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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'adhère totalement à cette interprétation moderne de Cendrillon.
Les personnages allient à merveille modernité et caractéristiques classiques du conte : la très jeune fille culpabilisante, les soeurs fainéantes et accros à leur portable, la belle-mère obsédée par la jeunesse, le père craignant la solitude. La façon de s'exprimer m'a également plu, mélange de modernité, préciosité et vulgarité. le décor aussi : la maison de verre, froide et moderne. L'appropriation des éléments du conte : l'heure/la montre, la chaussure, la robe, la fée... Je l'aime bien celle-là d'ailleurs, la fée! Complètement à côté de la plaque et s'obstinant à faire de la magie humaine, de la magie fausse qui foire à chaque fois.
Je suis ravie d'aller prochainement voir la pièce!
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Imaginez une scène de théâtre sur laquelle est jouée – Cendrillon -, la pièce de Joël Pommerat.
Dites-vous ensuite que vous avez affaire à un dramaturge qui a pour credo :
" Je n'écris pas des pièces, j'écris des spectacles. le texte c'est ce qui vient après, c'est ce qui reste après le théâtre. le théâtre se voit, s'entend, Ça bouge, ça fait du bruit. le théâtre c'est la représentation."
Et pour mettre en pratique cette profession de foi, Joël Pommerat " métamorphose le plateau " faisant appel à des jeux de lumière nombreux, changeants, stroboscopiques, un bruitage où les voix sont relayées par des micros HF, à la musique, au chant, à la danse.
Des images s'invitent par l'intermédiaire de la vidéo pour "faire fusionner tous les arts de la représentation afin de susciter l'émerveillement soutenu par le rythme du spectacle et sa beauté plastique."

Dites-vous ensuite que Pommerat écrit conjointement texte et mise en scène.
Explication : " Pommerat a développé un processus d'écriture dont la première étape est la scène. Il n'écrit pas le texte avant les répétitions. Il écrit avec la scène " instant par instant ", c'est-à-dire en partant de la présence des acteurs en interaction avec l'espace, la lumière et le son, qui sont simultanément élaborés pour atteindre la plus grande justesse possible.
Les premières notes de - Cendrillon – datent de mai 2010. le processus de création s'est ensuite étalé de mai à octobre 2011. En mai a eu lieu à Bruxelles un stage-casting afin de choisir la distribution. Pendant ce stage, certains membres de l'équipe artistique ( vidéo, musique ) ont aussi commencé à explorer avec Pommerat, dont ils avaient lu les notes, quelques éléments spectaculaires. Mais l'entrée en écriture s'est vraiment concrétisée lors d'une deuxième étape de travail en juillet avec les acteurs et l'équipe. La recherche a continué pendant une troisième session de répétitions au Théâtre national de Bruxelles en septembre et jusqu'à la première. Ainsi, Pommerat écrit texte et spectacle conjointement. Dans les jours qui suivent la première, il continue d'ailleurs à les modifier à l'épreuve des représentations et du public."

C'est dire si lorsque vous avez le texte entre les mains vous réalisez qu'il vous manque tout ou partie de l'essentiel, et ce même si l'on rassure le lecteur que vous êtes par une phrase du genre " le texte possède cependant une valeur propre qui rend possible sa lecture et son analyse..."

Soit, on n'a pas le choix... place à la découverte du texte.
Pommerat écrit ou réécrit des contes.
Parce que le conte " relève d'une tradition orale et communautaire "
"Un conte, c'est une durée, celle d'un récit, et c'est un état d'être ensemble. Pour être ensemble, si je veux intéresser le spectateur et être avec lui, je vais travailler sur ses représentations. C'est une forme de stratégie. Je suis un conteur, je vais agir avec son imaginaire."
Et chaque spectateur apporte sa part d'imaginaire.
Contrairement aux idées reçues, le conte ne s'adressait pas originellement aux enfants.
Et si Pommerat les a "expérimentés" avec ses propres filles, il a très vite compris que " ces histoires ont imprégné son caractère et influencé des choix importants de son existence."
Ses contes lui permettent de " jouer à retrouver ce que c'est, vraiment, souffrir, éprouver sans subir...Il invite les spectateurs à expérimenter ce qui dans la vie les terrasserait : la peur, le mal, la mort etc."

L'histoire est contée à partir d'un narrateur ; le narrateur étant un guide qui nous invite à entrer dans l'histoire, un accompagnateur éclairé et bienveillant qui aiguise nos appétits et tempère nos tempêtes.

Dans cette version de - Cendrillon – revisitée par Pommerat, le narrateur est une narratrice, dont la voix off est dotée d'un accent italien ( précisé dans les notes ).
Cette version est plus proche de celle des frères Grimm que de celle de Perrault en ce sens que tout part de la mort de la mère de Cendrillon et de ce qui résulte de dette mort.
Cendrillon alias Sandra dite Cendrier ( surnom donné par ses soeurs car Sandra empeste le tabac ; son père fume en cachette de sa future femme et " compromet " sa fille, de même que la fée qui n'arrive pas à se déprendre de cette addiction ) perd sa mère et va être soudain confrontée à la mort et au deuil impossible.
Avant de mourir sa mère lui a murmuré à l'oreille des mots que la " très jeune fille " ( ainsi désignée dans la pièce ) a mal interprétés :
-"Ma petite fille , quand je ne serai plus là il ne faudra jamais que tu cesses de penser à moi. Tant que tu penseras à moi tout le temps sans jamais m'oublier... je resterai en vie quelque part."
Ce à quoi Sandra répond :
-" Maman, je te promets que je penserai à toi à chaque instant. J'ai très bien compris que c'est grâce à ça que tu mourras pas en vrai et que tu resteras en vie dans un endroit secret invisible tenu par des oiseaux.
J'ai très bien compris que si je laissais passer plus de cinq minutes sans penser à toi ça te ferait mourir en vrai. Ne t'inquiète pas maman, je ne te laisserai pas mourir en vrai, tu peux compter sur moi. Tous les jours, à chaque minute et pendant toute ma vie, tu seras dans mes pensées...N'aie pas peur."
Dès lors Sandra s'enferme dans ce processus de deuil impossible que beaucoup connaissent... Lorsque j'ai perdu ma fille aînée et que je courais un semi-marathon, je demandais que le speaker prononce au franchissement de la ligne d'arrivée le nom de ma fille défunte, j'ai pas mal de bouquins qui ont été dédicacés par André Velter, Atiq Rahimi, Chahdortt Djavann etc au nom de ma fille, tous les 1ers décembre moi l'agnostique je faisais dire une messe pour elle qui était athée afin que le prêtre dise son nom... je ne voulais pas la laisser vraiment mourir... et comme la Cendrillon-Sandra de Pommerat, j'aurais très bien pu acquérir une montre qui sonne toutes les cinq minutes nuit et jour pour être sûr de ne pas cesser de penser à elle.
Sandra vit donc son deuil impossible dans la dépréciation d'elle-même et dans la culpabilité, n'étant pas forcément à la hauteur de sa promesse.
Vient très vite le jour où son père lui annonce qu'il veut refaire sa vie.
Tous deux partent vivre dans la maison de verre de celle qui va être la future épouse et la belle-mère, laquelle a deux filles, " soeur la grande " et " soeur la petite ".
On loge Sandra au sous-sol dans une pièce délabrée, sans fenêtre, avec pour tout mobilier un vieux lit, une armoire et une chaise.
On lui confie toutes les tâches domestiques les plus ingrates qu'elle accueille avec la gratitude des pénitentes.
Le temps passe... un beau matin la famille reçoit une invitation du Palais royal pour une réception en l'honneur du " très jeune prince ".
Alors que la belle-mère et les deux soeurs ne se sentent plus de joie, Sandra fait la connaissance de sa fée. Une fée blasée qui, bien qu'immortelle, meurt d'ennui depuis 300 ans et pimente sa vie de fée en troquant la magie magique contre la magie amateur ; l'échec de ses tours de magie pimente sa vie...

Tous les éléments du conte ( la souffrance de Cendrillon, le bal, la rencontre avec le prince, le soulier ) sont là mais repris ou redistribués à la façon Pommerat.
J'ai précédemment évoqué sa vision très personnelle de la fée, le prince n'est pas un prince charmant mais un enfant grassouillet prisonnier lui aussi d'un deuil impossible... Il y a des trouvailles qui mettent en scène la chirurgie esthétique, une vision des oiseaux très " verrière " etc... le tout ponctué par des dialogues écrits dans une langue contemporaine, parfois vulgaire, presque toujours " orale ", mais enlevée, alerte et percutante.
Bien évidemment les interprétations possibles sont multiples et on ne peut manquer de se référer à Freud, à la psychanalyse, à Bettelheim...

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette pièce, qui m'a touché et fait sourire tout autant.
Ce conte est revisité avec verve, émotion, talent et vous rappelle que les bons contes gardent leurs amis.
Compte tenu de ce que j'ai repris dans ma longue introduction, c'est plus que beaucoup d'autres une pièce à voir sur scène.



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"A peine sortie de l'enfance, une jeune fille s'est tenue au chevet de sa mère gravement malade. Quelques mots prononcés à mi-voix par la mourante et peut-être mal entendus par sa fille et voilà celle-ci liée à la mort, tenue à un rôle, penser à sa mère jusqu'à la fin des temps, sans quoi celle-ci mourra pour de bon. La petite s'inflige les pires fardeaux pour se punir d'oublis ponctuels, elle nettoie tout ce qu'elle peut nettoyer, elle range tout ce qu'elle peut ranger, elle devient la bonne à tout faire de la maisonnée, assouvissant une pulsion masochiste qui consiste à faire tout ce que sa mère faisait et même au-delà. C'est à ce prix qu'elle ne l'oubliera pas, sinon sa mère mourra une seconde fois.

« C'est peut-être parce que comme enfant j'aurais aimé qu'on me parle de la mort, déclare l'auteur » que le projet de ce spectacle est né. Les enfants, infans, ceux qui ne parlent pas, sont victimes des mots des adultes « elle est morte ta mère, lui assène sa belle-mère, on ne parle plus de ta mère ici », tout ça ce sont des histoires de gosses pense le père de Sandra, la cendrillon de ce conte moderne, lui qui veut refaire sa vie comme on dit. Il faut tourner la page, aller de l'avant, arrêter les rêvasseries et entrer dans la réalité ; mais justement le passé ne passe pas. Dans les rêves, véhicule de notre mémoire profonde, le temps n'existe pas, les malentendus ont la vie dure. Comment parler de la mort aux enfants ? que veut dire « le travail de deuil », est-il possible ? Dans cette histoire revisitée par Joël Pommerat tout le monde ment, le jeune prince du conte a lui aussi perdu sa mère très jeune. Son père, le roi, entretient l'illusion du retour de son épouse auprès de son fils et lui promet un appel téléphonique qui, bien évidemment n'arrive jamais. Voilà comment la vie de ces deux jeunes gens s'est arrêtée.(...)"
Sylvie Boursier dans Double Marge (Extrait)
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Cendrillon, on connait tous. Au moins la version édulcorée de Disney, peut-être A tout jamais (de Andy Tennant avec Drew Barrymore et Anjelica Huston) et parfois la vraie version, quelque peu violente sur la fin.
Là Pommerat fait table rase, ne gardant que les éléments essentiels : Cendrillon, la belle-mère, les soeurs, le père, le roi, le prince et la fée bien entendu ; ainsi que les symboles : la montre et la chaussure.Mais pas de manière classique, pas comme on s'y attend. Pas de citrouille ou de magie. Un langage tout à fait contemporain.
Et pourtant c'est Cendrillon, le conte. Les histoires de famille, l'amour, le mépris, le mensonge. La découverte de l'autre, la solitude. le deuil de la mère, la haine de la belle-mère.
Un spectacle que j'espère voir mis en scène, par Pommerat ou un(e) autre.
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Une narratrice très âgée raconte l'histoire d'une jeune fille, peut-être elle-même. C'est l'histoire de Sandra, qui toute jeune, a perdu sa maman de maladie.
La maman affaiblie n'a qu'un murmure pour s'adresser à sa fille qui comprend de travers ce que sa mère lui dit juste avant de mourir. Sandra croit qu'elle arrivera à garder sa mère en vie si elle pense continuellement à elle.

Elle demande alors à son père de lui offrir une montre pour ne pas perdre de vue sa mission. La peur d'oublier de penser à sa mère la rend angoissée. Elle en perd sa joie de vivre.

Le père rencontre une femme qui a 2 filles (la marâtre et les 2 harpies). Elles habitent dans une maison de verre. Il envisage sa vie avec elles.

L'installation se fait sur le mode agressif envers le père et Sandra. Sandra montre l'album photo de ses parents. Tout le monde s'énerve et Sandra est installée dans une cave. Ce sera sa chambre.

Le ton est au dénigrement. le père est embarrassé, mais il veut refaire sa vie. La marâtre n'accepte pas le comportement de Sandra et la robe fétiche de sa mère. Elle la lui enlève, ce qui rend sa vie supportable.

Alors, Sandra se réfugie dans son monde et finit par en oublier de penser à sa mère et se dit qu'elle mérite d'être punie. La punition va venir des soeurs et de la belle-mère. Celle-ci décide que les filles seront de corvée de ménage. Mais Sandra pour se punir elle-même accepte l'infamie.

Entre en scène une fée, décalée, mais soucieuse de Sandra. L'entrée en scène de la fée est rock'n'roll ! Pièce moderne oblige ! C'est très drôle et rude à la fois dans les dialogues. Elles se critiquent l'une l'autre, c'est savoureux, une vraie joute verbale. Sandra finit par virer la fée de sa chambre.

Plus tard, la famille est tirée au sort pour la fête d'anniversaire du Prince. Branle-bas de combat pour la belle-mère qui se voit en représentation au top de ses atours ! Seulement voilà, elles sont en total décalage et vont à la fête en costume, période LOUIS XIV.

La fée réapparaît et pousse Sandra à aller à la fête pour s'amuser et l'aide dans ce sens. Sauf que ses pouvoirs sont aléatoires !

La suite ? le prince croit que sa mère est en voyage alors qu'elle est décédée. Son père l'a persuadé de se montrer à cette fête d'anniversaire pour voir du monde.

Deux êtres en souffrance, en manque de leur mère, une rencontre d'adolescents... Sandra et le Prince se croisent et discutent. Mais il ne sait pas qui elle est.
La belle-mère va tenter de faire croire que le prince a été séduit par elle. Elle tente de le persuader directement. Personne n'est dupe !

Une seconde soirée est organisée et c'est la fée qui va sauver la mise, ou la vie, de Sandra. La seconde rencontre entre Sandra et le prince va être le début d'un chemin de résilience pour eux. Dans un dialogue sans détour, ils vont s'aider à faire le premier pas vers l'acceptation.

Pièce très moderne, axée sur la psychologie des personnages et leur côté obscur. C'est aussi une pièce sur le thème de la résilience.





















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La très belle histoire de la très jeune fille
Il y a les contes pour enfants et les histoires que (se) racontent les grands. Il y a les paroles qu'on dit et celles qu'on entend. Il y a la magie des fées et les mots - les maux - de l'enfance.
Pour sa Cendrillon, Pommerat joue la carte de la figure manquante et place la mère de la très jeune fille, sa vraie mère, au début et à la fin du conte. Au coeur et dans la tête des acteurs de la fable. Imprégnée des dernières paroles captées au chevet de sa mère mourante, Cendrillon se tisse une ligne de conduite où la pensée tient le fil qui évite le gouffre aux défunts. Pour les vivants, Pommerat s'attaque aux préjugés et aux apparences : tendre, humaine et imagée, sa vision enchante et actualise, couve et étire le conte, entre quotidien et poésie, courage et docilité. Enfance et modernité.
Sur scène tous les arts réunis le sont avec brio, sens et sans effet gratuit : la voix off nous dit l'enfant étranger au monde appelé à être l'artisan de celui de demain, avec ses erreurs et ses tatonnements. le mime avec ses mains pose des mots dans le ciel, interroge ce qui est vrai, ce qui est faux. le décor, né de rien, du noir et de l'obscurité après chaque scène, ouvre et plante les lieux du conte comme dans un livre ouvert, un écran souple, jusqu'à cette maison de verre qui piège les oiseaux... Les acteurs - la plupart avec deux rôles et tous parfaits - jonglent et se faufilent entre avers et revers, rêve et réalité, vérité et faux-semblant : et si le bal du roi sortait de l'esprit de la famille recomposée ? La musique - celle des mots de Pommerat à elle seule est un délice - porte celle du conte et du vrai monde où l'écho du récit demeurera toujours. le chant, la danse...
Spectacle total et captivant, à la scénographie magique et au plateau royal, Cendrillon triomphe chaque soir avec une salle comble et c'est justice. Comme la rencontre de la très jeune fille et du prince qui vécurent... heureux comme on l'est après ce spectacle éblouissant pour les petits comme pour les grands.

CENDRILLON

Une création théâtrale de Joël Pommerat

Avec la collaboration de la @Compagnie Louis Brouillard

Avec Alfredo Cañavate (en alternance avec Jean Ruimi ; le père de la très jeune fille
Noémie Carcaud ; la fée, la soeur
Caroline Donnelly ; la seconde soeur, le prince
Catherine Mestoussis ; la belle-mère
Léa Millet (et Déborah Rouach les 5, 6 et 7 juillet) ; la très jeune fille
Damien Ricau ; le narrateur et Marcella Carrara, la voix du narrateur
Julien Desmet
Le rôle de la très jeune fille a été créé par Déborah Rouach
Scénographie et lumière Eric Soyer
Costumes Isabelle Deffin
Son François Leymarie
Vidéo Renaud Rubiano
Musique originale Antonin Leymarie
Collaborateur artistique Philippe Carbonneaux
Assistant mise en scène à la création Pierre-Yves le Borgne

A la mort de sa mère, une très jeune fille se fait la promesse de ne jamais cesser de penser à elle plus de cinq minutes... Elle suit son père dans une maison de verre où les attend une nouvelle famille. Cette Cendrillon nous parle du deuil, du désir de vivre, du pouvoir de l'imagination et des mensonges des adultes. Avec une délicatesse qui n'exclut pas l'humour, Joël Pommerat aborde encore une fois les questions graves et vitales de toute enfance.

Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin / Petit Saint-Martin, soirée du 24 juin 2022
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Ici, Cendrillon s'appelle Sandra ou Cendrier, c'est le Prince qui lui donne une chaussure, la Fée fume clopes sur clopes et essaie de réaliser des tours de magie sans utiliser ses dons, mais comme les prestidigitateurs à la télé. Ici, on s'adresse au Roi comme à un copain, les oiseaux s'écrasent sur la maison entièrement en verre de la belle-mère de Cendrillon...Comme on le voit, J. Pommerat s'empare du célèbre conte des Frères Grimm et en dynamite la narration, maintient les enjeux mais inverse les rôles des protagonistes, modernise le propos avec jubilation, dynamite les dialogues. J'ai vu la pièce de théâtre 2 fois et lire le texte m'a procuré aussi beaucoup de plaisir. Jouissif.
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Mon tout premier Joël Pommerat, dont j'entends parler depuis des années via mes ami.e.s théatreuxses !
Cela peut sembler étrange de lire du théâtre, notamment lorsqu'il s'agit d'une pièce contemporaine. La mise en scène et le jeu des acteurices est si important... Mais dans le même temps, j'apprécie pouvoir prendre mon temps pour découvrir le texte, écrit lors du travail des artistes (ce qui rend les répliques si vivantes et familières !) avec leur metteur en scène et l'analyser.
Amateurices de réécritures de mythes, contes et légendes : vous voilà servis ! Joël Pommerat et toute sa troupe proposent ici une relecture toute particulière du conte de Cendrillon en interprétant certains non dits du récit originel. Qu'en est-il du deuil que Cendrillon fait de sa mère ? Comment son père a-t-il pu la laisser subir les atrocités de sa belle famille ? Qu'est-ce qui a poussé sa belle-mère, ses belles-soeurs à la traiter ainsi ? Pourquoi l'a-t-elle accepté, au lieu de se révolter ?
Finalement, l'histoire d'amour se transforme, devient plus que secondaire (si ce n'est quasi inexistante) pour devenir l'histoire d'un deuil : celui d'une enfant un peu perdue, qui ne sait comment aller de l'avant.
A lire et à voir : ça vaut le coup !
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Cette pièce présentée aux premiers abords, par une narratrice, comme un conte fée , mais qui rapidement devient beaucoup plus complexe notamment par ses personnages nuancés mais aussi par une introduction brillamment réussie de thèmes douloureux et très délicats comme le deuil (et la difficulté à le faire) , la solitude , l'adolescence ou encore des thèmes beaucoup plus d'actualités comme les familles recomposées .
C'est une oeuvre sublime et très bien revisitée par Joël Pommerat, loin de celle de Perrault ou encore de Disney, Elle est beaucoup moins féérique et plus rationnelle, elle associe magnifiquement la continuité et les caractéristiques classiques du conte (chaussure , robe , belle-famille, heure/montre …) avec la modernité par les caractères des personnages ou des lieux ( maison en verre , fête au lieu d'un bal…) ce qui fait tout son charme. de plus, en tant qu'adolescent, je trouve que ce roman nous est plus adapté par sa modernité appropriée avec splendeur, cela est agréable. Ensuite le dramaturge réussi à introduire cette aspect avec une grande finesse avec ses personnages comme les soeurs qui sont toujours sur leur téléphone ou la mère qui veut se faire toujours plus belle et plus jeune qu'elle ne l'est déjà , c'est un très bon parallèle avec les « jeunes » de nos jours réalisé aussi par le langage familier utilisé : « débile » , « dégeulasses » qui devient parfois vulgaire avec la fée qui apparait en disant « merde de merde » c'est le personnage le plus drôle racontant sa vie apparemment très ennuyeuse d'une manière peu commune et amusante , elle rate même la plus part de ses tours de magicienne. C'est un livre très bien réussi dans lequel on peut se voir en tant que nouvelle génération, il se lit facilement avec une fin plus réaliste que l'original et des passages plus amusants.





























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Cette pièce se dévore d'une traite ! C'est drôle, c'est triste, on a aussi bien de l'empathie pour Cendrillon que l'envie de se moquer d'elle. Il faut avouer que contrairement à la version magique de Walt Disney, celle de Joël Pommerat prête davantage à sourire, car oui, il faut l'admettre, Cendrillon est légèrement tarée sur les bords, très très naïve, et parfois même casse-pieds. C'est donc une pièce vraiment plaisante à lire. le père n'est pas du tout inconsolable, il semble même se remettre assez vite de la mort de sa femme, et même s'il s'entend au départ à merveille avec sa nouvelle épouse, les nuages noirs vont arriver plus rapidement que prévu. Mais ce qui m'a encore plus plu dans cette pièce signée Pommerat, c'est le final.
Lien : https://commedansunlivre.fr/..
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Cendrillon (pièce de théâtre de Joël Pommerat)

Dans quel type de maison habitent la belle-mère de Sandra et ses deux filles ?

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Thème : Cendrillon de Joël PommeratCréer un quiz sur ce livre

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