Le 1er septembre 1939, l'armée allemande pénétrait sur le territoire polonais.
Le 3 septembre, la France déclarait la guerre à l'Allemagne, mais les soldats français restaient derrière la ligne Maginot. A l'est, l'Union soviétique entrait en Pologne, partageant l'occupation de ce pays avec l'Allemagne et établissant une frontière provisoirement stable à l'est du territoire alors occupé par le Reich.
En avril 1940, sans inquiétude au sujet de cette nouvelle frontière (l'armée rouge avait été ravagée par les purges administrées par Staline), Hitler décidait d'envoyer des troupes allemandes en Norvège et au Danemark.
En mai 1940, des troupes allemandes entraient en France, en passant par les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique.
Le 17 juin 1940, Pétain demandait un armistice ; cinq jours plus tard, il acceptait les conditions imposées par l'Allemagne.
Le 18 juin 1940, un petit général exilé à Londres appelait les français à continuer le combat contre l'occupant ; ce discours ne fut alors guère entendu et devint célèbre plus tard.
En mai 1945, l'Allemagne capitulait.
Deux mois plus tard, un corps fut trouvé dans la Seine. Un nom fut donné à ce noyé : Roland FARJON.
L'histoire de Roland FARJON que le journaliste et essayiste Gille PERRAULT essaie de reconstituer s'inscrit dans ce contexte historique. Les proches de Roland FARJON, puis la Police, identifièrent ce dernier dans la dépouille retrouvée dans la Seine cet été de 1945, et conclurent à son suicide.
Gilles PERRAULT discute cette thèse. FARJON ne s'est-il pas simplement fait la belle afin de fuir la vengeance de résistants ?
Pendant le conflit, Roland FARJON, issu d'une famille bourgeoise de Boulogne-sur-Mer, participa à la mise en place de l'Organisation Civile et Militaire (OCM) sur le secteur A dans le nord de la France. Arrêté par la gestapo, FARJON passa quelques mois en prison, puis s'évada. L'arrestation d'autres membres du réseau et les circonstances de l'évasion de FARJON le rendirent suspect de trahison ; pour certains, il est devenu homme à abattre.
L'auteur montre que les comportements des français à l'égard de l'occupant de juin 1940 à mai 1945 furent divers ; il n'y eut pas uniquement des résistants (communistes et gaullistes), des collabos, et ceux qui n'auraient pas pris parti. Certains s'impliquèrent tôt, d'autres tardivement, et certains passèrent d'un camp à l'autre, par opportunisme ou pour sauver leur vie ou celle de proches. Les opposants à l'occupation allemande le firent pour des motifs variés, et de manières diverses (certains procédaient à des exécutions ciblées de gradés, tandis que d'autres collectaient des informations pour les alliés en vue du jour J).
En conclusion, PERRAULT indique : « En vérité, je ne suis pas convaincu que Roland Farjon ait été un mouton [c'est-à-dire, un traitre], mais je suis sûr qu'il est devenu un bouc émissaire. »
Le récit est bien documenté, et l'enquête de PERRAULT suit de nombreuses pistes. Ce livre est intéressant et instructif sur la période mais on a souvent l'impression que l'auteur s'écarte de son sujet central (l'histoire de FARJON). Ce n'est pas gênant en soi, mais la multiplication des personnages rend l'ouvrage souvent fastidieux à suivre.