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sur 244 notes
Elle écoute, en contrebas, la mer. Elle ferme les yeux……

Quatrième de couverture
"Ce n'était pas de l'amour, le sentiment qui régnait entre eux deux. Ce n'était pas non plus une espèce de pardon automatique. C'était une solidarité mystérieuse. C'était un lien sans origine dans la mesure où aucun prétexte, aucun évènement, à aucun moment, ne l'avait décidé ainsi."

Pascal Quignard nous offre à lire avec Les Solidarités mystérieuses un roman aux descriptions minutieuses de la nature, d'un visage, d'un corps, d'un geste quotidien, un roman aux descriptions romanesques aussi avec ses secrets de famille, les jalousies amoureuses. Chapitre après chapitre ...
...Portrait énigmatique de femme, Claire... suite sur le blog
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Le paysage âpre des landes bretonnes, une femme amoureuse et sauvage consacrée à un homme et vouée à un lieu, la communion avec la nature, la folie qui guette, la solidarité mystérieuse avec le cadet, une confiance dénuée de tout jugement... de beaux personnages (l'héroïne Claire, son cadet Paul ou encore Jean, l'amant de ce dernier) unis par des liens forts. On retrouve des motifs récurrents de l'oeuvre de Pascal Quignard : la fusion avec le paysage, la maison abandonnée qui renaît (comme dans Villa Amalia, auquel ce roman fait écho), la frugalité - l'ascétisme même - le goût pour les marches infinies, etc. Seule la dernière partie (hormis les toutes premières pages, très fortes, sur le frère et la soeur) m'a moins convaincue, semblant sacrifier à ce tic contemporain des regards croisés sur un personnage. En bonne bretonne, je préfère le mystère des brumes sur la mer...
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Nous avions déjà suivi Pascal Quignard dans son très beau roman Villa Amalia, nous le retrouvons ici avec ce non moins beau livre, Les Solidarités mystérieuses, un roman très fort, le roman de la quête, quête d'apaisement, de racines, d'identité, d'amour. Chacune des parties porte le nom d'un protagoniste, on découvre peu à peu les personnages, vus les uns par les autres, liés les uns aux autres par les liens du sang et de la mer ; et le portrait de l'un dévoile l'autre en filigrane.

Claire, jeune linguiste d'une quarantaine d'année, revient dans le village de son enfance pour un mariage. Ce petit village de Bretagne, non loin de Saint-Malo, elle y a grandi avec son frère Paul, élevés par un oncle et une tante après le décès accidentel de leurs parents. C'est là qu'elle a rencontré son premier et seul amour, Simon, installé avec son épouse et leur fils, devenu maire et pharmacien.

Claire retrouve avec bonheur ces lieux, la rencontre avec Madame Ladon, son professeur de piano l'incite à rester.

" Sur la falaise, immobile, le corps dans le vent, dans le ciel, elle redevient heureuse."

Claire n'a pas toujours été heureuse en ces lieux, on lit entre les lignes une tension dans la famille de sa tante, on lit cet éloignement avec son frère envoyé en pension et qu'elle semble connaître peu mais, rapidement, la lande s'empare d'elle. Elle marche pendant des heures pour se l'approprier, faire corps avec elle, jusqu'à finir par s'installer dans une petite maison isolée où son frère la rejoindra bientôt.

" Elle aimait ce lieu. Elle aimait cet air si transparent, par lequel tout était plus proche. Elle aimait cet air si vif, où tout s'entendait davantage. Elle éprouvait le besoin de reconnaître tout ce qu'elle avait découvert du monde, ici, jadis. (...) Elle aimait ce pays. Elle aimait cette grève si violemment escarpée, si noire, tellement raide, tellement à l'aplomb du ciel. Elle aimait cette mer. "

Au milieu d'une nature très présente, Claire se rapproche de Simon. Ils se sont aimés. Ils s'aiment encore.

Elle l'observe de loin, partout, tout le temps.

" le plus souvent, elle croyait qu'il l'y rejoignait. Et il suffisait qu'elle crût qu'il la rejoignait pour se mettre à lui parler, dans son coeur, sans finir, comme s'il était là, et lui raconter tous les événements du jour. "

Elle l'aime encore et cela tourne à l'obsession.

" Elle pensait tellement à lui qu'elle n'était jamais seule. " voilà comment Paul, le petit frère De Claire analyse cette passion. Il viendra rejoindre sa soeur, veiller sur elle et faire lui-même sa vie dans cette lande balayée par les vents. Là, il va observer la passion, et vivre la sienne avec le jeune curé. Là, il va nouer avec sa soeur des liens extrêmement forts, ces solidarités mystérieuses qui font la beauté de ce livre.

" Ce n'était pas de l'amour, le sentiment qui régnait entre eux deux. Ce n'était pas non plus une espèce de pardon automatique. C'était une solidarité mystérieuse. C'était un lien sans origine dans la mesure où aucun prétexte, aucun événement, à aucun moment ne l'avait décidé ainsi. "

Porté par la nature et la musique, ce très beau roman nous entraîne au plus intime des liens que l'on tisse. L'écriture est sobre, en totale harmonie avec le décor.
Lien : http://parisiannemusarde.ove..
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C'est un beau roman tout en poésie. Poésie des mots, des images qu'ils font naître et poésie du lieu, la Bretagne. C'est l'histoire d'une vie, celle De Claire, orpheline avec son frère Paul. C'est l'histoire d'un amour impossible d'un amour rêvé dont la mort approfondi la présence. Cet amour s'intègre progressivement à l'environnement jusqu'au moment où Claire fait partie intégrante de cette nature. de ce cheminement Paul est le témoin qui accepte sans condition sa soeur et ses états d'âme, sa soeur et ses errances. Une solidarité entre ces deux êtres qui devient le pilier de ces deux vies. En arrière fond toujours la présence de la mer, du ciel et de la nature entière. Il y a une certaine lenteur dans le rythme mais le roman s'avale à toutes vitesse car on veut savoir , comprendre, connaître ce cheminement, cette vie De Claire et un peu celle de Paul.
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Venue à Saint-Lunaire pour le mariage d'une petite cousine, Claire, une traductrice quarantenaire, redécouvre les lieux de son enfance. le granit, la lande, les genêts, un monde baigné par la mer et le ciel. Elle rencontre son ancienne professeure de piano Mme Ladon qui lui propose de l'héberger. Son appartement cossu de Versailles vendu, elle rompt les ponts avec son ancienne vie. Libre, elle arpente toute la journée les chemins de la terre sauvage quand elle ne guette pas Simon, son amour de jeunesse. Paul, son frère la rejoint. Claire et et Paul, la soeur et le frère élevés séparément se retrouvent.

Ce livre magnétique à l'écriture elliptique rend grâce aux paysages de la baie de la Rance et aux relations où l'on se comprend par un regard ou à demi-mots. Solidarités mystérieuses quand une soeur et un frère qui se connaissent si peu, se complètent et s'épaulent. Ou plutôt lorsque Paul vient aider Claire toujours amoureuse de Simon désormais marié. La femme de ce dernier, jalouse, met le feu à l'ancienne ferme que madame Ladon prête à Claire. Et Paul arrive au secours de cette soeur, au chevet De Claire avec qui il ne partage que peu de souvenirs.

La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2011/11/pascal-quignard-les-solidarites.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Livre découvert dans le cadre de mon Challenge ABC 2018/19.
Claire revient en Bretagne, pays de son enfance, pour le mariage de la fille d'un de ses cousins. Elle replonge alors dans ses souvenirs et surtout, elle se retrouve aspirée par ce coin de France qui la marqué au plus profond de son être. Elle rencontre Mme Landon, sa prof de piano s'installe avec elle, renoue une forte relation et revoit son amour de toujours, Simon, aujourd'hui marié et père mais pour qui cette passion aussi se ravive.... On croise un tableau de personnages émouvants et surtout, on parcourt la lande bretonne, son littoral avec Claire qui ne cesse de marcher dans ce paysage, ou errer, ou aimer, ou s'imprégner, on ne sait...
J'ai aimé la poésie qui se dégage de ce livre et les relations décrites par l'auteur entre chaque personnage. C'est fort, émouvant, avec un décor magnifiquement décrit et rendu vivant par Pascal Quignard.
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Claire, Simon, Paul, Juliette et la voix sur la lande comme autant de personnages pour exprimer les liens sourds, puissants, mystérieux qui relient une femme à son amant, une soeur à un frère ou encore deux femmes libérées du rôle de mère.
Au départ, tout parait simple Claire revient vivre en Bretagne sur les lieux de son enfance. Au fil des jours, elle se confronte à ses habitants, aux éléments et surtout à ses souvenirs. Ces rencontres amènent insidieusement troubles et désordres.
Pour l'exprimer, Pascal Quignard s'attache aux faits, aux sens, pour mieux écarter une psychologie de bazar et des explications trop évidentes. La confusion grandit alors qu'on change de point de vue à chaque partie, une manière de bousculer un peu la logique linéaire du récit. Son écriture singulière constituée d'un vocabulaire simple, de phrases courtes et de répétitions, un sens pointu de la rupture et du rythme concourt à installer une atmosphère étrange, presque irréelle et au final poétique. Ce dispositif sophistiqué permet de faire vivre au lecteur des faits et sentiments dramatiques avec des mots les plus modestes qu'il soit. Impressionnant.
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Il y a Claire ou Marie Claire ou.. ses attachements à la voix de Madame Ladon, à son frère Paul, le petit frère - cette solidarité mystérieuse, compagnonnage qui se fait plus fort avec le temps, cette paire où c'est elle qui décide toujours, et même de se laisser soutenir, porter quand la faiblesse est trop grande – à Simon aimé, obsession, attachement qui se confond avec son lien avec la lande, le village, la petite ville à laquelle elle finit par s'identifier.
À plusieurs voix, en plusieurs actes, portant le nom d'un des personnages, mais où elle, et la région, sont toujours le point central, déclencheur.
Il y a le récit où on ne suit qu'elle, le chapitre de Paul, qui est chemin vers les retrouvailles dans la ferme, le chapitre de Simon qui porte presque exclusivement sur les moments qui lui sont consacrés à elle, le chapitre de Juliette sa fille, le chapitre polyphonique avec la voix de Paul, celle du prêtre quand se reforme le couple qu'il fait avec Paul, celle de l'amie d'enfance qui la comprend mal mais devine ce qu'elle va faire, celle de la fille venue se réfugier après son divorce, celle du fermier voisin – cet accord simple qu'elle trouve avec lui comme avec la Madame Andrée de Madame Ladon.
Il y a les histoires de famille, et la personnalité de leur mère, étrangère à la Bretagne, grecque, les histoires d'héritage, les regards de la petite communauté – elle, un peu étrange, un peu folle, pas très propre, mais respectée pour son allure.
Il y a surtout peut-être la mer, le granit, les plantes, ses retrouvailles avec cela jusqu'à, peu à peu, s'y fondre.
Il y a le roman, très construit, de ce désordre qu'elle est – un récit classique, des descriptions sensuelles, mais il y a à travers cela cet accord mystérieux avec les forces de la nature, la vie et bien entendu la mort, les correspondances, le chant.
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Comment faire pour démêler un écheveau constitué d'une filiation incertaine, d'une famille dispensant une éducation dure, d'une fratrie aux relations subtiles, à la limite de la perversité.

On le décrit dans le dernier roman de Pascal Quignard « les solidarités mystérieuses », dont la trame est la suivante : Claire Methuen, traductrice émérite de son état-elle maîtrise sept ou huit langues- revient en Bretagne dans une aire comprise entre Saint-Briac, Saint-Lunaire, Dinard, Saint-Malo, assister à la cérémonie de mariage.de sa fille Mireille. Elle aime toujours Simon Quelen, ami, ou amant, d'enfance .Ce dernier s'est établi comme pharmacien, il est maire de la commune de la Clarté, située aux confins de St-Briac et de St-Lunaire .Elle voue à son frère Paul, des sentiments ambivalents ; ces derniers ressortissent à l'affection réciproque d'un frère et d'une soeur, et aussi au souvenir douloureux de leur enfance, marquée par de longues séparations. Les parents de Paul et De Claire sont morts lorsque les enfants étaient encore très jeunes.
Paul entretient avec Jean, un prêtre, des relations homosexuelles.

On ne sait au cours du roman quelle est la véritable nature des sentiments que se vouent les personnages les uns aux autres. La révélation de leur nature est parfois déconcertante : Ainsi, le ressenti de Mme Ladon une de ses connaissances dans la localité à propos de son veuvage : «A mon grand étonnement, mon deuil s'est transformé en grandes vacances. Je respectais les qualités et l'anxiété ; et l'honnêteté, et la piété de mon mari ; je fus soudain en congé de ses tourments. Non pas des grandes vacances : d'immenses vacances. »
C'est le cas de Paul, qui analyse les sentiments de sa soeur pour Simon Quelen : « Je veux dire par là que ma soeur n'a jamais été amoureuse de Simon Quelen (…) Elle le contempla chaque jour jusqu'à sa mort terrible .Elle assista à cette mort-et elle en fut même, je crois, terriblement heureuse. »

S'ajoutent à ces relations, toujours empreintes simultanément de la douleur du souvenir et de la nostalgie de la présence des êtres aimés dans un passé lointain, le cadre de ce roman, la région de la baie de la Rance, la description de ses nuances climatologiques, de la mer, de la flore qui suscitent un envoûtement sous-jacent. le rôle joué par la nature dans la conduite des personnages est également privilégié.
La dernière partie est articulée à l'image du roman Les vagues de Virginia Woolf. Chaque personnage y reprend la parole, à tour de rôle, pour délivrer sa vision .Au-delà de la douleur et du tourbillon des sentiments, l'éternité est présente aussi, un propos De Claire l'évoque : « Toutes ces beautés seront vivantes .Toutes les choses belles vivent. Les choses vivantes sont toujours des souvenirs. Nous sommes tous des souvenirs vivants de choses qui étaient belles .La vie est le souvenir le plus touchant du temps qui a produit ce monde. »


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L'oeuvre de Pascal Quignard est considérée comme l'une des plus importantes de la littérature française contemporaine; cette oeuvre est complexe : les thèmes sont souvent ressassés, les découpages très fragmentaires, et cela déroute. Ces thèmes tournent autour de la mort, la lecture, le silence, les lieux, la musique, la sexualité, sur un fond empreint de dépression. Il réalise un travail sur la mémoire et l'inéluctable métamorphose des souvenirs, l'amitié, les amours contingentes.

Pascal Quignard travaille entre fiction et réalité, entre philo et psychologie, entre musique et littérature.

Son style si particulier lui a valu un épithète, celui de quignardien, une écriture coq-à-l'âne quignardienne, répétitive.

Sa consécration est arrivée avec le salon de Wurtemberg et la notoriété avec le suivant, Les Escaliers de Chambord (1989).

Les solidarités mystérieuses est un roman choral qui se lit facilement et qui correspond très bien au style découpé et à l'ambiance sombre de l'écrivain.

Le fil de l'histoire est mené par Claire, une femme polyglotte qui travaille comme traductrice et qui revient s'installer en Bretagne d'où elle est originaire. Elle a eu une vie triste, a perdu ses parents et sa petite soeur de 3 ans, tôt dans sa vie. Il lui reste un frère, Paul, mais les deux enfants ont été élevés séparément et se connaissent mal.

Toute sa vie Claire pense avoir été amoureuse de Simon, chez les parents duquel elle a fait un séjour étant petite fille. Et Simon, devenu pharmacien et maire de son petit village, est un personnage public, marié et père de un enfant.

Claire s'installe en Bretagne et très vite elle sera aidée et soutenue par son ancienne professeur de piano qui finira par l'adopter.

La vie de Claire dans ces parages est un peu spéciale, elle se lie peu, elle a encore des connaissances de son enfance, mais c'est une sauvageonne qui rôde en permanence dans ces landes venteuses qu'elle connait si bien.

Son frère Paul, viendra la rejoindre et l'aidera à s'organiser sur le plan matériel car Claire ne s'intéresse pas à cela, ni à son intérieur; elle est obsédée par Simon qu'elle guette en permanence.

L'histoire est joliment racontée en 5 parties, chacune avec un narrateur différent, ce qui va nuancer un peu cette histoire. C'est Claire qui commence, suivie de Simon, et chacun apportera des points de vue et des informations différents. Ensuite ce sera à Paul de compléter l'écheveau jusqu'à l'apparition de Juliette au quatrième chapitre et c'est une surprise car jusque là Juliette qui est la fille abandonnée de Claire, n'intervenait pas dans le récit.

La cinquième partie les réunit tous, plus l'apparition du Père Jean, un prêtre très proche de Paul, du voisin le plus proche de Claire, Calève, et quelques autres connaissances. Et justement, entre tous ces personnages nous retrouvons le titre du livre : les solidarités mystérieuses qui les unissent.

Très bonne lecture pour moi avec un texte de qualité qui nous livre des personnages particuliers ayant une épaisseur, des situations assez psychologiques et une nature dépeignant la Bretagne que j'aime, farouche et sauvage par endroits. le langage par moments a une belle envolée poétique.
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