C'est un roman certainement très original , si l'on se réfère à la période à laquelle a vécu son auteure. A travers le récit fait par un marquis en visite, le lecteur va découvrir une personnalité d'avant-garde, adepte de la Nouvelle Héloïse. Mademoiselle de Malepeire, promise par son père au marquis, le dédaigne pour un paysan, au grand dam de son baron de père. Elle brise le coeur du marquis, et celui de sa mère. Sa vie de paysanne ne sera pas des plus heureuses on s'en doute. A vous de découvrir le dénouement de cette histoire , fort bien écrite. Mais oubliez la quatrième de couverture qui en dit beaucoup trop, à mon avis.
Commenter  J’apprécie         120
Quand j’arrivai dans ce pays sauvage, il ne m’était jamais venu à l’esprit que j’y resterais toujours. Je prenais mon isolement et mon ennui en patience, parce que j’étais jeune ; il me semblait qu’ayant un si grand nombre d’années devant moi, il m’en resterait encore assez pour le monde, et je laissais sans effroi le temps s’écouler et ma jeunesse s’enfuir.
Le portrait que vous avez sous les yeux ne donne qu’une faible idée de cette belle créature ; quel pinceau aurait pu rendre la fraîcheur de son teint, les douces flammes de son regard, la langueur de son sourire ? Oui, elle était belle à miracle ; elle avait cet attrait invincible qui séduisit le premier homme, et qui aurait fasciné le serpent lui-même, s’il eût été pétri de notre argile mortelle. J’étais comme ébloui par tant de charmes ; le trouble de mon cœur était si grand, qu’il m’ôtait ma liberté d’esprit : en vérité, je dus paraître un sot pendant toute cette soirée, où je sentis pour la première fois que je devenais éperdument amoureux.
J’aime exclusivement, il est vrai, le monde dans lequel je vis, et, j’en suis convaincu, vous serez du même sentiment lorsque vous y aurez pris rang, à côté de vos pareilles, parmi les plus belles, les plus admirées, les plus honorées.
Trois femmes dans une maison, c’est comme trois noix dans un sac. Celle de l’aîné est jalouse de la mienne, parce que dans le village on ne l’appelle que la belle paysanne. D’un autre côté, ma femme est mortifiée lorsqu’elle voit le dimanche sa belle-sœur qui a l’air de la narguer avec ses dorures…
Je suis charmée que ma fille aime la lecture ; c’est une grande ressource contre l’ennui.