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EAN : 9782253002949
128 pages
Le Livre de Poche (01/01/1997)
3.62/5   258 notes
Résumé :
Jo de Bagnolet " est née des allocations et d'un jour férié dont la matinée s'étirait, bienheureuse ".
Dix enfants vont suivre, apportant en prime à leurs parents la machine à laver, le Frigidaire, la télé, la voiture et le prix Cognac ! Josyane les élèvera tous. Ses seules distractions : les courses et ses devoirs le soir sur la table de cuisine. Ses seuls amis, Nicolas, le petit frère qui comprend tout et Guido, le maçon italien, né sur les collines. L'amou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Ha! ha! famille nombreuse
Famille heureuse
Quand on est frère et soeur
Ha! ha! c'est le bonheur
On a du coeur
Quand on naît frère et soeur
chante les Négresses vertes
Là, suis pas sûre. Dans le roman lu juste avant, c'était les lapins qui se reproduisaient à tout va. Jo de Bagnolet, la narratrice, est née des allocations familiales. Elle aura dix frères et soeurs et pas une minute à elle entre les courses, la bouffe, le ménage et tout le reste. Écrit en 1960 et l'impression qu'une nouvelle vague revient avec certes un peu moins de naissance. La vie est un éternel recommencement comme la conclusion de ce roman social. La langue de l'auteur est qualifiée d'aussi brillante que fleurie. Je dirai écriture d'une certaine époque où, mine de rien, l'humour y était présent et sans prise de tête.
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Écoutant un peu par hasard La Compagnie des Auteurs sur France Culture, j'ai entendu un (une?) invité(e) dire qu'encore plus que les écrivains, les écrivaines, même très appréciées, tombaient vite dans l'oubli, et qu'il était injuste que Christine Rochefort ne soit pas étudiée à l'université, à l'instar de Boris Vian par exemple. Oups ! Les petits enfants du siècle sont donc sortis de mes rayonnages, ont été dépoussiérés et entamés sur le champ.
Sûr que si on croit y voir une analyse du mal des banlieues, on déchante vite. Pas trop de chômage, pas de fantasme sur l'immigration, pas de trafics mafieux. Mais d'abord c'est drôle : une drôle de fille, pas intello pour deux sous, pas triste pour deux sous raconte sa vie avec une langue bien à elle et un humour très sympathique.
Le machisme ambiant en prend pour son grade (haut, le grade, dans les années 50 et 60) ; mine de rien ça a l'air de défouler, de se moquer de l'attitude du père. Et ce n'est pas seulement la mère qui trime : l'aînée aussi est très tôt absorbée par les tâches ménagères.
Et c'est une chronique de ces années où grâce aux allocs on améliorait son niveau de vie (on fait vite le sixième, pour avoir la machine à laver ou la voiture), dans un ton plutôt allègre (c'est du moins l'impression qui me reste quelques semaines plus tard : ces amours adolescentes auraient pu être sordides, ou désespérantes, mais ça reste gai et frivole). Si le ton est artificiel (aucune ado de ce milieu n'a sans doute jamais parlé comme ça), l'histoire reste très crédible, et j'ai retrouvé quelque chose des Ritals, de Cavanna, qui m'avait bien plu.
Livre historique (moi aussi, j'ai vu détruire un bidonville en banlieue dans les années 60), livre féministe, récit au style original et travaillé, intéressant, pas un chef-d'oeuvre pour moi mais mérite amplement la lecture.
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"Les Petits Enfants du siècle" est un roman français de Christiane Rochefort paru en 1961. Christiane Rochefort est une femme de lettres française, née en juillet 1917 à Paris et morte en avril 1998. Ce roman est une chronique de la vie dans les banlieues parisiennes au cours des années 60
La narratrice, Josyane Rouvier, surnommée Jo est issue d'une famille nombreuse du monde ouvrier dans les années 1960. Elle vit dans une cité, dans un H.L.M., un de ces «grands blocs neufs», où les gens grouillent «comme des petites bêtes sous les lampadaires» à Bagnolet, en banlieue parisienne. Elle a onze ans. Son père est ouvrier dans une usine de moutarde et sa mère, femme au foyer. Elle raconte son enfance et son adolescence. Elle ne se sent pas heureuse, parce que non désirée et non aimée. Surtout que dix enfants suivent, rémunérateurs car apportant machine à laver, réfrigérateur, télé, voiture aux parents. le récit s'intercale dans les trente glorieuses, période où chaque nouvelle naissance est encouragée par la politique nataliste du gouvernement et synonyme de primes, de logement plus grand et même de l'acquisition d'électroménagers. On assiste ainsi aux débuts de la nouvelle société de consommation.
Jo est l'aînée et donc appelée à prendre le rôle de petite maman, à remplir la fonction de bonne à tout faire, encouragée activement par sa mère. Elle est donc astreinte, en plus de ses cours, aux différentes tâches ménagères et à l'éducation de ses frères et soeurs (dont l'une est déficiente mentale). Sa mère est de plus en plus malade, de plus en plus dépendante de l'assistance sociale, tandis que le père est moralement absent.
Josyane est harassée. Elle ne vit que pour les quelques moments de solitude qu'elle parvient à se ménager. Ses deux seuls plaisirs sont ses devoirs, le soir, sur la table de la cuisine, lorsque tout le monde dort ainsi que les moments privilégiés passés avec son jeune frère, Nicolas, qui comprend tout.
Elle découvre très jeune la sexualité avec Guido, un maçon italien, d'une trentaine d'années, en qui elle trouve pour la première fois un peu de chaleur, d'affection et de tendresse. Cet amour bouleverse sa vie, en chasse toute la laideur et la bêtise. En août, à la fermeture de l'usine, les parents partent en vacances et Jo est forcée d'abandonner Guido. Les vacances sont mortellement ennuyeuses pour Jo qui, à la rentrée, cherche Guido mais il a disparu, déplacé avec son chantier.
Jo ne parvient pas à retrouver Guido, et les dernières années de son adolescence sont rythmées par les loisirs de son âge et des jeunes de Bagnolet (virées, sorties au cinéma, sexualité précoce et banalisée...).
Après une passade avec René, le père d'une de ses copines, elle s'attache à Frédéric, fils d'une famille moyenne partisane du communisme. Mais il meurt quelques mois plus tard en faisant son service militaire en Algérie. Sa vie paraît alors à Josyane plus fade, et elle se désintéresse de sa famille. Cependant, elle rencontre Philippe, un installateur de téléviseurs qui lui donne un enfant et avec qui elle se marie. Pleins d'espoirs en une nouvelle vie, les deux amoureux se tournent alors vers un lieu plus propice à leur idylle et, au début des années 1960, cherchent un appartement dans les grands ensembles modernes de Sarcelles.
Le dénouement du roman peut paraître heureux. Mais Jo envisage les achats pour la cérémonie du mariage, pour la naissance de son premier bébé, et elle va habiter en cité. le roman finit donc comme il a commencé. On assiste à la perpétuation, avec ce nouveau couple, de la vie aliénante des parents.


Ce livre est un document pertinent sur la France de l'après-guerre. un témoignage de la vie dans la période d'expansion économique, de prospérité constante et d'amélioration des conditions de vie qui s'étendit de 1945 à 1975 et qui a reçu le nom des «Trente glorieuses».

A cause de l'expansion économique, les Français affluèrent vers les villes et les emplois. du fait des destructions subies pendant la guerre, il y eut pénurie de logements et ceux qui existaient étaient en mauvais état. Dans les années cinquante et soixante, d'importants investissements furent faits dans la création de logements sociaux modernes pour satisfaire les besoins de la nation, de vastes ensembles d'immeubles construits généralement en banlieue. La famille de Josiane disposait d'un petit appartement typique de cette époque et des nouvelles cités : trois chambres, une salle d'eau avec machine à laver et cuisine-séjour. Dans les H.L.M. («habitations à loyer modéré»), le nombre de chambres croissait avec la taille des familles. Selon l'auteur, ces grands ensembles sans âme, constituent un habitat malsain qui a entraîné la misère morale, la marginalisation, l'aliénation, la déshumanisation de la classe ouvrière. Christiane Rochefort dit admirablement, à travers la narratrice, le mal de vivre à Bagnolet, à Sarcelles et autres lieux du même type. Car ces HLM produisent un mode de vie où l'on retrouve la pauvreté, l'absence de normes, la promiscuité et l'ennui quotidien. On voit le recours à de pitoyables tentatives d'évasion, dans l'alcool (l'apéro), dans le P.M.U. (jeu d'argent sur les courses de chevaux autorisé par la loi).



L'État promulgua également une politique nataliste, en instituant un système d'allocations familiales, sommes d'argent versées chaque mois pour chaque enfant, et de primes de salaire unique.
Les couches populaires ont rapidement accepté ces nouveaux bénéfices pour profiter des biens de consommation. On considérait que la vie idéale des femmes était de rester à la maison et qu'elles ne devaient avoir d'autre profession que le ménage et la maternité. Seuls les hommes pouvaient avoir une carrière. Dans “Les petits enfants du siècle”, les enfants ne sont considérés que comme des machines à gagner de l'argent, La réelle valeur des enfants et de la maternité est perdue dans une société dans laquelle chacun est soumis aux nécessités de la croissance du pays et de l'économie

Cette prospérité augmentée par le crédit, la politique nataliste a créé dans la population un matérialisme excessif. La classe ouvrière se montre avide de biens de consommation, achetant d'abord des appareils ménagers destinés à rendre la vie domestique plus agréable (la machine à laver, le réfrigérateur, le mixeur, la cocotte minute), puis le téléviseur, enfin la voiture qui permettait de partir en vacances.

Jo constate, désabusée, que les rôles possibles sont déjà écrits pour elle. Mais elle a de l'énergie et, même si elle est bloquée par sa condition sociale et physique (notamment son habitat) aussi bien que par le manque d'éducation et les pressions familiales, elle s'approprie à sa façon les difficultés de la vie en banlieue. Cependant, elle est d'autant plus victime qu'elle ne peut pas imaginer une autre sorte de vie, qu'elle baigne dans un monde de «maternité éternelle», ses amies et voisines étant toujours enceintes, l'usine à fabriquer des enfants étant la seule possibilité qui s'offre à ces femmes.
L'éducation est une évasion possible mais pas du tout développée dans le livre.
Livre lu dans le cadre de mes cours en pédagogie.
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Petite chronique de la vie dans les banlieues au cours des années 60, ce roman mêle admirablement humour, émotion, rêves et réalités.
Christiane Rochefort nous dépeint sans complaisance la jeunesse et l'adolescence de Josyane qui a la malchance d'être l'ainée d'une famille trop nombreuse, à cette époque où chaque nouvelle naissance, encouragée par la politique nataliste du gouvernement, est synonyme de primes, de logement plus grand, et même de l'arrivée du premier frigo ou de la machine à laver.
On assiste ainsi aux balbutiements de la nouvelle société de consommation. Et voilà que la question intemporelle est lancée : entre les deux auxiliaires "être" ou "avoir", lequel des deux facilite-t-il le plus l'accès au bonheur ?
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« Les petits enfants du siècle » ou le voyage immobile et initiatique d'une jeune fille des cités…
Nous sommes dans les années 60 à Bagnolet ou vit Josyane, l'aînée d'une famille de dix enfants, qu'elle élèvera tous… Jo, la narratrice qui nous dit-on, « est née des allocations et d'un jour férié dont la matinée s'étirait, bienheureuse »…

Les immeubles cubes construits à la hâte, les alloc ., l'arrivée du frigo, de la télé de l'auto…Les trente glorieuses, disait-on il y a peu ; dont on « commence » à découvrir aujourd'hui dans quelles impasses elles nous auront précipités…

Un texte fort de Christine Rochefort… fort pour qui a connu l'époque comme ce fut mon cas, en province dans une cité où l'on habitait des « LOPOFA », Logements Populaires Familles (tout un programme). Une époque qui vit l'avènement du Super éGé et par la suite de la société consumériste à outrance…

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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
La maîtresse ouvrit le livre, et dit : "Qu'est-ce que Dieu ? Dieu est un pur esprit infiniment parfait."
Jamais de toute ma vie je n'avais entendu un truc aussi extraordinaire. Dieu est un pur esprit infiniment parfait. Qu'est-ce que ça pouvait être ? Je restais la bouche ouverte.
Je retournais la phrase dans tous les sens, cherchant par quel bout la prendre ; et je n'y arrivais pas. Blanc, lisse et fermé comme un oeuf, le Pur Esprit Infiniment Parfait restait là dans ma tête, je m'endormis avec sans avoir pu le casser.
Melle Garret ne pondait pas un oeuf toutes les semaines. En général c'étaient, sauf l'histoire sainte qui était plus jolie que l'histoire non sainte, et, d'abord, sans dates, des explications assommantes et compliquées, comme "s'il faut un ouvrier pour construire une maison, il a bien fallu un Dieu pour créer le ciel et la terre". Je ne voyais vraiment pas pourquoi par exemple, et j'eus une histoire avec Melle Garret, qui ne comprenait pas pourquoi je ne comprenais pas, et me dit que je "raisonnais". C'était bizzare comme discussion, ce n'était pas moi qui raisonnais, mais eux avec leur ouvrier. mais quand les gens se butent il n'y a rien à faire. Elle me dit que je n'avais pas à chercher à comprendre, mais à savoir par coeur, c'était tout ce qu'on me demandait. Mais moi je ne peux pas réciter par coeur un truc que je ne comprends pas, c'est comme si j'essayais d'avaler un tampon jex.
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- Si le bonheur consiste à accumuler des appareils ménagers et à se foutre pas mal du reste, ils sont heureux, oui ! éclata Frédéric. Et pendant ce temps-là les fabricants filent leur camelote à grands coups de publicité et de crédit, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes...
- Capitalistes, dit le père.
- Le confort c'est pas le bonheur ! dit Frédéric, lancé.
- Qu'est-ce que le bonheur ? dit Ethel.
- Je ne sais pas, grogna Frédéric.
- Mais dis-moi, qu'on arrive à se poser ce genre de question au lieu de comment bouffer, ça ne prouve pas qu'on a tout de même un peu avancé ? dit M. Lefranc.
- Peut-être, dit Frédéric. Peut-être bien, dans le fond.
- Pour découvrir que le confort ne fait pas le bonheur, il faut y avoir goûté, non ? C'est une question de temps.... Quand tout le monde l'aura, on finira bien par se poser la question. Ce qu'il faut c'est regarder un peu plus loin.
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"Si on a une âme on devient fou, et c'est ce qui m'arrive." C'est probablement ce qui m'arrivait je devenais folle, mais non je devenais morte, c'est ça devenir une grande personne cette fois j'y étais je commençais à piger, arriver dans un cul-de-sac et se prendre en gelée ; un tablier à repriser sur les genoux éternellement. L'homme est composé d'un corps et d'une âme, le corps est quadrillé dans les maisons, l'âme cavale sur les collines, où ? Quelque part il y avait quelque chose que je n'aurais pas parce que je ne savais pas ce que c'était. Il y avait une fois quelque chose qui n'existait pas.
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A la mi-juillet, mes parents se présentèrent à l'hôpital. Ma mère avait les douleurs. On l'examina, et on lui dit que ce n'était pas encore le moment. Ma mère insista qu'elle avait les douleurs. Il s'en fallait de quinze bons jours, dit l'infirmière ; qu'elle resserre sa gaine.
Mais est-ce qu'on ne pourrait pas déclarer tout de même la naissance maintenant ? demanda mon père. Et on déclarerait quoi ? dit l'infirmière : une fille, un garçon, ou un veau ? Nous fûmes renvoyés sèchement.
Zut dit mon père c'est pas de veine, à quinze jours on loupe la prime. Il regarda le ventre de sa femme avec rancœur. On n'y pouvait rien.
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On avait mis partout des pelouses régulières, entourées de grillages pour que les mômes n’y cavalent pas, on avait planté de jeunes arbres également dans des grilles pour que les mômes ne les massacrent pas ; comme ça ça leur faisait un Espace Vert, qu’ils le veuillent ou non. Ce que je me demande c’est pourquoi on ne fout pas plutôt les mômes dans les grillages et les arbres en liberté autour.
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