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EAN : 9782070746286
630 pages
Gallimard (18/11/1999)
5/5   1 notes
Résumé :
ETUDES (1909 - 1924 )
L'OEUVRE CRITIQUE DE JACQUES RIVIERE A LA NOUVELLE REVUE FRANCAISE

Ce n'est pas un hasard si la critique de Jacques Rivière porte aussi bien sur des peintres que sur des musiciens ou des écrivains.Sa pensée se meut à l'aise dans un univers peuplé de formes,de couleurs et de sons, et adoptetout naturellement un caractère sensuel "Chaque poème est le doux corps précis d'un sentiment unique"..."Les lignes pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A la manière des objets de consommation qui prolifèrent autour de nous, l'information partout désormais surabonde, mais sous les espèces plutôt pauvres, souvent, des notices ou des articles, qui renseignent toujours et rarement n'émeuvent, et c'est pourquoi sans doute l'on sort troublé mais délivré enfin par la lecture de Jacques Rivière : le sortilège de la neutralité ou de la scientificité ici s'estompe, l'information certes n'est pas absente, mais elle est soulevée soudain et comme bousculée par le plus fiévreux désir d'exprimer avant d'expliquer, de bien décrire avant de bien comprendre, cette manière puissante, émue, lyrique pour tout dire, excessive parfois, d'entrer d'un coup dans une œuvre pour aller y toucher l'allant particulier des phrases, si c'est un livre, le rayonnement original des sons, si c'est une symphonie, l'attaque étonnante du trait, si c'est une peinture, cette manière décidément de romancier, pour qui chaque œuvre possède comme un visage, et chaque découverte quelque chose vraiment de la rencontre amoureuse.
Lien : https://une-phrase.blogspot...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Gauguin
     
Comment discerner à quel moment la couleur de Gauguin quitte la couleur des choses pour devenir artificielle? Le passage est insensible. Par une transformation subtile elle cesse peu à peu d'être naturelle; elle se fait silencieusement merveilleuse; elle s'ouvre à l'enchantement.
     
Elle est sourde et fleurie. Elle s'étend en flaques claires mais comme voilées par l'absence du soleil. Ce n'est pas la profondeur de l'objet qu'elle exprime, mais son visage plein de sourire dans la diaphanéité de l'ombre. Chaque nuance s'épanouit largement, avec quiétude; elle déborde jusqu'à s'étaler et sitôt se tient muette. Elle est vive pourtant. Souvent une touche brille au cœur du tableau; mais l'ensemble est si contenu que d'abord on ne la voit pas. C'est comme une luciole dans le feuillage. Puis, soudain, voici qu'elle veillait.
     
En même temps qu'il atténue sa couleur, mettant je ne sais quel suspens à sa floraison, Gauguin la répartit avec soin sur la toile. De tous les tons éparpillés en multiples flocons à la surface de l'objet qu'il copie, il opère le discernement; puis il condense chacun. Leur diversité confondue se rassemble peu à peu en larges taches dont chacune représente, réuni, un des aspects épars du modèle. C'est le contraire du procédé impressionniste. Dans le contour d'un arbre les feuillages se distribuent en quelques masses colorées qui se juxtaposent sagement. On sent une volupté de la couleur à s'arranger ainsi à l'intérieur des objets, à se disposer suivant leur forme. Sur la déclivité du terrain, ce rose pourtant ne dépasse pas sa limite; il s'arrête en un remous frangé.
     
Mais les tons par lesquels les objets se laissent envahir, ne leur sont pas étrangers. Ce n'est pas un accord préconçu de nuances qui s'impose au tableau et remplace les teintes naturelles. Gauguin use seulement de son pouvoir sur les choses; il leur persuade de se laisser détourner légèrement de ce qu'elles sont. Il appelle leurs tons du sein du désordre; il les tente avec subtilité, il les invite à se reformer. Il invoque en silence les éléments dispersés et les rejoint par une sorte d'influence, ainsi qu'en soufflant sur des braises on les ranime en une seule flamme. [...]
     
Peut-être en certaines toiles trop de fleurs, une richesse trop épanouie.... Le tableau de Gauguin que j'aime le plus, c'est ce grand panneau, cet étrange Paradis méditatif, intitulé: "D'où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?" Il renferme des parties de clair-obscur, des enveloppements. La tiède nuit tahitienne baigne le paysage. Et n'est-ce pas elle qui se tient dans le fond comme une femme voilée par l'ombre et retirée?
     
     
Études, 1911 – pp. 56-8
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La symphonie de Debussy, c'est un foyer d'où s'échappent de tremblants rayons ; il y a un noyau et tout autour un frémissement vaporeux, le flottement de mille incertaines harmoniques ; nous sommes au milieu de la fuite des sons ; ils nous quittent et se dissipent dans tous les sens, formant autour de nous une buée délicate, sans cesse en train de s'évanouir. - Une telle musique ne peut rien exprimer que par allusions ; elle n'atteint pas les choses ; elle les indique seulement, elle nous envoie vaguement vers elles ; elle les émeut sans les saisir. Tout ce qu'elle exprime reste en dehors d'elle, n'est que retenu dans ses environs ; elle n'enferme rien, mais il y a mille présences indistinctes qu'elle s'annexe doucement et qu'elle persuade de demeurer auprès d'elle.
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La peinture est un moyen d’empêcher les choses de bouger. – Tout être vivant rayonne ; il permet à sa forme de s’en aller de lui, elle se détache incessamment de lui comme un beau fantôme vite dissipé ; et par chacun de ses gestes il délie de doux cercles invisibles qui se propagent. Le trait d’Ingres recueille partout cette grâce émanée [...]. En effet ce n’est pas avec une lente patience et place par place qu’Ingres fixe le mouvement des corps et de l’objet qu’il peint ; mais avec une décision passionnée, et par une élection sublime, il le remplace d’un seul coup. Tout de suite il aperçoit la forme qui tient lieu de toutes les autres ; elle est étrange, il est difficile d’en rendre compte. Mais qu’y faire ? Elle est juste.
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Videos de Jacques Rivière (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Rivière
PROUST PRIX GONCOURT 1919 : L?EXPOSITION DU CENTENAIRE
Drouant, 10 décembre 1919 : Marcel Proust reçoit le 17e prix Goncourt pour "À l?ombre des jeunes filles en fleurs", deuxième volet d?"À la recherche du temps perdu". Cette décision fait date : une nouvelle ère littéraire s'ouvre avec la consécration d'un roman sans égal, où se joue notre rapport au temps, à la réalité, à la subjectivité et aux êtres aimés. Les jours qui suivent sont marqués par un mouvement de contestation dans la presse hexagonale. Ce qui fera dire à Jacques Rivière, ami de l?écrivain et directeur de la NRF, témoin de cette « petite émeute » de papier : « Seuls les chefs d??uvre ont le privilège de se concilier du premier coup un ch?ur aussi consonant d?ennemis. Les sots jamais ne se mettent en révolution sans qu?il leur ait été fait quelque positive et vraiment cruelle injure. » Retour à la Galerie Gallimard sur l'histoire de ce prix, à partir des archives des Éditions Gallimard, de la Maison de Tante-Léonie (Illiers-Combray), du prix Goncourt (Nancy), de la Bibliothèque nationale de France, et de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, avec la présentation d'une soixantaine de documents exceptionnels dont certains ont été exposés dans le cadre du Printemps proustien dans la Maison de Tante-Léonie à Illiers-Combray: lettres, épreuves d?imprimerie, manuscrits et « placards » originaux, dessins et photographies. À voir en particulier le carnet de notes personnel de Marcel Proust "Moi prix Goncourt (vers 1920-1921)" et pour la première fois exposés, deux dessins de Paul Morand prêtés par la Bibliothèque nationale de France : "Marcel Proust au Ritz" (vers 1917) et "Marcel Proust sur son lit de mort" (novembre 1922).
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