Djinns, tome 0.5 : Souvenirs d'enfance

Toutefois, au milieu de la tourmente, il crut sentir quelque chose. Si son corps lui apparaissait glacé par la panique et la température trop basse de la mer, sa main gauche lui sembla se réchauffer doucement. C’était agréable, mais ce n’était pas normal. Il se méfia aussitôt, craignant un nouveau piège de son père.
Son esprit chercha de fait à ignorer cette sensation pareille à un appel ; à la repousser. Mais parce que la mort se rapprochait à grands pas, l’oxygène se tarissant dans sa poitrine, il finit par s’y raccrocher malgré tout comme un ultime espoir.
Ce fut magique. Connecté à cette chaleur persistante, les ténèbres se dissipèrent, l’eau disparut, et il se sentit remonter à la surface de son inconscient. Ce fut alors sur une plage tranquille de sable fin qu’il rouvrit les yeux, loin de tout péril. Il n’y avait plus d’équipage, plus de navire, mais il était en vie et c’était tout ce qui comptait.
Longtemps, il resta étendu sans bouger, embrassant les rayons du soleil sur sa peau. L’orage était passé, le froid l’avait quitté, mais l’étrange sensation dans sa main persistait. C’était presque comme si quelqu’un la gardait dans la sienne, mais cela ne pouvait pas être le cas. Qui aurait pu vouloir se tenir à ses côtés ?
Le cœur en miettes sous l’assaut de la solitude qui le frappa, rongé par la culpabilité d’avoir une fois de plus provoqué la destruction du navire de Sindbad, Ceylan se contenta de clore les paupières et de laisser les larmes couler.