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EAN : 9782226176806
248 pages
Albin Michel (14/02/2007)
4.44/5   8 notes
Résumé :
"D'une ville, on croit tout savoir, connaître, comprendre du haut de sa fenêtre. Pourtant, existent d'autres êtres mal connus : ni rats, ni algues mais humains, ils vivent à mi-chemin entre l'algue, le rat et le vol du canard sauvage. Ce sont eux. Ceux de la rue." Lorsque Pierrette se retrouve à la rue, elle n'a en poche que le fragment d'une assiette brisée.
Ce souvenir d'une autre vie, sur lequel sont dessinés les personnages de Perrault, va l'accompagner d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pierrette, la quarantaine, se retrouve veuve brutalement. Son mari, garagiste plus passionné par son métier que par les chiffres lui a laissé des factures, les comptes bancaires sont bloqués...Les petits travaux de couture ne suffisent pas à la nourrir.... Ce sera l'expulsion.... de son ancienne vie elle n'emporte que des débris de porcelaine oú figurent tous les petits personnages des Contes de Perrault. Ces morceaux d'assiette brisée vont accompagner notre héroïne dans sa descente aux enfers avec les sans - abri à travers le désespoir et la misère...C'est un ouvrage bouleversant petri de sensations fortes, de couleurs contrastées et d'odeurs liées à la rue, qui nous touche au coeur, à la fois violent et lumineux, sensible, poétique, à vif, qui transcende la réalité. On vit les souffrances d'une femme tout en magnifiant un monde symbolique, parallèle : celui des Contes de fée... Comment Pap, l'amie de galère de Pierrette, en fée qui s'ignorait bien sûr, savait jeter des ponts vermeils entre réalité et contes?" Les fées, seules peuvent faire ce genre de choses"" La vie à la rue, ça colle, poisse, mélasse....crasse dans les cheveux en plaques grasses,....crasse dans les vêtements,les villes maudites transforment les enfants perdus en gnomes aux ongles et dents noirs".....Pap entraine Pierrette vers des régions dangereuses : l'alcool, cette boisson miracle- qui - hydrate - nourrit- réchauffe et entretient les rêves ......
Anne Calife, en utilisant l'univers du conte moderne et poétique dévoile l'imaginaire et choisit l'ultime force du rêve contre la barbarie. Les Bottes de Sept Lieues du Chat Botté côtoient Sam, Pap, Norredine,Loulou, Vincent , Salah, Sam et Bordel son chien comme les sept frères du Petit Poucet, comme les sept morceaux de l'assiette brisée de Pierrette....Un ouvrage poignant dont on ne sort pas indemne. Il nous oblige à regarder la misère d'une autre maniére. Il nous prouve que le rêve et l'aspiration à la beautè sont de beaux remparts contre le malheur et le désespoir.
Une oeuvre forte oú l'insoutenable douleur, l'abandon, l'exclusion, la pire des indifférences, les égoïsmes exacerbés , la cruauté de notre société moderne côtoient l'inlassable beauté des songes,l'ineffable univers enchanteur des rêves liés aux contes et à l'espoir renaissant !
Les mots manquent tellement les émotions affluent !
Un ouvrage coup de poing!
Merci à Zabeth!

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Plusieurs livres ont été écrits sur le sujet, mais celui-ci sort de la norme.
Conte d'asphalte
Que le titre est bien choisi !
Le conte est omniprésent dans cette descente sur l'asphalte, parmi les SDF
Anne Calife a passé un an parmi ces abandonnés à la rue et a sorti de cette expérience ce superbe roman.
Portant un regard humain sur ces êtres que la majorité feint d'ignorer, elle a partagé leur vie, leur solitude, le froid, la faim.
Le mélange des personnages de contes aux personnages réels allège un tant soit peu la souffrance et fait de ce livre un conte poignant dans lequel on se plonge, partageant le quotidien de la rue.
Une fois le livre refermé, on aimerait continuer à savoir ce que sont devenus tous ces gens.
Une chose est sûre, le regard sur tous ces êtres que l'on croise au détour des rues ne peut que se transformer en « compassion » au sens propre du terme : souffrir avec.
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Voilà une lecture que je n'oublierai pas de sitôt.
Ce n'est pas sans me rappeler " No et moi" de Delphine de Vigan.
Ici je lis que Anne Calife a vécu parmi les ombres de la rue pendant un an, bravo! C'est un beau résultat que ce " conte" qui n'en est pas un car ce qu'il raconte respire le réel, le sordide, l'insoutenable.
Pierrette a tout perdu lorsque son mari est tué dans un accident de voiture...Peu à peu sa vie en sécurité s'effondre, les repères s'effacent: plus de logement, pas de travail, pas d'argent, à la rue!
Bravo Anne Calife pour avoir su trouver les mots justes, décrivant ces vies " transparentes" aux yeux des passants.
Bravo Anne Calife pour la tendresse et la bienveillance que vous avez su porter à ceux qui , à bout de forces et d'angoisses, sont devenus alcooliques, violents, grossiers, par désespoir.
Bravo Anne Calife pour cette douceur que vous leur attribuez, lorsqu'enfin ils peuvent prendre soin d'un plus vulnérable qu'eux.
Votre livre est un grand livre.
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Pierrette n'a que quarante ans lorsqu'elle se retrouve veuve, et seule, du jour au lendemain. le petit commerce de son défunt mari, un garage, qui, pour lui, représentait plus une passion pour les voitures qu'un réel gagne-pain, est mis en liquidation judiciaire. Pendant ce temps-là, rien ne va plus : les factures s'accumulent, les comptes bancaires sont bloqués et les bien modestes petits travaux de couture qu'on lui commande ça et là suffisent à peine à nourrir notre toute jeune veuve. de plus, après l'hiver, ce sera l'expulsion. de son ancienne vie, elle n'emporte que les débris d'une assiette où figurent tous les petits personnages des contes de Perrault. Alors qu'elle baisse visiblement les bras, elle fait la connaissance d'un petit groupe de SDF et accepte de partager leur squat. Et si son coeur bat encore, c'est certainement grâce à Pap, en qui elle voit une mère qui la rassure et la sort du brouillard de sa vie...
Voilà un livre qui ne peut que nous toucher au profond de nous-mêmes. Tous les ingrédients sont là pour qu'on en ressorte bouleversés. Et pourtant, Anne Calife n'enjolive pas la misère, loin de là. Elle impressionne par sa capacité, unique, de nous faire vivre en même temps les souffrances d'une femme, dans un monde bien réel, tout en magnifiant un monde parallèle, symbolique, celui des contes. Elle nous prouve aussi que le rêve et l'aspiration à la beauté sont de beaux remparts contre le malheur et le désespoir. Edité chez Albin Michel

Christophe Combarieu
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Un livre bouleversant, qui ne peut pas laisser indifférent. Il nous invite à regarder d'une autre manière la misère.
Anne Calife a choisi délibérement la rue pendant un an, ce roman est le fruit de son expérience.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
" D'une ville, on croit tout savoir, connaître, comprendre du haut de sa fenêtre. Pourtant, existent d'autre êtres mal connus: ni rats, ni algues mais humains, ils vivent à mi- chemin entre l'algue, le rat et le vol du canard sauvage. Ce sont eux. Ceux de la rue."
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La rue, on commence à la toucher par les pieds, d’abord. Parce qu’il faut marcher sans cesse.
Rues, ruelles parcourues forment un seul fil, qui se déroule sous mes pas douloureux, un fil qui se dévide sans fin, comme ce fleuve qui coulera toujours dans le même sens.
Le sang cogne dans le cuir, dans les chaussures. Mes pieds grossissent, grossissent, paraissent aussi gros que les genoux, que les cuisses, prenant plus de place que tout le reste.
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« La seule, l’unique vérité de l’homme, c’est l’endroit, où il peut abandonner sa nuque, son dos. » Mais l’homme l’a un peu vite oublié, me dis-je, en me tortillant sur le tapis de camping qui ne changeait rien du tout.

- Dors ! Fais pas ta princesse au petit pois. Le sol, c’est bien. Au moins, tu sais que tu peux pas descendre plus bas. Je me redresse dans mon duvet :
-C’est quoi, la princesse au petit pois ?
-Une histoire que je racontais à mes enfants quand ils faisaient, comme toi, des caprices, dit Pap. Dors !
Et elle souffle la bougie.
Dormir ? Facile à dire, il fait noir comme dans un four là-dedans. La seule lumière, était celle du réverbère, une lumière blafarde, une lumière de criminel, de... barbe-bleue, ai-je pensé avec toutes ces portes fermées sur l’inconnu.
-Pap ? J’ai peur du noir.
Du tube bleu du sac ne dépasse que ses cheveux grisés de réverbère.
-Mmmrrrouf, grommelle-t-elle.
-Il était une fois…
…tout, j’oublie tout, les lambeaux des papiers peints, le dur, le sale. Je l’écoute, comme j’écoutais ma mère, enserrée dans le drap rugueux ; je sentais alors la chaleur homogène de mon corps, captée par la couverture et diffuser autour de moi, en globe doré.
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-Votre mari est mort.
L’impression que le sol de la cuisine, le carré blanc de la fenêtre au-dessus de l’évier penchaient. Pour ne pas glisser, je me raccrochai à la surface désormais trop lisse, trop glissante, de l’émail mouillé. )
L’assiette me glissa des mains ; il me sembla voir sa chute au ralenti. Avec un cri de porcelaine brisée, elle s’ouvrit en triangles blancs telle une énorme fleur tropicale, un magnolia.

« Yeux jaunes de l’huissier, ceux du forsythia derrière les branches hérissées et noires. C’était un grand homme, avec d’énormes sourcils noirs, un complet élimé, un air de lassitude, d’habitude au malheur.
Très poliment, il me remit l’avis d’expulsion. La télé, le frigidaire, le four micro-ondes, tout cela parut animé de pattes, de pieds, portés par des humains dans les escaliers pour être avalé par une camionnette blanche. »
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"Même en avril, je dois m’emmitoufler dans les cartons, rabattant encore le bonnet, puis la capuche sur mon visage. Les phases de la nuit varient en saveur, comme celle d’un fruit ; minuit restait une heure chaude si on la compare à celle qui précédait l’aurore.
Les passants doivent se demander, comment peut-on dormir contre une vitre éclairée. Ce qu’ils ignoraient , c’est qu’à chaque passage de voiture, leurs vibrations ébranlaient les vitres et nous berçait doucement. Un reliquat de ventre maternel."
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