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EAN : 9782021428193
288 pages
Seuil (07/11/2019)
3.86/5   44 notes
Résumé :
C'est l'histoire d'une ville qui s'effondre. Et d'un maire qui vacille. Ou l'inverse. Depuis l'effondrement, le 5 novembre 2018, de deux immeubles, rue d'Aubagne dans le quartier de Noailles à Marseille, près du Vieux-Port, et la mort de huit habitants, la gestion de Jean-Claude Gaudin est pointée du doigt de toutes parts. A la veille d'élections municipales qui marqueront la fin de vingt-trois ans de règne sans partage, la valse des prétendants prend les allures d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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5 novembre 2018, ces premiers jours de novembre ruisselaient le long des rues de Noailles.
Le ventre de la ville, malade, a flanché.
Deux immeubles effondrés et huit morts, au matin, comme dans une cité abandonnée.
Voilà comment débute le roman de Pierre Pujol, ancien journaliste au journal local "la Marseillaise".
Triste constat d'une ville qui se paupérise et où la mauvaise gestion et toutes les malversations du maire, en place depuis presque un quart de siècle, sont mises en exergue.
Je n'ai pas oublié ce 5 novembre et ce triste drame avec ces pauvres victimes: vendeurs à la sauvette, étudiants fauchés, mères seules et mémés isolées, commerçants de galère, artistes sans le sou, intellos précaires, blédards, sans papiers, travailleurs pauvres, sans activité fixe, sans domicile fixe, sans idées fixes...
Comment au XXIème siècle on a pu en arriver là ? Comment dans la deuxième plus grande ville de France, en plein coeur de la ville, à deux pas des touristes et des hôtels de luxe on a pu laisser crever la misère ?
Ceux qui se font déjà exploiter par des marchands de sommeil mais pas que...
Aux yeux de tous !
Pierre PUJOL nous fait faire un tour de ces arrondissements au coeur de l'actualité: le 3ème, quartier de la Belle de mai, arrondissement le plus pauvre d'Europe, la Plaine, à la limite des 1er, 5ème et 6ème et son mur de la honte, le 2ème, Joliette et rue de la République "Rép" pour faire plus fun et attirer le chaland dans cette artère désertée.
Entre journalisme d'investigation et critique d'un système bien huilé qui a laissé la ville en état de léthargie avancée depuis 30 ans.
Ca grince, ça coince, mais ça dénonce et pas qu'un peu.
J'ai aimé aller à la rencontre de ces habitants, de cette mixité sociale et culturelle qui fait la richesse de cette ville ouverte sur la Méditerranée.
Derrière les résilles de béton, il y a les fissures qui lézardent les murs des logements menacés de péril.
Depuis, les effondrements se ramassent à la pelle.
Marseille la mal aimée, Marseille la maltraitée.

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J'avais lu "La fabrique du monstre" du même auteur, journaliste et marseillais. Pour vivre dans cette ville, j'y avais trouvé une mine d'informations nouvelles ou qui confirmaient ce que je soupçonnais du fonctionnement de cette drôle de ville. Je ne voyais pas bien comment on pourrait sortir la ville de ses dysfonctionnements structurels quasi fossilisés par les années de gouvernance pourrie.

Ce livre ci, part de la catastrophe de le rue d'Aubagne, l'écroulement de deux immeubles, huit morts et des milliers de personnes déplacées à la suite.

J'habite à proximité de cette rue, dire que ce fut une surprise oui et non, je ne suis vraiment pas technicienne mais on peut quand même voir un habitat qui s'abime en continu. de plus pour travailler dans les écoles de la ville, gérées par la ville , j'ai vu, entendu voir profité des bâtiments dégueulasses et très limite et fréquenté aux conseils d'école des élus absents ou incompétents ou noyant le poisson. de là à voir deux immeubles s'écrouler comme des châteaux de sable et entraîner huit personnes avec eux ....

L'auteur repart à la recherche de témoins , croise des données, explique en long et en large le système politique marseillais qui a conduit et est responsable de ces morts.

C'est excellent, il faut le lire et s'arracher les cheveux en comprenant que ça dure ça dure et qu'on n'arrive pas à y changer quoique ce soit !

Je doute de la nouvelle équipe qui a repris dès que possible le "c'est la faute de Paris" et a organisé l'été dernier un spectacle autour du Covid que n'aurait pas renié Gaudin l'ancien maire. Je suis aussi moins sous le charme, sans doute parce que je n'ai pas grandi à Marseille, de la vision très multi-culturelle bon enfant que l'auteur nous présente . Je ne doute pas que cette image d'Epinal de la ville brassant toutes les populations pauvres du monde en bonne entente ait eu un fond de réalité, je doute que ce soit ce qui existe aujourd'hui mais je ne connais pas tout Marseille. L'auteur a aussi raison quand il dit qu'il n'y a pas qu'à Marseille que l'on triche mais à Marseille c'est toujours plus, toujours plus fort, toujours pire je trouve.

A lire sans modération.

Du coup, malgré tout le charme que peut avoir cette ville et encore plus ce qu'elle pourrait être ( mais ce possible n'est-il pas juste fantasmé...), je la quitte sans haine, sans regret mais lassée
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Après "La Fabrique du monstre" (2016), ce journaliste marseillais remet ça.
Point de départ de cette réflexion sur la ville et son système particulier : l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018.
C'est une enquête implacable qui croise des témoignages, des documents, des mises en perspective sociologiques, politiques et économiques. Les magouilles, les méthodes, les trafics, les (mauvaises) habitudes y sont observés, étalés, expliqués -quoique parfois, pour une comme moi, certains montages véreux restent obscurs-. En tout cas, si la ville s'est effondrée, faisant 8 morts il y a 5 ans, ce livre montre au grand jour effondrement bien plus massif dont est victime tout un territoire, et ses habitants. Corruption, clientélisme, incompétence : les 3 mamelles des politiques marseillais.
Le journaliste nous ouvre les yeux sur une réalité bien amère, donne à voir le visage sournois de ceux qui disent aimer la ville mais n'aiment que le pouvoir.

Ce pourrait être plombant, décourageant. Mais Pujol y croit encore, et nous invite à le suivre.. La dernière partie de son reportage s'intitule "Emergence". L'avant dernier sous-titre : "l'espoir".
Cet espoir est dans la révolte contre une gangrène profonde, dans l'énergie de cette population et dans la tendresse qu'elle a pour cet endroit unique.
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LES SYSTEME GUEDIN

On admet aisément que les lieux ont une âme. Il s'agit, le plus souvent, d'une commodité plus qu'une certitude métaphysique. Tout de même... Si des localisations dans l'espace ont une âme, peut-on supposer qu'elles transmigrent ? Leurs prochaines incarnations se doivent de refléter l'avancement ou la reculade sur l'échelle de la félicité. Je m'interroge. Qu'a bien pu faire Marseille pour mériter Gaudin presque 30 ans ?

Le 5 novembre 2008, deux immeubles rue d'Aubagne, dans le quartier de Noailles près du vieux port, s'effondrent et huit personnes y perdent la vie. Gaudin tombe le masque. Lui qui, via sa politique immobilière, porte l'art du profit immédiat à une température proche de la fission nucléaire. Un masque mortuaire, grinçant et figé, que la galéjade, les peuchère pagnolisés à tour de bouche, n'arrivent plus à animer.

Gaudin a mis trente ans à conquérir Marseille, 27 ans à la conserver. Et il vacille. Enfin... L'accent chantant tourne à vide, ainsi que sa tactique à tendance à noyer sous le bashing toutes critiques à son encontre (c'est la faute à l'Etat, Paris, le PSG). le Vieux se retire.

Les bébés Gaudin sont là, prêt à fondre sur le trône. Ils se jaugent, se détestent, mais partagent le même creuset d'un seuil d'incompétence si bas qu'on va trouver du pétrole, une indécence invraisemblable et une offuscation qui vient plus vite qu'un tweet de Donald Trump (Paris, l'Etat, le PSG, encore...).

Pujol délaisse ici le ton plus factuel de la fabrique du monstre, son précédent livre sur Marseille. Il adopte une ironie distante, une hargne sincère. Il faut dire que son pamphlet est étouffant, sidérant, hallucinant par moment. Parfois un brin abscons, il m'est arrivé de décrocher devant les sigles paradant en nombre pour alimenter le mille-feuille administro-financier marseillais, celui qui fait le miel des conseillers municipaux et promoteurs. Et le malheur de ses habitants. C'est aussi par son attention aux plus humbles, aux dupés concassés du système, que Pujol emporte l'adhésion.

Marseille est à la croisée des chemins. Philippe Pujol nous éclaire sur celui à ne plus emprunter.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Si c'était de la fiction ce serait tellement drôle ces magouilles, cette médiocrité dans une ambiance de trahison et de petits arrangements entre amis voire ennemis.
Mais hélas il s'agit d'une réalité politique qui ne passe pas mieux sous le soleil de Marseille.
Le bizness de la misère est tout simplement abject, promoteurs et autres pros du BTP ont perdu toute humanité c'est à pleurer de désespoir.
Mais cette ville lumineuse et mal gérée est aussi source de créativité, de solidarité et d'intégration comme nulle autre ailleurs et c'est bien sans le politique qu'elle est en train de se réinventer.
Un exemple à venir ?
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Depuis vingt-cinq ans, Marseille est une démocratie citoyenne abandonnée aux usurpateurs. Ils ne se sont pas sacrifiés pour Marseille mais ont sacrifié Marseille pour leurs carrières. L’âme d’une ville sur leur conscience. Le Rouet, un quartier villageois entier dévasté pour en faire une sorte d’immense résidence bas de gamme impersonnelle. La Capelette minée de barres d’immeubles moches qui se transforment déjà en cités sensibles. Euroméditerranée et sa smart city fantôme. L’aseptisation progressive des noyaux villageois du IIIe arrondissement. Le délabrement des piscines municipales. Les inégalités qui enfoncent toujours plus les quartiers Nord. Des écoles presque en ruine. Les effondrements de la rue d’Aubagne. Au moins 4 000 immeubles présentent un péril à Marseille, on ne le répétera jamais assez. Il est dans l’intérêt des géants du BTP que les immeubles s’effondrent. C’est du business. Et le business n’a pas d’états d’âme. Mais la politique doit en avoir. Elle ne sert même qu’à ça. Et à Marseille, dans la majorité, on est contents ; la majorité vit dans son décor en carton-pâte. Une ville en chocolat.
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Le drame de la rue d'Aubagne est le symptôme bubonique des falsifications, arrangements, malversations électorales, en un mot du clientélisme qui incube depuis des décennies dans les tréfonds de la politique municipale marseillaise.
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L’un des plus formidables échecs de sa mandature (il n'en manque pourtant pas), la réhabilitation de la maudite rue de la République. Il la voulait bourgeoise et luxueuse, elle est désormais vide mais toujours populeuse. L'une des seules avenues haussmanniennes de la ville offre des boutiques majoritairement fermées et des appartements inoccupés. Vous avez un projet d'activité commerciale ? est annoncé sur de grands panneaux colorés, rejoignez-nous dans une rue qui a du rythme. Une bite a été dessinée dessus à la bombe. Jai déja raconté les expropriations viriles, les pressions, les méthodes musclées, administratives ou judiciaires pour se débarrasser de la population pauvre de cette grande artère qui part du Vieux Port vers le port de commerce.
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Paul Piccirillo a été pendant des années le directeur du centre social de La Renaude, une cité habitée principalement par des familles gitanes. Il s’efforçait de montrer le monde à ces nomades qui ne l’étaient plus et restaient enfermés dans leur camp sédentarisé du boulevard Hérodote qui contrairement à ce qu’indique son nom est en fait une impasse. « Un jour, on a réussi à en emmener une vingtaine dans une station de ski. C’était incroyablement touchant de les voir découvrir la neige, le ski et les remontées mécaniques. Comme des gamins. Les Gitans sont des gamins. On était mal équipé, certains s’étaient faits beaux et skiaient en cravate et veston pour cette grande occasion. Ils riaient tout le temps et buvaient pour se tenir chaud. Des gens dans la station avaient peur, ça se voyait, mais il n’y a jamais eu de problème. On y a veillé, c’est certain, mais c’est surtout qu’ils étaient heureux et ne voulaient pas nous trahir. Et puis à la fin de la journée, j’ai réalisé qu’il manquait quatre personnes. Quatre jeunes hommes que je ne me souvenais pas avoir vus de la journée. On riait tellement que je n’y avais pas prêté attention. Alors je suis vite rentré aux locations, on avait loué des chambres dans une résidence pas trop chère un peu éloignée des pistes. Et quand j’ai ouvert la porte… Ils étaient tous sous les douches. Ils avaient pris huit heures de douche. Toute la journée. Pour eux, la douche chaude était l’un des plus grands luxes possibles, eux qui se lavaient seulement de temps en temps avec l’eau froide d’une bouche à incendie de La Renaude.
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Tous n’ont pas le même culte, tous n’ont pas la même culture et tous n’ont pas les mêmes coutumes. L’islam de Marseille est fait d’« islamixtes ». Une co-citoyenneté, ou plutôt une mi-citoyenneté. Une identité moitié-moitié mais jamais entière. Moitié comorien et moitié marseillais. Moitié algérien et moitié marseillais. Moitié tunisien et moitié marseillais. Moitié marocain et moitié marseillais. Tous avec une moitié marseillaise, mais ils ne sont pas vraiment considérés comme français.
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Vidéo de Philippe Pujol
Le chef de l'État Emmanuel Macron est de retour à Marseille et détaille pendant tois jours le deuxième volet de son plan pour aider le territoire. Cette visite, d'une durée inédite, envoie un signal aux Français. La période dite des "100 jours" (100 jours après la fin de l'épisode de la réforme des retraites pour renouer la confiance avec le pays et relancer les autres réformes) est terminée, et le chef de l'État repart au contact de la population et développe des moyens pour aider les territoires. Pour évoquer Marseille, la représentation de cette ville, et comment Marseille est devenue en quelque sorte le reflet des maux français, Guillaum Erner reçoit : Philippe Pujol, journaliste. Béatrice Giblin, géographe.
#marseille #macron #politique ____________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
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