Enfin ! Enfin un philosophe qui ose s'attaquer au handicap, il était temps. Et c'était risqué. Soyons clair : le handicap est le cauchemar de la philosophie occidentale bâtie, tout courants confondus, sur l'être humain bien pensant, doué de raison.
Alors que la philosophie à mandat d'être universelle, si l'on retire la raison de l'homme, la philosophie n'a plus rien à en dire, les plus beaux édifices de la pensée s'écroulent. La philosophie n'apprécie ni les nourrissons, les vieillards ni les personnes dénommes handicapées. Ils lui posent un problème fondamental, avec ces humains là, la philosophie n'a plus de sol.
A la lecture du livre, on confirme ce constat inouï. Et on apprécie d'autant l'ouvrage de
Bertrand Quentin qui reconnait d'emblée cet état de fait. La philosophie ne s'occupe pas de handicap, mais le handicap vient interroger ce qu'est un homme, question fondamentalement philosophique.
Tout reste donc à faire pour revoir les écoles, les concepts et les théories philosophiques à l'aune de la vulnérabilité commune à l'humanité. Reléguer le fantasme de l'autonomie au profit d'une interdépendance partagée, repenser les attributs qui fondent une être humain. La tâche est immense et cet ouvrage à le mérite de le souligner. Un opus essentiel donc...