Le Saint-Siège, après la défaite des conciles, n’avait recouvré qu’une puissance affaiblie. Il ne parvenait pas même à soulever contre les Turcs, maîtres de Byzance, les peuples chrétiens. Un congrès, en mars 1454, avait inutilement réuni à Rome, sous la présidence de Nicolas V, les représentants des États d’Italie. On n’y avait pris aucune décision sur la croisade, et le pape se contenta d’entrer, le 25 février 1455, trois semaines avant sa mort, dans la grande ligue conclue quelques mois auparavant 3 entre les princes italiens contre tout danger d’invasion.
La première moitié du XVe siècle qui, à l’envisager du côté religieux, politique et intellectuel apparaît comme une époque de crise ou, pour mieux dire, comme une époque de transformation profonde, se présente tout autrement dans le domaine économique : rien n’y annonce encore que l’Europe est à la veille d’une orientation inattendue du mouvement commercial et que la découverte de mondes nouveaux va faire passer, des côtes de la Baltique et de la Méditerranée, l’axe de son équilibre économique à celles de l’océan Atlantique, en même temps qu’elle y modifiera les conditions de l’existence journalière et entraînera pour le développement du capitalisme, de l’industrie, du régime du travail et de l’organisation monétaire, les plus graves conséquences.
Le développement du capitalisme est en outre favorisé par la puissance grandissante des États monarchiques. En France et en Angleterre, la couronne s’était adressée au XIIIe et au XIVe siècle, en ses besoins d’argent, à des banquiers italiens. Mais voici qu’à côté de ces Italiens, des financiers nationaux se mettent au service de l’État et font leurs affaires en même temps que les siennes.