Le dit de la nonne

La Guerre de Cent Ans sévit entre les royaumes de France et d'Angleterre depuis près de trente ans.
Le conflit se poursuit par procuration dans la lutte opposant le roi de Castille et Leon Pierre Ier, dit le Cruel, soutenu par les Plantagenêt, à son demi-frère Henri de Trastamare, soutenu par les Valois.

Autant dire que l'archevêque d'York et Lord Chancelier du Roi Edward III, John Thoresby, a bien assez à faire pour se préoccuper en plus de la mort d'une nonne du couvent St Clement, dont la révérende mère n'avait pas signalé la fuite dudit couvent un mois auparavant.

Lorsque, un an plus tard, la défunte nonne réapparaît en mauvais état mais bien vivante à Beverley où elle est censée être enterrée, et que sa présence semble provoquer des morts étranges, l'archevêque d'York demande à Owen Archer et à son épouse, l'apothicaire Lucy Wilton, de résoudre cette sombre affaire.

Tous deux n'auront qu'à suivre la piste des cadavres qui se multiplient pour collecter des indices troublants, les menant des routiers des Grandes Compagnies s'enrôlant pour aller guerroyer en Espagne sous le commandement de Du Guesclin, à la puissante famille Percy dont le rôle n'est pas clair.

L'intrigue est complexe et se joue à plusieurs niveaux.
Il y a la situation de cette nonne, rejetée par sa famille et qui semble avoir perdu l'esprit.
Le recrutement des routiers entre également en ligne de compte.
Le conflit entre Plantagenêt et Valois motive alliances et trahisons.
Enfin, quel est l'intérêt d'une famille aussi influente que celle des Percy à cacher ce qu'elle sait ?

Bien mené et bien documenté, le récit nous plonge dans l'Angleterre du XIVe siècle avec nombre de détails et de descriptions qui sonnent juste.
Les amateurs de polar historique y trouveront leur compte.
Il faut cependant rester concentré pour suivre les différentes pistes sans se laisser balader de l'une à l'autre.
Les hypothèses permettent d'aborder maints aspects de la vie politique et des luttes de pouvoir autour des personnes du Roi Edward, de l'archevêque d'York, du duc de Lancastre.

Après avoir mis en place un tel canevas, l'auteur resserre finalement son scenario sur une piste assez convenue, c'est un peu dommage.
Mais les personnages sont plutôt bien campés, l'écriture est agréable, les développements nombreux.
L'ensemble se tient vraiment jusqu'aux trois quarts du livre, et la qualité de l'évocation du contexte historique maintiendra sans effort l'intérêt des passionnés du Moyen Age.
Malgré la petite déception finale, j'ai trouvé cette lecture très intéressante, et j'ai été bien prise par son ambiance moyenâgeuse, très réussie.