AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,19

sur 121 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand on a été choisi comme condisciple du prince héritier au collège royal, on pense occuper plus tard de grandes fonctions, comme un ministère... C'est ce que croit Abderrahmane Eljarib.
Hélas, quand le prince devient le roi Hassan II, le jeune homme est exilé sur la frontière sud qui sépare le royaume d'une région encore occupée par l'Espagne. Peut-être parce qu'au collège il avait laissé gagner le futur roi aux échecs et s'en était vanté auprès d'autres camarades ?
Après de longues années, alors qu'Abderrahmane pense qu'il finira sa carrière sur la frontière, il est rappelé au palais royal pour être nommé historiographe du royaume, une fonction que Racine occupa auprès de Louis XIV et Voltaire auprès de Louis XV. C'est dire...

S'inspirant des Mille et Une Nuits et des Mémoires de Saint-Simon, Maël Renouard nous fait vivre trente ans d'histoire du Maroc, des prémices de la décolonisation jusqu'à la mort du roi Hassan II. Il n'occulte pas la dureté du régime, ni ne cache les tentatives de renversement qu'il subit, mais sans se prononcer sur où étaient la poule et l'oeuf... N'allez pas y chercher des coupables ; on n'est ni dans l'histoire, ni devant la justice. Ce n'est qu'une narration, qui se veut très factuelle.
L'écriture de l'auteur, que je ne connaissait pas, est riche, et nécessite donc un minimum de concentration pour être appréciée.
En synthèse, un livre très bien écrit, qui éclaire d'un certain jour trente années d'histoire du Maroc, mais qui fait peut-être preuve d'un peu trop de pudeur sur le manque d'humanité du régime...
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
Commenter  J’apprécie          500
L'historiographe du royaume était finaliste du Goncourt 2020.

Maël Renouard par le truchement original et singulier d'un historiographe, personnage de fiction, Abderrahmane Eljarib, également narrateur, né la même année que le prince Hassan et ses nombreuses péripéties, retrace la destinée du prince Mulay Hassan puis du roi Hassan II ainsi que l'histoire politique et culturelle du Maroc des années 40 aux années 70.

Malgré ses origines modestes mais méritant, Abderrahmane est sélectionné et intègre à quinze ans le Collège Royal à Rabat, établissement destiné à l'enseignement des enfants de la famille du roi. Quand le prince devient roi, et alors qu'il aspirait à de hautes fonctions, Abderrahmane est envoyé sept ans en exil à Tarfaya - là où était aussi en poste Saint-Exupéry - on ne sait pas très bien pourquoi, le narrateur non plus - les caprices d'un roi vraisemblablement « Je fus en grâce autant qu'en disgrâce. de l'un ou l'autre état les causes me furent souvent inconnues » -, puis il est enfin nommé historiographe du roi.
« Tarfaya ! Il est peu de lieux sur la terre qui soient mieux faits pour accueillir un homme en exil, et lui faire expier son orgueil en desséchant ses dernières ambitions, que cette petite ville en lisière du désert et de l'océan, où les vents ne s'arrêtent jamais de souffler et courbent servilement les quelques arbustes épars qui parviennent à se hisser sur un sol aride - les alizés, vents de nord-ouest humides et frais, alternant au fil des saisons avec le chergui, vent de sud-est sec et chaud, gorgé de fins grains de sable qui font piquer les yeux et la gorge. »
En tant qu' historiographe du royaume, il rédige entre autres le bilan politique du roi et le récit des événements, est la plume du roi et est chargé également d'organiser les commémorations.
« Je savais depuis longtemps qu'il n'entrait pas dans les prérogatives de ma charge d'historiographe d'être informé du présent. Les événements n'étaient pas mon affaire ; et si j'avais voulu m'en mêler davantage, on aurait veillé à ce qu'il n'en fût rien. Je n'apprenais une chose qu'à partir de l'instant où l'on pouvait en disposer à son gré, dans une narration convenable. »
Maël Renouard nous raconte l'histoire du règne d'Hassan II de manière très factuelle. Il ne laisse que transparaître la dureté du régime. Mais nous donne un vrai aperçu de ce que peut être la fidélité, la loyauté face à un roi au pouvoir sans limite.
Il faut être concentré pour s'imprégner de ces pages ; j'ai mis un peu de temps à rentrer dans l'histoire. Des digressions, intéressantes au demeurant (les fêtes versaillaises et celle du shah d'Iran à Persépolis, le règne du sultan Mulay Ismaël, nombreuses références littéraires, les rêves du narrateur...) m'ont fait perdre à plusieurs reprises la trame du récit.

En quelques mots : une écriture ampoulée, un livre très documenté et d'érudition.
Un petit bémol pour moi : j'ai trouvé le style austère, ce qui n'a pas rendu ma lecture facile. Je n'ai jamais été réellement aux côtés d'Abderrahmane Eljarib, et ça me contrarie ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          344
un roman un peu onirique et ensoleillé, autour d'un membre de la cour d'Hassan II, qui évoque le pouvoir et son exercice périlleux avec l'évocation de deux tentatives bien réelles de coups d'état qui ont failli coûté la vie au roi du Maroc, notamment lorsque des avions chasseurs ont pris pour cible l'avion puis le convoi royaux en 1972.
Commenter  J’apprécie          220
Maroc, deuxième partie du XXe siècle. Nous sommes à la veille de l'indépendance. le narrateur, issu de « petite extraction », se voit accorder la chance de pouvoir entrer pour étudier au Collège royal, dont l'élève le plus en vue est le fils du sultan régnant qui sera appelé à régner sous le nom d'Hassan II. Il entre dans ses bonnes grâces, ce qui lui permettra plus tard d'accéder aux cercles les plus proches du pouvoir. Pour une raison inconnue, suivra la disgrâce et l'exil aux confins du royaume avant qu'il ne soit de nouveau appelé, par la fantaisie du souverain, à remplir une nouvelle tâche : être « l'historiographe » du royaume. Il rencontrera la belle Morgiane et vivra de près les événements tragiques du pays, dont les tentatives d'assassinat contre le roi et la trahison des proches de celui-ci.
C'est une réflexion sur le pouvoir, et en particulier le pouvoir absolu, c'est un regard sur l'histoire du Maroc depuis l'avènement de la dynastie alaouite, le tout dans une langue d'un grand classicisme, d'un style forgé avec force imparfaits du subjonctifs (cela fait plaisir, il se meurt!), qui laisse parfois penser à Saint-Simon, la méchanceté en moins.
Commenter  J’apprécie          102
J'ai pris ce livre comme l'on prend un chemin nouveau sans se soucier de quoi que ce soit .S'abandonner à la surprise, se livrer à l'inconnu.
L'historiographe du royaume un titre qui m'est apparu comme une forteresse par son aspect archaïque , comme le mythe d' une époque révolue.
Jai tourné les pages avec un intérêt grandissant car j'ai été saisi par cette écriture fleurie , par ce style emprunté au classicisme d'un autre siècle dont l'auteur s'est évertué à cultiver les règles stylistiques d'un bout à l'autre du livre . Ce fut, je dois dire, un vrai régal et ce seul fait m'aurait suffit à lire ce livre avec grand plaisir quelque fût le propos.
L'auteur s'est d'ailleurs nourri ,selon ses dires , de la lecture de nombreux ouvrages du 18ème siècle comme pour mieux rompre sa plume à la mécanique de précision qui a souvent caractérisé les ouvrages de ce siècle.
L'histoire du livre se situe entre 1940 et 1968 .le narrateur Abderrahmane Eljarib est camarade de classe du prince du Maroc le futur roi Hassan II .
On découvrira dans cet ouvrage érudit les vicissitudes de l'existence de ce personnage présent dans l'entourage proche du roi depuis sa jeunesse .
L'auteur qui n'est jamais allé au Maroc laisse à penser que son travail d'investigation a sûrement été poussé vers de hautes recherches . Une immersion totale dans l'époque du sultan du Maroc Moulay Ismaïl dont le règne s'étendit de 1672 à 1727 et le parallèle effectué avec le règne de louis XIV et qui furent des contemporains , introduira la notion d'historiographe dans ce roman ce qui aura pour effet de mieux familiariser le lecteur avec cette notion moins évidente à intégrer dans l'époque moderne.
Le narrateur , tout au long de sa vie près du roi ,apprendra à ses dépens que sa proximité avec ce dernier n'est nullement une situation emprunte d'évidences et de traitement de faveur.

"Je fus en grâce autant qu'en disgrâce . de l'un ou l'autre état, les causes me furent souvent inconnues"

Sans état d'âme le roman nous conduit vers les arcanes du pouvoir où la logique de cour nous livre au spectacle de la valse des courtisans faite de faux pas , de rumeurs, de flatteries et de procédures mystérieuses .
Le jeu d'échec omniprésent tout au long du roman apparaît comme la métaphore d'un jeu subtile que l'on peut adosser au jeu du pouvoir.

Commenter  J’apprécie          50
L'historiographe du royaume, de Maël Renouard (à paraître ces jours chez Grasset) : c'est dans un style parfait (et d'une grande érudition) que l'auteur nous raconte le destin malmené de l'homme qui deviendra l'historiographe du royaume du Maroc et de son Roi - un songe entre grâce et disgrâce, où l'on croisera Sartre, Senghor, Proust ou encore Saint-Simon. Splendide, avec une fin très réussie. Pourvu que la rentrée littéraire et la presse qui s'en nourrit lui réservent une place de choix (amplement méritée).

vidéo sur : https://animoto.com/play/UfGzV3SL1LJmJxzXb1qFSg
Lien : https://animoto.com/play/UfG..
Commenter  J’apprécie          50
C'est la responsable de la médiathèque du comité d'entreprise de mon ancienne boîte qui m'a conseillé ce livre. Elle a eu raison, je l'ai lu avec plaisir.
Quelques difficultés néanmoins, en particulier au premier chapitre. le personnage principal Abderrahmane, nous y explique comment il s'est retrouvé au collège royal, condisciple du futur roi de Maroc, Hassan II. Il nous décrit ses échanges avec le prince, qui marqueront la suite de leur relation tout au long de leurs vies. Bien sûr ce chapitre est important pour toute la suite de l'histoire, mais j'ai failli abandonner là, commençant à feuilleter un autre bouquin. Est-ce le style de l'auteur auquel il faut s'habituer (et qui n'est pas si difficile que ça), est-ce la mise en route du roman qu'y m'a parue un peu longue, je ne sais pas.
Toujours est-il que j'ai très vite repris ce livre et ne l'ai plus lâché, il n'est pas si fréquent que je retourne vers un livre dès que j'ai un moment dans la journée. Là ce fut le cas.
Il y a eu aussi le passage où l'ancien professeur d'histoire de notre personnage fait un exposé sur les historiographes dans l'histoire de France. Bien sûr c'est cohérent avec l'ensemble du roman, mais j'avoue avoir fait de la lecture en diagonale sur ce passage.
Mais tout le reste m'a passionné, les relations entre le roi et Abderrahmane, tous les jeux de pouvoir entre les proches du roi, quelques épisodes tourmentés et peu connus (en tout cas de moi) de l'histoire contemporaine du Maroc sont très bien racontés. Les deux attentats contre Hassan II décrits de l'intérieur sont étonnants.
J'ai parlé du style, en fait j'ai trouvé le livre très bien écrit, la lecture en est fluide, c'est juste surprenant au démarrage, mais au fond j'ai aimé ça.
Donc allez-y, si comme moi vous avez du mal à démarrer, faites un petit effort, le bouquin en vaut la peine.
Commenter  J’apprécie          30
J'aime ces livres qui mélangent érudition, histoire, et roman; où les petites histoires rencontrent la grande, même si les choses sont éloignées de la Vérité, avec un grand V. Là nous nous plongeons dans les péripéties de l'historiographe du Roi Hassan II, ces grâces et ces disgrâces. le dernier chapitre, que je ne révèlerai pas, peut sembler inutile à l'histoire, même si finalement il lui donne une saveur, un relief particulier. Super livre en tout cas, je pense que je prolongerai mes aventures avec M. Renouard.
Commenter  J’apprécie          20
Excellent élève issu de la classe populaire, Abderrahmane Eljarib est placé à 15 ans au collège royal du Maroc dans la classe du futur roi Hassan II. MR dresse l'autobiographie d'AE, entre grâce et disgrâce : il n'est pas sans risque d'avoir systématiquement devancé un prince au tableau d'honneur ! Exilé aux confins du désert marocain AE est finalement rappelé pour devenir l'historiographe. MR fait revivre trente ans d'histoire du Maroc, entre le crépuscule du « protectorat » et le début des « années de plomb », décrit l'autocratie du régime, les forces et faiblesses d'un pouvoir autoritaire, ses coups d'état manqués, et le compare au pouvoir absolu de Louis XIV et du shah d'Iran. C'est intéressant et fort bien écrit.
Commenter  J’apprécie          20
On se laisse bercer par une plume précise alternant l'érudition historique et l'immersion réussie dans les coulisses du Royaume du Maroc. le lecteur suit la vie de l'historiographe du Royaume, un personnage fidèle parmi les fidèles de la lignée royale au rôle toutefois un peu flou. Ce spectateur des arcanes du pouvoir s'inquiète de disgrâces des souverains qui rythment son destin.

La narration est lente, mais le style empêche l'ennui de s'installer jusqu'à amener les quelques temps d'action plus dynamiques. Un sujet différent et c'est agréable.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (262) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3683 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}