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EAN : 9782072876202
Gallimard (03/09/2020)
4.05/5   74 notes
Résumé :
«Ça fait deux ans que je ne l’ai pas revu. Sept cent vingt-trois jours pour être précise. Il y a un mois, j’ai reçu une lettre de lui en provenance des États-Unis. Il m’indiquait qu’il avait fui notre pays et qu’il travaillait dans une entreprise de bâtiment. Il allait bien, il écrirait de temps en temps, il me souhaitait du calme maintenant qu’on ne se reverrait plus.
J’ai brûlé la lettre et j’ai regardé mon fils aîné partir en fumée.»

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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Ils sont de tous les continents. Ils sont d'ici, partis vers un ailleurs qu'ils espèrent tous meilleurs.
L'exil en bandoulière, ils partent à la recherche de l'Eldorado

Angie, Eva, Sarah, Litzy ou Luis, tous sont partis pour fuir la pauvreté, le danger, la menace, la précarité. Tous en route le coeur lourd de souvenirs et d'injustices, ils croient en leur avenir et en leur chance de s'en sortir, comme les autres.

Roman choral maîtrisé à la façon d'un chant poétique et humaniste. Là d'où je viens a disparu se lit de façon énigmatique, ne connaissant pas toujours les tenants et les aboutissants, Guillaume Poix nous entraîne sur la route de tous les migrants, en quête d'un Eldorado souvent insaisissable, d'un ailleurs meilleur à cause d'un ici qui n'est plus.
Là d'où je viens a disparu, un roman saisissant et nécessaire.
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Du Salvador à la Somalie, le malheur au malheur ressemble et les rêves de liberté échouent sur des rafiots de fortune ou des camps aux frontières. Rafael et Marta évoquent leur histoire tandis qu'à Somerville, les rêves avortés parviennent à Mogadiscio sous forme de pieux mensonges.

C'est une tout autre ambiance à Lyon, alors que Pascal fait le bilan de vingt et un ans d'une cohabitation avec ce fils qu'il n'a pas vu grandir. Ce fils qui devient autonome, mais dont il sait peu de choses, jusqu'au jour où il reconnait sa voix, captée pour une interview à la radio …

C'est avec beaucoup d'empathie que Guillaume Poix donne la parole à ses personnages, qui rêvent tous d'un autre monde. Malgré les frontières toujours plus hautes, plus controlées plus inaccessibles , l'espoir est là, brisé parfois avant même de comprendre l'imposture.

C'est l'histoire d'un monde qui vit mal son évolution, d'un monde qui continue à penser en légitimité du droit du sol, et ferme les yeux sur la détresse de moins chanceux mais autant humains qu'eux.

Sans jugement péremptoire, l'auteur dresse une galerie de portraits comme un état des lieux de l'époque.
L'humour n'est pas absent de ces lignes, en particulier pour les chapitres consacrés à Pascal, le naïf de service, avec ses principes qui explosent en vol, confronté à une réalité inimaginable pour lui.

Un très beau roman humaniste, qui dresse un état des lieux sans donner de
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Mogadiscio, Somalie, Somerville, Etats Unis, Altavista, Salvador, Lyon, Val d'Isère, France, Tadjourah, Libye. Eté 2015, été 2019.

C'est l'histoire de la vie, l'histoire de leurs vies. Celle de ceux qu'on appelle migrants, celle de ceux qui sont passés, de ceux qui espèrent passer. C'est aussi l'histoire de ceux qui sont restés, de ceux dont une fille est partie, de ceux dont un fils s'est à jamais perdu en route. C'est l'histoire de familles déchirées par la peur, accablées par la misère, séparées par des conventions qu'on appelle frontières, de ces frontières qui nous autorisent à nous goinfrer ou à crever de faim, qui nous autorisent à nous aimer au grand jour ou à vivre cachés la peur au ventre. C'est l'histoire de ces gens qui demandent la permission de vivre.

C'est aussi l'histoire d'autres gens, de gens mieux nés. L'histoire de gens aux convictions humanistes plus fortes que tout. L'histoire de convictions qui s'émoussent avec le temps qui passe, de convictions qui s'embourgeoisent avec l'âge.

C'est l'histoire encore de gens eux aussi mieux nés et aux convictions beaucoup plus virulentes que celles des bien pensants. Celle de ces gens qui se réunissent, s'organisent, patrouillent aux alentours des cols alpins qui séparent l'Italie de la France. C'est l'histoire des milices comme un affront national. L'histoire d'un bras levé… indiquant le chemin du retour.
C'est une histoire d'amour venue d'Amérique centrale, d'Afrique, une histoire de haine dictée par la peur et la bêtise qui s'implante un peu plus chaque jour dans les pays favorisés.

Là d'où je viens a disparu, se disent probablement tant de pauvres gens qui ne sont plus nulle part à leur place pour la minorité dominante de l'humanité.
Là d'où je viens a disparu c'est le roman de Guillaume Poix du moment qu'il faut lire.
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Quel est le point commun entre tous les personnages dont Guillaume Poix se fait le porte-voix ? Je dirais le mot frontière. Certains l'ont déjà franchie, d'autres en rêvent. Et il y a ceux qui la protègent et la défendent avec détermination.

Que fuient-ils ? Qui sont ces candidats à l'exil, prêts à affronter le tout pour le tout ? Car comme le formulent les extraits d'un texte de la poétesse somalienne, Warsan Shire, placardés sur les murs de l'association dont s'occupe Hélène  : « Personne ne quitte sa maison à moins que sa maison ne soit devenue la gueule d'un requin. No one leaves home unless home is the month of a shark ».

L'auteur ne traite pas le sujet de façon frontale, ce qui en fait l'originalité, mais la galerie de vies minuscules est édifiante. On croise les parents, dont les enfants ont disparu sans donner signe de vie, qui dénoncent « cet eldorado qui engloutit leurs enfants ». On les suit sur cinq années, de 2015 à 2019.

Chacun relate son parcours par flashback, une fois installé ou parfois c'est une tierce personne qui raconte les pérégrinations ,commente la tragédie.
La première à prendre la parole, c'est Litzy, 25 ans, originaire du Salvador, mère célibataire, installée à Somerville ( New Jersey) avec son jeune fils Zach, qui, lui ,sait lire, nager, pas comme ce jeune enfant syrien échoué sur une plage turque dont la dramatique photo, devenue virale, a ému, a révolté et fait polémique. Peut-on montrer à la une d'un journal cette mort en direct ? Pour Litzy, ce fils est sa fierté. Né à San Diego, donc américain, il a moins à craindre qu'elle qui doit être transparente, s'effacer pour durer ». Mais pourra-t-elle prétendre à un autre statut que clandestine, quand on connaît la politique migratoire ? Quand un mur doit être érigé ?

Les Etats-Unis ont aussi attiré Sahra, qui travaille avec Litzy comme femme de ménage pour un richissime Américain. Deux classes sociales sous le même toit.

On croise Angie ( de Mogadiscio, Somalie) qui rêve d'ailleurs, bercée par la voix de Beyoncé dans une vidéo dont les paroles sont inspirées par la poétesse anglo-somalienne engagée, mentionnée ci-dessus.

Peu à peu, comme un puzzle, les portraits s'étoffent, le lecteur perçoit ce qui reliait certains personnages entre eux.

L'auteur se glisse avec une facilité déconcertante dans la peau d'une femme, dans le rôle d'une mère. Il soulève les craintes du père d'avoir à élever une fille, taraudé par tous les périls qu'il fait défiler ! Prémonitoire, pense-t-on, une fois le livre refermé.
Voici Marta (du Salvador) désespérée d'apprendre que son fils Luis veut émigrer aux Etats-Unis, avec femme et bébé, d'autant que son autre fils s'est déjà évanoui. Eux aussi seraient-ils hypnotisés par « l'American dream » ?
Mais quelle odyssée pour rallier leur destination : passer par le Mexique, rejoindre le Texas, obtenir un visa humanitaire, et enfin l'asile aux U.S A.Y parviendront-ils ?
On partage les inquiétudes de Marta, cette mère qui a inculqué à ses fils des valeurs féministes, le sens du partage des corvées ménagères. Elle, qui les a « formés au ménage, à la cuisine, au repassage, associés à la tenue de la maison », se retrouve seule au Salvador, ne pouvant profiter de sa petite fille Angela. Rafael, ami et témoin au mariage de Luis, la soutient, écoute ses confidences, sa détresse au vu d'une photo qui témoigne d'une tragédie de plus. Des nuits à venir hantées par les cauchemars.
Mais « vos enfants ne vous appartiennent pas », affirme Khalil Gibran(1), alors comment aurait--elle pu s'opposer au choix de son fils ?

Le narrateur nous intrigue avec cet alignement de chiffres que commente Pascal ( de Lyon), essayant lui-même de décrypter leur signification, avançant des hypothèses des plus inattendues. Quand sa femme, Hélène, documentaliste, impliquée dans une association, la lui révèle, quelle claque ! Quelle comptabilité macabre !
Encore plus surprenant l'engagement de leur fils Jéremy. Celui-ci crée le suspense en parlant d' « opérations imminentes », puis de la réussite de son action, mais tardant à dévoiler celle-ci. Une famille qui incarne les deux camps aux convictions diamétralement opposées face aux migrants : soit les refouler soit les intégrer.
On est témoin du malaise de la mère qui se livre à une introspection et tente de convertir « l'être qu'elle a sorti d'elle-même », en lui joignant un document.

On reconnaît sa formation de cinéaste quand Guilllaume Poix zoome sur un détail ! La peluche, jetée d'une fenêtre de bus à de pauvres enfants qui squattent un trottoir, hélas avalée par l'égout. Et des pleurs au lieu d'un sourire.
Le romancier distille des réflexions sur le côté nombriliste et égocentrique des réseaux, sur les croyances, explore les relations filiales, la transmission, pointe le rôle des passeurs, la carence des gouvernements quant à la politique migratoire.
On pense aux propos d'Erri de Luca pour qui ce flux migratoire ne peut pas être réglé par des murs, des barbelés, des digues et qui dénonce « les pires conditions de transport de l'histoire humaine », conduisant à tant de naufrages et tragédies.

L'écrivain nous émeut quand sont énumérées les données d'un article du Guardian qui recense tous ceux qui ont perdu la vie dans leur migration. Une litanie de noms qui donne le frisson, «  une psalmodie funèbre ». « La vie est implacable, elle n'appelle aucune consolation aucune justice, aucune revanche ». Certaines situations font penser au tableau de Böcklin, «  L'île des morts », ici la lune a remplacé le soleil : « je glisse sur une marée noire, je m'y englue comme un oiseau ».

On est frappé par l'extrême précision dans les descriptions de lieux, que ce soit le local mystérieux où Jérémy rejoint un groupe en vue d'actions ou la chambre de bébé chez Marta. Un style concis, poétique qui nous happe, une construction originale qui peut dérouter mais quelle découverte que cette poétesse anglo-somalienne, fille de migrants, qui a inspiré Beyoncé dans son clip Lemonade ! Warsan Shire apporte sa voix forte, émouvante et rythmique à ce drame mondial des migrants.

Quand on a parmi ses connaissances des personnes qui enseignent aux migrants les rudiments du français, une autre qui en a épousé un, d'autres qui en ont hébergés, nourris, on se sent doublement concerné.


Guillaume Poix signe un récit choral poignant qui ne peut laisser indifférent, inspiré par des faits réels, dont certains ont été largement relayés par les médias. Il met en parallèle les réactions opposées de nous, les humains, les altruistes et les sans coeur.
Des destins brisés,des désillusions, des familles dans la détresse, mais aussi des retrouvailles.

L'auteur offre, dans son deuxième livre, une sorte de tombeau de papier aux disparus, une manière d'honorer et de ne pas oublier ces anonymes, donne la parole aux minorités, ce qui permet au lecteur de prendre conscience des drames qui se jouent en mer, ou quand les pays ferment leurs frontières. Nul doute que le message devrait être entendu par ceux qui vont jusqu'à ériger un mur pour refouler l'étranger.
Un roman nécessaire pour agir, pour sauver des vies, pour aider les immigrés.

(1) Khalil Gibra : le prophète
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D'Afrique, d'Amérique, d'Europe, tous les personnages de ce roman, d'âge et de condition différente, rêvent d'ailleurs .
Litzy, salvadorienne clandestine, a un fils né aux Etats-Unis mais se languit de son pays.
En Amérique du Sud, Marta, a deux fils Luis et Fabio qui n'ont qu'un seul souhait : partir. Tout comme Angie, qui de Somalie, aspire à venir en Europe...
Mais la route est longue pour atteindre l'eldorado et les sacrifices nombreux pour ceux qui partent, pour ceux qui restent et pour ceux qui arrivent (quand ils arrivent car parfois d'autres hommes se dressent sur leurs chemins...)
Récit choral, là d'où je viens a disparu est un très beau texte à la construction atypique, qui mélange lieux, époques, personnages. Tout en relatant le sort et la détresse des migrants, Guillaume Poix questionne également habilement les notions de filiation et de transmission.
Inspiré de faits réels, un roman politique, poignant, profondément humain.
Un ❤️ lu dans le cadre du prix Fnac.
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critiques presse (2)
Actualitte
28 septembre 2020
L'auteur réalise le tour de force de nous embarquer dans un roman choral mondial par le biais d'une écriture si précise, que son roman se lit aussi facilement que les sujets ou la galerie de personnages sont complexes.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LesInrocks
16 septembre 2020
Les hommes et les femmes inoubliables qui peuplent son nouveau roman sont habituellement des composantes anonymes du terme “ crise migratoire”.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
J'ai vingt-cinq ans, je suis mère, célibataire, et clandestine. Ce n'est pas exactement comme ça que je rêvais mon existence. Ca fait maintenant sept ans que j'habite ici, je me suis habituée au mode de vie qu'entraîne mon statut, statut de rien, grand vide à l'estomac, statut provisoire, qui grave pourtant dans un marbre dont je sais qu'il ne recouvrira jamais le sol de ma salle de bains ses caractéristiques précaires: raser les murs, baisser le regard, ne pas attirer l'attention, ne relâcher que rarement, et inconsciemment, la pression, sursauter quand j'entends une sirène, être docile et obstinée au travail, prier pour ne jamais subir un contrôle de routine sur une autoroute ou en ville, traquer le compteur, traquer mon pied droit, traquer la pression qu'il exerce sur la pédale d'accélérateur, être maladivement prudente, ne pas savoir quelle mine prendre quand je croise une patrouille, un flic sur le bord de la route ou dans un mall, sourire ou ne pas sourire, me trahir quoi que je fasse, y penser constamment dès que je sors, comprendre que je ne peux plus paraître neutre, que je suis du coté des coupables, des criminelles, me dire que ça se voit, que c'est évident, qu'on ne remarque que ça, que mon visage me dénonce, que ma couleur de peau m'expose, que mon corps me précipite dans la gueule du loup, que ma langue, mon accent ma perdront, ne faire jamais aucune réclamation à aucun sujet, garder mes colères, mes désaccords, mes indignations pour mes heures d'insomnies, tout ça gentiment ravalé, accomplir ma tâche avec rigueur et professionnalisme, ne pas parler, ne pas discuter, ne pas contredire ou nier, faire comme si tout était normal et naturel dans ce monde, dans cette société, dans ce paysage, faire comme les autres, en étant toutefois transparente, s'effacer pour exister, pour durer, pour tenir.
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J'ai vingt-cinq ans, je suis mère, célibataire - et clandestine. Ce n'est pas exactement comme ça que je rêvais mon existence. Cela fait maintenant sept ans que j'habite ici, je me suis habituée au mode de vie qu'entraîne mon statut, statut de rien, grand vide à l'estomac, statut provisoire, qui grave pourtant dans un marbre dont je sais qu'il ne recouvrira jamais le sol de ma salle de bains ses caractéristiques précaires : raser les murs, baisser le regard, ne pas attirer l'attention, ne relâcher que rarement, et inconsciemment, la pression, sursauter quand j'entends une sirène, être docile et obstinée au travail, prier pour ne jamais subir un contrôle de routine sur une autoroute ou en ville, traquer le compteur, traquer mon pied droit, traquer la pression qu'il exerce sur la pédale d'accélérateur, être maladivement prudente, ne pas savoir quelle mine prendre quand je croise une patrouille, un flic sur le bord de la route ou dans un mall, sourire ou ne pas sourire, me trahir quoi que je fasse, y penser constamment dès que je sors, comprendre que je ne peux plus paraître neutre, que je suis du côté des coupables, des criminelles, me dire que ça se voit, que c'est évident, qu'on ne remarque que ça, que mon visage me dénonce, que la couleur de ma peau m'expose, que mon corps me précipite dans la gueule du loup, que ma langue, mon accent me perdront, ne faire jamais aucune réclamation à aucun sujet, garder mes colère, mes désaccords, mes indignations pour mes heures d'insomnies, tout ça gentiment ravalé, accomplir ma tâche avec rigueur et professionnalisme, ne pas parler, ne pas discuter, ne pas contredire ou nier, faire comme si tout était normal et naturel dans ce monde, dans cette société, dans ce paysage, faire comme les autres, en étant toutefois transparente - s'effacer pour exister, pour durer, pour tenir. (pp.22-23)
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Je ne suis pas votre servante, aucune corvée ne m'est dévolue sous prétexte que je suis une femme, je suis votre mère, c'est une chose, mais ça n'a rien à voir avec la manière dont vous devez vous figurer les femmes. Luis a toujours trouvé ça moyennement arrangeant. Les autres enfants à l'école semblaient avoir moins de fil à retordre avec les tâches domestiques, ne se souciant guère de la personne qui les exécutait puisque c'était leur mère et qu'eux n'entraient pas dans la confidence d'une lessive ou d'une cuisson. Luis et son frère, eux connaissaient une somme de choses barbantes qu'il leur revenait d'accomplir à tour de rôle. Il a soudainement compris le ses du partage.
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On croit qu'on sauvera ses enfants, la vérité c'est qu'on ne peut rien. Ils s'envolent aux bourrasques de vent, les enfants, même les plus légères, les plus insignifiantes, celles qu'on n'a pas vues se lever, celles qu'on a trouvé apaisantes sans pressentir le danger qu'elles portaient ; ils glissent sur les sols détrempés par la pluie, les enfants, ils se brisent les os dans la chute, ils se jettent des toits, accrochent des nœuds coulants à leur cou, s'ébattent dans l'eau qui les emporte, ils s'élancent dans leur vie comme on se laisse tomber sur un lit, ils gardent le sourire alors qu'on les dévaste, ils vous font confiance, ils vous croient - croient qu'avec vous ils ne risquent rien. Et voilà qu'ils gisent dans vos bras. Ce n'est pas l'amour qui sauve, Angie. L'amour ne sauve rien.
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tout le monde me prend pour une mère courage ici; Je suis l'âme du quartier. C'est moi qu'on appelle quand il faut négocier une baisse du droit de passage avec les maras, quand il faut leur demander de réduire la cotisation pour jeter ses ordures, reporter une rente, ou quand il faut aller nettoyer le bitume parce que ça a mal tourné entre les gamins. Les voisins pensent que je suis respectable. ils se disent que mon autorité prouve ma moralité. ça me fait doucement rire
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Vidéo de Guillaume Poix
Lecture par l'auteur & Nicole Garcia
Star met en scène Guillaume, alter-ego de l'auteur, un apprenti comédien rêvant de gloire. Acteur de tout petit rôle, voire simple “silhouette” à l'écran, il va néanmoins croiser dans sa carrière sans relief des figures du 7e art. Nicole Garcia surtout, comme répétiteur sur le tournage du film de Claire Simon, « Les bureaux de Dieu », avant de faire une apparition maladroite dans son film « Un beau dimanche ». Leur relation amicale prend un tour cinéphilique à propos d'Ariel A. Winthrop, comédien très furtif et réalisateur d'un seul long-métrage, « Miss None », tourné durant les eighties où Nicole jouait l'épouse d'Ariel. Quelques scènes de ce film – mystérieusement détruit par le cinéaste – ressurgissent au gré des confidences de l'actrice, qui alimentent le désir de Guillaume d'en savoir plus sur ce figurant passé tardivement derrière la caméra et de partir sur ses traces aux États-Unis… Star est le roman d'une destinée en ratage contrôlé, où la drôlerie le dispute à l'émotion, le burlesque involontaire à la tendre gravité. Rendez-vous ce soir pour démêler le vrai du faux !
À lire – Guillaume Poix, Star, Verticales, 2023.
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