Matchdown Park, une “odieuse ville dortoir”, un lotissement de maisons toutes identiques, extérieur comme intérieur ; des voisins qui s'ignorent ou ne se connaissent que parce qu'ils s'épient derrière leurs fenêtres ; Pollux, un airedale qui aboie frénétiquement à chaque fois qu'une personne étrangère pénètre dans le quartier ; des ouvriers qui travaillent depuis des mois à creuser puis combler une tranchée au milieu de la rue ; des commères toujours prêtes à colporter des ragots.
Difficile dans un tel environnement d'avoir une relation adultère discrète. La voiture verte de Bernard, qui rend régulièrement visite à Louise North, en l'absence de son mari, est connue de toutes les langues de vipères, et les pires jugements enjolivés de supputations sur sa conduite dévoyée vont bon train. Bob, son mari, si beau, si sympathique, si travailleur ne mérite pas une telle humiliation publique. Chauffées à blanc, les pipelettes glanent les détails les plus croustillants - réels ou imaginaires - afin d'alimenter leurs conversations pour une bonne décennie.
Seule Susan, souhaite rester à l'écart du tapage, ne pas se mêler des affaires des autres, ne pas être dérangée. Depuis un an, elle vit seule avec son petit garçon Paul, Julian, son mari les ayant abandonnés pour une nouvelle compagne et une nouvelle vie londonienne loin de la vulgarité banlieusarde. Elle effectue à domicile le secrétariat d'une romancière connue pour ses best-sellers. Susan a connu la trahison, la souffrance, la solitude, l'ostracisation causée par son divorce, épreuves qui l'ont rendue pondérée, prudente, dans ses contacts avec les autres, bien différente de la horde des cancanières. Susan tient un rôle important dans le roman, qu'il est impossible de révéler.
Publié pour la 1ère fois en 1968,
La Maison de la Mort n'entre pas, à mon humble avis, dans le filon des plus grands romans psychologiques de l'auteur, mais contient déjà en germe toutes les potentialités que
Ruth Rendell ne fera qu'étoffer, affiner, ciseler, par la suite : Ne pas se fier aux apparences, ne pas asséner de jugement à l'emporte-pièce, c'est ce que nous invite à méditer la romancière avec beaucoup de sagesse.