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EAN : 9782221101339
356 pages
Robert Laffont (03/12/2003)
4.18/5   30 notes
Résumé :
Un petit garçon rêvait d'un royaume.
Un roi - réellement, légitimement roi, mais de Patagonie - vivait seul, face à l'océan, dans un fort délabré de la côte du Ponant, attendant l'héritier qui recueillerait son rêve avec sa royauté. Il choisit l'enfant. Il lui fit partager les mirages de cette Terre de Feu où il n'avait peut-être jamais mis les pieds, mais qui était toute sa vie, son être même ; il l'introduisit dans les mystères du royaume invisible qu'il po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La mort du vieux notaire un peu fou conduit l'instituteur du village breton de Saint-Just-en-Ponant à revenir sur l'histoire de leur amitié. C'est aussi l'histoire d'un rêve partagé pendant plus de vingt ans, celui d'un royaume perdu du côté de la Terre de Feu : la Patagonie, terre sauvage et désolée, abandonnée aux vents et à la désolation. Ce rêve est un jeu, à la limite de la folie pour ces adultes, ces hommes sans âmes que notre époque a fait grandir ; un jeu où le mensonge est un acte de bravoure désespéré tant qu'il justifie la grandeur de ce royaume intérieur.
C'est aussi le souvenir d'un amour fou avec Ségolène, une âme pure et sans concession, épousée en partageant les larmes de bonheur, mais dévorée par ce jeu à ce point qu'elle ne peut rester au milieu des hommes de son temps.
Cette histoire pourrait être pathétique ; cette nostalgie des temps chevaleresques semble absurde. L'auteur, désabusé, bougonne et se place du côté de ces tribus de Patagonie écrasées par le sens de l'histoire et qui préfèrent disparaitre plutôt que de s'adapter. Il y a une sorte de défaitisme dans le texte de Jean Raspail qui peut lasser ou agacer.
Pourtant pourquoi la magie du texte opère-t-elle ? Peut-être parce que Raspail nous parle du jeune enfant que nous avons été.
Il pose la question suivante : en notre fort intérieur, dans les replis de nos entrailles, ce roi bouge-t-il encore ? A-t-il accepté de disparaitre avec l'âge adulte et les rêves consuméristes de notre époque ? Vraiment ? Sommes-nous des gisants au coeur du monde moderne, ou bien des rois et des princesses de royaumes inutiles ?
Alors je pourrais aussi parler de son style et de fulgurances qui émaillent le texte. Le mieux c'est encore de le lire, surtout si, devant une vieille malle et des cartes marines rognées ou tachées, une étincelle s'allume toujours dans votre regard.
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Un instituteur quarantenaire, Jean-Marie, raconte, en désordre, et sans craindre les répétitions, son histoire d'amitié avec un vieil notaire qui vient de décéder, Pierre Pottier. Leur rencontre remonte aux treize ans de Jean-Marie. Enfant solitaire, ne sympathisant pas avec les jeunes de son âge, il préférait les loisirs solitaires, remplis d'imaginations et de rêves. En campant seul sur la lande, il a été repéré par le notaire. de même tempérament que Jean-Marie, Pierre Pottier a récupéré les papiers d'un ex voyageur-aventuriers, Antoine Tounens, qui fut brièvement le roi de l'éphémère royaume de Patagonie, et a décidé d'être son successeur sous le nom d'Antoine IV. Royauté toute fantasmatique, que le vieil notaire construit à force d'objets et de rites dans son château, mais qui pour lui est plus réelle que le monde tel qu'il est. Il entraîne dans son sillage Jean-Marie, et brièvement une jeune femme dont celui-ci est amoureux.

L'idée d'un royaume de rêve, irréel et pourtant amenant une sorte de réalité plus forte, plus intense et essentielle que le quotidien, était à priori séduisante. Et elle a séduit, puisqu'une succession de rois chimériques a suivi Antoine Tounens jusqu'à aujourd'hui et qu'environ 3000 personnes dans le monde ont été déclarées Patagons par le consul autoproclamé, et font par exemple flotter le couleur du drapeau de ce royaume imaginaire. Je n'ai pourtant pas réussi à embarquer véritablement dans ce livre. Peut-être parce que j'ai pas accroché à l'écriture de Jean Raspail, et que la construction de son roman, avec ses nombreuses répétitions et un récit embrouillé ne m'a pas convaincue, j'avoue m'être même pas mal ennuyé. Par ailleurs je n'ai vraiment pas trouvé le personnage principal, Jean-Marie, sympathique, un peu trop méprisant et plein de morgue vis-à-vis de tous ceux qui ne partagent pas son obsession, c'est à dire à peu près l'ensemble de l'humanité.
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L'auteur, un instituteur un peu hors norme, qui se désole de ce que sont devenus les enfants, le monde, rejetant tout rêve, tout onirisme, raconte comment il est devenu 6ème roi de Patagonie. Enfant, il jouait seul dans la lande : un jour, par jeu il décida d'attaquer et de prendre un fort en ruine qu'il sait pourtant habité. Et là, surprise, le propriétaire va jouer le jeu jusqu'au bout, jusqu'à signer avec lui un vrai traité de paix : c'est le roi de Patagonie, un royaume de rêve qu'il va faire découvrir à son jeune ami. Sa vie en est définitivement transformée ; il devient le prétendant de ce royaume de rêve dans lequel il trouvera tout ce que la vie peut lui apporter, sujet quelques fois de moqueries de la part de ses camarades ou collègues, mais souvent écouté de ses amies, surtout Ségolène qui ira encore plus loin que lui dans le rêve, rejoignant le rêve dans la mort. Un magnifique roman sur le rêve d'un monde pur en comparaison de ce qu'est devenu le nôtre, sans plus d'aventure, d'onirisme, de bravoure, de « fils de roi ». Un roman aussi où Raspail tire à boulet rouge sur tout ce qui nous avilie, nous rabaisse, nous tire vers le bas et tout d'abord cette démocratie populaire incontournable et son bien-penser. On trouve évoqué ici ceux qui formeront le sujet d'un des prochains livres de Raspail, Qui se souvient des hommes, ces fameuses tribus indiennes de la Terre de Feu.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
— Écoutez ! me dit-il en posant sa main sur mon bras. Un autre disque très rare. L'hymne de Maximilien, empereur du Mexique! Napoléon III trahit Maximilien comme il trahit Antoine de Tounens, à peu près à la même époque. Hymne banni de la cour impériale, on le comprend. Interdit à la Légion étrangère, malgré Camerone, par nos généraux républicains. Il n'en reste qu’une seule partition, dans les archives privées de la famille royale belge. Il fut joué trois fois dans le courant de ce siècle. La première fois en 1923, le 19 juin, à Damas, en Syrie, par la fanfare-major de l'armée d'Orient, au jour anniversaire de l'exécution de Maximilien, fusillé par les Mexicains. Saugrenue, l’idée venait du général Weygand, haut-commissaire au Levant. La partition, directement de Bruxelles, par les services diplomatiques belges. Personne ne comprit rien à l'affaire, sauf ceux qui connaissaient le mystère de la naissance de Weygand, l'homme à la tête d'Indien et au caractère impérial. La fidélité, chez l'homme, c'est toujours une lubie. On crut à une lubie de Weygand... La deuxième fois, ce fut en 1927, au Palais de Laeken, en Belgique, devant le caveau des Saxe-Cobourg où s'enfonçait lentement le cercueil de la pauvre vieille folle, Charlotte de Belgique, impératrice du Mexique. Fidélité très germanique. Solennité du souvenir. En droite ligne des forêts profondes de la Saxe. C’est pourquoi les Belges n ont jamais rien compris à leurs rois et que leurs rois le leur ont bien rendu...
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J’aime le contact des livres. Il me suffit de les toucher pour que sortent en foule les personnages qui y sont couchés. Je serre le livre entre mes mains, une étreinte, de l’émotion, et mon cerveau, en une seconde, le recrée dans sa totalité. Quand Ségolêne découvrit la malle, elle étala tous les livres sur la grande table de la salle du conseil et, lisant simplement les titres, promena ses doigts sur les couvertures. « Que fais-tu ? » lui avais-je demandé. « Mes mains voyagent, je vois. »
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Son prie-Dieu à la chapelle, un peu en avant des autres, solitaire au pied de l'autel, à la tête de l'allée centrale. Il s’y agenouillait chaque soir une dizaine de minutes, le front entre les mains, personnage de vitrail. Méditant ? Priant ? Un jour il m’avait dit - je devais avoir seize ans : « Cela manque d’humilité, c'est vrai. Dieu et moi, face à face. Lui sur l’autel et moi à ses pieds, intercesseur privilégié, et puis le peuple derrière moi, derrière... Mais il n’y a plus de peuple. Nulle part. Même plus l'ombre ni le souvenir du peuple. Je précède le néant. Je prie pour le néant. Je règne sur le néant. Le roi est seul. Qu’a-t-il besoin d'humilité ! C'est d'orgueil qu'il doit se nourrir. Pour durer... »
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Pour comprendre combien le roi Antoine était étranger à notre époque, qu'on sache que je n'osais même pas parler de lui aux enfants de ma classe, des gosses .de douze ans pourtant, un âge prêt à tout accueillir, ce qu'il y a de meilleur, de plus généreux, de plus frais, de plus original, de plus imaginatif dans une vie d'homme. Hélas ! désespéré, je constatais chaque année les progrès de l’automatisme dans leurs petites cervelles.
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L'homme attendait l'enfant et le traitait en roi. Ayant jugé et apprécié mon rêve, il m'en renvoyait l'écho que j'attendais. On a compris qu'à mon tour et jusqu'à sa mort, hier matin, j'allais lui renvoyer, moi, l'écho de son propre rêve, ou plutôt celui de nos deux rêves mêlés...
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Vidéo de Jean Raspail
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
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