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sur 1564 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman saisissant sur les rouages de la justice et les dommages collatéraux d'une adolescente en berne.

Alice Keridreux, avocate est contactée par Lisa Charvet, vingt ans qui souhaite changer d'avocat - une femme la comprendrait certainement bien mieux suite au procès en appel de Marco Lange, ouvrier accusé de viol par Lisa.

Le titre, peut-être trop implicite, donne le ton d'entrée de jeu. Lisa est la petite menteuse. Mais pourquoi à quinze ans avoir menti et envoyé en taule un innocent ?

Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire connaît bien son sujet, son écriture est précise et parvient à maintenir le lecteur en haleine.

A travers cette histoire, l'auteure dissèque toute une problématique, celle d'adolescentes qui grandissent trop vite. Elles ne sont encore que des gamines que leur corps se développe et réveille les hormones mâles. Avec ses seins proéminents, la petite menteuse sera avant toute cette sordide affaire, la petite salope. Celle qui ne sait pas dire non par peur de ne pas être aimée. On sait combien l'adolescence est une étape charnière et combien difficile où critiques et rejet sont monnaie courante.

Toutes les questions que suscite ce roman rendent la lecture prenante et interpellante. le travail de la défense est tout à fait pertinent. Ce n'est pas un livre gorgé d'émotions mais un livre qui crisse sous toutes les bassesses de notre bas monde.
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Plaidoirie pour un mensonge.
Un roman intéressant au style sobre qui se lit d'une traite et qui à l'ère #metoo vient un peu à contre courant puisqu'il traite d'une erreur judiciaire faisant suite à une fausse accusation de viol. L'écrivaine et chroniqueuse judiciaire Pascale Robert-Diard place la focale sur le métier d'avocat et nous fait pénétrer de manière saisissante dans le grand théâtre des prétoires qu'elle connaît très bien.

L'héroïne, Alice, avocate pénaliste, voit débarquer dans son bureau une jeune femme Lisa qui lui demande d'être son nouvel avocat. Elle lui raconte qu'elle a été victime d'un viol six ans auparavant alors qu'elle était collégienne et l'homme qu'elle a dénoncé a été condamné en première instance. Il purge sa peine en attendant son procès en appel qui est imminent.

Alice accepte et se plonge dans le dossier d'instruction le reprenant point par point, nous livrant ses doutes, ses interrogations. Jusqu'au jour où Lisa lui avoue qu'elle a menti. Les convictions de son avocate vacillent et passé le choc de l'annonce, elle va se mettre à disséquer l'origine et la mécanique du mensonge qui ont mené Lisa, à l'époque en perte de repères, dans un engrenage infernal. Elle analyse les causes ayant mené à cette erreur judiciaire et à l'aveuglement de tous. Il faut dire que l'accusé avait tout du coupable idéal et que Lisa n'a pas eu une adolescence tranquille.

L'aveu va redistribuer toutes les cartes engendrant une plaidoirie d'une teneur inattendue. Se rétracter est courageux car l'histoire de Lisa, en pleine époque Metoo, a fédéré et le poids de l'opinion publique pèse lourd. Elle sait qu'en plus de se discréditer, elle va décevoir tous ceux qui l'ont soutenue.

C'est un roman sur le doute et la présomption de culpabilité. L'autrice met en lumière l'importance de la nuance et la perméabilité de l'institution judiciaire quand elle est prise dans un contexte sociétal prégnant, oubliant parfois de respecter ses grands principes, influencée par le débat de société.

Une petite menteuse qui a conduit un innocent en prison est-elle défendable ? A-t-elle des circonstances atténuantes ?
À vous de juger
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Lorsque Lisa, quinze ans, accuse de viol Marco Lange, le plâtrier venu faire des travaux dans la maison familiale, l'avocat de l'adolescente traumatisée n'a aucun mal à obtenir la condamnation à dix ans de prison de cet homme au casier judiciaire déjà chargé. Mais, incarcéré depuis trois ans, le condamné entame un procès en appel. Désormais majeure et préférant être défendue par une femme, Lisa demande à Alice, avocate expérimentée qui ne voit aucune raison de refuser cette affaire facile, de reprendre le dossier. Sauf que Lisa revient sur ses déclarations, reconnaissant avoir menti…


Dans toutes ces affaires déclenchées par le mouvement #MeToo et par la libération de la parole des femmes, lorsque la preuve est si compliquée ou même impossible après parfois tant d'années écoulées, qui ne s'est jamais senti frémir à l'idée d'une mauvaise décision, qui entraînerait, soit l'insupportable impunité de coupables hors d'atteinte, soit la terrible dévastation de l'erreur judiciaire ? Observatrice aguerrie, par son métier de chroniqueuse judiciaire, des grandes comme des petites affaires qui font le quotidien des tribunaux, Pascale Robert-Diard nous confronte à une situation, qui, pour être fictive, n'en confond pas moins son lecteur par son parfait et terrifiant réalisme.


Quand la collégienne Lisa change de comportement et s'assombrit, inquiétant deux de ses professeurs, leur intervention pleine de bonnes intentions déclenche un engrenage dans lequel tout contribue bientôt à piéger l'adolescente. Pensant l'aider à exprimer ce qu'ils perçoivent inexprimable, ils finissent à leur insu par lui suggérer pas à pas ce qui lui semble une échappatoire plus supportable que l'aveu du véritable objet de sa souffrance. Bientôt, Lisa se retrouve dépassée par l'inextricable situation engendrée bien malgré elle par l'enchaînement de ses mensonges. « "Plus je mentais, plus je souffrais, plus je souffrais, plus on me croyait." Comment se sort-on, à quinze ans, d'un cycle aussi infernal ? »


Innocent dans cette histoire, Marco Lange devient alors, en quelque sorte, la victime par ricochet de crimes commis par d'autres, faute pour la victime initiale de réussir à dénoncer les vrais outrages qu'elle subissait. Pour rétablir la vérité dans l'incrédulité choquée générale, il faudra à cette dernière le courage de risquer le discrédit, au point, peut-être, de faire oublier que la première victime dans cette affaire, c'est elle. Quant à sa nouvelle avocate, c'est une mission bien peu ordinaire qui lui revient, quand le condamné est innocent, et l'innocente, menteuse.


Une bien troublante démonstration de la difficulté de parole des victimes, en dépit de toutes les bonnes intentions, que ce roman efficace et prenant.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ce sont les retours des Babelpotes qui m'ont donné envie de découvrir à mon tour "La petite menteuse" de Pascale Robert-Diard. Très contente d'être tombée dessus lors de ma dernière visite à la bibliothèque (d'habitude il n'est jamais dispo), je dois quand même dire que je ne m'attendais pas à ce qu'il ait aussi peu de pages, 234 exactement mais avec une mise en page très très aérée et une police d'écriture loin d'être petite, qui doit faire à peu près l'équivalent d'un poche d'une toute petite centaine de pages (paye ton gaspillage de papier..., sans doute faut-il justifier le prix de ce livre à vingt euros...). Avant je n'aimais pas les romans où il y a si peu à lire, mais j'ai appris de mes erreurs : je suis tombée plusieurs fois sur des très bons romans courts. "La petite menteuse" en fait partie, je l'ai lu en même pas trois heures et pourtant j'ai bien aimé.

"La petite menteuse", c'est Lisa. Parce qu'elle est maintenant majeure et qu'elle veut être défendue par une femme, elle se rend au cabinet d'Alice afin que cette dernière la représente à la place de l'avocat que ses parents lui avaient choisi trois ans plus tôt. Cela fait trois ans que Marco Lange a été condamné à dix ans de prison pour viol sur la personne de Lisa, lorsqu'elle avait quinze ans. Marco a toujours clamé son innocence, c'est pour cette raison qu'il a fait appel. Et ce procès en appel a lieu dans quatre mois, d'où la démarche de Lisa. Mais comme le titre de ce roman l'indique et comme on l'apprend assez vite dans notre lecture, je ne divulgâcherai donc rien en disant que si Lisa souhaite changer d'avocat, c'est principalement parce qu'elle a menti...

Pour Alice, qui pensait prendre la défense d'une victime, il s'agit de changer de stratégie et pour ce faire, il lui faut comprendre les raisons qui ont poussé Lisa à dénoncer un viol qui n'a pas eu lieu...

S'en suit un examen des consciences passionnant, entre deux femmes à la psychologie soignée. Entre l'une qui cherche les bons arguments pour sa prochaine plaidoirie et l'autre qui livre un trop plein de souffrances, nous nous retrouvons au coeur même de cette affaire qui dérange. Ne vous leurrez pas, vous n'arriverez pas à détester Lisa, malgré tout le mal qu'elle a fait, à l'accusé pour commencer, à ses proches qui l'ont crue, à elle-même aussi.

Dans ce petit roman, même si le contexte judiciaire est assez bien développé, tout se concentre sur les deux femmes et plus particulièrement sur ce qui en découle de leur face à face. On ne saura que ce qu'il faut sur elles pour que l'histoire soit crédible et attirante. En si peu de pages de toute façon, il aurait été difficile d'approfondir le reste, et étonnamment je n'en ai pas été gênée. Ainsi, on ne sait pas où se déroulent les événements, même si on devine qu'on est pas loin de la côte atlantique (ou de la Manche peut-être), l'environnement et les décors ne sont nullement décrits. Physiquement, on ne sait pas à quoi ressemblent les protagonistes. Leurs vies privées, familiales, sont juste évoquées, sans le moindre détail. L'autrice a tout misé sur la psychologie de ses deux protagonistes principaux, et ça fonctionne bien. J'en suis d'ailleurs la première étonnée, moi qui apprécie tant d'habitude que les auteurs prennent le temps de tout implanter avant que l'histoire ne démarre vraiment.

Il est clair que cette histoire dérange, met mal à l'aise, certainement parce qu'il nous est impossible de haïr cette petite menteuse, parce que ses raisons sont justifiées, lui octroyant de ce fait des circonstances atténuantes valables, ou du moins qu'on est amené à comprendre. Certainement aussi parce que l'accusé (Marco Lange) n'est qu'un personnage secondaire à qui, a-t-on l'impression, l'autrice n'accorde que peu d'importance. Dans cette affaire, c'est en fait lui la victime, et pourtant la narration ne lui octroie aucune empathie. Trop peu souvent nous sont données les occasions d'éprouver de la pitié ou de la compassion pour ce pauvre gars qui croupit en prison depuis 1195 jours pour rien... C'est très perturbant, malaisant, et paradoxalement attrayant.

J'émets tout de même un bémol sur la fin. Je ne comprends pas pourquoi l'autrice ne nous dévoile pas le contenu de la lettre que Lisa a donné à son avocate en lui demandant de ne la lire qu'après le verdict rendu. Pourquoi l'évoquer dans ce cas ?

Globalement, j'ai passé un agréable moment de lecture, très perturbant effectivement, mais pas déplaisant du tout.
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La petite menteuse, ouais tu parles, la petite salope tu veux dire !
Ben oui, tu sais, Lisa Charvet, celle en troisième avec les gros seins…
Tu veux voir la vidéo ? Elle fait des trucs à tous ceux qui lui demandent.
Conversation ordinaire des garçons du collège dans lequel Lisa va mal.
D'ailleurs, elle va tellement mal Lisa, que sa prof préférée, Mme Valette, a remarqué depuis plusieurs semaines que quelque chose clochait. Alors, le jour où sa meilleure copine Marion vient la voir en salle des profs pour lui répéter les confidences de Lisa, Mme Valette convoque Lisa pour comprendre la raison de ce mal-être.
Lisa se confie, on lui a fait du mal, on l'a blessée, elle est victime… Enfin Lisa est écoutée, plainte par les autres, elle se sent exister, considérée. Sa meilleure amie, ses parents, ses profs, tous vont s'inquiéter pour elle, prendre soin d'elle. Alors quand sa mère lâche le nom de Marco Lange comme suspect potentiel, Lisa n'a pas la force de dire non. le piège se referme pour Marco Lange, ce looser entre deux âges, au regard torve, libidineux, qui n'a que l'alcool pour ami. Dans le procès, sa parole et celle de Lisa s'affrontent. Bien que victime d'une erreur judiciaire, personne ne va lui tendre la main à Marco Lange. Puisque Lisa semble une victime idéale, Marco Lange sera le coupable idéal également.
Mais le temps passe, et le poids de la culpabilité pèse de plus en plus sur les épaules de la jeune femme, car Marco Lange croupit depuis plusieurs années en prison pour un crime qu'il n'a pas commis.
Avec courage, Lisa décide de s'en remettre à une avocate, Alice Keridreux pour qu'elle l'accompagne dans le rétablissement de la vérité face à la justice.
Le livre est court, percutant, lu très rapidement. le lecteur s'attache à Lisa comme le fait son avocate, incrédule face à cette jeune femme parfois si sûre d'elle et en même temps si fragile. Elle revisite la dureté des années collège, le nouveau regard des autres sur les corps des jeunes filles qui se transforment.
Un questionnement intéressant, qui dérange aussi dans le temps post me-too. Qu'est-ce qu'elle vient tout remettre en cause celle-là, à avouer qu'elle a menti ? On préférerait presque qu'elle se taise pour ne pas douter de la parole de toutes les autres quand elles arrivent à dénoncer les harcèlements, les agressions qu'elles subissent en silence depuis tant d'années…
Un livre qui reflète bien les ambiguïtés de la société et la sacro-sainte présomption d'innocence, qui nous dérange et nous confronte à nos idées reçues. Oui une personne peut mentir pour plein de bonnes et mauvaises raisons et envoyer un innocent en prison. Quand bien même cet homme au regard bizarre est un sale type, à l'alcool mauvais, vulgaire, repoussant, antipathique, rien ne peut justifier une incarcération pour des faits qu'il n'a pas commis.
Et nous, qu'aurions-nous pensé à la place des jurés ? aurions-nous condamné également Marco Lange avec la satisfaction d'être allés dans le sens de l'Histoire, d'avoir libéré les femmes de l'emprise masculine ? Probablement. de vraies questions sont posées ici par l'autrice, sur quoi fonder une conviction de culpabilité quand il n'y a pas de preuves ? quand c'est la parole de l'un contre celle de l'autre ? quand les apparences sont trompeuses ? Faut-il accorder le bénéfice du doute ? Prendre le risque d'envoyer un innocent ou prison ou celui de laisser un pervers en liberté faire d'autres victimes ? Un livre qui interroge, dérange, bouscule nos idées reçues et petites certitudes. Avec beaucoup de subtilité l'autrice nous place dans la peau de ces jurés qui se sont trompés, car comme eux, on a envie de protéger la jeune fille fragile en face de nous et envoyer en taule le type bas de plafond et aigri vis-à-vis des femmes, alors même que l'on connaît la troublante vérité. Accusée, levez-vous.
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Une avocate reçoit une jeune femme à l'approche d'un procès en appel pour viol mais peine à cerner ce que cette cliente attend exactement : où leur face-à-face les mènera-t-il ?

Chroniqueuse judiciaire pour le Monde, Pascale Robert-Diard nous entraîne au coeur d'un procès d'assises. Elle en dévoile non seulement les rouages dramatiques – sélection des jurés, plaidoiries et petites ficelles des avocats, demande de huis-clos – mais aussi et surtout les dessous, puisque l'on suit le cheminement de l'avocate qui s'empare d'un dossier. C'est bien raconté et ça se lit tout seul.

Mais il n'y a pas que ça. Les défis contemporains du féminisme sont au coeur de ce roman qui interroge la mécanique implacable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres convictions. Les différents personnages incarnent bien les camps en présence : il y a les boomers réacs qui trouvent que ça commence à bien faire avec me too, l'avocate cinquantenaire pour qui le féminisme, c'est de s'être battue pour se faire une place dans un milieu professionnel dominé par les hommes, prise en étau entre une mère qui ne voit pas l'intérêt de parler autant de viols ou de « partir en guerre contre les hommes » et une nouvelle génération de féministes qui sacralise le « ressenti » et la parole des femmes.

On voit bien aussi la délicatesse de la posture de l'avocate humaniste attachée aux causes féministes, mais aussi à la présomption d'innocence et aux droits de personnes qui n'ont souvent guère à offrir pour leur défense. Dans la veine des Choses humaines de Karine Tuil, le roman pointe les engrenages judiciaires qui se referment sur l'accusé sur la base d'un dossier bâclé, d'un mode de vie déviant ou même d'un témoignage de « regard bizarre ». Ce qui est particulièrement intéressant, c'est qu'il montre aussi que cet emballement peut aussi enfermer la victime tant certains entourages sont empressés de plaquer des convictions bien-pensantes ou condescendantes au lieu d'écouter ce qu'elle a vraiment à dire. J'ai été interpellée par l'attrait que peut avoir le statut de « victime » dans un cadre hyper jugeant.

Pascale Robert-Diard a donc le courage d'avancer un propos nuancé qui interroge nos convictions, recherche la vérité et souligne la mission immense qui incombe aux tribunaux. Il s'agit de prendre au sérieux les risques d'erreur judiciaire, mais aussi la parole des victimes, sans toutefois les enfermer dans ce statut ni parler à leur place. Or, cette parole ne pourra guère se libérer tant que les femmes (et particulièrement les adolescentes) resteront prisonnières d'autant de prescriptions, de « réputations » et de jugements.

Un roman prenant et intelligent qui parle avec finesse des défis de notre ère post-me too.
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Le roman de l'apaisement ?
Lisa a 20 ans. Il y a cinq ans, elle a accusé un homme de l'avoir violée, et il a été condamné à dix ans de prison. Il a fait appel, et pour ce nouveau procès, Lisa souhaite être défendue par Alice Keridreux, parce qu'elle a des choses à raconter, qu'elle pense pouvoir exprimer plus facilement auprès d'une femme qu'auprès de l'avocat parisien initialement choisi par ses parents. Et Lisa a beaucoup de choses à raconter…

Voici un roman court mais très dense, très intense, et très intelligent. Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire, elle maîtrise son sujet et son récit est extrêmement bien écrit, concis et précis, avec une froideur toute juridique. Ses personnages ne sont pas particulièrement sympathiques, mais chacun peut se reconnaître dans leurs doutes, hésitations et interrogations, et c'est captivant.
L'auteur aborde le sujet des violences faites aux femmes sans en faire une diatribe anti-patriarcale, mais en pointant les défaillances sociétales. Elle s'attarde notamment sur les excès parfois portés à la parole des victimes, au motif (justifié) qu'elle n'a été que trop minimisée par le passé. Ce point vaut d'ailleurs un échange perturbant entre Keridreux et la compagne de son fils. Pascale Robert-Diard dissèque avec acuité le basculement actuel des relations hommes-femmes, mais n'est jamais à charge : tous les points de vue sont convoqués. Ce faisant, elle rappelle qu'une remise en question des schémas de pensées jusqu'alors tolérés est réellement en cours, qu'un retour en arrière est peu probable, mais qu'il faudra du temps pour que les réflexes s'adaptent.
Récit qui prête à réflexion, donc, mais où se mêle une intrigue étrangement haletante et magistralement maîtrisée.

C'est donc un roman passionnant, tout en nuances, qui tire un bilan post-MeToo à un instant T sans sombrer dans la furie misandre –et un tel recul fait du bien, enfin.
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Alice est avocate, elle vient de ne pas avoir bien défendu son client, quand une jeune femme la veut, elle, parce qu'elle est une femme. Cette dernière a accusé un plâtrier venu faire des travaux dans la maison de ses parents; elle avait 15 ans.
Certificats médicaux. de quoi ? Pas de viol, pas de sodomie, mais l'état déplorable de Lisa, la volonté de tous de trouver une explication à son mal être, pire, l'air du temps qui fait qu'on prend très au sérieux un « viol », même si ce serait en réalité une fellation obligée, la seule pratique que Lisa est obligée de faire encore et encore au collège, dont il serait question.
Par qui a t elle été violee ? Par ses copains du collège, qui ont même fait une sex- tape. Par son père qui est parti avec une plus jeune. Par ses profs qui sautent à pieds joints sur l'occasion de leur vie, défendre une victime, sans vouloir vraiment comprendre pourquoi elle est victime.
Elle va mal, c'est évident, et pourtant cela choque quand elle avoue avoir menti sous la pression.
Pendant ce temps, l'accusé a fait 5 ans de prison dans le secteur des « piqueurs » , et donc mis a l'épreuve. D'où sa demande en appel.
Alice accepte de la défendre, lis son dossier, mais, retournement( sauf pour nous, qui avons lu le titre ) elle doit maintenant défendre une menteuse, et mettre en cause tous les témoins «  il l'avait mal regardée « , «  je ne lui faisais pas confiance »
Ces témoins sont mis à l' épreuve de leur “croyance du temps” qui fait que jamais on ne croyait les victimes de viol il y a 50 ans, et que, maintenant, plus aucune preuve n est demandée pour prouver le viol.
Défendre une menteuse, la comprendre, entrer dans son mal être réel, alors qu' elle a envoyé un innocent en prison, qu' elle a manipulé ses parents “ pour qu' ils l' aiment”
Ce livre n' est pas un chef d oeuvre, mais il est intéressant en ce qu' il égratigne les bien pensants, les profs au dessus de tout soupçon, qui vivent une expérience exceptionnelle en dénonçant un “ viol”
Et les parents ! Désireux de bien faire, avec des phrases convenues, on comprend que passer de mère de victime à mère d' une menteuse, ce n' est pas facile.
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Comment se retrouve-t-on, à tout juste quinze ans, à faire emprisonner pendant dix ans un homme innocent? Comment un mensonge peut bouleverser et détruire tant de vies? Comment de victime devient-on bourreau?

A travers l'histoire de Lisa, “la petite menteuse”, Pascale Robert-Diard, chroniqueuse habituée des tribunaux, nous plonge au coeur d'un scandale judiciaire haletant et à la mécanique implacable. le texte est percutant et interroge à la fois sur la tourmente que peut entraîner l'adolescence chez des êtres vulnérables ainsi que sur les préjugés destructeurs et sur les conclusions hâtives qui peuvent conduire la Justice à l'injustice...

Un roman fort, captivant et ancré dans l'actualité qui aborde un sujet délicat à l'heure où #metoo a explosé, où la place des femmes dans nos sociétés est passée au crible et défendue becs et ongles, où les langues se délient et où chacune tente de faire front pour lutter contre les injustices et les inégalités… Un roman aux rouages effrayants mais qui sonne terriblement juste et s'avère très efficace!
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«L'affaire était belle»

Une intrigue habilement menée autour du procès en appel d'un violeur condamné à 10 ans de prison et de sa victime déboussolée permet à Pascale Robert-Diard de confirmer son talent de romancière. «La petite menteuse» est une belle réussite!

Après des années de pratique et s'être astreinte à suivre de nombreuses sessions de cour d'assises, Alice Keridreux est désormais une avocate aguerrie. Elle a pu peaufiner sa technique de plaidoirie, approfondir ses connaissances du droit. le jour où Lisa Charvet se présente à son cabinet, elle est pourtant lasse. «Il y avait l'âge bien sûr. La cinquantaine, dont la moitié passée à courir les tribunaux et les cours d'assises. Elle buvait peu, ne fumait pas. Mais depuis quelque temps, la dose quotidienne de noirceur qu'elle se prenait dans la figure lui semblait plus difficile à supporter. Dieu sait pourtant qu'elle aimait ce métier! "Tu l'aimes trop", disait son mari, qui s'était tôt lassé de ses journées interminables et des histoires de vies percutées qu'elle ramenait au dîner. Puis les enfants étaient partis à leur tour, elle ne les voyait plus beaucoup.»
La jeune fille qui vient lui demander de reprendre son dossier pour le procès en appel de son violeur, condamné en première instance à 10 ans de prison. Elle est désormais majeure et veut qu'une femme la défende, contrairement au souhait de son père qui avait engagé un avocat «spécialisé» pour le premier procès.
Sur l'insistance de la jeune victime, elle va accepter et se plonger dans un dossier somme toute assez sommaire. Lisa a raconté à son amie Marion qu'elle avait été violée par le plâtrier qui réalisait des travaux chez eux. À la juge, elle ajoutera qu'il avait essayé de la sodomiser. Soutenue par ses professeurs de français et d'histoire, qui ont constaté son brusque changement d'attitude, son désintérêt pour le travail scolaire et sa mauvaise santé physique, elle va porter plainte mais affirmera être bien trop faible pour soutenir une confrontation avec son agresseur. le dossier médical va montrer qu'elle est toujours vierge, mais les jurés tiendront surtout compte de la détresse de l'adolescente.
En se confiant à son avocate Lisa va raconter ses années de collège, son envie de plaire aux garçons pour ne pas rester dans l'ombre de sa soeur Solène et la convoitise des garçons, surtout après que ses seins se soient développés au-delà de la moyenne. Elle va se laisser aller à quelques jeux sexuels avec les garçons sans se rendre compte qu'elle était filmée. Si la vidéo est publiée, elle sera «la salope de l'établissement».
C'est la raison pour laquelle elle a imaginé cette histoire de viol. Comme le titre le laisse déjà attendre, la petite menteuse finit par craquer. Un aveu qui va secouer Alice. «Tout s'emmêlait. le sentiment d'urgence qu'elle éprouvait à l'idée qu'un homme avait été condamné à tort. L'exaltation de contribuer à réparer une erreur judiciaire. La crainte sourde de l'épreuve qui attendait Lisa. Saurait-elle la protéger de la tempête que sa lettre allait déclencher? Tout était si ténu. Mais l'affaire était belle. Il n'y en avait pas tant, des comme ça, dans une vie d'avocate.»
En habituée des prétoires, Pascale Robert-Diard va alors déployer tout son talent pour nous raconter ce second procès. La chroniqueuse judiciaire au Monde sait parfaitement comment le tribunal peut être versatile, combien l'impression d'avoir été floué peut faire de ravages. Après #metoo on a certes davantage entendu la voix des femmes, peut-être trop? La justice elle-même ne reste pas insensible aux grands courants qui traversent la société et l'histoire de Lisa montre bien combien elle peut se fourvoyer. Ce roman parfaitement ciselé appelle tout à la fois à davantage de discernement dans la condamnation mais souligne aussi combien le porno en libre accès et les portables peuvent causer de dégâts. Des éducateurs débordés, des jeunes qui ont l'envie d'aller trop loin sans se rendre compte de la violence de leurs actes, voilà aussi ce que raconte ce roman saisissant.

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