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sur 782 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans la littérature, il y a deux types de beautés ; la beauté d'une oeuvre inachevée (comme les Pensées de Pascal, certaines oeuvres de Mallarmé …) et la splendeur d'une oeuvre qui a atteint un achèvement absolu comme les tragédies de Racine. Sa tragédie mythologique Iphigénie est un exemple de cette perfection.

Inutile de rappeler ici l'histoire, je suppose, très connue d'Iphigénie fille d'Agamemnon et fiancée d'Achille. Ce qu'il faut surtout mentionner c'est le plaisir de cette lecture que trouve un lecteur du XXIe siècle en l'abordant.

Différents types d'amours se battent ici dans cette pièce : l'amour filial d'Iphigénie envers son père et sa soumission volontaire (comme le fils du prophète Abraham), l'amour d'Achille et son dévouement pour sa fiancée, son amour pour la gloire, l'amour passion d'Eriphile, l'amour du devoir d'Agamemnon, l'amour maternel de Clytemnestre qui affronte son mari pour sauver sa fille.

La finesse de l'élaboration des caractères fait partie de cette perfection. On se trouve devant un roi pusillanime et indécis, une fille courageuse et forte, un fiancé brave et fidèle, des conseillers pleins de ruse.

Par ailleurs, cette pièce, dont le suspense est un élément essentiel dans sa trame, nous livre un dénouement qui bouleverse tout notre horizon d'attente et qui surprend plus d'un lecteur (surtout au siècle de Racine).
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Paris , en enlevant Hélène , épouse d'un roi grec, et en la ramenant à Troie ne sait pas encore qu'il va déclencher le courroux des hommes et des Dieux.
Les Grecs , emmenés par Agamemnon, fondent sur Troie . Mais les Dieux ont stoppé les ventilos et la flotte est bloquée. Un sacrifice est demandé, la fille d'Agamemnon , Iphigénie.
En s'inspirant de l'oeuvre d'Euridipe , Racine a magnifié le personnage d'Iphigénie .Prête à donner sa vie pour son pays, renoncer à sa jeunesse , à l'amour alors qu'elle n'est qu'innocence et beauté quand les hommes s'entre déchirent , pensent pouvoir, honneur .

Il est bien sur beaucoup questions d'honneur , on ne rigole pas avec ça.
Remarquez aujourd'hui aussi, quand on se fait piquer sa femme ou son mari , ça n'engendre pas toujours que des scènes de liesses.
Les Dieux antiques ont l'air aussi retors que la conception que certains ont des Dieux actuels. Ils exagèrent quand même, il y avait sans doute moyen de mettre les ventilos en marche sans exiger le sacrifice de la fille du chef.Mais , bon , plus de pièce alors , parce qu'honnêtement le sacrifice d'un quidam n'aurait ému personne. Toutes les vies n'ont visiblement pas la même valeur.

Je ne suis toujours pas habitué au théâtre classique mais j'avoue que le rythme des vers est envoutant et m'a bercé durant ma lecture.
Je ne suis pas loin de devenir fan quand même de tous ces Grecs antiques à la destinée incroyable, engendrant des pièces "cornélienne" où l'expression avoir le choix entre la peste et le choléra prend tout son sens .
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A chaque fois que je lis Racine, je prends à plaisir fou !

La symphonie des rimes, les sentiments forts de ces personnages antiques ...

Iphigénie est un modèle d'obéissance, de respect envers son père et sa patrie. Elle se retrouve au milieu d'un conflit et sa mort est la rançon pour que son père puisse prendre la mer et secourir cette Hélène, objet de beaucoup de tourment et de pièce de théâtre.


Sa mère et son futur époux feront tous pour dissuader son père de ce sacrifice. le discours de la mère est magnifique et m'a beaucoup émue.

Heureusement quelques pièces sont encore dans ma PAL et feront mon bonheur à coup sûr !
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Même si ce n'est pas ma pièce préférée de Racine, c'est une jolie pièce que cette Iphigénie.
Il y a toujours là le vers de Racine, pas aussi beau que dans Andromaque, Esther, Phèdre, Britannicus ou Athalie, mais beau tout de même. C'est d'ailleurs la plus grande qualité de la pièce ; la construction de la pièce n'a rien d'exceptionnelle, il y a même des maladresses de ce côté-là, la fin est consternante ( mais ce n'est là que la fin, c'est-à-dire une petite portion de pièce ), les personnages manquent, pour la plupart de finesse psychologique ( je pense à Achille, à Clytemnestre, à Ulysse… ), et seul Agamemnon, magnifique en père déchiré entre l'amour de sa fille et son devoir de chef d'armée, est vraiment digne de figurer à côté des magnifiques figures de l'univers racinien.
Toutefois, si je m'en tiens à ce qu'il en est généralement, c'est une bonne pièce que cette Iphigénie, dans laquelle on sent bien la marque de Racine ( mais un peu trop celle du Racine maladroit de Phèdre, et pas assez celle du Racine de Bajazet et de Mithridate-le sujet d'Iphigénie est pourtant tellement approprié à ce Racine-là ! ).
Une jolie petite pièce du grand Jean Racine.

[...]

"Iphigénie" est une assez belle pièce de Jean Racine.
Ce n'est pas ma préférée, mais elle est bien plaisante. Et il faut admettre que, même si, d'autres pièces de Racine, me touche, un peu plus, "Iphigénie" est néanmoins une grande pièce, une pièce très bien construite, exceptionnellement bien construite, à vrai dire ; quelle progression !... Quelle progression vers le coup final !...
Le vers de Racine est un peu moins beau qu'il a pu l'être auparavant et qu'il le sera plus tard ( je place "Iphigénie" dans ce qu'on pourrait appeler le "coup de mou", de la création racinienne, avec cette pièce et "Phèdre" ), mais demeure très beau quand même.
L'intrigue, qui, à la base, est très intéressante aurait demandé, c'est vrai, à être travaillé davantage, et à ce qu'on y enlève tout ce qui est superflu.
Néanmoins, Racine conserve à cette pièce une force. Les personnages sont très riches, un peu moins que d'autres personnages raciniens, encore une fois, et, si il devait y avoir un personnage marquant dans cette pièce, ce serait Agamemnon, personnage tout de douleur, magnifique dans son dilemme tragique ( et, non pas, racinien ). Mais c'est vrai qu'Agamemnon n'est pas aussi beau, n'est pas aussi complexe psychologiquement, n'a pas des émotions ( et une situation ) aussi émouvante que celle du Néron, de "Britannicus", de l'Oreste d'"Andromaque", ou du Mithridate de la pièce éponyme. Il n'en demeure pas moins un grand personnage racinien. C'est une assez grave faiblesse, d'autant plus que, dans "Iphigénie", ce sont les personnages, qui ont la place essentielle.
Malgré cela, malgré ces défauts, "Iphigénie" demeure une belle pièce, et les personnages restent intéressants, un peu fade par endroits, c'est vrai, parfois un peu tout d'une pièce, mais néanmoins intéressants.
Racine nous dépeint tout une galerie de personnages, et cette galerie est passionnante.
J'ai également apprécié le vers, cette simplicité, cette sobriété, et pourtant, cette noblesse, ce côté relevé.
"La colère des dieux demande une victime"... N'est-ce pas l'un des vers les plus beaux du théâtre tragique français ?...
Mais ce que j'admire surtout, c'est la construction narrative. Tout va vers le coup final, tragique, et c'est magnifique, c'est beau, c'est magistral, c'est l'oeuvre d'un maître de la dramaturgie... Tout est organisé, pour mieux laisser passer l'émotion.
En somme, une bien belle pièce de Racine, dont le grand atout est la construction, qui, malgré certaines faiblesses, reste digne de figurer aux côtés des autres pièces de Jean Racine.
Je préfère l'"Iphigénie à Aulis", d'Euripide, sur la même thématique, mais l'"Iphigénie", de Racine, est néanmoins, très bonne.

Seconde critique collée par un administrateur.
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Dans mon panthéon racinien, il me manquait Iphigénie, classique entre les classiques pourtant.
Je n'avais eu, avant aujourd'hui, ni l'occasion, ni l'envie surtout de la lire (si on m'avait proposé de la voir, ça aurait été toute autre chose!). Il faut dire que j'ai longtemps renâclé face aux tragédies classiques et qu'il m'a fallu du temps pour apprendre à les aimer.
Cette image rendue un peu pieuse par le temps et l'histoire littéraire d'une jeune Iphigénie prête au sacrifice par amour pour son père, à la mode d'Abraham... Bof.
Et puis, je n'aime guère les Atrides, moi. J'exècre Agamemnon et ma mauvaise foi de troyenne défaite et moi-même n'avions absolument aucune envie d'éprouver ne serait-ce qu'une once de compassion (à la Racine donc!) pour ce détestable personnage.

Finalement pourtant, j'ai lu "Iphigénie" (versatile âme humaine!).
J'ai aimé "Iphigénie" qui précède la grande "Phèdre" de trois ans et dans laquelle Racine, alors à l'apogée de sa gloire et de son talent, renoue avec un sujet tiré de la mythologie et tente l'impossible réconciliation du coeur (du désir même) et de la raison. On sait bien, pourtant, que ça ne marche presque jamais.
Les turpitudes entraînées par le dilemme d'Agamemnon (Sacrifier ou ne pas sacrifier? Telle est la question…) véritable noeud de l'intrigue, sont toutes entières pétries de l'amour -filial, charnel, etc- mais l'affaire étant éminemment politique (du sacrifice dépend le destin des grecs et de ma belle Troie, Diantre!), à quoi bon laisser au coeur le droit de s'exprimer? C'est presque absurde. C'est presque de la vanité.

La pièce s'ouvre donc quelques dix ans avant la chute d'Illion. Les achéens sont coincés au port par des vents capricieux et perdent patience. Les dieux pourtant finissent pas s'exprimer à travers leur oracle: les vents se lèveront à condition qu'on leur sacrifie la douce Iphigénie, fille du chef. Agamemnon, dans un premier temps et conseillé par Ulysse (j'ai toujours pensé qu'il était perfide celui-là) accepte de verser le sang de sa fille et fait donc venir cette dernière, ainsi que sa mère Clytemnestre, sous un prétexte fallacieux. Il prétend vouloir la donner en mariage plus promptement que prévu au noble Achille (si tant est que puisse être noble l'Hectoricide, entendons-nous bien!) qui -ça tombe bien- est véritablement amoureux de la douce Iphigénie. L'Atride est pourtant pris de remords à l'idée de sacrifier le fruit de ses entrailles sur l'autel de sa victoire et envoie un autre messager auprès de son épouse et de la princesse pour différer leur venue: Achille, finalement, ne voudrait plus de sa promise et jetterait ainsi l'opprobre sur elle.
Oui, mais c'est trop tard: Clytemnestre et Iphigénie sont en route et la souveraine va exiger des explications.
Oui, mais Achille est ici, fou d'amour et prêt à se battre.
Oui, mais Eriphile est là aussi et brûle pour Achille, et brûle de haine aussi.
Oui, mais les grecs et la gloire attendent: les dieux ont soif et les vents ne se lèvent pas.
La tragédie peut s'ouvrir et elle sera grandiose.

Naturellement, on ne peut pas parler d'un texte de Racine sans évoquer la pureté et la beauté de sa langue qui tutoie le sublime et les étoiles, même si elle manque quand même parfois un peu de tempête et de tourments alors que -paradoxalement- c'est ce qu'elle raconte si bien.
C'est harmonieux, fluide comme le chant d'une rivière. Parfois, c'est ironique et cassant mais toujours avec élégance, panache.

Au delà de la langue et ses hauteurs sublimes, pour moi le point fort de la pièce, ce sont ses personnages: d'un côté les "adultes" Agamemnon, Clytemnestre et Ulysse et de l'autre les "jeunes": Iphigénie, Achille, Eriphile. Rien qu'à partir de là, il y aurait des choses à dire.
Ainsi, j'ai trouvé les premiers (à l'exception d'Ulysse) bien versatiles, bien faibles malgré leurs éclats. Ils tentent de s'arranger, ils changent d'avis, en un mot ils font des compromis, là où celui et celles qui ont l'âge d'être leurs enfants ne sont qu'absolus, sans concessions. Si cela ne confère pas à Achille beaucoup de complexité -c'est un héros qui agit plus qu'il ne médite-, cela approfondit sensiblement Iphigénie et Eriphile. Je dois avouer cependant que la première m'a agacée: trop de docilité, trop de douceur, trop de résolution, de raison même dans ce qui la brûle et j'aurai voulu que Racine ne la sauve pas (mais pouvait-il faire autrement? La bienséance, tout ça). En revanche, j'ai adoré Eriphile, considéré à tort comme un second rôle: elle apparait peu sympathique malgré son statut de victime, son amour pour Achille est franchement malsain (coucou, syndrome de Stockolm!) mais quelle intelligence, quelle lucidité -elle est un peu un double d'Ulysse à cet égard, elle comprend comme lui l'insupportable nécessité du sacrifice - quelle volonté d'apprendre ce qu'on lui cache et de se battre. Quelle amour aussi et malgré tout!
Peut-être bien qu'au départ, cette mystérieuse captive n'était que le moyen de sauver la belle Iphigénie, peut-être que Racine n'avait pas conscience de la force de ce personnage mais quelle création! Elle annonce presque Phèdre... et je me dis que même en 1674, elle devait avoir son importance -même un peu ténébreuse- sinon pourquoi est-elle celle qui apparait la première des deux jeunes filles?
Tout comme je m'interroge encore sur la révélation d'Arcas: trahison ou fidélité?
Elle soulève beaucoup de questions cette tragédie et pas des moindres...
Et dire qu'elle m'aura aussi fait apprécier Agamemnon: le personnage est-il un double du poète qui aurait perdu sa fille peu avant d'écrire la pièce ou d'un roi soleil en perte de vitesse et de lumière comme l'ont écrit les exégètes?
On ne le saura sans doute jamais vraiment, mais le roi de Mycènes a enfin figure humaine et ça, c'est virtuose.

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Quand Racine donne Iphigénie, en 1674, il est au comble de la faveur royale ; le roi lui-même veut avoir la primeur de la pièce qui fait pleurer d'émotion toute la cour de Versailles.

Sur les rivages d'Aulis, les Grecs se préparent à attaquer Troie. Mais les dieux retiennent les vents et les navires : la flotte qui s'apprête à appareiller sous la conduite d'Agamemnon, roi de Mycènes, et d'Ulysse, roi d'Ithaque, est bloquée au port. Agamemnon est contraint de consulter l'oracle et le devin Calchas lui ordonne de sacrifier sa fille Iphigénie afin d'apaiser les dieux.
Agamemnon fait donc venir Iphigénie à Aulis, sous le prétexte qu'Achille, son fiancé, veut qu'on célèbre ses noces avant le départ de l'armée. Iphigénie arrive, accompagnée de sa mère Clytemnestre et d'Ériphile, une jeune captive qu'Achille a ramenée d'une expédition à Lesbos.
Cependant, Agamemnon, pris de remords, tente de gagner du temps contre l'avis d'Ulysse qui, pressé de gagner Troie, lui reproche son manque de fermeté. Pour accomplir la volonté des dieux, Agamemnon veut éloigner Clytemnestre mais il est trahi par son serviteur Arcas qui révèle à Iphigénie et à sa mère le crime qui se prépare. le roi doit alors affronter la colère et la douleur de Clytemnestre. Il décide de faire évader les deux femmes avec la complicité d'Achille.
Mais Ériphile est amoureuse en secret d'Achille ; elle dénonce et empêche l'évasion. Iphigénie se prépare alors au sacrifice malgré Achille, prêt à tout pour la soustraire à la mort.
Le devin Calchas avait précisé à Agamemnon que l'oracle réclamait, pour que les vents se lèvent, le sacrifice d'une "fille du sang d'Hélène". Iphigénie, fille d'Agamemnon et de Clytemnestre qui est la soeur d'Hélène, correspondait parfaitement à l'exigence divine… Or, il se trouve qu'Ériphile est le fruit d'un amour clandestin entre Thésée et Hélène ; elle a été nommée à sa naissance Iphigénie par sa mère et cachée au reste de la Grèce sous le nom d'Ériphile. Pressée de prendre le large, c'est elle que, finalement, l'armée désigne comme étant celle que l'on doit immoler. Mais Ériphile devance le sacrificateur et se tue elle-même.

Nous retrouvons, dans les sources d'inspiration de Racine, son estime et sa vénération pour les auteurs anciens : Homère, Euripide, Virgile, Sénèque, Eschyle, Sophocle, Pausanias, Lucrèce… ont parlé des personnages. Même le personnage d'Ériphile, qui permet le coup de théâtre du dénouement, est attesté par certains poètes antiques…
En effet, pour respecter à la fois le besoin de vraisemblance et la nécessité de veiller au bon sens, le meurtre rituel d'Iphigénie ne pouvait pas être mis en scène. Ce personnage est bien trop vertueux pour subir un tel sort. Par contre, Ériphile, amante jalouse au destin douloureux, mérite sa punition tout en provoquant la compassion et la pitié des spectateurs.

J'ai particulièrement apprécié la netteté de la situation et l'économie d'action de cette tragédie. En effet, s'il ne se passe pas grand-chose entre l'exposition et le dénouement, les personnages ont tout loisir pour développer leurs ressentis : père partagé entre amour paternel et devoir, mère révoltée et prête à tout pour sauver sa fille, fille obéissante et héroïque, amant fidèle, rivale marquée par le destin et en quête de ses origines, guerriers avides d'en découdre…

J'ai relu cette pièce après avoir écouté un excellent podcast sur France Culture, dans une belle mise en scène ponctuée d'intermèdes musicaux au théorbe et à la viole de gambe.
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-theatre-et-cie/iphigenie-de-racine

Un régal !

https://www.facebook.com/piratedespal/
https://www.instagram.com/la_pirate_des_pal/
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Iphigénie /Jean Racine (1639-1699)
Petit rappel historico-mythologique.
L'histoire se déroule sur les rivages d'Aulis ville De Grèce, où les Grecs coalisés se préparent à aller attaquer Troie. Mais ils ne peuvent atteindre Troie, car les dieux retiennent les vents nécessaires au départ de l'expédition.
Agamemnon, leur chef, roi de Mycènes et d'Argos, est donc contraint de consulter l'oracle Calchas, qui lui ordonne de sacrifier sa fille, Iphigénie, afin d'apaiser la déesse Artémis.
Dans le chaos provoqué par les indécisions d'Agamemnon, Iphigénie se soumet aux volontés de son père.
Ambition d'Agamemnon, désir de gloire d'Achille le fiancé d'Iphigénie, orgueil de Clytemnestre la femme d'Agamemnon et soeur d'Hélène femme de Ménélas le frère d'Agamemnon, dont l'enlèvement par Hector est la cause de la guerre de Troie, jalousie d'Ériphile, une princesse qui a été faite prisonnière par Achille dont elle est éprise, ainsi la rivale d'Iphigénie : la pièce montre des passions déchaînées qui, toutes, font d'Iphigénie leur victime préférée.
Représentée pour la première fois à Versailles le 18 août 1674, Iphigénie marque le retour de Racine à des thèmes mythologiques après une série de sujets historiques (Britannicus, Bérénice, Bajazet, Mithridate).
le personnage le plus fort moralement n'est pas Agamemnon, chef pusillanime, mais Iphigénie, qui pousse le respect filial et le patriotisme jusqu'à accepter la mort.
Extraits :
Les vents contraires empêchent la flotte d'appareiller et Arcas, domestique du roi s'exprime : Acte I Scène I
Tous ces mille vaisseaux , qui chargés de vingt Rois,
N'attendent que les vents pour partir sous vos lois ?
Ce long calme , il est vrai , retarde vos conquêtes,
Ces vents depuis trois mois enchaînés sur nos têtes
D'Ilion trop longtemps vous ferment le chemin .

Calchas, l'oracle, consulté :
Pour obtenir les vents que le ciel vous dénie,
Sacrifiez Iphigénie.

Réponse d'Agamemnon :
Non, je ne croirai point, ô Ciel, que ta justice
Approuve la fureur de ce noir sacrifice.
Tes oracles sans doute ont voulu m'éprouver,
Et tu me punirais si j'osais l'achever.

Iphigénie à son père : Acte II Scène II
Quel plaisir de vous voir et de vous contempler
Dans ce nouvel éclat dont je vous vois briller
Dieux ! avec quel amour la Grèce vous révère !
Quel bonheur de me voir la fille d'un tel père !

Ériphile à Iphigénie : Acte II Scène VIII
Orgueilleuse rivale, on t'aime, et tu murmures ?
Souffrirai-je à la fois ta gloire et tes injures ?
Agamemnon gémit. Ne désespérons point ;
Et si le sort contre elle à ma haine se joint,
Je saurai profiter de cette intelligence
Pour ne pas pleurer seule et mourir sans
vengeance.

Iphigénie à Achille : Acte III Scène VI
Cet ennemi barbare, injuste, sanguinaire,
Songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est mon père

Achille à Iphigénie :
Lui, votre père ? Après son horrible dessein,
Je ne le connais plus que pour votre assassin.

Iphigénie à Achille :
C'est mon père, Seigneur, je vous le dis encore,
Mais un père que j'aime, un père que j'adore,
Qui me chérit lui-même, et dont, jusqu'à ce jour,
Je n'ai jamais reçu que des marques d'amour.

Iphigénie à son père : Acte IV Scène IV

Je saurai, s'il le faut, victime obéissante,
Tendre au fer de Calchas une tête innocente,
Et respectant le coup par vous-même ordonné,
Vous rendre tout le sang que vous m'avez
donné.

Achille à Agamemnon : Acte IV Scène VI

On dit, et sans horreur je ne puis le redire,
Qu'aujourd'hui par votre ordre Iphigénie expire,
Que vous-même, étouffant tout sentiment humain,
Vous l'allez à Calchas livrer de votre main.


Agamemnon à Clytemnestre : Acte IV Scène X

Allez Madame, allez, prenez soin de sa vie.
Je vous rends votre fille, et je vous la confie.
Cachez bien votre fille, et que tout le camp croie
Que je la retiens seule, et que je vous renvoie.

Achille à Iphigénie : Acte V Scène II

Vous, mourir ? Ah ! cessez de tenir ce langage.
Songez-vous quel serment vous et moi nous engage ?
Songez-vous (pour trancher d'inutiles discours)
Que le bonheur d'Achille est fondé sur vos jours ?
Ma gloire, mon amour vous ordonnent de vivre.
Venez, Madame, il faut les en croire, et me suivre.


Arcas à Clytemnestre : Acte V Scène V

Achille en ce moment exauce vos prières.
Il a brisé des Grecs les trop faibles barrières.
Achille est à l'autel. Calchas est éperdu.
le fatal sacrifice est encor suspendu.


Clytemnestre à Ulysse :

Ma fille ! Ah, Prince ! O ciel ! Je demeure éperdue.
Quel miracle, Seigneur, quel Dieu me l'a rendue ?


Iphigénie est avec Bérénice la pièce de Racine que je préfère. le tragique de la raison d'État face au tragique de la passion amoureuse, elle-même face au tragique de la fatalité divine fait de cette pièce une réussite totale. L'héroïne Iphigénie est au coeur de l'intrigue, innocente naïve au début, amoureuse d'Achille, puis offre un comportement sublime et noble, faisant de sa mort annoncée un sacrifice mis au service de la gloire de son fiancé. Acceptant le sacrifice de sa vie elle donne à son amour pour Achille une dimension éternelle.







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Voilà un recueil de deux pièces de théâtre, qui illustre de deux manières distinctes le mythe d'Iphigénie.
Dans la plus ancienne des deux pièces, l'"Iphigénie à Aulis", d'Euripide, la force du texte, l'extrême concision, la grande sobriété fait toute la qualité de l'oeuvre. C'est un texte tragique écrit simplement, et c'est ce qui fait toute sa beauté et ce qui suscite tant d'émotions.
L'"Iphigénie", de Racine, en revanche, est une tragédie typique du XVIIème siècle, et vaut surtout par le vers racinien, ce vers sublime, si simple et si complexe…
Signalons en outre le personnage d'Agamemnon, bien plus complexe chez Racine que chez Euripide.
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Quelle pièce fabuleuse et profonde! Elle nous amène à transposer son histoire à notre époque actuelle. Lorsqu'Agamemnon et sa flotte, bloqués sur une mer d'huile dans sa course qui le mène à Troie, doit sacrifier, selon l'oracle, sa propre fille pour faire repartir les vents, la question se pose alors: doit-on sacrifier ce que l'on a de plus cher pour accomplir sa mission? le jeu en vaut-il la chandelle?
et si nous comparons avec la situation critique de notre planète, où dans nos villes les rues désertes font tellement penser à une mer d'huile tant elles sont calmes et silencieuses et où nous commençons à imaginer une autre vie possible, meilleure pour l'homme, la question se pose autrement: qu'aurions de plus cher à sacrifier pour engager l'humanité sur un autre chemin?
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Quatrième lecture de Racine et quatrième quasi-coup de coeur !
Je ne me lasse toujours pas de ses sublimes tragédies. Alors que, il ne faut pas se mentir, elles se ressemblent quand même toutes un peu. Mais malgré tout à chaque lecture on arrive à entrer pleinement dans l'histoire, à en voir les caractéristiques uniques, et à saisir les enjeux spécifiques.
Je ne me lasse pas de la poésie des vers, des complots tortueux, de l'atmosphère sous tension et des amours brûlants.
Ici on est pendant la guerre de Troie, un de mes épisodes historique préférée, où Iphigénie, fille d'Agamemnon et future épouse d'Achille, doit être sacrifiée aux Dieux pour que les Grecs puissent gagner la guerre. Va commencer alors une lutte contre la montre afin de trouver une alternative et sauver Iphigénie, et où chacun des protagonistes y mettra du sien, en faveur ou...défaveur de celle-ci.
Comme chaque fois c'est à la fois entrainant et esthétiquement plaisant.
Encore une grande pièce du grand Maître.
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