté et félonie ; on goûte des peintures somptueuses de la nature et de l'enchaînement des saisons, des tableaux crus de la rude vie quotidienne de la glèbe, de l'ambiance festive d'une foire, des portraits de personnages hauts en couleur, hommes d'honneur, traîtres ou vils calculateurs, sans oublier des scènes d'amour à la fois pudiques et voluptueuses.

L'ambition d'Araldus a pour moteur son désir d'échapper au néant. Or il y parvient par l'abandon de toute volonté de puissance. de même, dans sa quête de transcendance spirituelle, il ne découvre en lui que le vide. Nulle rencontre avec le divin ; mais il découvre le bonheur d'accepter simplement sa place au sein de la nature.

Extraits :

"Etrangement, l'abandon de soi à la lignée apparaît comme le seul salut, l'unique solution contre le néant. À s'affirmer, il avait failli disparaître. À s'oublier, il va survivre dans la mémoire des hommes."

"Avec les derniers jours des moissons, on se trouve dans le règne chaud des faucilles, le plein pouvoir des lames recourbées, pacifiques, rondes comme le temps qui revient aux choses essentielles, aux épis nourrisseurs. le règne des lames donneuses de vie."

"Ragaillardi par les senteurs des sous-bois, il en vient à ressentir le pur plaisir de vivre, sans rien faire d'autre qu'être là, au milieu du monde."

Pour votre plaisir le plus intense et le plus subtil, pour le plaisir des sens et de l'esprit, plongez sans hésiter dans ce temps médiéval magistralement reconstitué, où la dimension humaniste de l'aventure vous rapprochera fraternellement du héros.
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CRITIQUE PRESSE - LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE et CENTRE-PRESSE, 17/12/2015. Article de Franck Bastard.

Araldus, nous sommes tous Châtelleraudais.

David Pascaud, un auteur poitevin, ressuscite Araldus, le fondateur de Châtellerault dans un roman historique. Passionnant.
Et si c'était lui le héros mythique qui manque à Châtellerault ? Un auteur poitevin, David Pascaud, ressuscite le fondateur présumé de la ville dans un roman édité sur Internet (Éditions Jerkbook).
On est au Xe siècle dans le Poitou. Araldus est un petit seigneur local chargé par le comte de Poitiers, le puissant Ebles, de veiller sur les terres du Nord. Araldus implante un petit castrum en bois, retranché sur la rive droite de la Vienne, à l'emplacement de ce qui serait l'actuelle place Dupleix. Ce serait d'ailleurs là l'origine du nom de la ville : Castellum Airaldi. le Château d'Airaud. Châtellerault.
Enseignant à Poitiers mais né ici, David Pascaud s'est passionné pour ce personnage, Araldus, et en fait le héros d'u roman. "Je me suis inspiré des faits historiques. On retrouve Araldus trois, quatre fois dans de vieilles archives [...] J'imagine sa vie, sur quarante ans, en me basant sur les deux ou trois éléments qu'on connaît de lui. Tout le reste est romancé." Romancé mais pas totalement imaginaire... "Je me base sur tout l'environnement de l'époque. de même, le cadre politique est-il également véridique. Tous les grands personnages sont vrais : Araldus, Gersinde sa compagne, Ebles, Hugues le Grand. Les autres sont inventés. Évidemment j'ai mis ce qu'il faut de bagarres et de droit de cuissage."
Au-delà, David Pascaud s'est attaché à décrire un homme qui va forger son propre destin et celui, futur, d'une ville : "C'est le roman de l'affirmation de soi et de la transmission. C'est aussi une histoire humaine avec de l'ambition, des renoncements et des compromissions. Araldus est un guerrier. Il va marque de son empreinte ce paysage et le transmettre à son fils."
Ce bouquin passionnant a une dernière dimension tout à fait d'actualité qui renvoie à notre identité à tous. David Pascaud : "Dans une société en pleins tourments, Araldus se pose beaucoup de questions sur la vie, sur la mort. Il est proche de nous. A une époque où les gens se cherchent, Araldus leur dit : on a tous quelque chose à transmettre."
A quand la sortie sur papier ?




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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
"Sais-tu de qui je porte le nom ?
- Quel autre mystère vas-tu me jeter à la figure ?
- Je porte le nom du grand homme, Abraham… Celui à qui Yahvé, mon Dieu, ordonna de sacrifier son fils…
- Sacrifier son fils ? Et l’a-t-il tué, le bougre ?" demande Araldus dans un mélange de dégoût et de moquerie.
"Nenni, mon sire, répond Abramus d’une voix douce. Dieu est infiniment bon… Il a retenu le bras…
- S’Il ne l’avait retenu ?
- Il l’a fait car Abraham a prouvé son dévouement en levant son poignard. Yahvé n’a guère besoin d’un sacrifice, la preuve de l’obéissance suffit. Ainsi se crée l’Alliance avec Lui…
- Tu ne me réponds pas… S’Il ne l’avait pas retenu ?
- Dieu l’a fait, et il n’est pas possible qu’il en ait été autrement.
- Tu m’agaces, Abramus… Toi et ton foutu dieu aussi, qui ordonne de tuer un drôle. À quoi joue-t-Il donc ?
- Tu appelles jeu ce qui est Alliance avec Dieu.
- Et ton bras, juif, le retient-il ?
- Lui seul le décide.
- Et le mien ?"
Araldus brandit un poing menaçant.
"Je vais te frapper… Nous verrons bien si ton dieu ose m’arrêter."
Abramus garde son calme. Son regard clair reflète une grande bonté. Les flammes de l’âtre se mettent à gronder, les deux triangles croisés de l’étoile étincellent sur la poitrine.
"Je pardonne à tes paroles car je sais que tu me hais de la haine de l’ignorant."
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« Il y a quatre nuits de cela… Dans et hors la cité, tout le monde dormait… [...] Nous avions encore résisté aux nombreux assauts des soldats de Hugues… Je crois que le sommeil nous a tous assommés, eux comme nous, pareil à un coup de masse d’arme derrière la nuque ! La nuit totale… Et là, au milieu de rien, un mystérieux tourbillon est apparu, il s’est approché de la tente du duc des Francs, il l’a renversée ! Le grand Hugues a poussé un cri d’effroi qui a résonné jusque sur les murs du palais de notre comte ! À l’aube, la nouvelle s’était propagée dans toute la cité. Quand le soleil est arrivé derrière les collines, le peuple de Pictavi a accueilli la lumière avec des cris de joie ! »
Araldus fronce les sourcils. Le bruit autour de lui l’irrite. Le borgne continue son récit :
« Nos forces ont décuplé depuis cette nuit ! Malgré nos bras fourbus et malgré la faim… Nous avons avec nous la bénédiction du Ciel ! Il se dit que des soldats de Hugues ont été si effrayés par ce présage qu’ils ont abandonné leur maître ! Ils ont fui ! Hugues doute, Hugues a peur !
Araldus lâche un discret soupir.
« Toi, tu l’as vu ce tourbillon ?
- Nenni ! Mais les toiles du campement de Hugues bigeaient le sol ! J’ai vu ça, et j’ai vu ses soldats courir dans tous les sens !
- Le vent souffle fort en cette saison. Il annonce déjà la froidure de l’hiver prochain…
- Que me parles-tu de vent, Araldus ?
- Un vent violent fait s’envoler n’importe quel abri de toile, fût-il celui du roi du monde…
- C’est un miracle !
- C’est le vent. »

Chap. 17
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On l’appelle l’Acabassé ou encore le Maure.
Cela dépend des humeurs des hommes, des caprices du ciel. [...] Il promène sa silhouette tordue des abords d’un village à la proximité d’un champ, ne réclamant jamais rien, se contentant d’être là, à distance sans être trop éloigné, baveux et misérable, heureux qu’on lui jette des restes de victuailles, des morceaux d’habits et quelques cailloux. L’été, c’est l’opulence. [...]
On le dit muet. Il grogne seulement un peu à chaque début d’averse. Encore que des gamins l’aient observé, un jour qu’il était assis au milieu d’une petite clairière, tout entouré d’oiseaux, en train de chantonner un jargon incompréhensible. Ainsi donc, il parle aux bêtes, et probablement aux esprits. Mais nul ne s’en plaint autrement. Il ne vole pas et se sauve dès qu’on l’approche en brandissant un bâton.
Il se dit qu’il construit une nouvelle cabane à chaque automne, dans les profondeurs de la forêt, à l’aide des branchages défleuris. De tout l’hiver, on ne le voit plus. Puis le printemps renait, et l’Acabassé vient claudiquer à l’horizon, dans les marges du territoire des hommes. On se rassure de son retour. On aime à le savoir vivant, ce miséreux des beaux jours. Sa réapparition indique que l’ordre du monde n’a point été bouleversé, même par un froid trop rude, même par une disette meurtrière. Il a survécu, la vie peut continuer, au sein d’une nature enfin clémente. On lui balancera encore, en ricanant, les déchets d’une terre généreuse.
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« Dis-moi ce que tu vois… Les arbres, le ciel… »
Et Franc Coutel parle. Araldus semble apaisé par les mots de l’affranchi.
Franc Coutel, tout en décrivant les paysages traversés, songe à la créature qu’il n’est plus, à ce temps où la terre était si basse, où on le courbait à coups de fouets et d’injures pour arracher les mauvaises herbes, défricher, couper le foin, moissonner, cueillir les grappes. Le nez, toujours pointé vers le sol. À présent, on lui demande de lever les yeux et de voir le plus loin qu’il peut. Sur une tour de garde, sur sa monture, partout, il passe sa vie à scruter l’horizon. Bien sûr, sa main obéit encore bien plus à la volonté d’autres qu’à la sienne propre. Mais il est soldat, il a le droit de monter à cheval, il galope à travers champ, il braille en ingurgitant le vin qu’il ne fabrique plus, il peut user d’un coutelas qui lui appartient… D’où son nom.
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Le vieux prêtre trépigne dans sa bassine. Tout s’agite soudainement en lui, les mains, les épaules étroites, la tête, la houppe blanche, la prunelle des yeux… De ce singulier petit corps tout en nerfs jaillit un flot de paroles :
« Les serviteurs du démon sont ceux qui chassent le plaisir ! L’acte charnel apporte joie, tendresse et paix de l’âme. C’est aussi par lui que la terre se peuple. Même infertile, il est pur car il est élan d’amour. Quand je prends la femme par la croupe, je n’oublie jamais d’en remercier le Seigneur. Je prie toujours en même temps que je la travaille.
- Voilà une bien belle religion. Fais-toi donc prophète et je jouerai volontiers l’apôtre. J’irai prêcher pour toi jusqu’au pays des Maures…

(Chapitre 17. Septembre 955 : bats-toi pour le comte)
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Videos de David Pascaud (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Pascaud
Film de Cédric Daly (2021). Voix-off : Christophe Ravet. Texte de David Pascaud. D'après le polar L'affaire DeMerks (Jerkbook Editions).
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