James Brown mettait des bigoudis

Décor minimaliste, cinq personnages aux marges de la normalité. Des parents qui se prétendent heureux. Ils rendent visite à leur fils, qui se prend pour Céline Dion, dans un asile psychiatrique. Celui-ci s'est fait un ami en la personne d'un type qui se croit noir. Ils rencontrent également la psychiatre qui suit leur fils et a des comportements et des propos "inattendus" pour cette profession. On sent rapidement la nuance ténue entre sain d'esprit et 'fou', en se demandant si les cinq personnes qui se rencontrent dans cet endroit ne devraient pas y vivre.

Pièce de théâtre courte, mais pas franchement bluffante. Peut-être parce que le propos ne va pas assez loin dans la dénonciation.

Yasmina REZA. James Brown mettait des bigoudis. Théâtre.

Pascaline et Lionel Hunter ont placé leur fils Jacob dans une unité psychiatrique. Ce jeune homme se prend pour Céline DION. Il connaît sur le doigt toute sa discographie. Il parle avec l'accent québécois et n'appelle plus ses parents que par leur prénom. Il envisage même de suivre l'artiste et de remplir les salles ! Est-ce un imposteur ? Dans cette institut une psychiatre, très originale règne sur les malades mentaux qui nécessitent des soins. Cette femme n'est-elle pas elle-même atteinte de certains troubles. Dans le parc immense et fort bien entretenu, les personnes peuvent aller et venir. Jacob a trouvé un compagnon, Philippe, un homme blanc mais qui se prend pour un homme noir et affirme avoir rencontré Nelson MANDELA. DE quelle phobie sont atteint ces êtres ? Cependant les parents éprouvent de l'amour et de la bienveillance envers leur fils. Ils se posent des questions quand à l'avenir de leur « pitounet », surnom donné à leur enfant .

Des scènes cocasses mais cruelles. Les jeux, les répliques, devant un parterre de spectateurs doivent soulever, des questions. Est-il possible de vivre dans l'univers d'autrui ? Comment s'intégrer dans la société et ne pas vivre en marge, être rejeté par les autres. Un sujet difficile à aborder, livré sous forme de jeu.

Yasmina REZA, avec sa plume incisive, nous fait partager les affres, vivre la vie monotone, a huis-clos de tous ces pauvres êtres, isolés. La difficulté de communiquer avec ces personnages fantasques auxquels échappent leur véritable identité. de la mélancolie, de l'humilité et beaucoup d'humanité caché dans ses dialogues. Je vous recommande, si vous ne connaissez par cette auteure de lire « Babylone » et « Anne-Marie la beauté ». Je vous souhaite une bonne journée et de belles rencontres littéraires, que nous partagerons.
(20/10/2023).
Lien : https://lucette.dutour@orang..

Un titre étrange, absurde et intrigant.
Une scène que l'on imagine très épurée, "sans réalisme" comme l'indique l'autrice.

Une maison de repos. Une clinique psychiatrique, sans doute.
Un parc.
Deux hommes sur un banc : Jacob Hutner, à l'accent québécois, chante, se vit en Céline Dion, il est Céline Dion, il est Elle et Philippe, son ami, un homme blanc, aux chaussures bicolores, qui protège un Sycorus à fruits et s'identifie comme noir.
Les parents de Jacob, Pascaline et Lionel Hutner, en plein désarroi, à la recherche de leur fils d'avant Céline.
Une psychiatre, quelque peu déjantée, aux confins de la folie et aux propos étonnants, traversant la scène sur une trottinette avec Philippe, riant " tous deux comme des gosses" ; au-delà du comique de situation, cette vision apparaît complètement surréaliste.

Des dialogues, véritables échanges de banalités, souvent absurdes et empreints de gravité se font l'écho parfois d'un quotidien superficiel.

Avec cette comédie teintée de mélancolie et de tristesse, l'auteure nous amène, avec doigté et finesse, à réfléchir sur l'identité, la normalité et sur les difficultés des rapports familiaux, notamment parentaux, tant l'acceptation de la différence peut être difficile.

On sera tous d'accord pour qualifier ce titre d'accrocheur et loufoque pour une pièce de théâtre a priori totalement barrée…
Et pourtant, comme souvent chez Yasmina Reza, la profondeur est à puiser dans les interstices des personnages et de leurs mots, dans le huis clos qui les contraint, dans l'absurde qui dit tant de nous et notre société.

Une pièce qu'elle souligne d'emblée dans une didascalie initiale: « sans aucun réalisme », comme pour atteindre l'universalité, se mettre à distance avec le réel pour mieux en approcher la vérité, se sentir concerné, touché par les situations de ces personnages a priori détraqués, perdus et en marge d'une société à laquelle on doit pourtant se conformer.

Alors oui James Brown mettait peut-être des bigoudis, quant à Jacob, le fils de Pascaline et Lionel, il est Céline Dion, ou plutôt « Céline Dion est dans le corps de Jacob ».
Mais qu'est-ce qu'elle raconte ?!?

Oui l'histoire est barrée, déroutante, déconcertante. J'ai même eu parfois l'impression qu'elle me perdait un peu en chemin.
Et puis finalement non, car la mélancolie et la tristesse de ces personnages désorientés m'ont touchée, contre toute attente, dépassant leur dimension ridicule.
Derrière les bigoudis de James Brown et les cordes vocales fragiles de Céline Dion, la pièce transcende les silences, le burlesque et l'absurde. La folie fait émerger discrètement les sujets profonds, l'essence même du texte: la parentalité, le départ des enfants, leur émancipation, leur difficile accès à la liberté, à leurs différences qui se heurtent à la norme et au conformisme.

Soyons prudents, je ne miserai pas sur l'adhésion de tous à la lecture de ce court texte théâtral (c'est quand même très particulier ), par contre il donne très envie d'être vu sur scène, car j'imagine assez bien qu'on y rit autant qu'on y pleure…

Difficile de faire une analyse d'une pièce de théâtre lue et non vue même si les éléments du décor et les accessoires sont évoqués.
Quatre personnages : Pascaline et Lionel les parents qui viennent de faire interner leur fils ; Lionel le fils qui se prend pour Céline Dion; Philippe un autre pensionnaire blanc mais qui se croit noir et veut acclimater un arbre dans le parc de l'asile et une psy qui rentre dans le jeu des deux internés.
Des dialogues teintés d'humour plutôt noir où la folie n'est peut-être pas du côté qu'on croit.