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EAN : 9782915543285
96 pages
Editions Jean-Claude Béhar (06/10/2009)
4.5/5   8 notes
Résumé :
Ce livre est une petite merveille : petit par ses 96 pages et son format de 20 centimètres sur 10, merveille par sa simplicité et son sérieux.
Professeur de lettres classiques, donc de français, latin et grec, amoureuse de la grammaire, acharnée à transmettre ses savoirs, Cécile Revéret est une battante. Elle nous invite à survoler trente ans de carrière dans le "93" : souvenirs, anecdotes exemplaires, propos d'élèves, forment la trame d'un récit bien viva... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cécile Revéret était professeur de Lettres Classiques. L'Éducation Nationale l'a principalement envoyée dans des collèges dits "sensibles". Malgré cela, elle nous décrit le plaisir qu'elle a eu à enseigner, à transmettre la culture et les connaissances qu'elle avait.

Puis les années 1990 et sa mode des réformes sont arrivées ... Et à partir de là, elle commence à décrire la dégradation des conditions d'enseignement, car les élèves ne savent plus lire correctement, de là l'acquisition du savoir se fait bien plus péniblement.
Enfin ces viennent les années 2000 et là, le tsunami manque d'envie d'apprendre, de découvrir et de travailler. Les élèves viennent en classe sans leurs affaires, sortent les écouteurs et/ou le portable en classe et les parents cautionnent. La culture est officiellement devenue un gros mot. Difficile de faire coïncider ce phénomène avec les directives institutionnelles qui stipulent que l'enseignant n'amènent pas le savoir car les élèves construisent leur savoir seul.... Ah belle Éducation Nationale...

Malgré les dégradations des conditions d'enseignement ces dernières années, Cécile Revéret communique la passion qu'elle a eu à enseigner, à partager, faire découvrir à ces élèves. Elle nous montre aussi comment, avec des choses simples, elle a pu faire passer des fondamentaux aux élèves.

Grâce à ces quelques pages, ceux qui ne sont pas profs mais ont la critique facile sur eux peuvent avoir un aperçu de ce qu'est ce métier.
S'il est vrai qu'il faut s'adapter aux changements de générations, le fait d'avoir à ce point baissé les exigences pour monter des usines à gaz qui ne mènent nulle part a-t-il arrangé les choses ?
Peut-être certains se poseront-ils quelques questions... Pourront-ils comprendre que tous ces fainéants de profs, s'ils font grève contre les réformes Débilités 2.0, c'est aussi dans l'intérêt des enfants plus que dans le leur ?

Merci Cécile Revéret d'avoir montré qu'il reste des enseignants qui se servent de leur esprit critique pour voir où mènent certaines réformes , et qu'il y a toujours des enseignants qui ont fait leur entrée dans ce métier pour la passion de transmettre plus que pour la passion de leur matière pour la beauté de leur art.
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Ce livre est effectivement un petit bijou. Je l'ai lu d'une traite et j'ai été émerveillé. Il y aurait beaucoup de choses à dire, sur la plume très élégante de l'auteur, sur la profondeur du propos, sur le regard tristement lucide de la débâche de l'éducation nationale.
Mais ce qui m'a le plus émue, c'est la passion avec laquelle Cécile Revéret enseigne.
Après avoir fermé ce livre, dévoré d'une trait, la pensée qui m'envahissait est que Cécile Revéret était une très grande enseignante, qu'elle était de ces professeurs qui ont dû changer des vies.
Chapeau bas.
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Très agréable à lire!!!
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"J’ai commencé, dès ces années-là, à résister. Et ce ne sont pas les quelques visites de pédagogues en mission qui auraient pu me convertir. Ainsi, on nous a demandé un jour de libérer nos élèves pour écouter une enseignante de lettres, remarquée en haut lieu pour l’originalité de ses cours. Cette dame avait été déchargée d’une partie de ses heures pour aller de ville en ville prêcher la bonne parole. En fait de conseils, elle ne nous en donna qu’un seul.
— Foin des cours de grammaire ou d’orthographe, des études de textes, etc. ! La seule chose qui plaît aux élèves, c’est leur faire écrire un roman policier. C’est ce que je fais moi-même.
— Dans quelle classe ?
— Mais dans toutes les classes : 6e, 5e, 4e, 3e.
— Combien de temps y consacrez-vous ?
— Plusieurs mois.
— Nos élèves ont déjà du mal à écrire une phrase ! Alors un roman !
— Ce qui compte, c’est que ce soit ludique.
— Comment faites-vous pour que tous les élèves participent ? Ont-ils tous assez d’imagination et de talent pour inventer et rédiger une intrigue qui en vaille la peine ?
— Ce n’est pas un problème : ceux qui n’ont pas d’idées et qui ne savent pas rédiger, je leur demande de recopier le texte des autres. Vous savez, faire de la copie, c’est un très bon exercice ! Enfin elle nous demanda comment nous occupions les cours de remédiation. Quand mon tour arriva, je pris ma voix la plus suave pour lui répondre :
— Je fais du Bled.
Le haut-le-cœur qu’elle ne put réprimer à la seule évocation du Bled fut un grand moment. Devait-elle manifester son agacement devant un professeur aussi obtus ? Elle choisit un ton de commisération apitoyée."
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Je m'arrête aux pommiers et fais allusion à la Normandie, région, dis-je, où Guy de Maupassant situe un grand nombre de ses nouvelles, car il en est originaire. Prise d'un doute, le demande à ces petits élèves de banlieue parisienne s'ils savent où est la Normandie. Aucun ne peut me répondre. J'entreprends d'abord de la situer grosso modo: autour de l'embouchure de la Seine; allons bon, il faut expliquer embouchure; rive droite et rive gauche, zut, ça non plus, ça ne leur dit rien. J'explique. Et la Seine, pourriez-vous me la situer?
J'ouvre alors le petit Larousse - décidément, il faut que je commande à l'intendant une carte de France pour cette salle de français - je tombe sur une carte géologique, quasi muette, où seuls les reliefs, les cours d'eau et les mers sont représentés. Les élèves m'entourent.
-Alors, montrez-moi la Seine.
Les doigts plongent, pleins d'assurance; l'un sur le Mont-Blanc, l'un sur la Garonne, l'autre sur la pointe du Raz...
Bon, dites-moi, la Seine, c'est bien un fleuve ? Qui traverse la ville de... Paris, n'est-ce pas ? Alors, montrez-moi où est Paris!
Là aussi, tout le pays est balayé.
Prise au jeu, fascinée, je poursuis ma terrible interrogation et les pauvres enfants n'en saisissent pas la cruauté. C'est à celui qui répondra le premier.
Je pointe la mer Méditerranée.
- Comment s'appelle cette mer?
- L'océan Indien !
- Non, l'océan Atlantique!
- Mais non, moi je sais, l'océan Pacifique!
Surtout, ne pas montrer mon effarement: après tout, l'une de mes filles, au même âge, révélait une ignorance en géographie aussi peu glorieuse ! Il est vrai que sa maîtresse, en CM1, avait dit en début d'année: «Bon, écoutez, la géographie de la France, j'en ai assez, je la fais tous les ans. Alors, cette année, on va étudier en détail la géographie de l'Éthiopie ».
Maupassant est loin...
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[...] de multiples réformes se sont succédé, [....]. Un laboratoire fou. Il s'agissait avant tout d'innover, donc de brûler ce qui avait été pratiqué auparavant, c'est-à-dire ce qui avait fait de nous ce que nous étions, des gens ma foi plutôt bien instruits...
Dans les années 80, les Anciens et les Modernes ont cohabité. Dans les années 90, les réformateurs sont venus à nous, sur le terrain. Il s'agissait de persuader tous les récalcitrants du bienfait des nouveautés. En vrac : les cours decloisonnés et les séquences, la lecture méthodique, la pédagogie de projet, la construction du savoir par l'enfant, les parcours diversifiés, les IDD, la grammaire de texte, la typologie des discours etc.
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Les élèves tiennent à leurs notes. On leur reproche de ne travailler que pour elles. On reproche aussi aux notes de stigmatiser les différences entre les élèves. [...]

[...]
On se plaint qu'ils ne travaillent que pour la note. C'est souvent vrai. Et nous sommes tous agacés lorsque la première réaction, quand on fait faire un exercice, est un cri unanime : "Est-ce que ce sera noté ? ", induisant clairement : "Si ce n'est pas noté, à quoi bon nous casser la tête ? ".
Nous devons composer avec ce réflexe. Si la note les stimule et les fait travailler, eh bien, va pour la note ...
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Saisir les relations que les mots entretiennent entre eux ou cerner l'articulation des propositions participent de la construction progressive vers l'abstraction et la conceptualisation. En d'autres termes, il s'agit de conduire les élèves vers les raisonnements spéculatifs, détachés de l'immédiat et de l'affectivité. En ce sens, la grammaire est bien plus que la grammaire.
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Video de Cécile Revéret (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cécile Revéret
La faillite de l'école française
Cécile Revéret http://www.lire-ecrire.org/conseils-pratiques/lectures-commentees/livres/la-sagesse-du-professeur-de-francais.html
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