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Que peut-on attendre de la vie, lorsqu'on coche déjà toutes les cases ?

Souheila, vingt-huit ans, enseignante dans une école du XIIème arrondissement à Paris, aime Rémi - le "gendre idéal" : beau, jeune, intelligent, avec lequel elle partage un appartement... Et Rémi souhaite un enfant. Mais Souheila éprouve un sentiment étrange, une forme de tristesse. Ses amis, lors d'une soirée un peu arrosée, lui conseillent d'entamer une psychanalyse. 50 € la séance, si elle s'adresse à un professionnel qualifié....pour aller s'allonger... Aller s'allonger ? Pourquoi pas.. L'idée fait son chemin... Par hasard, Souheila passe devant un salon de massage proche de chez elle, ouvre la porte... Et c'est ainsi qu'elle devient la cliente d'un salon de massage thaïlandais, qu'elle s'offre une parenthèse clandestine dans son quotidien, qu'elle échappe, le temps d'un massage, à son entourage, à son ami, qu'elle s'évade au prix de 50 € ; le prix du bien-être retrouvé, d'un nouvel équilibre.

Un jour, à son arrivée, elle trouve le salon fermé. La police la convoque, des inconnus avaient placé des caméras dans les salles de massage pour filmer les dos et les jambes des femmes nues. Une plainte est déposée par quelques clientes. le monde de Souheila vole en éclats alors qu'elle doit expliquer à Rémi - intraitable - sa présence dans le salon. de plus, la jeune femme va se trouver entraînée un peu malgré elle dans un collectif de femmes déterminées et organisées - un collectif dans lequel elle ne se reconnaît pas. Rien ne va plus, alors qu'un procès se dessine.

Je dois avouer que je connaissais de nom Mazarine Pingeot, romancière, philosophe et enseignante. J'avais lu Zeyn ou la reconquête, sans en garder un souvenir précis. J'ai eu envie de découvrir ce roman au titre un peu étrange - de quoi allait-on parler, que pouvait nous apprendre cette couverture représentant le bas de deux jambes, nues, sur un tapis rouge ?

J'ai beaucoup aimé suivre Souheila dans ses balades parisiennes, dans ses errances, la nuit, le casque sur les oreilles, alors qu'elle écoute Billie Eilish sur Spotify. Souheila ressent intuitivement que sa vie personnelle si réussie n'est qu'un faux-semblant. Elle a besoin du temps consacré aux massages pour prendre de la distance, exister pour elle-même. le salon - lieu qui va bientôt être fermé - va la conduire bien plus loin qu'elle ne l'aurait imaginé. Alors qu'elle tourne une page de son histoire, qu'elle fait de nouvelles rencontres décisives, elle va se retrouver brusquement face à ses origines, dans un pays étranger. Mais les lieux et les acteurs sont-ils si différents ?

L'écriture soignée du roman m'a beaucoup plu ; page après page, je suis partie, avec Souheila, à la découverte de sa vérité. Lorsque le roman se termine, je garde à l'esprit une belle histoire, des personnages convaincants, des paysages, des odeurs et des lumières...

Je remercie Masse Critique, de Babelio, et les Editions Mialet Barrault de m'avoir adressé le salon de massage, de Mazarine Pingeot pour en faire la critique.

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Qui s'occupe de mon corps ?

Mazarine Pingeot s'est emparée d'un fait divers, la captation à l'insu des clientes de leurs séances de massage et la vente des enregistrements, pour évoquer ses sujets de prédilection, le rapport au corps, le machisme ambiant et le statut de la femme dans notre société. Un roman qui frappe fort et sonne juste!

Souheila peut être satisfaite de sa vie. Elle a réussi à sortir de sa banlieue. Après avoir enseigné à Nevers, elle a réussi à se faire muter à Paris et à s'installer dans l'appartement parisien de Rémi. Un compagnon agréable et attentionné. Qui a même noté que depuis quelques temps elle avait l'air un peu triste. La raison de ce vague à l'âme est à chercher dans la routine qui s'est installée au fil des jours et ne lui offre guère de liberté. A tout prendre, sa vie était plus exaltante quand ils se voyaient le week-end, entre Nevers et Paris. «Nous pouvions profiter l'un de l'autre les fins de semaine et, de fait, c'était comme si nous n'avions partagé que des vacances ensemble: marché le samedi, promenade le long du canal Saint-Martin, expo parfois, cinéma, restaurant ou dîner à la maison après avoir préparé minutieusement et ensemble un poisson coûteux, faire l'amour. Tel était le programme: enviable.»
Désormais, il lui fallait se battre pour trouver des plages de solitude, des instants de liberté.
Après un dîner entre amis et une discussion sur l'utilité ou non d'une psychanalyse, elle s'amuse à lister ce qu'elle pourrait faire avec l'argent des séances. C'est peut-être le prix du massage – 50 euros – qui l'a décidée à accepter de confier son corps à une asiatique pour un massage à l'huile. Et de souscrire dans la foulée un abonnement pour dix séances. Chaque semaine, ce soin fait du bien à son corps et à sa tête. Un petit jardin secret qui va voler en éclat le jour où la police la convoque pour lui expliquer qu'elle est victime d'un trafic. Les propriétaires du salon filmaient les séances de massage et vendaient les enregistrements à des clients pervers.
Aux côtés de l'enquêteur, elle doit visionner le film et confirmer sa présence. «Certes, il ne m'était pas agréable de m'être fait blouser. Mais cet instant de trouble que j'avais éprouvé assise à côté du policier, épaule contre épaule, à regarder ensemble mon corps de dos, mes fesses et mes bras abandonnés continuait de m'habiter et de me mettre dans un état second.»
Alors dans ce cas, est-il légitime de porter plainte? Après tout, elle ne s'est pas vraiment sentie victime. Qu'en penserait Rémi? Et les autres femmes qui fréquentaient le salon de massage?
La seconde partie du roman va chercher les réponses à ces questions, va confronter Souheila a d'autres points de vue. Et l'obliger à chercher sa propre vérité.
La confrontation avec les autres clientes filmées durant leurs séances de massage et la création d'un collectif de victimes est une partie passionnante de ce roman, car elle permet de découvrir qu'il y a bien des manières d'aborder cette affaire et qu'il n'y a pas en la matière une vérité qui s'imposerait à toutes et à tous. Les unes sont féministes, radicales, les autres plus mesurées. En fonction de sa vie, de son passé, des circonvolutions de son histoire familiale, un même événement peut être perçu avec une tout autre sensibilité. Souheila ira même jusqu'à se rapprocher du mari de l'une des plaignantes, psychanalyste et observateur discret de ce gynécée. Une manière aussi d'affirmer son indépendance, de laisser libre voie à ses désirs.
C'est en creusant vers ses racines au Maroc que Souheila trouvera finalement une forme d'apaisement.
C'est la finesse d'analyse et l'absence de manichéisme qui fait la richesse de ce roman. Et si pour Souheila ce scandale marque certes un point de bascule, il ouvre aussi quelques perspectives, dont certaines vous surprendront. Avec ce nouvel opus qui s'inscrit dans la droite ligne de Se taire, Mazarine Pingeot réactualise l'antienne un corps sain dans un esprit sain.
À l'instar de Maria Pourchet avec Western, elle fait souffler un vent de liberté iconoclaste sur la France post #metoo.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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A la lecture de ce salon de massage, j'ai vraiment eu l'impression que Mazarine avait créé Souheila, lui avait donné un âge, un copain et un métier et s'était ensuite contentée de la regarder vivre…

… et entrer dans un salon de massage et…

Une Souheila qui semble vivre comme un bateau en papier qui descend le courant, se laissant porter, coincer, chahuter par les éléments.

Une vie où même le désir, les rencontres ou les conflits ne semblent réussir à la toucher. Et pour qui ne se laisse pas toucher, quoi de mieux qu'entrer dans un salon de massage ?
Lien : https://www.noid.ch/le-salon..
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A priori négatif à la découverte de l'autrice, j'ai revois mon jugement après la lecture de ce roman, finalement pas mal fichu.

Pour l'histoire, Souheila, qui a presque tout pour être heureuse, trouve dans la fréquentation d'un salon de massage, une manière d'équilibrer sa vie jusqu'à ce que celui-ci ne ferme entraînant avec elle la petite vie bien organisée de l'héroïne.

Finalement l'histoire est bien construite, on se laisse entraîner assez rapidement afin de savoir comment elle va finir.

Petit bémol, la qualité de l'écriture n'est pas forcément extraordinaire, je dois bien avouer avoir été un peu déçue sur ce plan pour un roman émanant d'une philosophe agrégée de littérature.

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Tout va bien pour Souheila. Un mari, un travail et un nouvel appartement. Mais quelque chose cloche pourtant et ce quelque chose, elle ne saurait mettre des morts dessus. Aller chez un psy ? Elle trouve cela cher. Alors, un jour, ses pas la porte malgré elle dans un salon de massage. Elle prend goût aux massages, au bonheur que lui provoque les doigts de ses femmes sur son corps. Mais, honteuse, elle ne dit rien à son mari. Ce n'est que lorsque l'affaire éclate qu'elle doit parler : Souheila apprend qu'elle a été filmée à son insu et que les images ont circulé sur des sites spécialisés. Souheila se retrouve, avec d'autres femmes, victime de voyeurs. Une plainte est déposée et un procès aura bientôt lieu.
Souheila doit accepter un statut de victime qui ne lui convient pas et elle doit trouver sa place dans le groupe de femmes avec lesquelles elle n'a aucun atome crochu.
Ce roman traite de la notion de victime bien sûr, de la notion de consentement ensuite, et au-delà, de celles du désir et de la liberté. Souheila est tiraillée par des questionnements profonds et complexes. Elle ne parvient pas à être une « bonne victime », comme elle ne parvient pas à être une « bonne femme » ou une « bonne fille ». Elle ne parvient pas à se couler dans les moules sociétaux traditionnels. Mazarine Pingeot livre ici un roman aux analyses grinçantes et précises.
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Je n'avais encore jamais lu de livre de cette auteure. Il y avait une certaine réticence de ma part, réticence que je ne m'explique pas vraiment ; peut-être parce que fille de....
Souheila, jeune institutrice, pousse les portes du salon de massage devant lequel elle passe tous les jours. Ce sera son petit secret. Celui-ci vole en éclat lorsqu'est découvert que...
S'en suivent de grands bouleversements dans sa vie, des remises en question.
A partir d'un fait divers Mazarine Pingeot entraine son actrice principale dans le tourbillon de l'introspection. Tout y passe, les relations avec son compagnon, sa mère, les personnes qu'elle rencontre par la force des choses. Une sorte de descente en soi pour espérer y voir plus clair.
J'y ai trouvé un air d'Amélie Nothomb (peut-être que ça ne plairait ni à l'une ni à l'autre) dans cette description des relations humaines, ce tourbillon des sentiments.
Le récit aurait pu être un peu plus court sans gâcher l'histoire. Au 2/3 du livre environ j'ai trouvé que ça stagnait et qu'il y avait une impression de tourner en rond. Heureusement un événement vient sortir l'héroïne (et le lecteur par la même occasion) de cette torpeur.
Une belle histoire sur les sentiments, la différence de perception, les secrets de famille.




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Très belle découverte ! J'avais entendu Mazarine Pingeot présenter son livre lors du livre sur la place à Nancy.. cela avait suscité mon intérêt... Découverte plus que satisfaisante.. L' affaire du salon de massage permet de balayer toutes les personnalités et les sentiments ... Cela nous renvoie à et nous.. que ferions nous .. nous sentirions nous victime, féministe , vide... Ce combat mène notre héroïne a se découvrir.. quelle place pour la femme ? Quelle place pour nous les femmes... Je vous laisse découvrir, méditer et penser votre place
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Tout n'est pas acquis.
Dans sa vie, Souheila, une jeune femme de 28 ans, institutrice, « aligne tout : un ami, un salaire, un deux pièces". "Sur le papier, je cochais toutes les cases." et puis dans l'année pourquoi pas un enfant ? de cette vie un peu routinière où le chemin semble tout tracer, Sou dévie du chemin pour entrer dans un salon de massage sans en parler à son compagnon, Rémi. Elle prend même un abonnement en secret. Est-ce par culpabilité de gaspiller de l'argent au lieu d'avoir un psy ? En tout cas, cela lui fait du bien. A chaque massage, elle se pose plein de questions et s'interroge, par exemple, sur l'identité de ces femmes masseuses étrangères, sur ses relations. Elle s'est trouvé un espace d'intimité. Et quand un jour, elle est face à la porte close du salon, elle est désemparée. Interpellée par la police, elle va se retrouver victime d'un scandale avec d'autres femmes qui vont former un Collectif pour se défendre. Dans ce groupe, qui revendique leur droit de gérer leur corps qui a été "violé" (l'auteure parle de cette vague #meetoo) où elle peine à trouver sa place, elle se rapproche de Véronique, agent immobilier et de son mari Paul, psychanalyste. Commence alors une 2e partie de ce roman où Souheila continue sa quête personnelle, à côté des dictats du collectif, en cherchant à entrer en contact avec Paul.

Je n'en dirais pas plus sur les 2 événements qui font basculer le roman pour ménager l'envie de le découvrir, d'une part, la cause de la fermeture du salon et d'autre part, la rencontre avec Paul. Et enfin, le roman change brusquement de cap, vers la fin, suite au décès de sa grand-mère, Sou décide de partir à Larache retrouver sa famille et ses origines marocaines. Car son père est mort quand elle avait 5 ans et elle ne sait rien de lui, même si sa mère vit toujours à Sarcelles, elle a peu de contact avec sa famille paternelle.

Ce qui interpelle en tant que lecteur, c'est que le personnage principal n'arrive pas à se positionner et être en accord entre la société et ce qu'elle éprouve et qu'elle n'arrive pas non plus à s'exprimer ce qui suscite des questionnements. Tout n'est pas acquis, n'a pas de réponses. Parfois on ne sait pas où est sa place.
A part cette envie de se faire masser, c'est une femme qui se positionne assez peu, qui continue de se chercher et qui fuit la réalité du quotidien. On sent qu'elle est toujours dans un entre deux, qu'elle a peur de s'engager et tourne les situations en dérision, avec une certaine répartie, parfois décalée.
Cette histoire peut paraitre confuse et elle est pourtant très bien menée, très bien écrite, avec une fin assez surprenante qui nous entraine ailleurs, vers un apaisement.
Merci à Babelio et la ME Mialet-Barrault pour cette très bonne lecture qui interroge le quotidien et l'engagement. Débat ou pas débat ?
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Un livre surprenant mais très bien écrit et qui me confirme la qualité de la plume de Mazarine Pingeot et de son analyse des personnages. Tout d'abord une fine étude sur le désir (286 pages sur 316), auquel l'auteure donne un d majuscule tant il est central. le Désir, ce qui nous motive dans notre existence, ce qui fait ce que nous sommes, ce qui fait qu'inéluctablement on tombe du côté où l'on penche. le personnage principal, Souheila 28 ans franco marocaine, a tout pour être heureuse, un copain pas compliqué à l'amour inoxydable, un logement à Sarcelles mais sympa, un métier qui l'épanouit, un chat adorable et, contrairement à la Marie-Jo de Giedré, au lit ça va plutôt bien. Mais son Désir lui reste flou, elle vit sans préméditation, 360° d'horizon libre de terres et pas de boussole. le lecteur la devine se dédoublant, il y a la Souheila qui vit et agit et la Souheila qui la regarde en se demandant mais pourquoi diable fait-elle ça. Elle passe devant un salon de massage thaï, pourquoi pas. Elle y rentre, rapidement en est accro et presque à son insu ça devient un secret qu'elle ne partage qu'avec elle-même. Jusqu'au scandale. le salon est fermé et fait les gros titres, voyeurisme, pornographie insidieuse, exploitation féminine. Mais Souheila décroche et ne se mêle pas au comité de victimes. Son Désir la pousse ailleurs, et de quelle manière ! Je note à cette occasion le courage de l'auteure qui brosse un portrait peu complaisant du féminisme intégriste actuel. Mais là n'est pas son sujet, comme son personnage l'auteure n'y reste pas et nous emmène ailleurs, et c'est là où ce livre est surprenant. Après 90% d'une très intéressante étude psychologique, le lecteur se trouve brutalement projeté dans une histoire familiale rocambolesque, qui au demeurant aurait pu être également très intéressante, mais dont la légitimité est ici plus discutable. Preuve en est le raccordement entre ces deux parties pour le moins artificiel.
Je terminerai en citant deux phrases qui m'ont marqué par leur pertinence universelle.
Page 130, éd. Miallet Barraud: "Mon métier était de ceux qu'on méprise globalement parce qu'il offre un faible pouvoir d'achat".
Page 204, toujours dans la même édition: "Ni Rémi ni moi n'aimions parler. Nous pouvions commenter des informations, faire des projets (…), mais dialoguer, non"

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Tout va bien pour Souheila. Ou, plus exactement, rien ne va mal. Alors, qu'est-ce qui la pousse à entrer dans ce salon de massage thaïlandais à deux pas de chez elle qu'elle n'avait jamais remarqué ? Et pourquoi n'en parle-t-elle pas à Rémi, l'homme avec qui elle partage sa vie ?
Un belle découverte pour ce nouveau roman très prenant, séduisant on se laisse vite prendre par cette histoire.
Rempli d'humour et de questionnement;
Qu'est ce que l'on s'autorise ou pas ?
Quand tout vient chambouler le quotidien que l'on voulait secret !
Ici tout est passé au crible, les relations amoureuses, le désir d'être soi, la relation aux autres, le regard des autres
Alors injustice ou pas ? Bonne lecture
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