Ce recueil de nouvelles rassemble des nouvelles dites “judiciaires” chinoises, écrites entre le XVème et le XVIème siècle, reprenant sûrement des histoires issues de l'oralité populaire et se situant dans l'ensemble entre le 10ème et le 12ème siècle, sous la dynastie des Song.
C'était une lecture très intéressante et exotique avec des commentaires et des notes très érudites, ainsi qu'un rythme et des rebondissements issues d'une littérature plus populaire mais aussi assez fastidieuse dû au style et à la narration assez détachée. le style m'a d'ailleurs un peu fait penser à du théâtre avec justement des coups de théâtre et une narration très “visuelle”. ça m'a un peu fait penser à une ambiance qu'on peut trouver dans nos pièces de boulevard.
J'ai été d'ailleurs impressionnée par l'omniprésence de poèmes classiques et de références culturelles anciennes dans ces historiettes plutôt à destination au départ des saltimbanques oraux. Et j'ai été amusée par les croyances et l'organisation de la société décrite, très loin de ce qu'on peut imaginer à la même période en Europe.
Les nouvelles en elle-même sont assez amusantes, elles donnent une image de la femme dans cette société peu engageante, régulièrement vendue comme épouse par son époux, son maître, la première femme de son mari…, ne devant pas mettre le bout de son nez dehors et n'ayant pas beaucoup de distractions et au contraire beaucoup d'impératifs sociaux. Elles arrivent tout de même régulièrement à contourner les règles, ce qui crée d'ailleurs beaucoup de mésaventures. Ces nouvelles sont aussi assez moralisatrices, les vices condamnés étant la concupiscence, la désobéissance filiale, l'oisiveté, le vol, la bêtise… On sent bien que les valeurs de la société sont différentes et c'est amusant.
En résumé, une lecture intrigante et intéressante mais un peu poussive de temps en temps.
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Le mystère, connu des lecteurs, n’est pas dévoilé par l’astuce de l’un quelconque des protagonistes. La justice ne joue à cet égard qu’un rôle passif. Accordons que nous n’avons pas affaire à un « vrai » policier au sens de la tradition occidentale. C’est une sorte de policier à l’envers où l’astuce de la machination se retourne contre son auteur qui avait sous-estimé le sens de la loyauté – et la rancune – de la femme. L’époux, militaire emporté et brutal, comme il sied à sa profession, s’en tire avec la punition qu’il s’est lui-même infligée.
Le réalisme des « petits détails qui font vrai », la visualisation « cinégraphique » qui commande l’agencement des séquences narratives apparaissent comme autant de conquêtes de l’art romanesque issu de milieux populaires, art diamétralement opposé au goût de la concision de la haute littérature classique. L’expression orale n’est pas ici imitation ou simple alibi ; elle explique et justifie les répétitions que le traducteur n’a pas cru devoir éluder.
Il est assurément malaisé de distinguer le romanesque « noir » de celui à suspens puisque dans l’un et l’autre la source principale du plaisir de lire résulte de l’art d’enchaîner la marche quasi tragique du récit. Néanmoins, ce qui rapproche l’énigme du « suspens », c’est la gageure de l’impossible apparent placée vers le début du récit dans le premier cas, la fin dans le second. Le narrateur livre une sorte de match au lecteur.
Savoir le retour du mari me brise et me tourmente.
Bracelet, billet, en voici, veuille les prendre sans te méprendre !
Sois sans soucis !
Depuis que je t’ai quittée, ma couche reste froide
Et, solitaire, je garde la bibliothèque…
Point de voleur sans le produit du vol, point d’adultère sans comparution du couple.
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=60111
EN QUÊTE DE SENS
Voies de la connaissance
André Lévy
En ce siècle d'incertitudes croissantes, la question du sens revêt une particulière acuité. Qui sommes-nous ? Que devons-nous faire pour répondre à notre devoir ? Récusant les réponses des religions, philosophes et scientifiques ont voulu élaborer des connaissances par la seule force de l'esprit. Mais l'éthique des chercheurs en sciences humaines a souvent été mise à l'épreuve. Or tout comme le sens, la connaissance ne se donne pas, elle se construit. Cet ouvrage reprend cette exigence et l'éclaire.
André Lévy est ancien professeur des universités et Président d'honneur du Centre International de Recherche, Formation et d'Intervention en Psychosociologie (CIRFIP). Il a publié Sciences cliniques et organisation sociale aux PUF.
Broché - format : 15,5 x 24 cm
ISBN : 978-2-343-15091-8 ? 13 juin 2018 ? 106 pages
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