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Maud Robaglia (Autre)
EAN : 9782702449790
200 pages
Le Masque (06/01/2021)
2.68/5   47 notes
Résumé :
Jérémiade n'est pas dupe. Elle sait bien que sa fille, la parfaite petite ménagère, et son gendre, chief happiness officer, ne sont pas aussi joyeux et équilibrés qu'ils prétendent l'être. Personne ne l'est. Surtout pas elle, dont la vie se résume depuis quelque temps à vérifier la solidité des plafonniers. Jérémiade travaille au Parfait Nettoyeur, où elle vend des shampouineuses à moquette et des aspirateurs.
Tout nettoyer la calme, l'aide à contenir ses lar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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L'une des maladies du siècle. La dépression. Maud Robaglia a construit autour de ce thème un roman étonnant. Singulier dans le fond et dans la forme. du genre qui ne peut laisser indifférent.

L'idée maîtresse, d'abord. Créative, forte, originale. L'écrivaine imagine une société future où le bonheur se doit d'être la norme, et où ce mal à l'âme doit être proscrit. Il faut dire qu'il se propage comme un virus, dans cette société de demain. Une véritable pandémie qui fait que les « fragiles » sont devenus si nombreux qu'ils sont mis au ban, cloîtrés, comme si effectivement la dépression était contagieuse.

Une idée un peu folle (mais pas tant que ça), en forme de dystopie, qui donne déjà sa singularité au texte. La plume vient fortement renforcer cette caractéristique, tant elle est puissante et personnelle. Intime, atypique, marquée. de quoi rendre ce roman vraiment particulier.

Le livre est court, 200 pages. Moi qui aime les romans longs, je dois pourtant admettre que ce texte est de taille idéale pour que son caractère marqué se grave dans l'esprit du lecteur.

Je ressors emballé de cette lecture, malgré un sujet pour le moins plombant. Parce que l'idée de base est juste géniale, parce que la forme inclassable est étonnante, parce que l'écriture est audacieuse.

A la croisée des chemins – roman d'anticipation, satire noire et sociale, littérature blanche intimiste – ce livre se déguste mot après mot. Parce qu'ils sont mûrement réfléchis. Clairement pas le genre à conseiller pour un simple moment de détente.

Jusqu'à la fin, totalement inattendue et assez cryptique, et que j'ai eu besoin de lire deux fois pour en saisir la sève, le cheminement de ce texte étant impossible à anticiper.

J'adore le concept, il dit beaucoup sur notre société, nos relations interpersonnelles, et la manière dont elle traite la fragilité. Cette déshumanisation se voit renforcée chaque jour, ce qu'imagine l'autrice est tout sauf abracadabrantesque.

Dans un monde où l'image de soi et la réussite personnelle (souvent de façade) comptent plus que tout, où l'ennui est un ennemi, toute faiblesse est fuie plutôt que soutenue. Toute différence est bannie. Au final, il s'agit bien de parler de folie collective plutôt qu'individuelle. Jusqu'à l'absurdité.

Même si j'insiste sur la particularité de ce roman, je veux également souligner que l'émotion y a sa place. A travers un personnage principal touchant par son mal-être et ses doutes.

En ces temps où tout est souvent lissé, lire un tel roman hors normes est réjouissant. Avec un sujet pourtant plombant, Maud Robaglia nous offre un roman singulier, impertinent et juste. Et, grosse cerise sur le gâteau, il est formidablement bien écrit. Les fragiles, c'est un peu chacun de nous.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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Je n'ai pas accroché du tout malgré le pitch tentant :-(

Jérémiade (sic) est une personne malheureuse dont les tentatives de suicide ont échoué jusqu'à maintenant. Son compagnon ne lui remonte pas forcément le moral. le Gouvernement veut une population heureuse sur tous les fronts et organisent des manifestations de bonheur. Alors que le pays connaît une vague de suicides sans précédent, les gens montrant un signe de faiblesse peuvent être dénoncés en tant que « fragile » et être enfermés dans un endroit pour être « traité ». C'est ce que souhaite Hélène, la fille de Jérémiade. Comme s'il fallait éradiquer les « fragiles » parce qu'ils seraient susceptibles de contaminer le reste de la population…

J'ai eu du mal avec le style d'écriture, notamment pour les dialogues et pour savoir parfois de quel point de vue on se plaçait dans le récit. Certains mots sont imprimés sans séparation. La fin est plate…
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Les Fragiles de Maud Robaglia raconte l'histoire d'une crise sanitaire qui est aussi une crise morale. Alors qu'un pays est touché par une vague de suicides sans précédent, la population panique et les autorités déboussolées ne savent plus quelle mauvaise solution choisir. On ne peut qu'être frappé par la résonnance du sujet avec l'actualité...

Au-delà de l'histoire, l'originalité du livre tient dans son écriture. le récit est centré sur un personnage, Jérémiade, dont on suit le destin dans ce monde en crise. Jérémiade est une "Fragile", le nom que les éléments bien-portants de la société donnent aux suicidaires et à toute personne dont le mal-être apparent pourrait laisser craindre un passage à l'acte. En ce concentrant sur une trajectoire personnelle, plutôt que sur la description d'un monde en crise, le roman échappe habilement aux lourdeurs du roman dystopique. Sans jamais tomber dans le démonstratif, il arrive à garder une voix intimiste, émouvante et nuancée.

À travers Jérémiade et son entourage, l'auteur déroule en douceur et avec humour des thématiques lourdes qui pourraient facilement être plombantes : le mal-être existentiel, l'impuissance face au malheur des autres et l'hostilité qu'il peut même susciter. Dans le livre, les bien-portants craignent les Fragiles plus qu'ils ne les plaignent, car ils les confrontent à leur propre fragilité. Dans une époque où les injonctions des médias et de la publicité font du bonheur un devoir plus qu'un droit, cette possibilité du malheur est insupportable et peut nous conduire à prendre les pires décisions.

La lourdeur du sujet est heureusement équilibrée par la légèreté de l'héroïne. Jérémiade est touchante, sensible, à la fois lucide et inconséquente. La conclusion du récit, inattendue et symbolique, apporte une lueur d'espoir dans un monde bien sombre. Bien plus que sa fragilité, c'est finalement la liberté du personnage qui impressionne.

Il faut un sacré travail d'écriture pour faire d'un sujet aussi grave un récit distrayant et même palpitant. La vivacité de son style et l'actualité de son histoire, font des Fragiles un premier roman remarquable et de Maud Robaglia une nouvelle plume prometteuse.
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Voilà un roman qui va être difficile à chroniquer.
Les Fragiles, de Maud Robaglia, est un roman puissant, qui démontre et qui dénonce, avec une réelle acuité les travers de notre monde.

Le message est profond, le propos intelligent. Et pourtant, j'en suis restée à distance.

Après une vague de suicides sans précédent, décision est prise de surveiller, dénoncer et soigner les « Fragiles ».
Dans cette société, aucune faiblesse n'est plus permise, puisqu'elle peut ouvrir la porte au désir de mourir.
On la traque donc, pour la faire disparaître autant que pour s'en protéger, tant on a peur qu'elle puisse être contagieuse.
Jérémiade est une femme entière, pleine de contradictions.
Mère aimante, amante comblée, elle n'est pourtant pas réellement heureuse.
Elle est Fragile. Elle le sait. Mais elle sait aussi ce qu'elle risque si on venait à le découvrir.
Pourtant elle a conscience que les autres, les Vivants, ne sont, pour la plupart, pas plus forts qu'elle.
Ils savent juste mieux faire semblant...
Le jour où sa fille et son beau-fils décident de la faire soigner, elle va découvrir ce qu'il se passe réellement de l'autre côté de la barrière.
Le résultat en sera-t-il une envie de se relever, ou au contraire de rester à terre ?

Oui, clairement ce roman est brillant.
Pourtant je n'ai pas réussi à entrer en empathie, ni avec les Fragiles, ni avec les Vivants.
Chacun me semblait trop extrême, trop opposé.
J'aurais aimé plus de complémentarité. Peut-être un peu plus de nuances dans l'approche, aussi.

Est-ce la plume ou la trame qui m'a à ce point poser en spectatrice ? Plusieurs jours après ma lecture, je n'ai pas encore de réponse tranchée à ce question.
Ce que je sais c'est que c'est un roman que je n'oublierai pas.

À la fois terriblement dérangeant dans le sujet (parce qu'il touche à un problème auquel nous avons tous été confrontés, directement ou indirectement), profondément actuel dans le fond (parce que parfait reflet de cette société où nous nous contrôlons tous sans cesse), et incontestablement visionnaire dans la forme, c'est une véritable expérience de lecture.

N'hésitez pas à vous faire votre propre avis sur ce petit ovni littéraire.
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Depuis cinq ans  une épidémie inattendue de suicides  sévit. Ceux qui sont désignés sous l'appellation de Fragiles  parce qu'ils n'affichent pas le bonheur obligatoire  et l'équilibre mental de rigueur sont regardés d'un mauvais oeil, ostracisés et remisés, pour leur bien (est-ce si sûr ?) dans des établissements spécialisés dont il est très difficile de sortir.
 C'est donc le parcours de Jérémiade la bien  nommée que nous propose de suivre dans ce premier roman Maud Robaglia. Parcours qui a tout du calvaire mais qui , par un revirement inattendu ,verra la rédemption de ces Fragiles dont Jérémiade sera la figure emblématique. mais un tel revirement peut-il vraiment se faire dans l'intérêt de ceux dont la société ne peut s'accommoder ?
Noir, d'un humour très noir, allant au bout de sa démonstration, Les Fragiles est un roman  politique qui tend un miroir à peine déformant à notre société de la performance.









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critiques presse (1)
Lexpress
08 février 2021
Une dystopie impressionnante sur les diktats de la société
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Son patron dit toujours Les femmes salissent parce qu’elles font plusieurs choses à la fois. Les hommes salissent parce qu’ils sont pressés. Tout le monde salit, mais différemment. Le business du nettoyage marche fort. On vient de fêter l’ouverture du troisième Parfait Nettoyeur. Son patron souhaite lui en confier la direction. Il n’était pas obligé de lui donner sa chance. Elle débutait dans la vente, avait deux fois son âge, mais son nom lui rappelait quelqu’un ou quelque chose. Pour lui c’était suffisant. Elle connaît son argumentaire sur le bout des doigts. Ses statistiques sont excellentes. Une personne sur trois qui entre au Parfait nettoyeur en sort avec un ou plusieurs articles grâce à elle. Vendre ne demande pas beaucoup de compétences ni un attachement à la vie très prononcé. Voir les tâches disparaître est très gratifiant.
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Elle loupe la dernière marche, croise une dame qui agrippe violemment ses deux enfants comme si elle avait vu un fantôme. Elle marche vite. De l’air dans les narines, du crachin dans les cheveux. Elle a soudain très soif, entre dans une brasserie, réclame un verre d’eau, puis deux. Puis un troisième, s’il vous plaît. Rien n’étanche sa soif. Il faut qu’elle se remplisse, qu’elle déborde, qu’elle se noie. Le barman la prie de sortir, surtout si elle ne compte pas consommer. Elle demande où sont les toilettes. Il marmonne Prenez un jeton. Elle baigne sa nuque dans le petit lavabo dégueulasse. Devant l’urinoir, des hommes défilent. Pas besoin de jeton. Salissent différemment. Sont pressés. Pissent sans crainte d’être observés. Bruits de braguette que l’on baisse et que l’on remonte. Ceintures que l’on desserre. Boucles en métal que l’on ajuste. Encore des pas dans l’escalier. C’est le barman qui descend un balai à la main. Il dit Vous êtes en bas depuis longtemps, c’est bizarre. Il sent le pastis et la graisse de friteuse. Il pointe son doigt en direction du miroir et veut qu’elle constate par elle-même les dégâts. Elle commence à comprendre. Il n’est pas énervé, il a peur. Elle doit remonter tout de suite. Il a déjà ramassé une Fragile il y a deux jours, il ne veut pas de ça dans son bar. Les femmes salissent parce qu’elles pensent à plein de choses.
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Elle ne l’avait pas élevée comme ça, en bonne petite ménagère, en vitrine parfaite de téléachat, mais elle voulait plaire à son mari qui, disait-elle, la rendait plus heureuse que jamais. Gus dispose les serviettes en tissu à côté des assiettes. Présent, docile, consensuel, et ne jurant que par le compromis, il était comme une certaine idée du bonheur quand on n’y a jamais goûté. L’homme parfait, s’extasiait Hélène. Pour Jérémiade qui
tentait depuis toujours d’échapper au même destin, à la même tromperie sur la marchandise, à cette vie faite de la lente décomposition d’un idéal et de la multiplication des clafoutis, sa fille était une curiosité.
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Jérémiade s'était réveillée comme une héroïne de série télé, ravie de fairesociété . Avec des choses à faire, des cheveux bien coiffés, un plan de carrière extraordinaire. même son legging en Lycra respire l'envie d'en découdre. Finies les migraines et la mélancolie poisseuse, finis les pied sur le linoléum, terminée la télécommande imprimée sur le cul à force de s'asseoir dessus. Elle marche d'un pas alerte et sûr.
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Pour parler de son envie de se foutre en l'air au type qui vous caresse les cheveux tous les soirs, il faut être un monstre. Ce n'est pas rien de caresser les cheveux de quelqu'un.
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