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René Gauillard (Traducteur)
EAN : 9782228899291
349 pages
Payot et Rivages (05/11/2004)
3.54/5   24 notes
Résumé :
Chef héréditaire des Sioux Oglala, Luther Standing Bear (1868-1939) fut l'un des premiers Indiens à témoigner d'une existence qui l'amena du tipi paternel au monde étrange et inquiétant des Blancs. Son récit nous conduit de son enfance et de son apprentissage de la vie indienne jusqu''au jour où, après avoir participé à la tournée européenne de Buffalo Bill, il devient chef de sa tribu. Document d'une indéniable valeur historique et ethnographique, ce livre est aus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Les autobiographies d'Amérindiens ayant vécu l'invasion, ça ne court pas les rues.
Du coup, pour moi, c'est une première.
Petite précision de départ : Luther "Ours debout" chef des sioux Oglalas vers 1868/1939) n'est pas le Standing Bear chef des Poncas qui est né beaucoup plus tôt (vers 1829).

Et c'est passionnant... Déprimant, aussi...
On aurait eu tant à apprendre d'eux. On a tout détruit. C'est une constante, chez "l'homme blanc". On est des cons. Il faut bien le dire...

On sent que, pour être "publié", Luther ne dit pas tout. Par moments une remarque sarcastique lui échappe. Comme celle sur "le temps où la parole des Indiens valait de l'or, ils n'étaient pas encore "civilisés", que j'ai mise en citation, ou sur le fait que donner de l'argent aux Indiens, au départ, n'avait aucun sens, ils n'en connaissaient rien, et donc il était facile de les abuser. Ou encore quand il dit que les Indiens "natifs" étaient au final aussi chrétiens voire plus (même avant la colonisation) que les hommes blancs (étonnant que ça ait échappé à la censure, ce passage, d'ailleurs (ou l'ironie leur a échappé)).

Pour les Indiens "posséder la terre" n'avait aucun sens, au départ, je le rappelle... Je reviens sur l'achat de l'île de Manhattan pour de la verroterie (60 Florins) par ce saligaud de Pierre Minuit en 1626, par exemple, parce que je me demande encore comment ces gens pouvaient se regarder dans un miroir. Tous ceux qui sont allés là-bas. Mon mari m'a rappelé que les colons c'était pas le "meilleur" des pays européens. N'empêche... Saloperie de mentalité de merde, et qui n'a pas changé d'un iota... Vu hier soir, des centaines de milliers de morts dûs aux opioïdes aux USA pour que les boites pharmaceutiques fassent DU PROFIT ! Voilà toute la considération qu'ils ont là-bas (et sommes-nous différents ?) pour la vie humaine à l'heure actuelle. Crevez, tant qu'on gagne du fric dont on sait plus quoi faire tellement on en a... C'est beau l'humanité, non ? ça n'a pas changé depuis la nuit des temps, au final.

Mais revenons à notre livre : L'abandon forcé de leur mode de vie ancestral, décrit par le menu car l'enfance de Okta Kte (Luther) s'est déroulée selon ce mode de vie (arrêt brutal avec le massacre volontaire de tous les bisons, leur ressource essentielle, qu'il vit de ses yeux et sentit de ses narines, et coulent mes larmes...), apparaît comme inhumain, malgré la "douce" description qu'en fait Ours Debout. Les enfants sont envoyés loin de leurs familles, pendant 3 ans, dans des écoles à la discipline militaire "de blancs" (l'école Carlisle, première du genre, est dirigée par le capitaine Pratt, qui a dit "Pour sauver l'homme il faut tuer l'indien" (ce qui signifie qu'il faut tuer leur culture. Ours Debout est un exemple "phare" de la "réussite" de cette théorie. Rare. Les autres deviennent alcooliques au dernier degré, pour la plupart...).

On tente de les plier à la culture européenne et à la religion chrétienne. Luther part à 11 ans. Il sert de faire-valoir indien à l'école. Son père lui ayant dit d'apprendre un maximum de choses des "blancs", condition pour survivre selon lui (ce qui était très réaliste), il va donc employer toute son intelligence et toute sa volonté à se couler dans ce qu'on attend de lui. Ses condisciples indiens tombent comme des mouches, les enfants qui meurent à l'école sont nombreux.

Plus tard, il va travailler dans un grand magasin, montant les échelons (étant payé sans doute une misère par rapport aux "blancs" à travail égal). Son père monte également une petite boutique.

Plus tard encore il sera interprète et "chef" des Indiens du spectacle de Buffalo Bill, il voyagera en Angleterre avec sa femme, à cette occasion. Ils auront un bébé là-bas, pendant la tournée, mais cet enfant ne survivra pas longtemps.

Ours Debout est un exemple de "réussite" du lavage de cerveau entrepris par les "blancs". C'est absolument déchirant comme témoignage. Il essaiera de concilier toute sa vie la survie et le bien-être de son peuple en étant "servile" avec les blancs, le peu qu'il peut en sauver. Il était à mon avis très intelligent et sans doute intérieurement désespéré, car il tombera gravement malade pendant plus d'un an, à son retour d'Angleterre. Il survit, cependant, pour être ensuite nommé "chef des sioux Oglalas", après son père. Il tentera de se battre pour son peuple, mais "l'agent" (le sale type blanc qui abuse de sa position pour s'enrichir honteusement) de la réserve, soucieux de préserver ses avantages, montera le "peuple" (alcoolique) sioux contre lui et il se fera éjecter. Suite à ça il ira en Californie tourner dans des films. Nouveau constat : les rôles principaux d'Indiens sont tenus par des blancs grimés.

Je vous laisse en citant la fin de son livre, écrit en 1925 :
"La vieille sentence "le seul bon indien est un Indien mort" n'est plus une expression en cours. L'Indien a autant de grammes de cervelle que son frère blanc, et avec de l'éducation et de l'instruction, il deviendra le vrai citoyen américain, dont la race blanche sera justement fière.
Au moment où j'écris ces dernières lignes, j'ouvre une agence de placement pour les Indiens qui, je l'espère, aidera au progrès de toute la race. L'Indien a de grandes qualité, il est capable de tenir des postes importants où il y a de la responsabilité, si on lui en donne seulement l'occasion.
Et pourquoi ne pas la lui donner ?"


............

L'homme bon espère qu' "on" lui donnera raison puisqu'il a raison.
Mais il faut s'avoir que dans le monde qu'on a construit, notre "civilisation", l'homme bon crève avec son espoir toujours déçu.
Géronimo avait sans doute davantage raison qu'Ours Debout. Même si celui-ci est mort plus âgé. Je m'en vais découvrir ça de ce pas...
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Les Amérindiens et leur histoire.... Tellement peu de témoignages écrits de la part de ce peuple, tant de fausses idées.. Alors là, avec les souvenirs d' "Ours Debout", je pensais détenir un précieux objet, une empreinte du temps passé d'une valeur inestimable... Et, malgré mes réserves, c'est effectivement le cas.
Alors oui, les premières pages sont un considérable récit des moeurs et coutumes des Sioux, avec force détails et précisions. Ainsi on passe des pages et des pages à essayer de visualiser la construction d'un tipi ou les divers jeux auxquels s'adonnaient les Indiens

On suit avec plaisir l'enfance d'Ours Debout", et on se prépare au récit de sa bataille contre l'homme Blanc... Que Nenni!!!!
Au lieu de bataille, de révolte bien légitime ma foi lorsqu'on voit comment les Blancs traitent ses compatriotes, Ours Debout nous montre une facette des Indiens qui a bel et bien existé mais très éloignée de l'imagerie populaire, à savoir l'Indien rebelle, attaché à son passé.
Mais voilà, Ours Debout vient au monde entre deux époques... Les guerres contre les Indiens touchent à leur terme et son père lui inculque la nécessité de vivre "avec" plutôt que "contre". Car il considère que c'est la seule chance de survie pour son peuple.
Ainsi, les incessantes humiliations infligées par les Blancs, semblent glisser sur lui sans jamais engendrer la moindre colère ni la moindre remise en question.
Et je m'en veux presque de le dire, mais cette attitude récurrente dans son récit, a fini par me désolidariser complètement de lui.
Est-il naïf ? Non, mais complètement imprégné de la nécessité pour son peuple de "S'INTÉGRER".... Et ça, à n'importe quel prix...
Peu importe tout ce que les Indiens ont à perdre en adoptant une telle attitude : leur savoir, leur histoire, leur mémoire....
Ainsi on le voit décrire pendant des pages et des pages tout ce que l'homme Blanc a fait de bien (nourriture, maisons, école...) mais jamais on ne s'attarde avec lui sur les implications d'une telle générosité...
Il n'accorde qu'un petit paragraphe au massacre de Woudned Knee, s'en désole un peu mais ne semble pas plus révolté que ça. Alors qu'on sait que femmes et enfants y ont été assassinés sauvagement et que ça reste comme l'une des plus grande honte dans la mémoire collective américaine. Tout comme il se garde de nommer les nombreuses maladies amenées par les Blancs, juste, dit-il, untel est mort d'une fièvre....
Idem lorsqu'il évoque son incursion dans le monde de "Buffalo Bill".
Ce dernier a été reconnu comme l'un des plus grands ennemis du peuple Indien (contrairement à l'image véhiculée par le cinéma, le montrant comme un héros ami des indigènes), bien que là, certaines lectures récentes me font penser que l'homme a eu 2 facettes, 2 époques et a été, un peu tard il est vrai un véritable ami du peuple Indien, mais le doute plane et Ours Debout ne dévoile rien de précis.... .
Buffalo Bill n'apparait ici que comme un directeur de spectacle auquel il s'allie pour empêcher ses amis de boire de l'alcool...
Bref, une multitude d' "imprécisions" de ce genre ponctuent le livre...
L'écriture est "simple". C'est à dire assez pauvre en vocabulaire et en tournures soignées.
Mais peu importe... Ça reste plaisant à lire...
On sait que la langue sioux, pendant longtemps, n'a été que "parlée" voir "signée", et qu'elle était moins riche que nos langues écrites... Il faudra attendre l'arrivée des Blancs pour que la langue sioux se développe et s'écrive, et s'enrichisse... Ours Debout donc écrit souvent comme il parle.

Ça donne une impression de récit au coin du feu pendant lequel le narrateur laisse vagabonder ses pensées et aller et venir ses souvenirs.
Et ça nous amène à une autre difficulté du récit, à savoir un manque de linéarité dans la narration, une distorsion du temps et un gros effort pour le lecteur pour remettre les évènements dans l'ordre...
Voilà, je reste très mitigée quand à la valeur de ce livre... Témoignage certes précieux car authentique mais valorisant plus l'Indien progressiste que le combattant acharné...
Le livre, écrit en 1928, on peut s'interroger sur le pourquoi d'une traduction aussi tardive.
Car il aura fallu le succès de "danse avec les loups" pour que l'oeuvre se trouve enfin sur les rayons de nos librairies françaises.
Ainsi, on peut se demander de quelle liberté d'expression "Ours Debout" disposait en des temps où il ne faisait pas bon de rappeller à l'Amérique ses erreurs et où le déni était le mot d'ordre.

Sans mettre en cause la sincérité des Indiens progressistes qui n'ont pas vu le mal qu'ils faisaient aux leurs en choisissant la voie de la soumission, on peut quand même s'interroger sur cette nette tendance à passer sous silence ou tout au moins à minimiser les multiples exactions commises par les Blancs. ...
Au final, Ours Debout ne restera pas en moi comme certains autres Indiens... Je ne discute pas son honnêteté mais je déplore son attitude...
C'est en même temps ce qui donne toute sa valeur au livre : un témoignage à contre courant mais nécessaire... Il ne fut pas le seul, loin de là, à "trahir" l'âme sioux par sa soumission et un aveuglement à toute épreuve. Et c'est grâce à ces Indiens progressistes que les Blancs ont réussi à les soumettre et les aliéner.... Point de jugement de valeur les concernant, car à leur place, qu'aurions nous fait, qu'aurions-nous dit ? Ours Debout reste très attachant, mais son aveuglement, pour qui comme moi, connait l'Histoire du peuple Indien, ne peut demeurer comme
une route à suivre, un exemple....
Instructif, oui, mais terriblement triste..... le genou plié plutôt que la tête dressée....
Oui, ces Indiens progressistes ont bel et bien existé et été complices de l'extinction d'un peuple mais, que ferions-nous à leur place ? Et Ours Debout de par son désir d'intégration et son aveuglement face aux Blancs, n'a-t-il pas été, à sa façon, le dernier témoin en même temps que la victime consentante des révoltes Indiennes et du joug dominateur des Blancs ?
Sa vision des évènements toute frelatée qu'elle est, n'en reste pas moins
le précieux témoignage d'une époque... Loin de l'image idéalisée de l'Indien combattant, révolté et brimé, Ours Debout n'est au final qu'une victime de plus, entraînant dans son sillage, de par ses propos et "silences" sur une partie des forfaitures des Blancs, la mémoire de son peuple.
A lire pour avoir une vision complète de l'Histoire Amérindienne....


Et une grosse pensée pour Lacroute car ça a été une lecture commune dans le but d'écrire une chronique à 4 mains... Nos échanges toutefois, ont nourri cette critique....
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Ours debout, c'est à dire Luther Standing Bear (1868-1939), était un Indien progressiste. Fils du chef Standing Bear, Luther a connu, enfant, le mode de vie des Sioux à l'ancienne. Les grands rassemblements de saison, la vie dans les tippis, la chasse aux bisons. Bien vite, les dissensions apparaissent au sein de la grande tribu des Sioux, notamment lorsque quelques chefs, Spotted Tail entre autres, cèdent des territoires aux Blancs sans consulter leur peuple. Les hésitations à signer les traités, les départs pour les réserves indiennes, rythment la vie des derniers Indiens libres. Lorsque Standing Bear comprend que l'homme Blanc est sur le point de dominer définitivement la race indienne, il suggère à son fils de s'adapter pour survivre. C'est ainsi que le jeune garçon sera parmi les premiers écoliers indiens. C'est à l'école de Carlisle qu'il reçoit le prénom de Luther. Toute sa vie, Luther Standing Bear aura à coeur de démontrer qu'il peut être aussi intelligent, aussi travailleur qu'un Blanc. Même si son jugement sur les Blancs est lucide, il ne peut s'empêcher de les prendre un peu en modèle. En témoigne l'ambivalence de ses réflexions, son désir d'occuper certains postes, ses rapports aux Blancs… Lorsqu'il participe à la tournée européenne du Wild West Show de Bill Cody, il a même cette étrange réflexion : Luther est notamment chargé de veiller à ce que ses compagnons ne boivent pas. Un jour qu'il les surprend en état d'ébriété, il dit "nous eûmes quelques ennuis avec les Indiens" !!! Phrase assez révélatrice de son état d'esprit d'alors.

Il est content de sa grande maison, de sa batterie de cuisine, de ses beaux vêtements de blancs… et aime occuper des postes à responsabilité. Par ailleurs, l'éducation reçue à l'école lui permettra de ne pas passer le reste de sa vie sur les réserves de Rosebud ou Pine Ridge. Il s'exilera à Washington, puis en Californie, où il travaillera pour le cinéma.
Etait-il un traître à son peuple ? Non, il souhaitait sincèrement le bonheur des siens, il aurait aimé en finir avec le racisme et le chômage sur les réserves, prouver que l'homme rouge valait bien le blanc, et cela était forcément tout à son honneur. Mais ce qui m'a gênée, c'est que cet homme s'éloignait peu à peu des valeurs de son peuple. Un rien, quelques réflexions, Luther s'excuse de la crédulité ou de la ferveur de ses compatriotes (par exemple, il condamne implicitement la fameuse danse des esprits qui devait annoncer le renouveau de l'identité indienne. Il ne participa d'ailleurs pas à ces cérémonies). En quelques lignes seulement il évoque le massacre de Wounded Knee, alors qu'il passe des pages à relater sa carrière au sein de différents postes, notamment dans un grand magasin.

Il annonçait déjà ces Indiens progressistes qui s'opposèrent aux traditionalistes au cours des années 1960 et 70 dans les réserves, provoquant des conflits sanglants, vendant leurs terres et leurs âmes pour une poignée de dollars. La seule différence est que Luther était réellement de bonne foi. Mais il ne se rendait absolument pas compte de ce que cela impliquait, vivre sur un pied d'égalité avec les Blancs. C'était renoncer, à plus ou moins long terme, à la culture et l'identité indienne. Luther Standing Bear, dernier grand chef des Sioux Oglala, a certainement produit un témoignage capital aussi bien sur le plan historique que sur le plan ethnologique, qui permet de mieux comprendre comment certains Indiens ont pu en arriver à composer, voire à se laisser assimiler par la culture des Blancs, dans l'espoir de vivre une vie meilleure.
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La littérature amérindienne ! Voilà bien un domaine dans lequel je suis extrêmement novice. Je connais les (très) grandes lignes de l'expansion vers l'ouest et des guerres indiennes, je connais vaguement Custer et William Cody, j'ai entendu parler du massacre de Wounded Knee, mais cela s'arrête là. Ce livre m'a donc fait de l'oeil dans les rayons de la médiathèque. En avant pour l'autobiographie d'un Indien.

Il me laisse néanmoins une impression mitigée. On comprend vite que le petit "Beaucoup Tuer", qui s'appellera Ours Debout seulement plus tard et sera finalement baptisé et recevra le prénom Luther vit la fin d'un monde. Fils d'un chef Sioux, il connait une éducation traditionnelle indienne, nomade, sait monter un tipee, participe à une chasse au bison muni de son premier arc… Mention spéciale pour le 2e chapitre, celui où il explique les jeux pratiqués par les Indiens. J'ai eu l'impression d'être devant Perceval expliquant les règles du « Cul de Chouette » (avec les règles du pays de Galle, pas celles à l'Aquitaine !).

Puis tout change avec l'arrivée des Longs Couteaux, les Blancs. le père d'Ours Debout comprend que cet ennemi-là est trop fort, qu'il va falloir s'adapter à lui. Cela va le marquer, car, tout au long de l'ouvrage, on sent son tiraillement entre ces deux univers. Il est très critique envers les Blancs et porte un regard assez comique (de notre point de vue) sur leur mode de vie : l'emploi de l'argent, les « bisons domestiques » (le bétail), leur manière de monter à cheval. Un passage en particulier m'a beaucoup fait sourire : celui d'un Indien recevant une charrette qu'il doit atteler à ses poneys qui ne sont en rien des animaux de trait. Chaque étape est l'occasion d'un problème : l'attelage des poneys, le graissage des essieux… Si bien que l'Indien repart comme il était venu, abandonnant là le cadeau du gouvernement qui voulait faire de ces chasseurs nomades des agriculteurs sédentaires.

D'un autre côté, la volonté de l'auteur à vouloir être comme les Blancs à tout prix irrite par moment. On s'attend à ce qu'il se rebelle, qu'il défende son point de vue, mais non. Il est rentré très tôt dans le moule, envoyé à l'école de Carlisle à 11 ans, et n'en sortira plus. Malgré le massacre de Wounded Knee qui ne semble pas plus l'émouvoir plus que ça, malgré la mort de 2 de ses enfants de maladies (« importées » par les Blancs), malgré la confiscation des territoires de chasses…

Sa vie reste néanmoins intéressante et ce témoignage m'a semblé précieux. Il m'a donné, en tout cas, l'envie de découvrir d'autres récits comme celui-ci. À vos commentaires si vous en avez à me conseiller !
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Foutu cycle. Sauf qu'après m'être avalé un tas de littérature WASP et bien pensante (pour notre culture), c'est pas mal aussi d'avoir des points de vue différents.

En ce qui concerne les récits sur les amérindiens, peu sont authentiques ou écrits par des natifs. Autant te dire que j'attendais de becter celui là avec toute l'impatience d'une hyène devant une maison de personnes âgées.

En fait il faut passer les premières pages, qui sont certainement super importantes d'un point de vue ethnologiques, sur les us et coutumes des Sioux (côté tribu Oglala) mais en ce qui me concerne j'ai eu l'impression de lire un truc genre copain de la nature avec des descriptions sur comment chasser ou passer ses journées quand t'es indien.

J'voulais vraiment rentrer dans le vif du sujet, à savoir l'oppression des anciens colons (devenus entre temps des américains), et j'ai été vraiment surpris par le caractère d'Ours Debout.

Comme bon nombre de ses compatriotes, il est né à une époque charnière où les américains ont décidé de "civiliser" et "éduquer" les amérindiens à l'américaine ; savoir lire, écrire, prier et croire en Dieu. le père d'Ours Debout ayant vécu les massacres des bisons avaient vu dans ce présage la fin de sa civilisation et souhaitait que les indiens suivent la voie de l'homme blanc pour s'intégrer sans que leur race ne disparaisse.

De ce fait, Ours Debout a toujours agi dans l'intention de vouloir ressembler aux blancs, toujours en agissant pour que son peuple soit reconnu et acquiert les mêmes droits que certains américains.

La naïveté et l'absence totale de colère qu'il possède pour s'intégrer n'en est que plus choquante lorsqu'il se rend compte que l'homme blanc n'a jamais cherché à considérer les indiens comme ses semblables.

Ce texte fait du bien, provoque, apaise, révolte, permet de mieux comprendre, éclaircis quelques points.

J'aime ces ouvrages qui semblent tisser une grande toile dans laquelle certains textes lus précédemment s'imbrique (Deadwood de Pete Dexter, le Dernier des Mohicans, ...).

Ce texte rappelle l'importance des perceptions. On est loin du mythe du bon sauvage de Rousseau. On est dans le vrai, en tout cas celui d'un indien qui rend compte des valeurs de son peuple et du peuple auquel il choisit de ressembler pour s'intégrer.

Hau.
(bien ouej)
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Nos éclaireurs partis reconnaître les lieux où se tenaient les bisons revinrent en disant que la plaine était couverte de cadavres de ces bêtes. Elles avaient été abattues par des Blancs. Jamais les Indiens n'avaient montré tant de dérèglement ni de folie dans leur façon de tuer ce noble gibier. Nous continuâmes à avancer, sûrs de rencontrer de nombreux bisons vivants. Nous fûmes frustrés dans notre attente. Je vis des centaines de cadavres de ces animaux, gisant ça et là, en pure perte, et l'odeur était épouvantable.
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Mon père aurait certainement aimé en avoir un pour lui, mais il était chef et devait d'abord penser à ses gens. Quelle différence avec la façon d'agir des "gros bonnets" chez les Blancs de nos jours ! Avant d'obtenir un poste, ils sont prêts à promettre tout ce que l'on veut et n'importe quoi à ceux qui peuvent les y placer par leur vote. Mais tiennent-ils leurs promesses ? Ah bien ! Pas que je sache ! Dès qu'ils sont élus, la première chose qu'ils font c'est de garnir de plumes leur nid et celui de leur famille.
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A cette époque, Si Cheval Qui Court ou n'importe quel autre Indien voulait du crédit, on le lui accordait. Il n'avait pas besoin d'apporter des garanties. Leur parole était aussi bonne que de l'or ; ils étaient honnêtes et pas encore civilisés.
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Mais aussitôt qu'un représentant des Blancs arrivait dans une agence, la construction d'un fort était la première chose jugée nécessaire. S'ils pensaient que les Indiens étaient assez sauvages à cette époque pour qu'il fallut construire des forts, il me semble que de nos jours les États-Unis devraient se hâter d'en avoir dans tout le pays, car la race blanche devient passablement sauvage.
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Pendant leur séjour à Washington, les Indiens furent traités avec beaucoup de courtoisie et on leur promit tout ce qu'ils voulurent. Mais jamais ces promesses ne furent tenues. Elles furent rompues - comme toutes celles de l'homme blanc à l'Indien.
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