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EAN : 9791095438120
300 pages
L' Iconoclaste (20/01/2016)
3.86/5   161 notes
Résumé :
« Quand Guillaume Agnelet a quitté la barre, j'ai baissé la tête, je tremblais. Sur mon carnet j'ai griffonné mise à mort d'un homme. Deux jours après la déposition du fils, la cour d'assises a déclaré son père, Maurice Agnelet, 76 ans, coupable de l'assassinat de sa maîtresse et l'a condamné à vingt ans de réclusion criminelle. L'affaire avait trouvé son épilogue judiciaire.
C'était l'histoire d'un secret de famille. Personne n'avait rien su, rien deviné. J... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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En quelques lignes adressées au Procureur de Chambéry, Guillaume Agnelet met fin à une bataille judiciaire de plus de trente ans :
« J'ai souhaité vous rencontrer pour vous faire part de mon cas de conscience lié au procès de mon père. Je suis convaincu qu'il est bien le meurtrier d'Agnès le Roux. J'en suis arrivé à cette conclusion à la suite des révélations que m'ont faîtes à la fois mon père et ma mère. [..] La démarche que je fais aujourd'hui après de vous me coûte énormément. Je sais que ce témoignage va sceller la rupture avec ma famille, c'est-à-dire avec ma mère et mon frère. Je crains également la réaction de mon mère qui, d'un moyen ou d'un autre, cherchera probablement à se venger. Je suis prêt à venir témoigner devant la cour d'assises de Rennes dans les jours qui viennent »
Guillaume Agnelet vient de briser un secret familial en mettant un terme au soutien indéfectible qu'il porte à son père, Maurice Agnelet. Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde, fascinée par cette tragédie familiale, s'attache tout particulièrement au parcours chaotique de Guillaume Agnelet, celui d'un fils aimant, dévasté par le plus cruel des dilemmes, sortir de l'enfer d'un mensonge familial sordide ou briser sa famille en envoyant son père en prison.
L'intime conviction est au coeur de cette affaire judiciaire, celle de Guillaume Agnelet pris en étau entre l'acharnement de son père à prouver son innocence, celle de Renée le Roux, la mère d'Agnès le Roux menant une bataille judiciaire infatigable pour faire triompher la vérité et enfin celle du jury, qui a condamné Maurice Agnelet à vingt ans de réclusion criminelle.
Récit passionnant de l'ultime rebondissement de l'affaire Agnès Le Roux, La déposition est écrit d'une plume affutée, alerte et concise. C'est intense, mystérieux, captivant. A lire d'une traite.


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Dans la même veine que "L'adversaire" d'Emmanuel Carrère, nous nous penchons sur l'histoire vraie d'un crime. Mais cette fois, pas du côté de l'accusé, mais de sa famille.

"La loi dit que lorsqu'on est le père, la mère, le frère, la soeur, l'enfant ou le conjoint de l'auteur d'un crime, se taire n'est pas un délit pénal mais un conflit moral qu'il appartient à chacun de résoudre comme il peut."

Alors qu'est-ce qui pousse Guillaume Agnelet à témoigner contre son père, Maurice Agnelet, accusé du meurtre de sa maîtresse Agnès le Roux alors même qu'il a consacré trente ans de sa vie à protéger celui-ci ?

- "Est-ce que, aujourd'hui, vous brisez un secret de famille ?"
- "Oui. J'ai cru qu'avec le temps, ils atterriraient. Que l'on pourrait se retrouver un jour pour parler de notre guerre. Mais pas pour la nier. La vérité pouvait être un ciment entre nous, elle ne l'a pas été. Ce que je sais maintenant, c'est que le secret tue plus que la vérité."

Tout l'enjeu de ce livre est donc moins de s'intéresser au crime (qui n'a pas de corps) qu'à ce qui se joue au sein d'une famille. A quel éclatement, à quel écartèlement elle fait face pour tenir debout tant bien que mal. Entre conflits de loyauté et poids terrible à porter, à trainer malgré soi... se taire ou parler, avouer ou s'avouer, croire ou dénier, accabler pour cesser de s'accabler, enfermer pour se libérer,...

Un exercice alléchant que ce dédale psychologique d'une chronique judiciaire vécue sous le prisme de la famille de l'accusé. Mais je n'ai néanmoins pas été plus emballée que cela... Finalement cet aspect psychologique est plus esquissé que creusé. Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire. Elle nous livre donc un regard assez distancié et factuel sur cette histoire. C'est donc une certaine profondeur d'analyse plus psychologique de ce qui s'est joué intérieurement pour cette famille qui m'a manqué.

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Point de départ du livre: l'affaire Agnelet revient pour la la troisième fois devant la justice.
Jusque là, le clan a fait bloc autour de l'accusé, ex-femmes, enfants, tous ont soutenu l'ancien avocat niçois suspecté d'avoir tuée l'héritière Agnès Leroux.
À la surprise générale, lors de cette troisième audience, une voix discordante va s'élever: celle du deuxième fils, Guillaume. La déposition dont il est question dans le titre, c'est la sienne.

Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire et elle restitue à merveille l'ambiance de la cour, la tension du prétoire, mais la déposition est avant tout le récit d'un huis-clos familial, où comment la figure tutélaire et toxique de Maurice Agnelet a pu, pendant des décennies imposer le déni, voire le mensonge à ceux qui l'ont côtoyé.
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Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire au Monde. Elle a suivi l'affaire Maurice Agnelet, soupçonné et condamné à 20 ans de réclusion pour la disparition d'Agnès le Roux, après 4 procès, sur une durée de 30 ans, suite à l'acharnement de la mère d'Agnès le Roux.

Le dénouement viendra du plus jeune fils de Maurice Agnelet, qui témoignera contre son père, lors du dernier procès, alors qu'il prenait le parti de son père lors des premiers.

Pascale Robert-Diard a voulu comprendre pourquoi Guillaume Agnelet avait décidé, ce jour-là, à ce procès, de dénoncer son père.

Et c'est là l'intérêt de ce livre. C'est de découvrir comment Guillaume vit et se construit alors que son père est soupçonné d'être un assassin. Trente ans de lutte pour croire, au début, à l'innocence de celui-ci, d'échapper à l'emprise et au charisme de Maurice Agnelet, qu'il exerce également sur son entourage, sa famille, ses maîtresses, ses amis, ses connaissances. Comment vit-on un tel drame, lorsque dès le plus jeune âge on vit avec des soupçons, entouré de juges d'instruction ?

Guillaume cherchera de l'aide auprès de sa mère, de son frère, mais aussi auprès des connaissances de son père. Tous se détourneront. Ils ne comprennent pas que Guillaume est à bout. A bout de tous les mensonges qui lui pourrissent la vie. Il veut en finir une fois pour toute, dire la vérité, afin de pouvoir vivre enfin, même s'il y perdra sa famille.

Pas facile pour les Juges et Jurés de déterminer la vérité lorsqu'elle est à ce point éparpiller au fil du temps et que le corps reste introuvable.

Maurice Agnelet se croyait à l'abri, mais, lorsque le grain de sable s'immisce, alors…

Sans parti pris, sans discrimination, Pascale Robert-Diard nous livre un témoignage intéressant. Elle l'aborde sous un angle nouveau : le point de vue d'un proche de l'accusé.
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C'est en écoutant sur France Culture Hervé Temime décédé le 10 avril 2023, avocat de la Famille le Roux qui a suggéré la lecture de ce livre qu'il estime être un sommet dans la littérature judiciaire.

Maître Temime avait succédé à Maître Georges Kiejman, lui-même décédé le 9 mai 2023. Deux excellents avocats, dont on peut regretter le décès et plus encore celui de Temime, prématurément à 65 ans qui n'était pas prêt de lâcher la robe.

Récit du témoignage du fils au procès de Maurice Agnelet, qui après moult atermoiements et rebondissements a fait une déclaration conduisant définitivement à la condamnation de son père pour le meurtre d'Agnès le Roux.

Trente ans de procédure, 3 procès aux Assises, Nice, Aix, Rennes le 7 avril 2014 qui aboutit à la condamnation à 20 ans de réclusion criminelle. Rejet du pourvoi en cassation. Libéré en décembre 2020 pour raison médicale, Agnelet décède en janvier 2021.

On peut affirmer que l'on connaît tout de cette affaire qui a défrayé la chronique et monopolisé au moins 3 juges d'instruction et 3 procès. En réalité on ne connaît que ce que les journalistes nous transmettent et parfois très maladroitement, surtout s'ils ne sont pas spécialement journalistes judiciaires….

Le mérite de ce livre est que Pascale Robert-Diard est une journaliste sérieuse qui assiste au dernier procès et recueille au cours de plusieurs entretiens, le témoignage de ce fils dont la déposition accable son père. C'est en cela qu'il diffère de tout ce qui a pu être écrit auparavant. Un témoignage difficile et douloureux pour ce fils dont la parole sera décisive, le coupera définitivement de toute sa famille et prend l'allure d'une tragédie grecque.
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critiques presse (1)
Telerama
24 février 2016
Pascale Robert-Diard n'a pas son pareil pour ausculter les tréfonds de la nature humaine sans avoir l'air d'y toucher ; pas une phrase plus haute que l'autre, pas d'effet de manche, de broderie littéraire, elle déroule les faits comme les âmes.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il sait presque tout de son intimité, rien n’est plus impudique, obscène même, qu’un dossier d’instruction. Il y a les témoignages de ses nombreux amis, ceux de sa famille, toute l’enquête qui a radiographié sa vie, mais il y a surtout ses mots à elle. Ceux qu’elle couchait frénétiquement sur les pages de son journal intime, de son écriture ronde, presque enfantine, l’écriture d’une jeune femme amoureuse et triste, qui abdiquait sa fierté, sa raison, son indépendance devant lui, l’amant, et se reprochait à la fois d’être trop soumise et de ne pas l’être assez.
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La loi, qui connaît mieux la vie qu'on ne le dit parfois, a prévu des cas comme ça. Elle dit que lorsqu'on est le père, la mère, le frère, la soeur, l'enfant ou le conjoint de l'auteur d'un crime ou d'un délit, on ne peut être puni pour ne pas l'avoir dénoncé. Que se taire n'est pas un délit prénal mais un conflit moral qu'il appartient à chacun de résoudre comme il peut.
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Il dit des choses que les autres pères ne disent pas. Par exemple que le bien et le mal n’existent pas. La morale non plus. Il dit que lui, il est « amoral, pas immoral, hein, tu comprends la différence, fils ? ». Il enseigne à son garçon que l’important, dans la vie, c’est « pas vu, pas pris ».
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Il y tenait beaucoup , Maurice , à la tradition d'offrir à chacun de ses amis ces boules dont les fruits collaient aux mains des enfants , et dont il leur répétait chaque année avec solennité qu'elles portaient bonheur. P 219
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Qui connait les cours d'assises connait bien ces moments-là. Le témoin y est jeté comme une souris entre les griffes non pas d'un mais de plusieurs chats, qui cherchent chacun à éprouver la capacité de survie de leur proie. Certains, entrés dans l'arène, tout gonflé d'eux-mêmes, repartent en lambeaux. D'autres, dont on pensait qu'il ne serait fait qu'une bouchée, repartent sans une égratignure. On a vu des crédibilités s'effondrer sur une phrase, des mauvaises colères ruiner en quelques secondes une apparente sérénité ou de seins emportements asseoir soudain une notoriété qui faisait défaut.
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Videos de Pascale Robert-Diard (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascale Robert-Diard
Depuis 20 ans, ses chroniques judiciaires dans les colonnes du Monde sont lues avec beaucoup d'intérêt. Pascale Robert-Diard a elle aussi suivi le procès des attentats du 13 novembre 2015, mais c'est pour son premier roman "La petite menteuse" aux éditions de l'Iconoclaste, qu'elle est présente aujourd'hui. Ce livre fait à la fois réfléchir sur la vérité judiciaire, le mensonge adolescent et le conflit de génération face aux accusations de violences sexuelles. 
Alice Keridreux défend Lisa, une adolescente de 15 ans qui accuse un homme d'un viol qui sera condamné à 10 ans de prison. Lors du procès en appel, la jeune fille dit vouloir "rétablir la vérité". 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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