Voilà un roman que les voyagistes se garderont bien de proposer à leurs clients cet été ! Ici, pas de coucher de soleil romantique sur le pont de Brooklyn, pas de brunch bucolique dans Central Park ni de rooftop paradisiaque, mais plutôt des quartiers new-yorkais mal fâmés, interlopes, suintant le crime et la misère...
Après une nuit trop arrosée, un jeune barman est abattu en pleine rue, sous les yeux d'Eric Cash, le gérant de l'établissement branché qui l'emploie. Le passé trouble d'Eric et son étrange comportement éveillent vite les soupçons de l'inspecteur Matty Clark, chargé de l'affaire. Commence alors une plongée dans le coeur moite et palpitant du 8ème district : un univers sombre, violent et cosmopolite, où les investigations de Matty s'embourbent rapidement.
Heureusement, l'intrigue policière est ici secondaire, et j'ai été davantage "séduit" (si l'on peut dire !) par l'atmosphère générale du roman, par le rythme et la frénésie des interrogatoires, et surtout par la qualité des dialogues, toujours si percutants, que par l'enquête proprement dite.
Le personnage de Matty, renfrogné et cabossé à souhait, est particulièrement attachant. Avec son équipière Yolanda Bello, il ne ménage pas ses efforts pour retrouver le meurtrier, mais doit en outre maintenir la presse à distance, lutter contre sa hiérarchie qui lui met systématiquement des bâtons dans les roues, et s'occuper en parallèle de Billy Marcus, le père de la victime qui, rongé par le chagrin et le remord, erre dans le quartier comme une âme en peine... Grâce à Billy, l'inspecteur réalisera peu à peu qu'il a lui aussi laissé ses propres fils partir à la dérive.
Toute cette agitation nous offre un roman rythmé et riche en rebondissements, une immersion haletante dans les bas-fonds du Lower East Side.
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A New York, un jeune homme est assassiné par deux adolescents en rentrant d'une soirée bien arrosée.
C'est le type de roman policier dont on sait qui a commis le crime. Dans ce type de roman, en principe, on assiste au cheminement de l'enquêteur pour trouver le meurtrier. Il y a évidemment de cela dans ce roman mais on tourne en rond, on se perd dans les élucubrations de tout un chacun sur sa vie et on est baigné dans une atmosphère noire et sordide de laquelle on a envie de sortir d'autant plus que rien ne nous y retient.
On arrive à la fin de ce livre en se disant voilà c'est fini mais sans plus. Rien de captivant.
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Il attendit, les secondes qui passaient attisant sa fureur.
– Comment tu t'appelles, déjà?
– Eric, répondit le barman.
–Eric? Moi aussi. C'est quoi ton problème, Eric? Tu te crois promis à un plus haut destin?
– Pardon?
– Tu te crois unique, exceptionnel?
– Pardon?
– Je vais te dire une chose. Ici, tu ne fais pas de la recherche pour ton prochain rôle. Tu bosses. On te paie pour ça. Et je vais te dire autre chose. Les clients ne viennent pas dans un bar pour ce qu'on y sert, ils viennent pour le barman. N'importe quel barman qui vaut quelque chose le sait, mais toi, tu restes planté là, tu réponds par un seul mot à tout ce qu'on peut te dire, oui, non, hein, peut-être. Tu donnes aux clients l'impression d'être des ratés, qu'un dieu jaloux t'a envoyé sur terre pour les châtier. Tu vois, Cleveland, là…
Il indiqua le rasta, qui se trouvait maintenant à l'autre bout du bar.
– Il fait le martini comme s'il avait des crochets à la place des mains, mais il est deux fois meilleur que toi comme barman parce qu'il se donne du mal. Pour lui, tous les clients sont des habitués, il ne donne jamais l'impression que ce boulot est une station déshonorante sur le chemin de croix qui mène aux Oscars. […]
À six heures moins le quart, Bobby Oh se tenait sur le trottoir encore très animé en face de la scène de crime, avec Nikki Williams, la petite amie du témoin rouquin.
– Je n'arrive pas à y croire, disait-elle. C'est comme, c'est comme si… c'est ça, c'est la vie. Il suffit de marcher dans la mauvaise rue…
Elle frissonna, le regard grave.
– Comme si de rien n'était. Comme si Dieu avait claqué des doigts.
Bobby eut un geste d'impatience.
–Nikki, j'ai besoin que vous me disiez ce que vous avez vu.
– Il y a un vers célèbre d'un poème, « Le monde ne finira pas sur un bang, mais sur un gémissement »…
Bobby s'adressa aux yeux de la fille :
– « C'est ainsi que finit le monde. Pas sur un bang, mais sur un gémissement. »
Nikki le regarda sans cacher sa surprise.
[…]
– Comment se fait-il que vous connaissiez T.S. Eliot?
– Les singes qui m'ont élevé débordaient d'intelligence.
La guerre de l'Amérikkke à la pauvreté est une guerre CONTRE les pauvres.
Cette année, dans le cadre de la programmation cinéma de Quais du Polar, James Grady présentait "Les Trois jours du Condor" de Sydney Pollack au Com?dia, Irvine Welsh "Trainspotting", Jérôme Leroy "Vanishing Point", Richard Price "Assurance sur la mort" et Philippe Jaenada "Laura" à l'Institut Lumière, Bertrand Tavernier "Dans la brume électrique" au CNP Terreaux, David Lagercrantz "Millénium" au Pathé Bellecour, et bien d'autres ! Retrouvez toute la programmation ici : http://www.quaisdupolar.com/wp-content/uploads/2013/06/QDP16_PROGRAMME-BD.pdf
Vidéo réalisée par les étudiants de Factory.