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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens de terminer le volume XI du Dernier Royaume : L'hommes aux trois lettres de Pascal Quignard. Je viens de découvrir cet auteur, il y a peu et j'ai adoré ce roman.
Suis-je impartiale ? Peut-être pas mais Pascal Quignard y parle d'art, de musique, d'écriture, de lecture, c'est un érudit qui se sert de références, de penseurs, du latin, d'étymologie je suis tombée sous le charme. le texte est poétique. Pascal Quignard a sa propre musique et donne du rythme à ce roman grâce aux nombreux chapitres. Avec énormément de belles phrases et parmi elles "la phrase", celle que vous retenez, qui s'adresse à vous par sa vérité et sa simplicité : " L'identité de celui qui pénètre dans les livres est transformée pour toujours."
C'est un livre qui touche à mon univers par sa vision de l'art et plus particulièrement de la lecture et de l' écriture qui me passionnent. Beaucoup de lecteurs et d'auteurs en herbe devraient s'y retrouver.
Merci aux éditions Grasset pour cette opportunité de découvrir ce roman en avant première.

#L'homme aux trois lettres #NetGalleyFrance

Sortie le 02 septembre 2020
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Vous avez raté les 10 tomes précédents de cette oeuvre monumentale que l'auteur a nommé LE DERNIER ROYAUME ? Alors, vous pouvez peut-être commencer par ce tome 11. Cela tombe même bien, il parle de votre passion, de notre passion : LE LIVRE. La forme peut dérouter au premier abord. J'ai envie de dire qu'il s'agit de poésie en prose. Un livre qui parle du Livre. Une littérature pour dire l'histoire de la Littérature.

Pascal Quignard déconcerte, entraîne dans ses rêves herculéens, comble de ses millions de vie, ne laisse jamais indifférent. On est plongé dans un tourbillon, un maelstrom de l'Histoire transmis par les écrits, les mythes, parcourant les époques plus vite que le vent. Il fait dialoguer : Pétrarque, Cicéron, Ravel, Colette, Mallarmé, Freud, Tite-Live... empruntant aux uns et aux autres, malaxant le tout pour composer des textes étranges, puissants, uniques. Ici, l'auteur parle aussi de lui-même, il se dévoile dans un court volume bilan, autobiographique. Passionnant !

Le temps selon Pascal Quignard : être heureux c'est oublier le temps, affirme l'auteur dans le jeu le plus doux

« Sauter l'heure des repas, oublier le rendez-vous, ne plus savoir si c'est le jour ou la nuit, sont des évènements plus importants qu'avoir un avenir.
Là encore un rêveur, l'enfant, le joueur, le musicien, l'amateur de fantasmes, de perversions, de fétiches, le mystique, le lecteur, l'érudit, le savant, tous sont des affranchis du temps. »

En miroir, être malheureux, c'est l'obsession du temps. Dans la Tapisserie, Pascal Quignard revient sur ses deux dépressions sévères, en 1975 et 1981. Il consacrait son temps à d'immenses tapisseries pour lutter contre ce temps insupportable.

Le texte expliquant le titre, l'Homme aux trois lettres, arrive au chapitre III. C'est FUR, ce qui signifie en latin le voleur et qui a donné le mot français FURTIF. Pascal Quignard passe du vol – effraction – au vol de l'oiseau...
A travers une écriture superbe, il nous initie ainsi au miracle des mots qui élèvent, qui volent dans les deux sens du mot. le rêve – l'écriture qui lui est apparentée – dérobe les silhouettes de la nature, les saveurs, les êtres du passé. Les écrivains, les lecteurs, sont pour lui une confrérie, une assemblée d'hommes et de femmes hors du temps, étudiant en silence, « volant » sans bruit, comme le vol de l'oiseau.

Et toujours ces fulgurances qui n'appartiennent qu'à Pascal Quignard pour décrire l'étrangeté de la vie, le bonheur et la douleur aussi !

Voici un livre que j'ai lu et que j'ai ouvert ensuite à n'importe quelle page. Surgit alors un nouveau texte, des images, un sens qui m'étaient cachés à la première lecture. Des quelques livres que j'ai lus de cet auteur, celui-ci est peut-être le plus fort, le plus personnel. Lui qui cite abondamment les anciens lettrés, ne cite ici qu'une seule fois Cicéron comme s'il acceptait de parler en son nom propre: « Qu'y a-t-il de plus doux qu'un loisir dédié uniquement aux lettres ? »

Pascal Quignard a entrepris de renouer avec la vie par l'écriture suite à un grave problème de santé – Les désarçonnés, Tome 7 du Dernier Royaume, publié en 2012 raconte en creux cette expérience –. Cela donne des tableaux qui ont rapport tout à la fois à la poésie, au songe, à l'histoire, à l'érudition la plus complète, à la philosophie, à la psychanalyse, voire à la musique – il est violoncelliste, à l'origine du film « Tous les matins du monde » et Prix Goncourt 2002 pour Les Ombres errantes –.

LE DERNIER ROYAUME est composé de 11 volumes édités depuis 2002. Pascal Quignard publie sans discontinuer depuis cinquante ans une oeuvre qu'il décrit lui-même comme sans borne, sans dessein, de littérature pure, infinie, océane ! Comme si l'auteur ne devait pas, ne pouvait pas s'arrêter d'écrire.
A quand un tome XII à ce Dernier Royaume ? L'Empereur des lettres – son oeuvre est l'une des plus importantes de la littérature française contemporaine – en est bien capable...
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Retrouvez cette chronique avec illustration – photo composition personnelle avec le portrait Pascal Quignard, la couverture du livre, le penseur de Rodin réinterprété et la glycine de mon jardin – sur mon site Bibliofeel ou sur la page Facebook clesbibliofeel.

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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On ne peut ranger ce livre de Quignard dans une case : roman, essai, autobiographie ,poème. Il est tout cela , méditation sur l'acte de lire, d'écrire, errance rêveuse autour de la page blanche , entrelac érudit et naïf d'une culture irradiante et de la vie simple du corps , jouissance du mot , de la syntaxe. Un bonheur pour l'amoureux des livres et de la lecture , à savourer dans le silence et la patience car tout n'est pas donné…
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Cet homme aux trois lettres, c'est le "fur" latin, le voleur. Toute littérature, selon Pascal Quignard, est un vol. Parti du principe que le mot "littérature" est sans origine, Pascal Quignard se propose d'explorer la chose écrite comme la chose lue. de l'écrivain qui se tait au lecteur silencieux, l'écrit passe "à travers une forêt de symboles". Les références au "jadis" restent nombreuses elles sont souvent théologiques: le tau, symbole de la croix en lettres hébraïques, grecques, latines…
Ecrire est ce silence intérieur qu'on transmet aux autres âmes vivantes (qui s'extraient du temps) ou mortes (incantations écrites près des cadavres, poèmes aux morts…)
Toutes les oeuvres des grands écrivains sont des plagiats plus ou moins habiles. La lecture garde une force magique, présuppose un au-delà. Ainsi Saint-Augustin est-il transformé à la vue du profil de Saint-Ambroise, l'évêque de la Cité de Milan, lisant dans la nef de l'ancienne basilique.
Allégorie de la lecture/écriture du voleur volé, du "claquoir des ténèbres" comme les deux pages d'un livre dont le claquement annonce la mort du Christ, de Dieu donc.
On explore une fois encore chez Quignard, les différentes langues, l'origine des mots, on voyage au coeur des rituels, dans le temps, dans ce "jadis" cher à l'auteur, on vole ses pensées comme on reçoit une communion et on en est à jamais transformé.
Un plaisir absolu de lecture que j'ai fini à l'aube.
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