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EAN : 9782809703603
311 pages
Editions Picquier (19/08/2012)
3.57/5   7 notes
Résumé :
Ce roman est d'abord celui d'une famille japonaise sur cinq générations. Menuisiers, puis chasseurs de cétacés dans le Pacifique - là où "les baleines dorment dans les rêves des baleiniers" -, chasseurs de bonites, et enfin conducteur de tramway, ce "messager du travail et des fatigues de la cité".
Entre l'éruption du volcan Sakurajima, en janvier 1914, dans le sud du Japon et le tsunami qui dévasta la côte orientale au printemps 2011, un siècle d'épreuves a ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Et si j'allais voir cette exposition au musée de Kagoshima, vues sur le volcan Sakurajima. du genre très instructif sur la nature qui nous entoure et d'une perception différente d'un peintre à l'autre. L'un rougeoyant, l'autre noir cendre avec cinquante nuances de gris ou un mélange de bleu océan comme cette vague gigantesque qui amène ses embruns au-delà des mers. Chaque pause devant un tableau est propice au souvenir, à la nostalgie d'une époque révolue, aux êtres que l'on a aimé, figures du passé sur plusieurs générations.

Takeru Koriyama, conducteur de tramway, fils et petit-fils de baleinier, arrière-petit-fils de menuisier. La saga familiale commence au début du 20ème siècle, des milliers de victimes suite à la colère des Dieux ou de la terre, grondement souterrain, le volcan se réveille déversant sa lave incandescente sur les monts et les villages l'entourant. Dans ce musée, à suivre les différentes estampes, Tareku se souvient. Il se remémore les mots de ces ancêtres, les histoires des vieux, les amours du passé.

A commencer par ce grand-père Chunosuke qui, très tôt attiré par la mer, quitta la menuiserie familiale pour le port et la découverte des baleiniers. Un marin à eau froide dit-on, là où le ballet des baleines et des rorquals danse dans les eaux d'un bleu sombre. Je te l'accorde, la baleine est majestueuse dans son environnement et Michel Régnier, entre le Canada et le Japon connait bien ce monstre des mers. Il a beau être occidental, il comprend aussi les traditions de ce pays.

Autre tableau ; Hideo, fils de Chunosuke, marcha sur les traces de son père. Lui aussi tomba amoureux de ce métier, dur et éprouvant. Chasser les baleines se mérite, s'apprend et forge le caractère. Il s'avère dangereux aussi bien pour le chasseur que pour le chassé. Mais cela n'a qu'un temps, la côte des baleiniers descend en flèche devant les politiciens outrés de l'Occident. Or, il n'y a pas si longtemps l'Angleterre ou la Norvège massacrait bien plus de baleines que l'archipel nippon. Et face à cette pression, les baleiniers sont mis au placard, remplacés par des thoniers. Et quand je vois comment se déroule la chasse à la bonite, cette pratique est tout aussi, si ce n'est encore plus, discutable.

Michel Régnier soulève un point : cette hypocrisie occidentale, qui aime si bien donner des leçons aux autres cultures. Je ne dis pas – et l'auteur ne dit pas non plus – que la chasse à la baleine est un sport indispensable à la survie de ce pays, d'un intérêt crucial pour son économie. Il constate juste qu'il est plus facile de mobiliser les occidentaux pour la survie des baleines que pour celle de migrants. Mais même si la chasse à la baleine ou aux dauphins est « culturelle » pour le Japon, même si elle ne manque pas de cruauté, la pêche au thon me le parait encore plus, avec ces immenses filets qui ramassent tout, y compris requins protégés pour lesquels on leur coupe juste les ailerons en rejetant le cadavre encore vivant…

Après ce court aparté, revenons à nos moutons, ou plus précisément nos baleines. Tareku continue de déambuler dans les galeries du musée. Nouveau tableau du Sakurajima, d'autres morts, celle d'un typhon, la nature aussi cruelle que l'homme. Et puis sa femme. Une rencontre faite dans la timidité. Et puis sa maitresse, une rencontre faite d'un regard et un sourire. Comme tous les japonais, en somme. Fin de l'exposition avec le regard des peintres sur notre monde se reflétant à travers les flancs du volcan.

Point final. Ou presque, quelques mois après, une vague devient folle. Gigantesque, monstrueuse, phénoménale. Elle rentre dans la terre chevauchant les villes, détruit tout sur son passage. Les centrales nucléaires deviennent folles également, remémorant les heures sombres d'Hiroshima. Lorsque la cruauté de la nature s'associe à l'insouciance des hommes, cela provoque une nouvelle vague de morts de disparus de déportés…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Cinq générations au pied du volcan.
Voilà bien longtemps que l'on n'a pas voyagé en extrême-orient.
Il est donc tout indiqué de s'y rendre en compagnie d'un occidental tatamisé, le français Michel Régnier : globe-trotter, documentariste et écrivain (globe-writer dirions-nous ?).
Rien que ce titre (hommage aux cent vues du Mont Fuji d'Hokusai) évoque déjà tout le parfum du pays du soleil levant.
Tout commence effectivement par une exposition où l'on peut contempler Seize tableaux du Mont Sakurajima, autant de vues différentes de la région de Kagoshima, que Michel Rénier connait bien, le long de la baie de Kinko, dans la plus au sud des grandes îles nippones, Kyushu, dominée par la silhouette du volcan Sakurajima. Kagoshima est surnommée la Naples de l'Orient : les charmes provinciaux du Japon méridional.
Devant chaque tableau rapidement décrit (de 'vraies' ukiyo comme celle de Hideo Nishiyama ci-dessous), Monsieur Takeru Koriyama évoque ses souvenirs et ceux de ces parents et grands-parents. Cinq générations au pied du volcan, pour saluer un autre oriental.
Là où les hommes vivent.
Entre les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, les typhons kamikaze et les tsunami dévastateurs : depuis les dessins animés de Miyazaki on sait la culture japonaise très imprégnée des forces d'une nature toujours indomptée.

[...] — Les colères de la terre et de la mer se ressemblent, ce sont les hommes qui leur inventent des noms compliqués.

Comme si cela ne suffisait pas, le pays aura connu également la terrible folie du militarisme et Michel Régnier nous donne de belles pages, pleines de retenue, décrivant cette période guerrière alors que les fils meurent au front et que les bombardements US au phosphore teintent de rouge et de noir les pentes du volcan.
À travers l'histoire de cette famille Koriyama, c'est tout un siècle de l'histoire du Japon qui nous est offert en lecture. Une large palette d'événements, plus de cent ans d'évolution de la vie et des moeurs nipponnes, et la diversité des régions de ces îles-pays puisqu'une partie de la famille s'installera beaucoup plus au nord près de Sendai.
Les Koriyama du nord seront chasseurs de baleines et là encore cela nous vaudra de belles pages également sur ce métier millénaire que l'auteur juge incompris des occidentaux équipés d'oeillères écologiques (les norvégiens et les anglais sont harponnés sans pitié).
Une découverte passionnante de la vie japonaise, même si l'on devine quelques déformations au travers de l'objectif photo de notre occidental tatamisé qui idéalise très certainement la vie de nos lointains voisins (la famille Koriyama ressemble parfois un peu trop à celle des bisounours).
Fort heureusement l'aspect guide touristique reste discret grâce à une très belle plume : certes Michel Régnier n'ignore rien des subtilités de la langue nippone (les sakura, les shoji, les amado, ... n'auront bientôt plus de secret pour nous) mais il ne dormait non plus pendant la classe de français. On se délecte d'une langue élégante, riche et fluide à la fois (où votre regard adamantin sous votre front éburné découvrira les fosses hadales du Pacifique).
Pas question de se coucher idiot ce soir.
On a même droit à un petit arbre généalogique de la famille Koriyama pour nous aider à nous y retrouver dans tous ces prénoms méconnus.
Mais ce qui fait définitivement le charme de ce roman, c'est bien l'atmosphère dont il est imprégné.
Un contraste étrange entre d'un côté toute la sagesse d'une civilisation nippone faite de douceur de vivre, de simplicité, de respect social et de relations familiales policées, et de l'autre côté, toute la violence des colères de la mer ou de la montagne et de la folie des destructions guerrières.
Un bouquin qui entre presque en résonance avec le récent dessin animé de Miyazaki : le vent se lève.
Nos philosophies occidentales ne sauraient sans doute pas classer cela autrement que dans des catégories mentales qui ressortissent à la résignation ou au fatalisme, mais Michel Régnier semble, lui, être en mesure d'approcher de très près les mystères de la sagesse asiatique, là où les gratte-ciel vieillissent plus vite que les pagodes.
Malheureusement la deuxième moitié du bouquin voit le récit s'enliser un peu (ou notre attention s'émousser ?) quand il s'agit de suivre la vie contemporaine de Takeru-san (celui qui, justement, visitait l'exposition des estampes du Mont Sakurajima).
Évidemment après tout cela, on n'a plus qu'une envie, prendre l'avion pour retrouver la plus ingénieuse fourmilière humaine et découvrir le Japon provincial de ces îles du sud que l'on ne connait pas et qui nous tentent déjà depuis un moment !
Pour celles et ceux qui aiment le Japon, tout simplement (et un peu la chasse à la baleine aussi).
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/s..
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On suit dans ce roman l'histoire sur 5 générations d'une famille japonaise tout au long du XXe siècle, entre la guerre et son cortège de tragédies et la terrifiante énumération de cataclysmes naturels qui ponctue tristement l'histoire de l'archipel nippon. de la folie des hommes à la dureté d'une nature somptueuse mais impitoyable, on découvre le quotidien d'hommes et de femmes évoluant entre terre et mer, en prise à la fragilité de la vie et à la brusquerie des changements, attachants par leurs joies, leurs douleurs et leurs faiblesses.
Un récit écrit avec finesse et poésie qui plonge tout droit au coeur d'un pays entre tradition et modernité, à la fois écrin et victime d'un environnement fascinant mais cruel.
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Belle saga d'un famille de pêcheurs de baleines. On les excuserait presque.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Kamikaze ! Ah ! ce mot quasi sacré dans l’histoire nippone. Kamikaze, « Vent de Dieu » ou « Vent divin », ce nom avait été donné au grand typhon qui, en 1281, avait détruit la flotte de l’empereur mongol Kubilay Khan, alors qu’il venait envahir le Japon. Sept siècles plus tard, la sage Kimiko ne serait-elle pas tentée d’expliquer à ses enfants que, loin d’être le « Vent de Dieu », les Nakajima Ki27 et Ki84 n’étaient que les guêpes folles des généraux, contre la puissante marine américaine ? Non, elle ne le dirait pas, par respect pour les jeunes pilotes. Par pitié pour ces brillants lycéens et universitaires dont on faisait de vains martyrs.
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- Nous, les baleiniers, nous ne sommes pas des monstres, comme certains étrangers le prétendent. Nous gagnons notre vie plus durement que bien des gens, en mesurant souvent la douleur qu'éprouvent les rorquals et les cachalots avant leur dernier souffle. Aussi nous devons accepter les accidents, les meurtrissures, comme le prix que la nature nous impose. C'est une loi de la mer.
- La mer, c'est le monde des...
- Des cétacés et des poissons, bien sûr. Et certains sont plus cruels que les hommes.
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Partout la même horreur. Le vide créé par une vague de plus de vingt mètres, s’élevant dans l’étranglement des baies, des anses montagneuses. Des villes entièrement rasées, à l’exception de structures en béton, d’édifices métalliques désossés, tordus, pans de ruines hissés tels des sémaphores de la mort. Les chiffres se succèdent dans leur tragique litanie, jusqu’à une évaluation frisant les trente mille victimes, tel qu’un siècle auparavant.
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contre lui elle se blottit, frémissante dans les sous-vêtements d’un grenat volcanique, qui la moulent avec l’audace d’un manga.
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[...] Kinu lui avait glissé :
— Le Japon sans typhons, ce serait comme une femme sans caprices, une chose impensable.
Il lui avait répliqué avec une boutade apprise de sa grand-mère Kimiko :
— Le Sakurajima, lui, est plutôt comme les hommes de Kyushu, semble-t-il. Il sourit souvent, marmonne ou ronchonne de temps en temps et entre très rarement dans une grande colère. Mais alors là, c’est l’enfer.
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