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Gérard Pierrat (Traducteur)
EAN : 9782841090228
151 pages
Le Temps des Cerises (01/01/1995)
4.8/5   5 notes
Résumé :
Ce livre réunit les trois derniers recueils de Ritsos : Les négatifs du silence, L'arbre nu et Tard bien tard dans la nuit, qui donne son titre à l'ensemble. Yannis Ritsos a écrit ces poèmes entre juin 1987 et mai 1988. La période où ils ont été écrits leur confère une valeur testamentaire. Ritsos y dresse le bilan de sa vie, de ses engagements poétiques et politiques. Il se montre comme à son accoutumée toujours amoureux de la vie et lucide, sans complaisance pour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est avec un immense plaisir que j'ai découvert ce poète grec, en effet, j'étais passée totalement à coté et j'ai vraiment raté quelques choses. Lacune comblée dorénavant et j'ai eu beaucoup de plaisir à lire l'ensemble de ces poèmes. Pendant trois jours, ils m'ont accompagnés lors de mes trajets en bus me permettant de m'isoler et d'être dans une petite bulle loin de la grisaille et de la tristesse ambiante.

J'ai pu profité de cette très belle édition, j'en profite d'ailleurs pour dire que la maison d'édition le Temps des Cerises soigne vraiment ses parutions et que la qualité qu'elle soit dans son catalogue et dans la qualité des couvertures, du papier (et non je ne suis pas payée pour dire cela), c'est toujours agréable d'avoir un bel objet.

Mais revenons au contenu, des poèmes sur divers sujets que ce soit la nature, les femmes, la mer, l'amitié, la société. Parfois, témoignages de la société dans laquelle il vit, parfois surréalistes , il est bien difficile de le classer dans une case.

C'est la vision de Yannis Ritsos que l'on a à travers ses poèmes, une vision parfois cynique, parfois drôle, désenchantée, emplie d'espoir, c'est tout en contraste et en contradiction .

J'ai aimé entrer dans cet univers et cela m'a replongé dans la poésie, je vais essayer de combler mes lacunes sur les poètes contemporains.

VERDICT

A lire absolument, c'est très apaisant et une autre façon de témoigner de la société grecque. Un beau cadeau aussi à offrir à des lecteurs aimant la poésie car c'est en plus un beau livre en édition bilingue. Ne passez pas à coté.
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Il utilise des mots simples, des phrases simples, des images qui viennent piocher dans les détails de la vie, et l'ensemble est d'une beauté et d'une puissance qui descend droit au fond de soi. J'ai beaucoup aimé.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Réhabilitation

Il n'aimait pas du tout les oiseaux, les fleurs, les arbres qui deviennent des symboles, que des camps tout à fait opposés exploitent pareillement. Lui, il essayait de leur restituer leur vraie nature, leur substance. Pour prendre l'exemple des colombes,
il n'en faisait pas un slogan pour divers congrès, mais
de beaux oiseaux amoureux, au pas lourd, qui ne cessent de se becqueter dans la cour et jonchent le dallage de fientes et de plumes (elles me plaisent ainsi) ;
ou tout au plus de petits facteurs qui transportent au-dessus des sphères célestes
les lettres que les enfants pauvres adressent à Dieu pour lui demander
des cahiers, des chaussures et quelque bonbons. Les lys,
non pas des emblèmes de la chasteté mais des plantes
odoriférantes,
toute sensualité, avec leurs pétales grands ouverts
laissant voir leurs étamines tendues de pollen d'or. Et l'olivier, non pas une récompense de victoire ou de paix mais le père fécond qui donne l'huile pour notre repas ou notre lampe,
pour le prurit du bébé ou le genou blessé
de l'enfant
inquiet, désobéissant, ou encore
pour l'humble veilleuse de la Vierge. Et moi -dit-il -
nullement un mythe, un héros ou un dieu, mais un simple ouvrier
comme tout un chacun - un prolétaire de l'art
toujours aussi amoureux des arbres, des oiseaux, des bêtes et des gens,
amoureux avant tout de la beauté des pensées pures
et de la beauté des corps juvéniles - un ouvrier
qui écrit, écrit sans relâche pour tous et à tout propos
et dont le nom est aussi bref que facile à prononcer ; Yannis Ritsos.
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L'AUTRE PEUR

On a bien combattu les anciennes peurs. On n'a pas baissé la
tête.
Cachots, déportations, internements. La veille de l'éxécution
Yorghis
a laissé une lettre pour sa mère : "Ne pleure pas,
Je meurs debout. N'oublie pas de saluer de ma part
les montagnes, les oiseaux et les arbres." Alexis
a dessiné la faucille et le marteau sur le mur de la cellule
et gravé son nom au-dessous. Les autres
chantaient et dansaient fasse aux fusils.
Oui, on a bien combattu les anciennes peurs. Mais cette peur-là
reste silencieuse. Elle ne respire même pas. Adversaire invisible,
elle ne te frappe pas sur la nuque avec la matraque, elle ne
t'injurie pas,
ne sort pas son pistolet. Invisible. Elle attend seulement.
Il faut leur apprêter leur dernier habit
avec dignité et sérénité - chaussures noires, chaussettes noires,
costume noir et un oeillet rouge à la boutonnière
en souvenir de ces jours-là, de ces peurs vaincues.
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Inutile limpidité

Promesses violées - faites par qui ? Et quand ça ?
D'autres promesses - les nôtres, celles-là, mais faites à qui ?
Nous nous sommes habitués.
Nous avons vu les monts défiler dans le soir comme des
chameaux ployant sous le faix,
nous avons vu le faon sous la lune, et une perle en compagnie
du néant. Des vaisseaux désarmés
souillent de leur rouille les eaux ingénues. Et sur le versant de
la colline,
derrière les cyprès noirs et sveltes,
un panache de fumée en suspens s'efforce de conférer
un certain sens inexistant à nous-même et au monde.
Ah, éviter de se laisser à nouveau séduire par la beauté
silencieuse !
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Jusqu'à ce que

Tante Maritsa et tante Katina - elles et leurs petits chapeaux,
leurs broches en or, leurs meubles entassés,
leurs coffrets, leurs paires de draps brodés,
leurs innombrables batteries de cuisine en cuivre. A quoi bon
avoir amassé tout cela - disaient-elles -
nous n'avons même plus où nous asseoir. Elles n'en
continuaient pas moins
à amasser des bouts de ficelles, des sacs en papier, des pinces à linge. Les cafards et les mites,
crâ-crâ, s'en donnaient à coeur joie. Jusqu'à ce qu'une nuit
leur maison prenne feu. Les deux vieilles filles fluettes
se mirent à courir dans la rue, pieds nus, dans la tenue
débraillée
d'une longue chemise de nuit blanche,
et elles restèrent ainsi, abasourdies, frémissant à la vue du feu,
tenant chacune en tout et pour tout dans ses mains un petit chapeau noir.
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Hypothermie

De grands vaisseaux tout illuminés glissent, chaque nuit,
en laissant au loin, à l'horizon,
un pressentiment de chagrin. Comme tout s'est apaisé
maintenant
dans la mémoire - l'hôtel miteux,
le lit de fer, les mégots dans l'escalier,
un vieux bougeoir dans le lavabo. Et quand tu t'est arrêté
devant la fenêtre exposée au couchant,
il y avait des étoiles dans le ciel étroit et une bicyclette
contre le mur d'en face. Le lendemain, à l'aube
il est tombé une violente averse. Et toi, tu avais passé une nuit
blanche,
tu guettais l'apparition de Diotima au fond du miroir.
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Videos de Yannis Ritsos (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yannis Ritsos
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature hellénique. Littérature grecque>Littérature grecque moderne (56)
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