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Laurence Debril (Traducteur)
EAN : 9782290258354
128 pages
J'ai lu (12/01/2022)
3.44/5   124 notes
Résumé :
"Comme elle ne savait pas où mettre la chienne, elle la posa sur sa poitrine. Elle se logeait parfaitement dans ses mains et sentait le lait. Une envie terrible de la serrer très fort et de pleurer s'empara d'elle.".

Sur la côte pacifique colombienne, entre océan déchaîné et jungle menaçante, vivent Damaris et son mari pêcheur dans un cabanon de fortune. Elle est mélancolique, mais ce n'est pas dû à sa vie démunie : Damaris n'a jamais réussi à tomber... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà une histoire toute simple, psychologiquement complexe, qui nous vient de Colombie.
Damaris, femme noire et pauvre, la quarantaine vit avec Rogelio sur la côte. Lui est pêcheur, elle travaille comme domestique. Ils ne peuvent avoir d'enfants.
Damaris "à l'âge où les femmes se dessèchent " tombe sur une petite chienne à laquelle elle s'attache comme à un enfant..... mais Damaris traîne un passé douloureux
comme l'écrivaine et sa stérilité ( ou celle de son compagnon), elle le porte comme une plaie.
Dans le décor d'une nature sauvage, celle de la jungle, face à l'océan Pacifique ,
-d' énormes averses, de terribles tempêtes "avec un vent de ceux qui font s'envoler les tuiles et des tonnerres qui font trembler la terre"-, dans sa cabane ou l'eau se glisse entre les fissures et coule à l'intérieur, Damaris pleure son âme, et nous avec....

Un court roman profond et fascinant, qui me rappelle la plume du grand écrivain argentin Eduardo Mallea.

Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce merveilleux livre.
#LaChienne #NetGalleyFrance
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Le désir maternel vu sous un angle complètement atypique, féroce et touchant.

Depuis quelques temps, je suis interpellée par les avis partagés sur ce petit livre qui nous vient de Colombie, j'ai donc eu la curiosité de m'en faire ma propre idée, d'autant plus qu'il s'agit d'un court roman à mi-chemin entre la nouvelle et le roman. Bien m'en a pris, j'ai beaucoup aimé me plonger dans cet univers très dépaysant, chaud et si humide « qu'un poisson aurait pu survivre hors de l'eau », sur la côte pacifique colombienne, entre océan déchainé et jungle menaçante, chaleur étouffante et pluie diluvienne. J'ai trouvé que Pilar Quintana a réussi à traiter le thème classique du désir maternel de façon à la fois originale, crue, violente et bouleversante.

Damaris et son mari pêcheur vivent dans un cabanon de fortune à la lisière de la jungle. La femme n'a jamais réussi à tomber enceinte malgré de multiples remèdes, décoctions d'herbes médicinales ou même recours à un chamane qui leur soutire les économies de toute une année. En vain. Cela est source d'une grande souffrance, d'une certaine mélancolie et d'une distance au sein du couple. A présent, Damaris a quarante ans, « l'âge auquel les femmes se dessèchent », selon les paroles ô combien pleines de sagesse de son oncle.

Lorsqu'elle décide, sur un coup de tête, d'adopter un chiot, l'animal devient une source exclusive d'amour. Elle va le choyer sans relâche, ne cessant de le caresser, de lui parler, de bien le nourrir, de veiller sur lui. Malgré toutes ces attentions, un jour la petite chienne disparait plongeant la femme dans un grand désarroi. Quelques semaines plus tard, le retour inattendu de l'animal qui ne cesse désormais de vouloir prendre son indépendance malgré les tentatives de sa maitresse de lui apprendre à ne pas s'enfuir ainsi va transformer le comportement de la femme, jusqu'au tragique.

C'est tout d'abord le dépaysement que m'a procuré ce livre qui m'a enchantée. La forêt qui entoure le cabanon est luxuriante, foisonnante et dangereuse, l'océan en contrebas cerné de rochers glissants de mousse et de vagues écumeuses menaçantes. le tout immergé dans un climat tropical étouffant. Cette nature, enveloppante, et est un peu à l'image de l'amour déployé par Damaris, à savoir âpre, étouffant, mystérieux, changeant.

« Elle ne voyait rien, juste ce qu'elle parvenait à éclairer plus ou moins avec la lanterne, des fragments, la pointe d'une immense feuille, la tige d'un arbre tapissé de mousse, le bout d'un énorme papillon qui avait des ailes comme remplies de mille yeux, et qui, surpris par la lumière, s'envola et s'agita, effrayé, autour de sa tête. Ses bottes s'accrochaient aux racines, elle s'enfonçait dans la boue, trébuchait, glissait, et pour se tenir debout, elle s'appuyait sur des surfaces dures, mouillées ou fibreuses. Elle était frôlée par des choses rugueuses, poilues ou épineuses et elle sursautait en pensant que c'était une araignée, l'un de ces serpents qui vivaient dans les arbres ou une chauve-souris suceuse de sang, mais rien de la mordit, il n'y avait que les moustiques qui la piquaient, elle s'en moquait… ».

Par ailleurs, le désir maternel est traité de façon singulière, à travers cet attachement à ce chiot, amour qui va connaitre un revirement soudain. Par ailleurs, sa jalousie de femelle vis-à-vis du chiot devenu chienne, va révéler ses failles intimes ; son manque de patience, de stabilité, va la ramener au drame vécu alors qu'elle était enfant. Sans doute, ce traumatisme passé explique sa stérilité et son incapacité à avoir un enfant.

Reporter son désir d'enfant sur la chienne, ne fait que révéler avec plus d'acuité la racine du mal qui ronge cette femme et ne comble pas le manque, incurable. Réussir à se mettre dans la peau d'une mère c'est juste souligner avec plus d'acuité son impossibilité et sa culpabilité liée au traumatisme passé.

« La pluie était toujours si fraîche et propre qu'elle semblait purifier le monde, mais en réalité, c'était à cause d'elle que tout était recouvert d'une couche de moisissure : les branches des arbres, les colonnes de béton du quai, les lampadaires, les mieux des maisons en bois, les murs en planches et les toits de zinc et d'amiante… ».

Un petit livre certes, mais un grand voyage, dépaysant et touchant, une analyse plus subtile qu'il ne parait de prime abord, une belle écriture simple mais travaillée, j'ai passé un excellent moment de lecture !

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Subsistant de leurs maigres revenus de femme de ménage et de pêcheur, Damaris et son mari Rogelio habitent un logement de fortune accroché à la montagne colombienne, entre mer et jungle. Désespérée à la quarantaine de n'être jamais tombée enceinte, Damaris adopte un jour un chiot, qui ne tarde pas à occuper une place centrale dans sa vie. Son univers s'écroule lorsque la chienne disparaît…


A mi-chemin de la nouvelle et du roman, le récit nous emmène dans un coin de Colombie, où quelques villages, perchés en lisière de jungle sur une côte escarpée battue par la mer, tentent de repousser les assauts d'une nature qui semble n'avoir de cesse que de les effacer. Entre marées et vagues traîtresses, pluies diluviennes et touffeur permanente, végétation envahissante et faune dévoreuse en tout genre, subsister est une lutte quotidienne d'autant plus usante qu'elle se déroule dans la pauvreté et des conditions de vie particulièrement rudimentaires.


Pourtant, le plus terrible pour Damaris reste son désir d'enfant inassouvi qui, au fil des ans, l'a encore bien plus minée qu'elle ne l'imagine. Comme un bois secrètement rongé de l'intérieur et sur le point de s'effondrer, cette femme n'est plus qu'une enveloppe vide prête à se déchirer au prochain accroc. Envahie par un amour dévorant et possessif que les fugues de la chienne finissent par muer en haine, elle se retrouve face à ses failles les plus intimes et les plus anciennes, dévastée par une culpabilité qui la ramène au drame vécu dans son enfance.


Au fil d'une narration sobre et implacable où l'amour s'avère aussi asphyxiant que la jungle qui enserre le village, Pilar Quintana incarne une histoire âprement tragique de désir d'enfant, dans un complexe portrait de femme d'une irréprochable justesse.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Au coeur d'une nature hostile et déchaînée, sur la côte pacifique colombienne entre mer et jungle, Damaris pleure de ne pouvoir enfanter. Quand autour d'elle la nature accorde le miracle de la vie, Damaris et son mari Rogelio attendent désespérément ce miracle qui ne viendra jamais.
Lorsqu'une portée de chiots voit le jour, Damaris s'éprend de l'un d'eux pour accorder à cette chienne tout l'amour qu'elle porte en elle.

Ce court roman m'a rappelé le magnifique livre de Anne Bagrance, le fils récompense.
J'y ai sûrement recherché inconsciemment des similitudes sans arriver à retrouver la magie du livre de dame Bagrance.
Je n'ai pas ressenti l'amour entre Damaris et sa chienne Chirli ni les prodiges de la nature.
C'est une lecture certes agréable mais qui aurait mérité des parenthèses enchanteresses vu le thème.

Quand un livre ne cesse de nous rappeler un autre livre coup de coeur, difficile d'être immergée pleinement dans ce dernier.
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La littérature est une fenêtre sur le monde. Elle permet de voyager, de s'immerger dans un univers qui n'est pas le notre, d'élargir notre vision du monde en découvrant les multiples facettes d'un pays, ses habitants, sa culture, ses coutumes, ses moeurs.
« Cent ans de solitude » de Gabriel García Márquez fait partie de ces grands classiques que je souhaite lire depuis longtemps. Malgré cela, ce roman aussi court que brutal, devenu un best-seller dans son pays, lauréat d'un prix littéraire en 2018, marque ma première incursion dans la littérature colombienne.

Ici, l'autrice a une délicate approche de la maternité.

*
Dans ce roman d'une toute petite centaine de pages, Pilar Quintana propose une oeuvre aussi subtile que troublante, aussi émouvante que cruelle.
Damaris, une colombienne en mal d'enfant, trouve du réconfort en adoptant un chiot de quelques jours dont la mère a été retrouvée morte sur la plage. Elle l'appelle Chirli, du nom qu'elle aurait choisi si elle avait eu une fille.

« Comme elle ne savait pas où mettre la chienne, elle la posa sur sa poitrine. Elle se logeait parfaitement dans ses mains et sentait le lait. Une envie terrible de la serrer très fort et de pleurer s'empara d'elle. »

Immédiatement, Damaris s'attache à ce petit animal sans défense. Elle reporte son besoin de tendresse et d'amour sur Chirli qui devient l'enfant qu'elle rêvait d'avoir.
Elle le nourrit à la seringue, dort avec lui, l'emporte partout jusqu'au jour où la chienne se perd dans la jungle.

« Elle cria d'une voix furieuse, neutre, douce et suppliante sans aucun résultat jusqu'à ce que le calme revînt et que l'on n'entendît plus aucun aboiement ni bruit. Face à elle, il n'y avait que la jungle, silencieuse et tranquille comme un monstre qui vient d'avaler sa proie. »

*
Pilar Quintana développe des personnages complexes de manière fouillée et délicate.
Il y a un travail incroyable sur l'écriture pour, en quelques mots, dresser des portraits intenses et ambigus. L'autrice creuse leur psychologie pour nous les rendre sympathiques et l'instant d'après odieux.

En quelques lignes, d'une plume brute et violente, Pilar Quintana arrive à nous mettre dans la peau de cette femme fragile qui souffre de ne pas pouvoir être mère. C'est un amour intense, poussé à l'extrême qui révèle des traits de caractère étrangement fascinants par son ambivalence.
L'autrice exprime des émotions fortes et profondes, elle saisit des sentiments confus qui entremêlent à cet amour démesuré et absolu, la peur de l'abandon et de la perte, la trahison, la culpabilité, l'amertume, l'inquiétude, la chagrin, la frustration et la haine.

J'ai ressenti une tension sourde monter au fil du récit, l'impression tenace et croissante d'un drame à venir. Enfermée dans ce huis-clos écrasant, oubliant le temps qui passait, je n'ai pas pu m'empêcher de le dévorer d'une traite, emportée par ce récit resserré à la beauté indéniable et tragique.

*
Si j'ai aimé ce petit livre, c'est aussi pour son décor qui participe grandement à rendre les émotions si intenses et bouleversantes.
Damaris vit dans un petit village côtier de Colombie, un endroit isolé, d'une extrême pauvreté, cerné par la forêt amazonienne d'un côté et l'océan de l'autre. C'est un lieu dangereux et traître qu'il faut connaître pour ne pas se faire piéger.

L'écriture est intense, brutale, percutante, excessivement sensorielle. J'aime la façon dont l'autrice parvient à nous faire basculer dans ce monde angoissant où la jungle et l'océan Pacifique forment un rempart naturel et entretiennent l'idée de huis-clos. La nature sauvage, ici, est autant sublimée qu'inquiétante. Les odeurs, les bruits, les couleurs, les animaux sauvages et la flore, la sensation de chaleur étouffante et de moiteur renforcent cette impression désagréable d'oppression et d'agression.

J'ai senti venir la fin, tout en la redoutant. Mon coeur s'est serré devant tant de violence, et j'ai eu besoin de la tendresse de mon chat pour m'endormir.

*
Pilar Quintana nous offre un récit dérangeant, éprouvant, mais singulièrement fascinant.
Un huis-clos brut et violent sur le désir de maternité.
Une autrice à découvrir.
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critiques presse (1)
LeMonde
24 août 2020
L’écrivaine colombienne Pilar Quintana livre un roman saisissant sur les angoisses et la révolte d’une femme acculée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Damaris ne pleura plus la perte de la chienne, mais son absence lui pesait dans la poitrine comme une pierre. Elle lui manquait tout le temps. Quand elle rentrait du village et qu’elle n’était pas en haut de l’escalier à l’attendre, la queue battante, quand elle préparait le poisson et qu’elle n’était pas là à la regarder avec insistance, quand elle jetait les restes sans garder le meilleur pour elle ou quand elle buvait son café le matin et n’avait personne à qui caresser la tête. De nombreuses fois, elle crut la voir : dans un gros sac de noix de coco que Rogelio avait appuyé contre la cabane, dans les cordes des amarres qu’il laissait dans le kiosque, dans un tas de branches qu’il déposait près du four à bois, dans les autres chiens, dans les plantes du jardin, dans les ombres des arbres l’après-midi, et dans son petit lit, qui demeurait dans le kiosque comme la chienne l’avait laissé, car Damaris n’avait pas encore eu le courage de le jeter.
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Durant la journée, Damaris transportait la chienne glissée dans son soutien-gorge, entre ses seins moelleux et généreux, pour la garder bien au chaud. La nuit, elle la laissait dans le carton que lui avait donné don Jaime, avec une bouteille remplie d’eau chaude et la chemise qu’elle avait portée durant la journée, pour que son odeur ne lui manque pas.
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L'image resta gravée dans la mémoire de Damaris : cet enfant blanc, grand, face à la mer, et puis ensuite, l'écume blanche de la vague et après, plus rien, les rochers vides sur une mer verte qui avait soudain l'air parfaitement calme. Et elle, au même endroit, juste à côté des fourmis, incapable de faire quoi que ce soit.
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- Je l'ai trouvée là ce matin, les pattes en l'air, dit Dodia Elodia en désignant du doigt un endroit de la page où s'amoncelaient les déchets que la mer apportait ou déterrait : troncs, sacs en plastique, bouteilles.
- Empoisonnée ?
- Je crois, oui.
- Et qu'est-ce que vous en avez fait ? Vous l'avez enterrée ?
Dodia Elodia acquiesça :
- Mes petits-enfants, oui.
- Dans le cimentière ?
Non, juste là, sur la plage.
De nombreux chiens du village étaient morts empoisonnés.

(incipit)
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Damaris était terrassée par la tristesse et tout - se lever du lit, préparer à manger, mâcher sa nourriture - lui coûtait énormément. Elle avait l’impression que la vie était comme une crique et qu’elle devait la traverser avec les pieds enfoncés dans la boue et de l’eau jusqu’à la taille, seule, dans un corps qui ne lui donnait pas d’enfants et ne servait qu’à casser des choses.
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Videos de Pilar Quintana (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pilar Quintana
Présentation du roman "Nos abîmes" de Pilar Quintana
Les montagnes d'Orient sont le théâtre de mille et une histoires. Il y a ceux qui veulent en dompter les sommets, ceux qui tentent d'y survivre, ou ceux qui cherchent à les fuir. Dans la peau d'une alpiniste, d'une panthère, d'un berger ou d'un caravanier, Louis Meunier nous conduit des monts irakiens aux confins de l'Afghanistan, des lignes de crêtes du Pamir aux versants de l'Himalaya.
Saisie par une plume poétique, la beauté sauvage des montagnes, sublimes et impitoyables, répond à la brutalité des existences.
Un extrait à lire sur : https://calmann-levy.fr/livre/nos-abimes-9782702184264
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