Très court volume qui retrace le rôle essentiel joué par
Marie Curie et ses collaborateurs pendant la Grande Guerre. Titulaire de deux
Prix Nobel (1903,
Prix Nobel de Physique avec
Pierre Curie, partagé avec Henri Becquerel, 1911,
Prix Nobel de Chimie seule -
Pierre Curie est décédé en 1906), Marie a aménagé son laboratoire rue
Pierre Curie, dans le tout nouvel Institut du Radium. La plupart de ses collaborateurs partent pour le front pour n'en pas revenir. Ses deux filles sont en Bretagne, à l'abri. Elle-même doit travailler sur la radioactivité, recherches, cours universitaires sont programmés. Fin juillet 1914, Irène Curie, 16 ans, lit les journaux avec anxiété : la guerre semble inévitable. Marie écrit à sa fille : « La situation politique est en effet inquiétante, on a l'impression de vivre sur un volcan, les gens finissent même par s'y habituer. Personne ne peut prévoir ce qui se passera. »
Le 31, Jaurès est assassiné. le 2 août, la mobilisation générale est signée et placardée sur tous les édifices publics. le 4, la guerre éclate.
L'idée de Marie, et de sa fille Irène aussi, étonnamment mûre pour ses seize ans, est de se rendre utile à tous prix. Elle sait que ses connaissances en radiumthérapie seront utiles. Elle tente de se faire recruter dans les hôpitaux militaires dès que les premiers blessés sont ramenés vers l'arrière. Refus des gradés : pas de femmes civiles sur zone militaire !
Pourtant le Ministère de la Guerre utilise ses connaissances : faire l'inventaire des appareils de radiographie existants, former des radiographes. Et surtout, surtout : sauver le radium. Les Allemands approchent, il ne faut pas qu'ils s'en emparent.
Irène, 16 ans, est venue aider sa mère, avec d'autres jeunes femmes, peu d'hommes évidemment. A eux tous, ils équipent les hôpitaux, à Paris mais aussi en province, en Belgique (« la brave petite Belgique », dit Marie), d'appareils radiographiques. Plus encore, ils multiplient le nombre de véhicules radiographiques, ces « Petites Curie », dix-huit puis des dizaines, grâce aux dons que cherche Marie. Elle n'a pas inventé ces véhicules, ils existaient déjà en 1905, mais a permis leur développement. Combien de blessés, de « gueules cassées » ont dû leur survie à ces appareils de radio ambulants ?
Le livre - très court - est riche de nombreuses références, riche de photos et de documents écrits, articles, courriers rédigés par
Marie Curie qui a déployé des trésors d'énergie pour trouver des fonds, braver des rigidités administratives et militaires invraisemblables.
« La paix revenue, avec Claudius Regaud, elle va se battre pour que cette satisfaction d'être utile aux souffrants perdure à travers l'Institut même.
La Fondation Curie, centre de soin spécialisé contre le cancer, est créée en 1920. Elle sera reconnue d'utilité publique l'année suivante, en 1921 »
Un grand merci à l'une des auteures de ce livre, Nathalie Pigeard-Micault, pour son aimable envoi et sa dédicace. C'est le tri de photos anciennes laissées par les anciens poilus de 14-18 de ma famille - envoyées au Musée
Pierre Curie - qui m'a amenée à cette découverte. Une pensée pour eux aussi, qui ont, sans doute, bénéficié du travail de Marie.