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EAN : 9782226029430
382 pages
Albin Michel (10/04/1987)
3.56/5   8 notes
Résumé :

Pour la première fois de ce côté-ci de l'Atlantique, voici l'histoire organique d'un groupe indien d'Amérique du Nord, les Apaches, tant décriés, avilis et trahis dans leur vérité sur l'instigation des "médias" américains de la fin du siècle dernier. Or, les Apaches furent avant tout un peuple qui, quatre siècles durant, mena son combat contre les conquérants espagnols (1520-1821), mexicains... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'ouvrage de Jean-Louis Rieupeyrout est remarquablement documenté. La difficulté est que cette histoire repose sur des témoignages extérieurs, puisque les amérindiens n'écrivaient pas, et donc les documents sur lesquels on peut baser une recherche historique n'existent qu'à partir de la conquête espagnole. le récit documenté ne peut donc commencer que dans les années 1520, et se termine en 1981, année de rédaction du livre.
Le terme même d' « Histoire des Apaches » peut paraître ambitieux, compte tenu du morcellement infini, presque « fractal », des peuples de l'Amérique du Nord. Les Amérindiens s'appelaient eux-mêmes « les cinq cent nations », et il y a autant de différence entre un Apache et un Iroquois qu'entre un Espagnol et un Norvégien. Et même au sein de « l'ethnie » apache, les morcellements sont nombreux, l'auteur ne parle même pas de « tribus », mais bien de « bandes ». Les divisions ne manquent donc pas entre ces différents groupes, et les colonisateurs en ont profité.
En particulier les « visages pâles » américains, constatant leur inefficacité face aux techniques de guérilla des apaches, recrutent des « scouts » dans certaines tribus pour contrer les méthodes des autres groupes.
Depuis l'arrivée des conquistadors espagnols, les apaches ont toujours été en guerre contre les nouveaux venus : d'abord les espagnols, puis les mexicains, et enfin, après l'annexion du Nouveau Mexique et du Nevada par les jeunes Etats-Unis, par les anglo-saxons. Jusqu'à la fin du XIXème siècle, la stratégie des envahisseurs est clairement le génocide : on attribue souvent au général Sheridan, qui s'illustra dans les « guerres indiennes », la terrible formule : « Un bon indien est un indien mort ! »
Ce n'est qu'à la fin du XIXème siècle que des voix commencèrent à s'élever pour protester contre les massacres ou les tentatives d'assimilation totale, et à préconiser d'accorder une part d'autonomie aux tribus survivantes, pour leur permettre de conserver leurs traditions, leur culture et leur religion.
L'auteur cite par exemple le témoignage suivant :
Britton Davis, qui, de concert avec son collègue Gatewood, commandait les scouts de la réserve, écrit en 1884 : « Partout de petits enfants apaches nus, sales, affamés, effrayés qui, à votre vue, filent se cacher dans un buisson ou sous un wickiup. Partout, les visages revêches, sombres, désespérés et méfiants des adultes. Vous ressentez le défi jusqu'à la moelle des os, ce défi muet qui vous confirme que vous n'êtes rien d'autre qu'un menteur ou un voleur de plus, peu différent de la procession de menteurs et de voleurs qui vous a précédé. L'on a dit tant et plus de la traîtrise de l'Indien. En matière de traîtrise, de serments rompus par les personnalités les plus hautes, de mensonge, de vol, de massacre de femmes et d'enfants sans défense, de tout crime inscrit au catalogue de l'inhumanité de l'homme pour l'homme, l'Indien n'était qu'un simple amateur comparé au « noble homme blanc ». Ses crimes procédaient du détail et les nôtres du gros. Nous apprîmes ses méthodes en ce domaine mais notre intelligence supérieure les perfectionna.
Vivant parmi ce peuple sans autre compagnie que les Indiens eux-mêmes, mes sentiments à leur égard commencent à changer. Cette impression mal définie qu'ils étaient quelque chose d'un peu supérieur aux animaux sans être tout-à-fait humains ; quelque chose à surveiller éternellement avec suspicion et à tuer sans plus de remords qu'un coyote ; ce sentiment d'impossibilité d'une rencontre d'homme à homme : tout cela s'évanouit ! »
Mais l'évolution jusqu'à la fin du XXème siècle reste difficile, et les Amérindiens en général restent des populations marginales, vivant difficilement et soutenus par les subventions.
Un personnage se détache dans ce livre : celui de Géronimo, sans doute le plus connu des chefs apaches. Représentant pour certains le héros amérindien en lutte pour défendre son peuple contre les envahisseurs, il n'est pour les autres qu'un chef de bande sanguinaire et brutal plus doué pour les raids contre les ranches et le vol de bétail, que pour la politique. La vérité est sans doute entre les deux, et Jean-Louis Rieupeyrout souligne bien le côté manipulateur du personnage, qui a réussi à de nombreuses reprises à berner les militaires américains.
Ce livre donne une foule de renseignements non seulement sur les campagnes militaires, mais aussi sur la vie des tribus indiennes, Apaches, Navajos, Pueblos, et sur l'histoire de la conquête de l'Ouest.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le 1er novembre 1879, « Carlisle Indian School » ouvrit ses portes à 136 élèves. Ces adolescents, filles et garçons furent tout aussitôt lavés, peignés (cheveux coupés), désinfectés, fichés, classés, étiquetés et enrégimentés sous un strict uniforme. Auparavant, et la méthode devint rituelle, les arrivants de chaque groupe avaient été alignés contre un mur par taille décroissante afin de recevoir un prénom anglais dans l’ordre de l’alphabet. Dans le cadre d’un règlement draconien et sous la menace d’une discipline rigoureuse leur était dispensé un enseignement plus pratique que théorique destiné à les assimiler à la culture anglo-saxonne.
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Alors, Géronimo, un portrait impossible derrière le mythe démesuré ? Oui, si l’on s’en tient aux seules notations éparses dans les textes signés de témoins occasionnels dont le point de vue défie l’objectivité. Oui, encore, parce qu’il existe trop de zones d’ombre dans la vie du personnage. Non, par contre, si l’on accorde confiance à tout témoignage sur son compte, sans rechercher et les circonstances de celui-ci et les motifs profonds de son auteur. Ou si l’on abandonne tout sens critique devant une légende qui, oubliant le sang innocent répandu, n’hésita pas à hisser Géronimo au noble rang d’un patriote émérite. Et qui, par là, insulte la mémoire des véritables héros apaches : Mangus Coronado, Cochise, Victorio et Nana. Ceux-là pensèrent et menèrent constamment leur combat en référence aux intérêts de leur peuple. A l’opposé, Géronimo ne s’illustra que dans des coups de main, de savantes embuscades et d’audacieuses rapines. Il y tua beaucoup d’innocents, adultes et enfants. Des Mexicains, surtout, car il aimait, semble-t-il, les voir mourir.
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