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Émile a beau être notaire, il n'est pas très malin.
Il va laisser une femme lui tourner la tête quand le lecteur aura compris depuis le début qu'elle se jouait de lui.
Hélas, on ne peut rien pour cet aveuglé. On peut penser très fort, voire crier "Mais non, grand benêt, ne vois-tu pas ce qui va arriver ?", cela ne changera rien : Il subira inéluctablement le triste sort que Ramuz lui a réservé.

Tout sacrifier pour satisfaire une ambitieuse égoïste, manipulatrice sans scrupules et éternelle insatisfaite est peine perdue. Une mission impossible et destructrice.
La chute d'Émile sera terrible et le lecteur impuissant compatit... tout en prenant un plaisir fou tellement Ramuz a tout merveilleusement orchestré et écrit.

L'écrivain suisse sait dépeindre les personnages et les actions d'une façon tellement réaliste que nous les voyons sous nos yeux ; tout prend vie sous sa plume, y compris les paysages.
Certaines scènes sont de vrais régals de lecture, comme celle du mariage ou celle du bal pour n'évoquer que ces deux-là.

Écrit quelques années après Madame Bovary ce roman présente des ressemblances troublantes avec celui de Flaubert.
Quand monsieur Lambert, voyant Frieda, pense « C'est tout à fait ce qu'il me faut. » (Quelle horreur ! Où est l'amour dans cette interrogation ? Et ce terrible "ce" !), je retrouve le cynisme de Rodolphe qui avant même d'entreprendre de séduire Emma dresse un portrait plein de mépris de celle qu'il juge être une proie facile. Portrait qu'il conclut en se demandant : « Oui, mais comment s'en débarrasser ensuite ? »

Eh non, Émile n'est pas très malin, et en termes modernes je dirais que c'est un loser... un peu comme ce pauvre Charles Bovary.
Méritait-il pour autant les malheurs dont l'auteur l'accable ? Sans doute non, mais Ramuz a dû prendre beaucoup de plaisir à l'écriture de cet ouvrage, et le lecteur en prend tout autant à sa lecture.

En tout cas, dire qu'Émile est victime des circonstances de la vie, c'est, je trouve, un peu trop facilement l'absoudre ; c'est désigner la fatalité comme seule responsable.
Je vois plutôt de l'ironie dans le titre.
Émile est surtout victime de ses mauvais choix.
La seule circonstance atténuante que je lui trouve est sa naïveté pour être gentille, ou pour être plus franche : sa stupidité.
Ramuz nous offre là une belle étude sur le couple manipulateur-manipulé. Un court roman dont l'écriture poétique contraste terriblement avec le cynisme du propos.
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Comment relater notre émerveillement à la découverte de ce fier roman composé dans une soupente parisienne, en 9 mois — de janvier à octobre 1906 — et publié pour la première fois à "La Semaine littéraire" de Genève (en "pré-originale", chapitre par chapitre et en quatre mois — de fin décembre 1906 à avril 1907) puis en coédition entre les éditeurs Payot (à Lausanne) et Perrin (à Paris) en mai 1907 ?

Emile Magnenat est un brave bourgeois de notaire. "Pas très fute-fute", comme on dirait aujourd'hui... Il aime sincèrement sa fiancée - jeune fille issue d'un "excellent milieu", et dont ses propres parents pensent évidemment le plus grand bien : Hélène deviendra donc sa femme. La pauvre, cependant, tombe peu à peu malade, de plus en plus malade... et — une cause de désespoir en plus pour lui ! — ne lui laissera pas d'enfant... Pendant ce temps, dans les affres d'une affliction bien authentique, l'époux de la pauvre Hélène s'entiche de Frieda, leur "fille-au-pair" alémanique malencontreusement embauchée quelques mois plus tôt "en vue d'aider" l'épouse à l'ensemble de ses tâches domestiques : un émoi réciproque entre Emile et Frieda aura lieu au cours d'un bal "des bords du Lac", bal qui finira sous l'orage. Hélène meurt quelque temps après. Scandale à Arsens (dont le modèle serait la petite ville lacustre d'Aubonne)... Emile Magnenat doit déménager ses pénates — et fermer son étude — en emmenant Frieda (par qui le scandale est arrivé) en chemin de fer à "la grande ville" (heum... évidemment pour lui et toutes proportions gardées) : Lausanne ! Mais Frieda est une sacrée roublarde : c'est qu'elle ne veut plus bosser - surtout à des travaux de domesticité — et se laisse entretenir, devenant une Mme Magnenat "naturellement" très dépensière... Pensant bien faire, Emile "rame" tout ce temps pour tenter de faire face à "sa nouvelle vie"... Frieda, bien sûr, s'en contrefiche et se trouve un amant... Que va devenir notre pauvre Emile ?

Voici tout l'argument. :-)

Un très beau drame existentialiste, tout en finesse et "ironie bienveillante"... nous offrant un très bon parallèle lacustre avec les deux premiers romans de Robert WALSER !

Car il y a tant d'éclairs poétiques dans cette oeuvre au joli "ton" flaubertien, qu'on peut la rapprocher de l'ambiance à la fois lyrique et dérisoire des six mois d' "inactions" quotidiennes du second roman quasi-contemporain de R. WALSER : "Le Commis" ("Der Gehülfe", écrit en quelques semaines et publié à Berlin en 1908) : "Monsieur l'ingénieur Tobler", l'inventeur irréaliste qui met peu à peu — en pure inconscience — toute sa famille en difficulté... Emile Magnenat, lui aussi, va au suicide social et ne le sait pas : le lecteur le sait et compatit, tout comme "le Commis" engagé par l'ingénieur petit-bourgeois observera — tel un enfant — les (somptueuses) grandeurs puis la (prévisible) décadence de la petite famille Tobler de la belle Villa des bords du Lac...

Quand Emile se réveille, pour lui aussi il est trop tard : comme un enfant, il se sent "bien puni"...

Il y a de la compassion chez Ramuz pour la victime de cette lente déchéance sociale... ou, comme chez Walser, plutôt une belle empathie !

Il y a l'écriture impressionniste de Ramuz... qui "peint" les mots comme il respire : avec ses "mots-matière" que lui seul sait assembler comme s'ils étaient surpris pour la première fois dans une phrase.

Ce deuxième roman (après "Aline", publié en 1905) avait été sélectionné dans la liste des prix Goncourt : un certain Émile Moselly en fut le lauréat pour son roman "Terres lorraines"...

Ramuz "marnait" seul dans ses meublés parisiens où il restera bravement jusqu'en 1914 : l'année où il reviendra — cinq romans plus tard — à son cher "Pays vaudois" natal (cette Suisse romande francophone "d'autour du Lac") qu'il décide de ne plus quitter...

Petit chef d'oeuvre dense à découvrir : vrai régal de l'âme et de l'esprit.
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De tous les romans de Ramuz, c'est, je trouve, le plus « flaubertien ».

Ici, pas de paysages de montagne, pas de petits villages. Nous sommes tout d'abord dans le bourg d'Arsens, puis à Lausanne.

Émile Magnenat, notaire à Arsens, un homme un peu terne et pas très dynamique, est fiancé à Hélène, la douce fille de la propriétaire de son appartement, Madame Buttet, appartement situé au rez-de-chaussée chaussée de l'immeuble occupé à l'étage par cette femme autoritaire, dure avec son personnel de maison, et « près de ses sous ».
Dire que ces deux là s'aiment avec passion, ce serait beaucoup dire, mais il y a de la tendresse dans leurs relations.
Ils se marient, et la description des préparatifs, du choix de Madame Buttet d'y inviter peu de monde, puis de la cérémonie, est un régal.
Peu après le mariage, Madame Buttet décide de renvoyer sa bonne, et recrute Frieda, une « volontaire », c'est à dire une jeune fille issue de la partie germanophone de la Suisse, qui assure gratuitement les travaux domestiques en échange de l'apprentissage du français. C'est une de ces « circonstances de la vie » qui fera tout le malheur d'Emile.
A celle-ci, va vite s'ajouter celle de la maladie d'Hélène, jeune femme de santé fragile qui contracte une pneumonie, dont elle ne se relèvera pas.
Et Emile, devenu veuf, séduit dès le début par Frieda (Ah, la scène du Bal!), va devenir son amant, se décider à vivre avec elle, l'épouser et partir avec elle pour Lausanne.
Frieda se révèle être une femme dépensière, aimant le luxe et sans scrupules, ayant épousé Émile pour son argent. Les affaires de ce dernier à Lausanne ne marchent pas bien, ses économies fondent rapidement au rythme des folles dépenses de Frieda. Cet homme faible dont les protestations auprès de sa femme sont sans effet, pense pouvoir se refaire en investissant dans une affaire industrielle qu'on lui propose.
Mais tout ira de mal en pis, Émile sera ruiné et Frieda, sans état d'âme, l'abandonnera pour un vieux beau, Monsieur Lambert.
Et le pauvre Émile songera qu'il a été bien puni de ne pas avoir assez aimé Hélène, et ne pas avoir été fidèle à sa mémoire.

Ce résumé pourrait faire penser à un roman de la veine naturaliste. Certes, l'auteur se livre ici à une critique ironique et cruelle de ce petit monde bourgeois qu'il ne devait pas beaucoup aimer.
Mais, on est chez Ramuz, et cette triste histoire est magnifiée par le talent poétique de celui qui, tel un Renoir, nous peint la vie d'une manière extraordinaire, qu'il s'agisse du mariage d'Emile et d'Hélène, du bal où Émile est troublé par Frieda, du spectacle au Kursaal de Lausanne, de la rencontre de Frieda et de Monsieur Lambert….toutes scènes où l'on a vraiment la sensation « d'y être ». Et puis, Ramuz a tant de compassion pour cet être faible qui se rend compte qu'il a gâché sa vie, et se souvient avec tendresse et remords de sa chère Hélène. Un roman aussi en quelque sorte en forme d'éloge des faibles.
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Émile, Hélène, Frieda, Émile … ou comment les circonstances de la vie peuvent nous jouer des tours et nous ramener au point de départ.
Émile, est notaire à Arsens, petite ville suisse de province. Ambitieux, il va faire un mariage de raison en épousant Hélène.
Si Hélène, jeune fille de bonne famille, pas très jolie et dotée d'une constitution fragile, a consenti à épouser Émile, c'est sans doute parce qu'elle pense qu'elle n'aura pas de meilleure proposition.
Les épousailles ont lieu et le jeune couple s'installe dans la maison familiale, sous l'oeil attentif et sévère de la mère d'Hélène, Madame Buttet.
Alors qu'Hélène croit être enceinte, afin de l'aider dans la tenue de la maison, Frieda, jeune allemande désireuse de perfectionner sa pratique du français, vient s'installer dans le foyer. Issue d'une famille de paysans pauvres, Frieda s'avère être une coquette, une ambitieuse, désireuse de sortir de son milieu d'origine.
Hélène se rend compte qu'elle n'est pas enceinte. Elle ne sera jamais mère. Sa santé périclite et elle finira par mourir.
Émile, jeune veuf, ne tardera pas à succomber aux charmes de Frieda la belle ambitieuse. Négligeant de respecter une durée décente de deuil, il part vivre avec Frieda à Montreux, s'attirant la réprobation de toute la ville d'Arsens.
Frieda dont Émile est très épris, exige qu'il lui offre les plus belles choses, meubles, robes, chapeaux, bijoux.
Émile sera ruiné par la belle aventurière qui finira par le laisser tomber pour partir avec un autre homme, plus riche.
Étienne regrettera d'avoir succombé aux charmes de Frieda, il se reprochera d'avoir fait souffrir Hélène et pensera avoir précipité sa mort.
Mais il se rendra compte qu'il est trop tard et finira rongé par le remords !
Roman de moeurs, roman social, Les circonstances de la vie dépeint avec une grande délicatesse le sort d'un homme qui a manqué sa vie car il a été le jouet de circonstances qu'il n'a pas su maîtriser.
Ramuz réussit dans ce roman triste à mettre le lecteur en totale empathie avec ce pauvre Émile. En effet, même si son égoïsme ne le rend pas très sympathique, Émile est un perdant, un pauvre type auquel on souhaiterait une meilleure fin. Mais les Circonstances de la vie et ses mauvais choix en ont décidé autrement …
Très beau roman, différent des autres oeuvres de Ramuz, mais tout aussi humaniste.
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Un notaire de campagne fait un mariage arrangé avec une jeune femme de (plutôt) bonne famille. Histoire d'un naufrage marital annoncé quand la bonne s'emmêle et séduit le mari.

Ramuz en pleine veine naturaliste brosse un portrait sans fard des ambitions bien ternes d'un notaire de campagne. Un récit très fataliste, où l'auteur analyse scrupuleusement la déchéance de son personnage principal, Emile, le petit notaire d'Aubonne.

Pas le Ramuz que je préfère. Je trouve que l'auteur excelle quand il peint les superstitions des petites communautés montagnardes, et qu'il entremêle ses récits d'événements mystérieux. Là, c'est intelligent et bien écrit aussi, avec sa langue si particulière (qu'on aime ou pas), mais j'ai définitivement moins aimé que des livres comme la Grande peur dans la montagne ou Si le soleil ne revenait pas.
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""Quelles belles fleurs quand même ! ces chrysanthèmes, dit Mme Buttet. - J'aime surtout les jaunes", dit Hélène."

Son titre trivial, qui résonne comme un poncif, est à l'image de ce roman tristement banal. Ramuz y consigne froidement les errements sentimentaux d'un notaire de la province vaudoise, homme falot aux ambitions limitées. Marié presque malgré lui à une jeune cachectique, cireuse comme un coing, chaste et pudibonde, il trompera, une fois veuf, son souvenir dans les bras d'une robuste valkyrie, dénuée de tout sens moral.

La chute annoncée de ce petit bourgeois étriqué, mystifié par ses sens, s'étire indolemment. le récit, boueux, suinte d'une mélancolie oppressante et les personnages, peu attachants, s'y débattent avec une conscience balbutiante. Ramuz, d'une précision horlogère, détaille, énumère, inventorie lieux et objets avec une écriture volontairement blanche. Ironique, mais du bout des lèvres, il déplace ses pauvres figurines dans une Suisse miniaturisée, un univers de carton-pâte.

Avec cette histoire de cocuage piteux -l'adjectif jaune ponctue, tel un mantra malfaisant, tout le texte- l'écrivain n'a certes pas démérité mais ne m'a convaincu qu'à demi.

Un lac d'ombres... et d'ennui.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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C'est un peu Madame Bovary en pays de Vaud, raconté du point de vue de Charles. Ramuz décrit avec sa langue faussement maladroite la vie du notaire d'Arsens, son mariage triste, les convenances d'un petit bourg de par chez nous, les notables locaux qui suintent l'ennui, les fêtes des musiques où l'on s'égare puis le moment où la vie simple qu'on aurait pu avoir bascule. Emile, le notaire, avait une épouse trop maladive et une bonne trop aguicheuse. Il tombe dans le panneau. Par faiblesse. Secondes noces avec une femme trop dépensière, fuite à Lausanne, affaires qui périclitent, épouse qui s'ennuie, l'engrenage du malheur est enclanché. Ce qui devait arriver est arrivé. La vie en pays de Vaud est calviniste.
Lien : http://www.lie-tes-ratures.c..
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Lu ce beau roman de Ramuz écrit en 1906 et paru l'année suivante.
Emile Magnenat, notaire à Arsens (petit bourg imaginaire évoquant Aubonne) d'origine campagnarde, âgé de trente-cinq ans, épouse Hélène Buttet, jeune fille de bonne famille montée en graine, peu jolie et de santé chancelante. le jeune couple vit avec la mère d'Hélène qui le régente. Hélène annonce à son mari une grossesse et celui-ci se rêve déjà père d'un fils, mais sa femme s'est trompée. Ayant renvoyé sa bonne, Mme Buttet engage par économie Frieda, belle et hardie volontaire venant du canton de Soleure et désireuse d'apprendre le français, qu'elle doit loger et nourrir sans avoir à la rémunérer. Frieda ne peut être traitée tout à fait comme une domestique et mange avec la famille de sorte qu'Emile la côtoie et subit l'attrait de son charme sensuel. Lors d'un bal organisé à l'occasion d'une fête des musiques vaudoises, il s'enhardit, malgré sa timidité et sa maladresse, à la faire danser. Hélène, atteinte de pleurésie, semble se remettre mais elle rechute et meurt. Peu de temps après ce décès, Emile noue une liaison avec Frieda, ce qui scandalise le voisinage, le contraignant ainsi à quitter Arsens pour s'établir à Lausanne où il épouse Frieda. Celle-ci se montre friande de jolies choses et fort dépensière. Les affaires du notaire, confronté à la concurrence d'autres praticiens, vont mal et la mésentente s'installe dans le couple, malgré la naissance d'un fils que Frieda s'entête à appeler Gottfried, ce qui n'est pas du goût de son conjoint. Emile participe à un projet d'exploitation d'une poudre énergétique tirée des substances laitières, qui s'avère un échec achevant sa ruine. Frieda le quitte au profit d'un français hâbleur, M. Lambelet qu'elle a pris pour amant.
On peut déceler une influence flaubertienne dans ce roman. Les noces d'Emile et Hélène sont décrites comme l'ont été celles de Charles et d'Emma dans Madame Bovary. A Lausanne, Frieda succombe comme Emma à l'ennui. Comme Emma, Frieda, très coquette, fait de grands frais de toilette à crédit. Emile partage la faiblesse de Charles et son épouse le tient pour un sot. Cependant l'amour qu'Emile porte à Frieda se distingue de celui de Charles pour Emma en ce sens que le premier se résume à une passion sensuelle, ce qui n'était pas le cas du second.
Ramuz oppose d'une manière un peu manichéenne la vie dans le petit bourg d'Arsens, paradis terrestre duquel Emile est en quelque sorte chassé par son inconduite à l'existence dans la ville de Lausanne où commencent ses tribulations. On devine l'auteur méfiant devant l'expansion urbaine et les entreprises commerciales, donnant une issue néfaste à l'initiative d'Emile qui, après tout, aurait pu réussir. A la fin de l'oeuvre, Emile repense avec nostalgie au temps de sa vie à Arsens, sans souci du lendemain, tous les jours alors se ressemblant. Il se souvient aussi de sa première épouse, Hélène, et se sent responsable de la mort de celle-ci, qui avait senti son détachement au profit de Frieda. Il s'estime puni. On sent la réticence, la crainte de l'auteur devant la sexualité. le magnétisme sensuel de Frieda - figure dénuée de toutes qualités morales et un peu caricaturée - a causé le dévoiement d'Emile qui n'aurait pas connu tous ses déboires s'il s'était contenté d'Hèlène, petite, maigre et sans attrait, mais douce et aimante. Avec Frieda, même la paternité est empoisonnée. La naissance du fils d'Emile ne le réjouit pas profondément comme l'aurait fait un enfant d'Hélène car il n'attendait rien d'autre d'elle tandis que le lien charnel avec sa deuxième épouse lui suffit. Après l'abandon de Frieda, la présence du petit Gottfried ne peut le consoler car il ressemble en tout point à sa mère et Emile en vient à douter de sa paternité, ce qui annonce un des thèmes du prochain ouvrage de Ramuz, "Jean-Luc persécuté".
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Ce n'est pas le roman de Ramuz que j'ai préféré, peut-être parce qu'on n'y trouve pas cette analyse fine des moeurs des montagnards. Pas de lyrisme face à la beauté de la nature, mais le réalisme - voire le naturalisme - froid de la laideur de l'âme humaine dans une petite ville de province, entre ambition, bêtise, désir de paraître, adultère, hypocrisie et mensonges...
Emile n'est pas assez charismatique pour qu'on s'intéresse à lui, Hélène est tout de suite condamnée. Fredja est plus intrigante, cherchant à s'élever socialement tout en voulant son plaisir, y compris sexuel - ce qui est dit presque crument, notamment dans la scène de l'orage qui est assez bien tournée.
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