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EAN : 9782738436696
148 pages
Editions L'Harmattan (30/11/-1)
3.74/5   21 notes
Résumé :
Recueil de poèmes :

Première Solitude
Sonnet
Déclin d’amour
Les Stalactites
Joies sans causes
La Grande allée
La Valse
Le Cygne
La Voie lactée
Les Serres et les Bois
Ne nous plaignons pas
La Terre et l’Enfant
Passion malheureuse
La Bouture
Scrupule
Prière au printemps
Un exil
La Reine du bal
La Laide
Jaloux du printemps<... >Voir plus
Que lire après Les solitudesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
On ne va pas se mentir : Sully Prudhomme a beau avoir été le premier prix Nobel de littérature, parmi les poètes français, il n'est ni le plus connu, ni le plus prisé, ni le plus original. Et si j'ai lu un second recueil de lui après Impressions de la guerre, c'est surtout parce que Meps pousse les membres du challenge Nobel de Babelio à lire au moins deux fois un auteur - ce qui est une bonne chose en soi, puisqu'une première déception peut être trompeuse. Pour autant, je ne m'attendais pas à des miracles.


J'avais pourtant choisi, pour ma seconde expérience, un recueil au titre qui me paraissait plus alléchant que le reste de la production poétique de Prudhomme : Les Solitudes (1869). Non pas que ce soit là un titre hautement audacieux, mais je me disais qu'il y avait peut-être là matière à... à je ne sais pas trop quoi, en fait. Toujours est-il que ma bonne volonté en a rapidement pris un coup dans l'aile.


Pourtant, certaines thématiques étaient prometteuses, comme l'enfance, et notamment l'enfance solitaire (forcément), effacée, qui ne peut pas s'épanouir. C'est le sujet du tout premier poème, Première solitude. Gros souci : le style, très conventionnel, qui brise net tout enthousiasme. Et c'est comme ça tout le temps, et surtout, surtout, quand il semble que Prudhomme tient un sujet qui va lui permettre de se lâcher, de se défaire de son carcan d'alexandrins, de rimes et de césures à l'hémistiche. Eh ben non. Se lâcher, il ne sait pas, ou il ne peut pas, ou il ne veut pas. Il préfère se complaire dans des images mille fois déjà vues, comme celle du cygne qui "chasse l'onde avec ses larges palmes, Et glisse." Bon, bon, bon.


Parlons (rapidement, hein, parce que ça va bien deux minutes) du poème le Cygne, pourtant. Ou de la Valse. Ou d'Effet de nuit. À peine avais-je commencé à lire un de ces poèmes que je me mettais à penser à des artistes qui s'étaient emparés des mêmes motifs, mais qui, eux, se montrèrent novateurs. Degouve de Nuncques et son mystérieux Cygne noir, passant silencieusement sur l'eau dans un parc vide de toute présence humaine. Camille Claudel et son couple de valseurs. Etc., etc.


Pire que tout, ne voilà-t-il pas que Prudhomme se lance dans une diatribe où il vitupère contre les loisirs du peuple - vaudevilles, romans-feuilletons, et ainsi de suite. Pour en avoir lu un certain nombre, je sais bien que la plupart des pièces du théâtre de boulevard de la fin du XIXème n'étaient pas bien intéressantes (je ne parle pas ici de Labiche ou de Feydeau). Mais ça sent beaucoup trop son bourgeois conservateur à mon goût. Aujourd'hui, Sully Prudhomme fustigerait sans doute les séries télé, les jeux vidéo et les mangas, sans distinction aucune. Et je réponds donc ceci à Sully Prudhomme, certes bien tardivement : "Que dire alors des poètes bien assis sur leurs fesses académiques, qui se contentent de se couler dans un moule leur donnant l'impression de faire partie d'une élite sous prétexte qu'ils plaisent à une société timorée, et qui seront plus tard considérés comme de simples faiseurs, prix Nobel ou pas ?" J'attends sa réponse...
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Sully Prudhomme, illustre en son temps, académicien, et surtout lauréat du premier prix Nobel, décerné en 1901, est bien oublié et peu lu aujourd'hui. Rangé souvent dans le mouvement assez disparate du Parnasse littéraire, la plupart de ses amis en littérature n'ont pas tellement mieux survécus dans la postérité : François Coppée, Paul Bourget, et même Leconte de Lisle, ne sont plus vraiment édités et lus, sauf par les spécialistes. Mais Sully Prudhomme continue à exister grâce à la musique : ses poèmes ont souvent été mis à contribution par les compositeurs de mélodie. Il a inspiré Fauré, Duparc, Hahn, Gounod etc. C'est l'un des poètes les plus adaptés par les compositeurs français, après Hugo et Verlaine, ce qui montre à quel point il a été important à une certaine époque. Par ailleurs, ses vers sont souvent cités dans la correspondance de Proust.

Le Parnasse voulait s'opposer aux romantiques, à une expression jugée trop personnelle et lyrique. Les auteurs qui s'en réclamaient, privilégiaient le travail, le soin apporté à l'écriture, une sorte de perfection formelle, au détriment d'un fond et d'une inspiration trop libre. C'est un peu les caractéristiques que l'on trouve dans les poèmes de ce recueil. Il y a incontestablement un travail sur le rythme, sur la forme, sur les associations des mots, sur les images poétiques. Les vers de Sully Prudhomme sont souvent habités par une sorte de musicalité, qui justifie sans doute l'usage qui a pu en être fait dans la mélodie. En revanche, le contenu a un côté quelque peu conventionnel, prévisible, rien de surprenant, rien qui interroge, déstabilise, marque, tout simplement. C'est écrit pour les gens de bonne compagnie, et n'importe qui pourrait lire ce type de vers, tant leur sens est facile à saisir, et leur propos convenable, voire moralisateur parfois. Cela manque de mystère, de clair obscur, de complexité, même si certains poèmes sont vraiment agréables, plaisants à lire.

Mais c'est sans doute idéal pour la musique, car le compositeur, à partir d'un texte qui coule merveilleusement, a toute latitude pour ajouter ce qui manque, une ambiance plus vénéneuse, un sens un peu différent, une interrogation.
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Prudhomme en estimable poète Parnasse
A l'esthétique des formes dévoue son art
Lassé des feux romantiques, se carapace
D'une écriture étique il se fait l'encensoir

Un style, une image prévisible et scolaire
Pour esquisser nos humaines vicissitudes
Vouent les mouvements de l'âme au stationnaire
Vantent peu le mystère de nos solitudes

Et pourtant c'est à fleur de coeur je le soupçonne
Que du temps il évoque la confuse fuite
Mais redoutant que le vague à l'âme bourgeonne
La musique des rêves se voit éconduite

Apôtre du frisson de l'amour il se nomme
Blâmant le bon goût qui souille la pureté
Sully fixe ses pieds et se veut astronome
Quand Brel se mouche dans les étoiles outrées
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Pourquoi choisir la poésie, comme premier prix
Le jury Nobel a sélectionné Sully
Un choix qui interroge, quelle mouche les a piqués.
Choisir un poète, extravagante cette idée.

En découvrant « le dernier adieu », des frissons
m'ont parcouru.
Quelques mots simples et puissants
Evoquent la mort, le sentiment de l'abandon
Rares émois, dans cet ouvrage vieillissant.

« Dans le peuple s'amuse », Sully s'offusque
Plaisirs populaires, pas suffisamment augustes
Hier, aujourd'hui et demain, rien de nouveau
Seuls les classiques sont accepté par le haut.

Cinquante poèmes contenus dans « les solitudes »
Couvrent l'ensemble de sa vie, ses vicissitudes
Je m'attendais à ressentir plus d'émotions.
De cet auteur, je ne peux faire la promotion.
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J'ai un attachement particulier à Sully Prudhomme parce qu'il me rappelle mes années d'école quand j'ai découvert la poésie et la musique des mots. Au collège, j'ai même écrit quelques poèmes, inspirée par les auteurs que l'on étudiait comme le poète français premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901.
Son nom est remonté dans ma mémoire grâce au challenge de Babelio et, mieux vaut tard que jamais, j'ai emprunté par hasard à la bibliothèque un de ses recueils de poésies intitulé "Les solitudes".
J'ai retrouvé ces bons moments de lecture de poèmes en vers qui chantent à mes oreilles même si dans ces textes courts et nombreux se dégage une certaine mélancolie. Car ce recueil porte bien son titre.
La première solitude est celle de l'écolier et la dernière solitude celle de la mort qui lui font écrire de beaux vers comme ceux-ci :
Et l'homme, malgré lui redevenant lui-même,
Devient un étranger pour ceux qui l'ont connu.
Sully Prudhomme évoque donc la solitude à chaque moment de la vie, celle du couple qui valse mais aussi celle du cygne, de la mer ou des étoiles.
Il y est question de saisons, de nature et surtout des tourments de l'amour. Tout pour que ce grand sentimental m'enchante.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Multi-défis 2023
Challenge XIXème siècle 2023
Challenge Nobel illimité
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Les caresses ne sont que d'inquiets transports,
Infructueux essais du pauvre amour qui tente
L'impossible union des âmes par les corps.
Vous êtes séparés et seuls comme les morts,
Misérables vivants que le baiser tourmente !

Ô femme, vainement tu serres dans tes bras
Tes enfants, vrais lambeaux de ta plus pure essence :
Ils ne sont plus toi-même, ils sont eux, les ingrats !
Et jamais, plus jamais, tu ne les reprendras,
Tu leur as dit adieu le jour de leur naissance.

Et tu pleures ta mère, ô fils, en l'embrassant ;
Regrettant que ta vie aujourd'hui t'appartienne,
Tu fais pour la lui rendre un effort impuissant :
Va ! Ta chair ne peut plus redevenir son sang,
Sa force ta santé, ni sa vertu la tienne.

Amis, pour vous aussi l'embrassement est vain,
Vains les regards profonds, vaines les mains pressées :
Jusqu'à l'âme on ne peut s'ouvrir un droit chemin ;
On ne peut mettre, hélas ! Tout le cœur dans la main,
Ni dans le fond des yeux l'infini des pensées.

Et vous, plus malheureux en vos tendres langueurs
Par de plus grands désirs et des formes plus belles,
Amants que le baiser force à crier : « Je meurs ! »
Vos bras sont las avant d'avoir mêlé vos cœurs,
Et vos lèvres n'ont pu que se brûler entre elles.

Les caresses ne sont que d'inquiets transports,
Infructueux essais d'un pauvre amour qui tente
L'impossible union des âmes par les corps.
Vous êtes séparés et seuls comme les morts,
Misérables vivants que le baiser tourmente.
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En mars, quand s'achève l'hiver,
Que la campagne renaissante
Ressemble à la convalescente
Dont le premier sourire est cher ;

Quand l'azur, tout frileux encore,
Est de neige éparse mêlé,
Et que midi, frais et voilé,
Revêt une blancheur d'aurore ;

Quand l'air doux dissout la torpeur
Des eaux qui se changeaient en marbres ;
Quand la feuille aux pointes des arbres
Suspend une verte vapeur ;

Et quand la femme est deux fois belle,
Belle de la candeur du jour,
Et du réveil de notre amour
Où sa pudeur se renouvelle,

Oh ! Ne devrais-je pas saisir
Dans leur vol ces rares journées
Qui sont les matins des années
Et la jeunesse du désir ?

Mais je les goûte avec tristesse ;
Tel un hibou, quand l'aube luit,
Roulant ses grands yeux pleins de nuit,
Craint la lumière qui les blesse,

Tel, sortant du deuil hivernal,
J'ouvre de grands yeux encore ivres
Du songe obscur et vain des livres,
Et la nature me fait mal.
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Parce que l'on en verra sûrement un seul ou en couple, au cours de sorties, balades :

Le cygne

Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d'avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphir,
Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d'ombre et de paix,
Il serpente, et laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d'une tardive et languissante allure ;
La grotte où le poète écoute ce qu'il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée, effleure son épaule ;
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l'azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu'il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l'eau ne se distinguent plus,
A l'heure où toute forme est un spectre confus,
Où l'horizon brunit, rayé d'un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit
Et que la luciole au clair de lune luit,
L'oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
La splendeur d'une nuit lactée et violette,
Comme un vase d'argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments.

1869
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Prière au printemps

Toi qui fleuris ce que tu touches,
Qui, dans les bois, aux vieilles souches
Rends la vigueur,
Le sourire à toutes les bouches,
La vie au coeur ;

Qui changes la boue en prairies,
Sèmes d’or et de pierreries
Tous les haillons,
Et jusqu’au seuil des boucheries
Mets des rayons !

Ô printemps, alors que tout aime,
Que s’embellit la tombe même,
Verte au dehors,
Fais naître un renouveau suprême
Au coeur des morts !

Qu’ils ne soient pas les seuls au monde
Pour qui tu restes inféconde,
Saison d’amour !
Mais fais germer dans leur poussière
L’espoir divin de la lumière
Et du retour !
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Couples maudits

Les criminels parfois ne sont pas les méchants,
Mais ceux qui n'ont jamais pu connaître en leur vie
Ni le libre bonheur des bêtes dans les champs,
Ni la sécurité de la règle suivie.

Que d'amour ténébreux sans lit et sans foyer !
Que de coussins foulés en hâte dans les bouges !
Que de fiacres errants honteux de déployer
Par des jours sans soleil leurs sales rideaux rouges !

Tous ces couples maudits, affolés de désir,
Après l'atroce attente (ô la pire des fièvres !),
Dévorent avec rage un lambeau de plaisir
Que le moindre hasard dispute au feu des lèvres ;

Car tous ont attendu de longs jours, de longs mois,
Pour ne faire, un instant, qu'une chair et qu'une âme,
Au milieu des terreurs, sous l'œil fixe des lois,
Dans un baiser qui pleure et cependant infâme...
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Videos de Sully Prudhomme (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sully Prudhomme
L’émission « Poètes oubliés, amis inconnus », par Philippe Soupault, diffusée le 31 janvier 1960 sur Paris Inter.
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