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EAN : 9781523459384
28 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (19/01/2016)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Et si une activité cérébrale rémanente persistait après la mort ? Et si les morts pouvaient encore penser quelques jours après leur décès ? Voire percevoir ce qui les entoure ? Et si un savant arrivait à enregistrer le contenu de cette activité ? Que diriez-vous de lire le compte-rendu d’un enterrement par le mort lui-même ? Monsieur van Gelt s’est suicidé mais sa famille a tenté de le cacher. Il était fort estimé et les rumeurs persistantes sur les circonstances de... >Voir plus
Que lire après L'Autopsie du docteur Z***Voir plus
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
À cette heure, arraché à toute activité, forcé à d’amers retours sur moi-même, rêvant pour la première fois peut-être de ma vie, et rêvant devant ma douleur, je me pris à désirer la foi, que les malheureux regardent comme la panacée suprême. Mais, pour l’acquérir, il aurait fallu du temps ; et puis, parviendrais-je jamais à vaincre mon scepticisme enraciné ? le besoin de vérité inné en moi ne triompherait-il pas toujours des suggestions de mon sentimentalisme ? Certainement, malgré mes efforts, des doutes subsisteraient en moi, empoisonnant les consolations du prêtre. Cet asile m’était donc refusé.
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... J’avais épuisé ce qu’on est convenu d’appeler le calice de la souffrance : depuis quelque temps, les catastrophes se superposaient sur moi comme de lourdes pierres sur un homme qu’on murerait vivant, le malheur me poursuivait avec une ténacité presque incroyable à force d’être féroce. D’abord, ce fut mon fils unique, un garçon de vingt-six ans, qui s’enfuit avec une créature, après m’avoir « volé » comme un caissier infidèle. Puis, ma fille mourut d’une fièvre typhoïde au moment où j’allais la fiancer à un jeune homme qu’elle aimait. Peu de temps après, je découvris que ma seconde femme – que j’avais épousée sans dot, par amour, moi, vieillard, – me trompait avec un de mes neveux, auquel j’avais fait une situation dans ma maison, que je regardais, hélas ! comme un second fils : rendu lâche par cet amour presque sénile, presque ridicule, dont les racines étouffaient mon courage, j’acceptai avec des tortures intérieures mon rôle de mari trompé, mendiant à la misérable le rebut de ses tendresses, m’ingéniant à cacher une blessure qui s’élargissait chaque jour. Abattu par tant d’émotions, je me trouvai peu bien. Je consultai : le médecin reconnut que mon état morbide était causé par les premiers symptômes d’une affection cancéreuse à l’estomac. Enfin, à la suite d’un sinistre qui coïncidait fatalement à une crise financière à Lyon, je vis arriver le moment où je ne pourrais plus faire face à mes échéances. À soixante-deux ans, à la fin d’une carrière honorable, après avoir travaillé et fait le bien, je me trouvais donc entouré d’affections mensongères, trompé, malade et pauvre.
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Aussi bon mécanicien qu’il était excellent chimiste, le docteur Z construisit lui-même un appareil – qui, autant que je m’en souviens, ressemblait un peu à l’instrument qu’on inventa depuis et qu’on nomma « photophone » – avec lequel il pouvait, quatre ou cinq jours encore après le décès, suivre le jeu des cerveaux en pleine décomposition. Il détruisit cet instrument, comme il brûla ses observations, en voyant qu’on lui refusait toute créance, que les plus indulgents le traitaient de fou et les autres de charlatan. Rien ne reste donc de ses grands travaux, et, quand la science aura enfin déchiffré l’énigme de la mort, nul ne pourra savoir si l’obscur praticien de Bordeaux était un précurseur ou un faiseur de dupes. Pour moi, qui l’ai connu, qui l’ai vu travailler, qui ai écouté bien des fois, dans son laboratoire, ses causeries toutes pleines d’aperçus lumineux, ses raisonnements partis de la plus minutieuse observation pour s’élever jusqu’à ces hauteurs où la pensée peut enfin se dégager de la tyrannie du fait, ses déductions dont tous les anneaux étaient enchaînés par la logique la plus sévère, – pour moi, je l’ai toujours regardé comme un de ces phares que l’ignorance et la bêtise humaines se plaisent trop souvent à éteindre, par crainte de voir s’illuminer les ténèbres de leur routine.
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On se rappelle peut-être encore, dans le monde scientifique, le bruit que firent, il y a une trentaine d’années, les découvertes du docteur Z, qui d’ailleurs eurent le sort de beaucoup de découvertes et furent universellement niées. Au moment où il se décida enfin à publier le résultat de ses patientes recherches, le docteur Z habitait Bordeaux, et jouissait d’une renommée de bon praticien. La brochure dont il fit les frais : Observations sur quelques phénomènes de l’existence cérébrale, souleva un « tollé » général, et lui enleva peu à peu toute sa clientèle. Il faut dire aussi que cette brochure – un in-octavo d’environ cent-vingt pages, – bouleversait toutes les notions reçues, menaçant à la fois, par ses conséquences indirectes, la science, la morale et la religion. En effet, le physiologiste prétendait que la vie du cerveau ne s’éteint pas en même temps que celle du corps, qu’au contraire, elle continue pendant une période qui varie de sept à dix jours après le dernier soupir (sauf, bien entendu, dans les cas où le cerveau a été lui-même directement attaqué par la maladie, comme dans les méningites, encéphalites, paralysie générale, ramollissement, ataxie, etc.).
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Un armateur de Bordeaux, d’origine hollandaise, M. van Gelt, se suicida vers 1854. Sa famille prit tant de précautions pour cacher ce funeste événement, que des bruits malveillants ne tardèrent pas à circuler dans le public, où M. van Gelt était fort estimé : les secrets de sa vie intime, qui avaient transpiré depuis longtemps, donnaient à ces commérages une certaine consistance. La famille elle-même dut demander une enquête, et le docteur Z***, alors encore en vogue, fut chargé de l’autopsie. Il communiqua ses observations chirurgicales à la justice, mais il garda pour lui toute la psychologie du mort, qu’il avait lue comme dans un livre dans le cerveau à peine assoupi. L’armateur van Gelt était évidemment un homme de haute intelligence et de grand cœur : aussi, ses idées posthumes présentaient-elles un caractère de supériorité que le docteur Z*** n’avait jamais rencontré. Il collationna ses notes avec amour, en leur conservant leur forme personnelle. Le jour où il me les communiqua – lisant son manuscrit comme un auteur vous lit un chapitre de roman, – je restai stupéfait : le mort « vivait », pour ainsi dire, devant moi, sa vie étrange de cadavre.
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