Ce roman se joue sur deux temps étroitement entremêlés : le temps présent, où la narratrice, Elizabeth, écrivaine d'âge mur et désormais divorcée, part à la recherche d'une femme, Bell, qu'elle a aimée autre-fois. Elizabeth sait que Bell a passé 14 ans en prison pour meurtre, puis en est ressortie. Et le deuxième temps est celui des souvenirs, le temps où Elizabeth, jeune femme traumatisée par la mort prématurée de sa mère suite à une maladie héréditaire dont elle-même est porteuse, trouve refuge chez Cosette, sa cousine plus âgée, veuve de Douglas, un autre cousin lui aussi atteint de cette maladie. Cosette, femme privée de mère assez tôt et tentant de compenser ce manque par des sentiments maternels exacerbés, a acheté une grande maison dans Londres pour accueillir un genre de famille recomposée comprenant des membres de sa famille, des amis, et de parfaits inconnus de passage. Nous sommes dans la fin des années 60, en pleine révolution sexuelle, et les squatters de la « Maison aux escaliers » constituent une collection hétéroclite de hippies et autres marginaux ou solitaires qui ne se privent pas de mener une vie de débauche dans cette grande maison tout en étant financièrement aux crochets de Cosette. Mais voici que Bell fait un jour son apparition chez Cosette, mais personne ne soupçonne qu'elle y vient avec son amant, Mark, qu'elle fait passer pour son frère, pour qu'ils mettent en oeuvre tous les deux leur plan machiavélique, dans lequel l'argent joue évidemment un rôle majeur, avec l'aide involontaire d'Elizabeth, et le fragile équilibre des sentiments des uns et des autres accumulés au fil des ans va voler en éclats. Diabolique
Ruth Rendell : elle nous tient en haleine jusqu'à la fin, car elle ne déroule la vérité qu'au fil du récit, et ce n'est que dans les dernières pages que nous maitrisons enfin la totalité de l'intrigue. Elle nous tient aussi en haleine parce que c'est un récit à la première personne, et que la narratrice (la romancière sans doute un peu) se dévoile en tant que personne intéressée d'abord par les rapports humains, leur fragilité, les illusions que nous entretenons à leur sujet. La « Maison aux escaliers » n'est pas juste un « roman policier », c'est un grand et sombre roman (signé
Barbara Vine, le nom utilisé pour ses romans non conventionnels) sur la noirceur de quelques êtres et sur l'ingénuité de quelques autres, avec évidemment quelques cadavres dont certains n'émergent qu'à la toute fin. Ne vous laissez pas dérouter par le nombre de personnages (une cinquantaine), la plupart sont mineurs, et seuls comptent la narratrice Elizabeth, sa cousine Cosette au grand coeur, et surtout Bell, froid personnage peu gâté par la vie et de ce fait capable d'entrainer ses semblables dans le naufrage sans aucun remords.