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EAN : 9782898430671
Isatis ()
3.88/5   4 notes
Résumé :
Il y a des mots qui blessent, qui choquent, qui avilissent… Des mots coup de gueule ou coup de poing.
Voici 34 mots pour dénoncer autant d’usages et de situations perturbants, diffamatoires ou discriminatoires. Âgisme, avortement et colonisation. Consentement, discrimination et égalité homme/femme. Esclavage, excision et exploitation. Fascisme, féminicide et génocide. Harcèlement, intimidation et islamophobie. Kilos, mariage forcé et minorités visibles…
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Incontournable Documentaire Avril 2023


Drapeau rouge: "Ce livre pourrait heurter la sensibilité de certains lecteurs. Nous préférons vous en avertir." P.2


Un nouveau membre pour la fratrie Griff de la maison de l'Isatis et cette fois, il s'agit d'un forme de dictionnaire et abécédaire de 34 mots ( donc il y a plusieurs fois certaines lettres) qui sont des termes "sensibles" ou "coup de poing", dont la charge peut être lourde, mais dont la présence même dans la langue permet d'en parler. Ces termes font généralement frémir les parents en librairie jeunesse et peuvent même constituer des tabous, dans certaines régions du monde. Ils renvoient à des concepts racistes, sexistes ou âgistes, des discriminations donc, des éléments historiques, des théories, des pratiques et des comportements qui font niveler l'humanité vers le bas.


Comme le formule bien l'autrice: " Les mots de ce livre ont de la gueule, peut-être même un peu trop. Ils pèsent lourd dans notre monde moderne et veulent vivre longtemps tout en s'affirmant. Ils peuvent entraîner une foule de maux. [ ...] Aujourd'hui, les mots n'ont jamais autant percuté l'actualité. Qu'ils soient aimés, adorés, maudits ou vilipendés. J'aimerais qu'on se serve de ceux présentés ici pour débattre et échanger. Pour refaire le monde au moyen de discussions animées mais respectueuses. Plus que jamais, nos mots ont le haut du pavé. Ils veulent avoir le dernier mot." P.4


Voici ces 34 mots qui sont aussi des maux:

Âgisme
Avortement
Colonisation
Consentement
Discrimination
Égalité homme/femme
Esclavage
Excision
Vitriolage
Exploitation
Travail des enfants
Fascisme
Féminicide
Homophobie
Génocide
Grossophobie
Harcèlement
Intimidation
Islamophobie
Mariage forcé
Mariage d'enfants mineurs
Minorités visibles et invisibles
Peuples autochtones
Profilage racial
Le mot en "N"
Religions
Sexisme
Incel
Terrorisme
Violence
Violence conjugale
Violence de rue
Violence sexuelle
Xénophobie

Le moins qu'on puisse dire est qu'il y a un sacré rassemblement de mots chargés dans ce petit livre. Néanmoins, je me réjouis de voir des autrices et des auteurs oser ce genre d'oeuvre. Bien sur, ça nous rentre dedans, le contraire serait étonnant. C'est néanmoins ce qu'il faut pour prendre conscience des enjeux auxquels nous faisons tous face, indépendamment de notre pays et de notre culture. le noeud de la guerre est la dénonciation, premier élément important. Tant que le silence persistera et que les gens mal intentionnés persisteront à enfoncer les autres dans leurs délires malsains et leurs croyances contraignantes, nous ne progresserons pas, en tant qu'humanité.


Aussi, un second élément important est la reconnaissance des enjeux et cela passe invariablement par les mots, le "nom". Nommer une chose la rend concrète et permet le dialogue, l'échange et le débat. C'est le premier jalon de sa reconnaissance. C'est toutefois un problème quand les gens ne s'entendent pas sur son existence, comme le racisme systémique, dans ma province, dont certains politiciens et acteur sociaux persistent à nier son existence, ou encore ne savent pas reconnaitre un enjeu, comme le consentement en littérature, trop souvent rendu flou par les romans érotiques et New Romance qui vendent le "non" comme un "non, mais au fond je veux dire oui ". Ce qui mène à un troisième élément primordial: L'éducation. Et c'est justement ce que les livres ont de bien, on peut les employer à l'école comme à la maison, et on peut s'éduquer à travers eux. La littérature jeunesse, quand elle n'est éhontément sujette à censure, peut constituer un formidable moteur de changement social, par l'exposition, la dénonciation ou la diversité des idées.


L'album contient aussi des illustrations aussi symboliques que percutantes - J'ai un faible pour cette pieuvre cagoulée qui jongle avec des armes, représentation du terrorisme. Après tout, son influence a quelque chose de "tentaculaire" et multidimensionnel. La mise en page est aérée et les mots plus "imposants" ou importants sont en couleur.


Je vais apporter une précision quand au choix de l'autrice de mettre le mot en "N" sous cette forme. Sur le continent américain du nord, en ce moment, il existe une réactivité émotionnelle très vive face à ce mot et ce, même s'il est employé dans un contexte historique et contextualisé. C'est un débat qui est difficile à faire socialement parce que la charge émotionnelle est extrêmement soutenue et la simple mention de ce mot peut être perçu comme une attaque directe aux personnes qui se sentent interpellé par ce mot. Une professeur a même été congédié pour avoir employé ce mot dans un cours d,histoire de niveau universitaire, à l'université d'Ottawa. Un dangereux précédent s,il en est, il est surtout l'illustration de l'extrême polémique autours de ce mot. Je ne débattrai pas de ce phénomène ici, mais cela explique, du moins je le pense, le choix de l'autrice de ne pas inutilement employé le mot. Une ironie, certes, pour ce livre supposer traiter des mots sensibles.


Enfin, j'apprécie que les textes couvrent large, en ce sens où on ne fait pas de fixation. Je vous donne l'exemple de la "violence", qui est certes très importante du côté féminin, mais qui est vécue par tout le monde, hommes inclus. Même son de cloche pour le mot "terrorisme", qui n'inclut pas que les factions islamiques radicales, mais bien l'ensemble des cellules terroristes, qui si elles n'ont pas la même cause, ont la même vocation. J'apprécie ce genre de nuance, puisque le monde est nuancé.


Il est possible que cela choque certains lecteurs, il faudra donc que le lectorat soit intéressé ou s'il l'est moins, accompagné. Toutefois, j'apprécie les auteurs et autrices qui prennent l'initiative de risquer des oeuvres au contenu sensible pour nos ados. On infantilise encore trop ce groupe d'âge ( une forme atténuée d'âgisme ici?), mais la réalité est que nos jeunes, exposés aux écrans et ancrés dans un monde interconnecté, savent de plus en plus tôt quels enjeux sont ceux de notre époque. Vaut-il mieux, alors, que nous sachions les guider à travers ces concepts complexes et nuancés, ou les laisser seuls à écumer Internet, au risque de se désinformer ou pire, se radicaliser? Je suis chaque jour impressionnée par mes lecteurs ado, dont une large part est conscientisée et intéressée. Il serait bon que nous, adultes, en prenions acte. C'est mon humble et impertinent avis, bien sur.


Pour un lectorat adolescent, premier cyle secondaire, 12-15 ans+
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les mots de ce livre ont de la gueule, peut-être même un peu trop. Ils pèsent lourd dans notre monde moderne et veulent vivre longtemps tout en s'affirmant. Ils peuvent entraîner une foule de maux. [ ...] Aujourd'hui, les mots n'ont jamais autant percuté l'actualité. Qu'ils soient aimés, adorés, maudits ou vilipendés. J'aimerais qu'on se serve de ceux présentés ici pour débattre et échanger. Pour refaire le monde au moyen de discussions animées mais respectueuses. Plus que jamais, nos mots ont le haut du pavé. Ils veulent avoir le dernier mot.
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