« prisonnier de la main qui vous élève vers le ciel ».
Voilà le destin des hommes lorsqu'on leur cache la grande vérité : tout homme a la faculté de voler de ses propres ailes.
Mais il est du devoir de toute bonne dictature de tout mettre en place pour la lui faire oublier.
La révolution culturelle qui fut instaurée en Chine de 1966 à 1976, est une parfaite illustration - elle n'est malheureusement pas singulière dans l'histoire- du grand pouvoir de mystification que peut posséder une idéologie .
Et ce pouvoir, comme tous ces pouvoirs usurpateurs, tentent toujours de créer leurs propres mythes. Querelles d'opéra pour des mythes d'opérette.
Le texte de Maël Renoaurd, donne d'une façon assez simple et courte un exemple de la prise de contrôle par un système politique d'une culture.
L'opéra de Pékin a plus de 1400 oeuvres inscrites à son répertoire.
Durant la révolution dite culturelle, ce répertoire ayant été jugé par le pouvoir non conforme à l'esprit de la révolution, puisque antérieur à celle ci, a été entièrement recréée, réinventé.
Pas plus de 8 « opéras modèles » furent écrits sous le contrôle du pouvoir et autorisés à être joués par le pouvoir.
La réforme n'était pas, à partir de l'existant d'apporter des modifications, des adaptations, mais tout simplement de nier la validité de l'ancien répertoire et de toute pièce donner naissance à un objet de propagande, objet qui n'avait pour but que celui de servir le pouvoir, et non d'éduquer, d'élever, de libérer le peuple.
Une fois la main mise, celle ci se refermait.
Cet exemple devrait nous faire méditer sur le contenu du mot « réforme » qu'il nous est expressément demandé de mettre en place depuis plusieurs années.
Les acquis sont toujours les fondements de nos réformes.
Nier l'acquis c'est risquer d'offrir les murs de sa maison à toute les tempêtes.
On peut, peut être, tout réformer mais pas forcément avec n'importe qui.
Cette réforme de l'opéra de Pékin a été mise en place par un pouvoir dictatorial.
Mais ce pouvoir n'a pu perdurer sans qu'un système le maintienne.
« La bande des quatre », et ses brigades à eux seuls, même si le poids de leurs bottes était très grand, n'auraient pas pu à eux seuls tenir l'ensemble du système sous leurs semelles.
C'est qu'au échelon inférieur, se ramifie toujours un monde qui cire ces bottes , accroché à leurs talons, et qui jamais ne crache à leur face.
« J'ai vécu ces années dans un mélange de contrainte, de sincérité et d'ambition ».
Voilà la combinaison parfaite du parfait serviteur des dictateurs.
Faire son devoir, dans le cadre stricte de ses fonctions, avec l'approbation de ses chefs, qui savent toujours, c'est bien connu, reconnaître celui qui les servira le mieux.
C'est un regard, sans jugement, seulement un petit mémo que nous délivre
Maël Renouard.
Un texte qui nous rappelle que les oiseaux que l'on met en cage chantent toujours faux, et que si aujourd'hui ils picorent des graines, un jour ils pourraient bien fendre le ciel.
Astrid Shriqui Garain